#089 – Clara ROZIER – Vivre du Hockey : Le Parcours des Alpes à la Finlande d’une Joueuse Professionnelle

Saison III
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#089 - Clara ROZIER - Vivre du Hockey : Le Parcours des Alpes à la Finlande d'une Joueuse Professionnelle
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🏒 Dans les Vestiaires avec Clara Rozier : Plongée dans le monde du hockey sur glace féminin

Découvrez cette semaine une nouvelle facette du hockey sur glace. Clara nous emmène dans son univers glacé, une discipline encore peu médiatisée en France mais pleine de promesses et d’aventures.

Clara Rozier, 26 ans, originaire de Morzine, partage son parcours impressionnant depuis ses débuts sur la glace à l’âge de 7 ans. Elle a gravi les échelons pour devenir une athlète de haut niveau, intégrant même l’équipe de France.

Dans cet épisode, vous allez découvrir :

– 🏔️ Les débuts à Morzine : Clara raconte ses premières glissades entre le ski et le hockey.

– 🔵 L’intégration au Pôle France : Ses années formatrices à Chambéry, entre études et sport intensif.

– 💪 Le rôle clé du financement : Entre aides, sponsors, et boulots alimentaires.

– 🌍 L’expatriation en Finlande : Les différences culturelles et structurelles entre les championnats finlandais et français.

– 🏆 Les ambitions internationales : De sa participation aux qualifications pour les JO, jusqu’à ses rêves pour 2026 et 2030.

– 🛡️ Les défis du hockey féminin : Les obstacles rencontrés et les stratégies pour faire croître ce sport.

Cet épisode est un véritable plongeon dans le quotidien d’une sportive dévouée et passionnée. Clara nous montre que derrière la glace, il y a beaucoup de détermination, de sacrifices et de rêves à poursuivre. Vous serez inspirés par sa ténacité et son amour pour le hockey.

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Lire la transcription:

Ermanno : Salut les sportifs, c’est Ermanno et je suis très heureux de vous recevoir pour un nouvel épisode du podcast Dans les Vestiaires. Aujourd’hui, on va échanger avec une sportive de haut niveau dans un sport que l’on n’a pas encore abordé, en tout cas pas sur la glace, puisque j’ai déjà eu Mathilde Pétriot qui est une hockeyeuse sur gazon. Et aujourd’hui, on va parler avec Clara Rozier, hockeyeuse au sens noble du terme, hockeyeuse sur glace. Salut Clara !

Clara Rozier : Salut !

Ermanno : Tu vas bien ?

Clara Rozier : Ça va très bien, merci et vous ?

Ermanno : Oui, tu peux me tutoyer. J’ai l’impression d’avoir 72 ans là, d’un seul coup.

Clara Rozier : C’est marrant, 72 c’est mon numéro en Finlande.

Ermanno : Ah, écoute, tu vois, c’est ce qu’on appelle… Je ne comprends plus mes mots, c’est pas grave, je fais du montage. 72, ton numéro en Finlande, parce que ça veut dire que tu as plusieurs numéros suivant là où tu loues ?

Clara Rozier : Oui, alors en équipe de France, j’ai le numéro 16.

Clara Rozier : Parce qu’à la base, on ne peut pas prendre des numéros plus hauts que le numéro 30, vu qu’on n’est pas toutes les années dans l’élite mondiale. Quand on est dans l’élite mondiale, on a le droit de prendre n’importe quel numéro, mais quand on est en division 1, on n’a pas le droit de prendre plus haut. Et dans mon club en Finlande, c’était free, donc je me suis dit, tiens, pour une fois, je peux prendre un numéro au-dessus de 30, je vais en profiter.

Ermanno : Ok, on va pouvoir revenir un petit peu sur tout ça et sur toutes les règles. Mais la première question, déjà, ce que je te propose, c’est de te présenter. Donc, dis-nous tout, qui est Clara Rozier ?

Clara Rozier : Alors, oui, Clara Rozier, donc j’ai 26 ans. Je viens de Morzine, à la base, donc c’est un petit village dans les Alpes françaises. Donc, c’est là que j’ai commencé à jouer au hockey, c’est là que j’ai commencé à skier aussi.

Clara Rozier : Voilà, j’ai commencé le hockey à l’âge de 7 ans, si je ne dis pas de bêtises. Non, c’est ça. Et puis, bah… Maintenant, j’en ai 26, donc je vais en avoir 27. Donc, ça fait 20 ans que je joue au hockey. Ça commence à faire un petit bout de temps.

Clara Rozier : Donc, ouais, j’ai commencé à Morzine. Ensuite, je suis partie au Pôle France féminin, donc pour mes années lycées. J’ai fait mes années lycées là-bas, j’ai eu mon bac. Ensuite, je suis restée un peu. J’ai essayé de faire des études supérieures, mais c’était pas trop mon truc. Et ensuite, je me suis lancée. J’ai fait mon diplôme de ski, pour devenir monitrice de ski, parce que ma famille, ils sont tous moniteurs de ski. Mon père, ma mère, ma grande-sœur, mon grand-père étaient aussi. Donc, c’était un peu le truc qu’il fallait faire. Et puis, j’ai commencé le ski à 3 ans. Donc, voilà. Et puis ensuite, il y a eu le Covid. Ça a été un peu plus compliqué pour continuer à jouer, à s’entraîner. Et suite à ça, j’ai eu l’opportunité de partir en Finlande. Donc, je suis partie en Finlande… Il y a eu le gros du Covid. C’était quoi ? Février, mars, je ne sais plus trop quelle année. Mais je suis partie dans la foulée au mois d’août. Et j’ai bien fait. Parce qu’en France, il n’y avait pas grand-chose qui se passait. Il n’y avait pas trop de championnats en cours. Donc, c’était vraiment le bon timing.

Ermanno : Bon, on va revenir un petit peu sur tout ça. Détends-toi, Clara. Je te sens un peu stressée. Non ? Non, ça va. Oui, c’est juste que tu as l’habitude de bouger un petit peu. C’est vrai qu’en hockey, on est plutôt actif. Là, il faut que tu restes posée. Une chaise. Donc, tu as commencé le ski à 3 ans. Mais tu savais à peine marcher. Et tu faisais déjà du ski, c’est ça ? À peu près, oui.

Ermanno : Et puis après, quand est-ce que tu découvres véritablement le hockey ?

Clara Rozier : Alors, je n’ai pas eu ça coupé, oui.

Ermanno : Je te disais, quand est-ce que tu découvres véritablement le hockey ?

Clara Rozier : Alors, je connaissais déjà le hockey avant de commencer à jouer. Parce que dans mon village, c’était… Soit tu faisais du ski, soit tu faisais du hockey, soit tu faisais du foot. C’était assez limité, on va dire, en termes de sport collectif. Même si le ski, ce n’est pas vraiment collectif. Mais tous mes copains faisaient du hockey. Et donc, ma meilleure amie, fille, qui faisait du hockey. Du coup, je me suis dit, allez, on va essayer, on va tenter. Parce que comparé à tous mes copains d’enfance, j’ai commencé tard le hockey. J’ai juste commencé à 4 ans. 7 ans, c’était déjà tard.

Ermanno : Et ça veut dire quoi, justement, commencer à 7 ans par rapport à 4 ? Surtout quand on vit dans un village de montagne où le ski, enfin, les sports d’hiver sont rois. Tu savais quand même bien tenir sur des patins. Tu savais… Tu avais pris quoi comme retard en 3-4 ans par rapport aux autres gamins qui avaient commencé beaucoup plus tôt ?

Clara Rozier : pense que ça ne joue pas énormément. Parce que techniquement, tu apprends de 4 à 7 ans, mais ce n’est pas non plus… Ce n’est pas non plus immense, la capacité que tu peux apprendre techniquement sur ces âges-là. Après, comme tu as dit, je faisais déjà du ski, j’avais déjà la glisse. Je connaissais déjà la glisse, donc c’était assez facile de rentrer dans le bain dans le monde du hockey. C’était plus de rajouter la crosse et le palais qui étaient un peu plus compliqués, mais…

Ermanno : Après, ça vient justement avec la pratique. Et à 7 ans, tu pratiques combien de fois par semaine ? Genre les mercredis, les samedis, où tu commences déjà à avoir un rythme assez soutenu ?

Clara Rozier : Non, non, c’était une ou deux fois par semaine, avec des tournois de temps en temps. Les week-ends, ça remonte à 20 ans en arrière maintenant. Donc, ce n’était pas non plus très développé. Il y avait beaucoup moins de tournois, beaucoup moins de choses organisées. Donc, ce n’était pas très intense.

Ermanno : Surtout qu’en France, le hockey féminin n’est pas si développé que ça ?

Clara Rozier : Non, j’étais que… Toutes mes années à Morzine, jusqu’à mes 15 ans, j’étais avec les garçons. J’ai joué en masculin.

Ermanno : C’était en mixte. Et même les compétitions ?

Clara Rozier : Oui.

Ermanno : Et la fédération l’autorise parce qu’il n’y a pas assez de clubs de filles ? Ou parce que c’est l’intégration ou la découverte du sport ?

Clara Rozier : Non, c’est autorisé. Alors, après, ce n’est pas ce qui est fait avec les autorisés. Et à partir d’un certain âge… On a le droit d’être sous-classé, c’est-à-dire que même si j’ai un temps, je peux jouer en U17 ou des choses comme ça pour pas non plus que physiquement, il y a une trop grosse différence entre nous et des gars de 20 ans. Il y a tout de suite une différence physique qui s’impose.

Ermanno : Et alors, du coup, ça veut dire quoi ? Tu as joué avec les garçons jusqu’à 15 ans. Ça veut dire quoi, justement, ce début d’adolescence pour une fille qui partage la glace ? Alors, je n’imagine pas les vestiaires. Mais qui partagent un petit peu tout avec d’autres garçons de ton âge. C’est un peu le moment où c’est la confrontation. Est-ce que le sport rattrape un petit peu ces moments de taquinerie entre garçons et filles ?

Clara Rozier : C’est sûr que c’est le moment où ça commence à changer. Après, moi, la chance que j’avais, c’est que c’était des gars que je connais depuis que j’étais gamine. J’ai grandi avec eux. J’ai fait du ski avec eux. J’ai fait toutes les petites catégories hockey avec eux. Donc, c C’était hyper facile d’être intégrée dans l’équipe. J’ai aussi eu la chance d’avoir des bons coachs. Ça ne les dérangeait pas d’avoir une fille dans l’équipe. Donc, non, sur ça, j’ai vraiment eu de la chance. Parce que je sais que dans d’autres clubs, c’est un peu plus compliqué pour les filles de s’intégrer. Je pense surtout sur des grosses villes où tu ne connais pas forcément les gars de l’école ou n’importe où. Donc, non, moi, sur ça, j’ai vraiment eu de la chance. Et il n’y a vraiment pas eu de souci pour moi dans l’équipe. Avec les gars.

Ermanno : Aujourd’hui, on a la chance de faire une interview à deux avec Greg, Grégory Herbet, ancien hockeyeur des Dragons de Rouen. Greg, je crois que tu voulais poser une question à Clara.

Grégory Herbé : Oui, alors uniquement amateur aux Dragons de Rouen. Je n’ai pas été jusqu’au plus haut niveau. Mais est-ce que le fait de t’entraîner avec des garçons, selon toi, a musclé ton patinage, ton maintien de crosse ? Ta vision de jeu, est-ce que ça t’a, non pas que les garçons sont forcément meilleurs, ce n’est pas ça. C’est juste qu’effectivement, comme tu le soulignais, très rapidement, le physique au hockey sur glace prend quand même un pas ultra important sur la piste du palais, dans les coins, même sur la façon de jouer. Est-ce que le fait d’avoir eu plus de résistance physique, de patinage explosif, etc., est-ce que, toi, ça t’a augmenté le niveau et ça t’a permis d’être au niveau où tu es aujourd’hui ? Est-ce que ça a participé ?

Clara Rozier : Je pense que oui, parce que, comme tu dis, il y a une différence physique qui finit par arriver avec l’âge. Et puis, c’est surtout qu’en hockey féminin, il n’y a pas de charge, il n’y a pas de gros contacts. Donc, forcément, ça te prépare un peu plus à être solide physiquement. Et après, c’est pareil, la vitesse d’exécution, c’est quand même tout plus rapide chez les hommes. Donc, c’est sûr que ça a été un avantage. Et j’ai aussi eu la chance de, quand j’étais au pôle, je jouais avec une équipe féminine, mais on jouait contre les garçons. Donc, pareil, pendant les matchs, on avait toujours une bonne aversité et des matchs physiques, même si des fois, c’était un peu bizarre, où les gars n’osaient pas forcément venir ou alors, justement, ils en profitaient, les plus petits, ils en profitaient pour dire, allez, pour une fois, j’ai un gabarit correct pour aller mettre des charges. Mais c’est sûr qu’en tout cas, les filles qui peuvent rester le plus longtemps possible, à jouer dans des équipes de garçons, c’est le mieux.

Grégory Herbé : Alors, ce qu’il faut souligner, c’est que la différence entre le hockey féminin et masculin, il y a une logique de charge. Il y a aussi une logique de protection. Je pense qu’à partir du moment où on est majeur au hockey masculin, on peut avoir la demi-visière. Il n’y a pas au hockey féminin. Je crois que vous êtes obligés d’avoir la grille. La grille, oui. Qu’est-ce qu’il y a d’autre comme différence ?

Clara Rozier : C’est à peu près tout, en tout cas, sur l’équipement. Il y a juste le casque qui change et je suis bien contente de jouer avec une grille et pas une visière. Parce que les garçons, ils s’en foutent de ne pas avoir de dents ou des trucs comme ça.

Grégory Herbé : Parce qu’on ne voit pas beaucoup, mais c’est vrai que quand on regarde le championnat, même français, beaucoup de joueurs n’ont quand même plus de dents ou moins de dents. Alors, le truc, c’est de se dire qu’à la fin de carrière, on va aller chez d’autres joueurs. On va tous refaire.

Clara Rozier : Mais ça ne ressemble à rien pendant dix ans.

Grégory Herbé : Pendant dix ans, il leur manque effectivement une partie des dents. Mais c’est aussi un choix. Mais même aux États-Unis, on voit sur les bancs, parce qu’ils ont leurs petites dents, donc on ne voit pas. Mais ça ne protège plus grand-chose, le protège-dents. C’est parce que c’est obligatoire.

Ermanno : D’ailleurs, là-dessus, un palais lancé à pleine vitesse, que ce soit chez les hommes ou chez les femmes, on est sur la même puissance, sur la même vitesse. Et ça représente quoi ?

Clara Rozier : Chez les hommes, c’est quand même plus fort. Ça va plus vite.

Clara Rozier : Après, je ne sais pas. Je n’ai pas trop les chiffres en tête. Mais je me souviens que l’année dernière, sur le championnat du monde, il y a des capteurs dans les palais, vu qu’on était en élite. Et on avait des palais à 130 km à l’heure. Donc, quand tu te le prends, pas beau être protégé, ça fait quand même mal.

Ermanno : clair.

Grégory Herbé : Très bien. Un palais, c’est dur. Ce n’est pas mou. C’est du caoutchouc vulcanisé. C’est-à-dire que c’est du caoutchouc avec dedans du métal. Donc, c’est un disque caoutchouc qui fait à peu près 2,5 cm d’épaisseur. Et ça fait un peu plus de 7,5 de diamètre. Et c’est 156-170 grammes. Donc, si c’est envoyé à 130 km heure, si c’est direct, ça fait très, très mal. Ça fait très, très, très mal. Et les hockeyurs sont protégés, mais pas partout. Par exemple, ils ne sont pas protégés. Au niveau des mollets, il y a des endroits, sur les côtés notamment, où ils ne sont pas protégés.

Clara Rozier : L’intérieur des cuisses.

Grégory Herbé : L’intérieur des cuisses, il y a le cou. Récemment, on l’a vu avec l’horrible accident, le décès d’un joueur en Angleterre. Un palais dans le cou ou dans la mâchoire, c’est désastreux. Ensuite, après, heureusement, ça n’arrive pas souvent. Et généralement, les palais sont déviés. Donc, il y a un peu moins de rapidité, mais ça fait quand même très, très mal. C’est très dangereux. Et c’est pour ça qu’on dit que le hockey sur glace, c’est le sport de combat le plus rapide du monde. Ce n’est pas considéré comme un sport d’équipe. C’est plutôt considéré comme un sport de combat parce qu’il y a du contact et de la rapidité.

Ermanno : Et chez les femmes, justement, il n’y a pas la charge, mais il y a quand même du contact. Ça frotte quand même pas mal.

Clara Rozier : Oui, oui. Surtout là, en plus, les dernières années, ça a vraiment commencé à être beaucoup plus physique sur les matchs. Après, on n’a pas le droit de mettre des gros chats. Comme par exemple en NHL, ils vont faire. Mais après, c’est plus un spectacle, c’est le show, c’est encore autre chose. Mais là, ça fait plusieurs années que ça commence vraiment.

Ermanno : L’NHL, c’est le catch du hockey, quoi.

Clara Rozier : Oui.

Grégory Herbé : De plus en plus parce que maintenant, les gars arrivent sur la glace, ils n’ont pas le joueur, ils commencent à se battre parce que c’était prévu. Non, mais tu vois les matchs, ils commencent, ils n’ont même pas l’engagement. Les gars, déjà, jettent les gants. Ils commencent à se battre et on se dit mais qu’est ce qui s’est passé? Non, mais c’est parce qu’en fait, il y a trois matchs, machin, et c’était prévu. Tout le monde attendait ça. Les gars sont, les gars viennent dans les gradins pour voir ça et s’ils ne le font pas, les gars se plaignent. Donc, ça fait partie du show.

Clara Rozier : C’est du spectacle. Oui.

Grégory Herbé : Et je crois qu’il y a un joueur là qui a fait six matchs en NHL et il a déjà, s’est déjà battu cinq fois.

Clara Rozier : Ouais, je ne fais pas c’est ça aussi.

Grégory Herbé : Il a des yeux beurre noir comme ça, il est complètement défiguré, mais tout le monde est content. Ils l’ont acheté pour ça. Donc voilà.

Ermanno : Bon, donc, chez les filles, ce n’est pas si violent quand même, Clara, assure-moi.

Clara Rozier : Non, ce n’est pas aussi violent.

Clara Rozier : Après, là, en Suède, dans le championnat féminin, ça fait deux ans qu’il y a le recharge.

Grégory Herbé : Ah ouais.

Clara Rozier : Donc, ça joue beaucoup plus physique. Et puis après, sur les championnats du monde, là, on le voit aussi en PWHL, ça joue physique, ça joue fort. Après, il y a des contacts, il y a plus de contacts, mais il n’y a pas les contacts open ice. C’est-à-dire au milieu de la glace ou vraiment juste le gars, il patine pour défoncer l’autre et ça, non, on ne fait pas. C’est plus intelligent, on va dire, nous, et ça reste, ça reste dans le contexte du match, parce que des fois, les gars, c’est un peu juste, je vais aller taper parce que j’ai envie d’aller taper.

Grégory Herbé : Alors, il y a un truc, c’est qu’il y a les charges contre la balustrade. Donc ça, c’est normalement, ce n’est pas plus de trois pas d’élan, c’est-à-dire qu’on ne peut pas arriver avec la moitié de la patinoire d’élan si c’est des charges qui sont faites pour bloquer, arrêter, prendre le palais. Puis effectivement, les charges open ice, c’est-à-dire au milieu de la glace, il y a ce qu’on appelle des dead zones, des zones de la mort où il vaut mieux éviter de passer à certains moments, donc en attaque ou en défense. Ou là, si tu passes et que tu regardes le sol, donc le palais, et que tu ne vois pas, tu peux te prendre un gars, si c’est un gars de 130 kilos qui, effectivement, arrive à pleine vitesse. Et là, il a le droit parce que c’est pendant le jeu. Donc ça, les joueurs professionnels le savent, il n’y en a pas beaucoup en France. Alors, il faut savoir que les championnats finlandais, suédois, on va dire tchèques, les Suisses sont les meilleurs d’Europe, tu confirmes ? Oui. Parce qu’on parle toujours beaucoup de la NHL, mais aujourd’hui, le niveau quand même dans ces championnats-là, que ce soit hommes ou femmes, se rapproche quand même beaucoup des championnats américains. On n’a plus une aussi grosse différence qu’il y a 10-20 ans. Là, maintenant, tu regardes la plupart des joueurs qui sont achetés en NHL, il y en a beaucoup, beaucoup. Bon, beaucoup de Canadiens, ça, c’est sûr. Il y en a aussi beaucoup d’Européens de ces pays-là et de plus en plus de Français et de Françaises.

Ermanno : Donc toi, Clara, pour revenir un petit peu à ton histoire, donc tu intègres le Pôle France. Et ça veut dire quoi, intégrer le Pôle France sport-études avec un aménagement entre le collège, le lycée et puis les entraînements de hockey ? Et là aussi, tu étais en mix, donc tu t’entraînais avec les garçons ?

Clara Rozier : Alors oui, c’était ça. Sport-études, donc on avait des horaires aménagés avec le lycée, on avait des entraînements sur glace le matin. Enfin, c’était vraiment sport-études.

Clara Rozier : Donc non, je ne m’entraînais qu’avec des filles, avec l’équipe du Pôle. Et par contre, les matchs, on jouait dans le championnat U18 masculin à l’époque.

Ermanno : Ok.

Clara Rozier : Mais ouais, c’était vraiment une structure, ça a complètement changé mon fonctionnement parce que moi, je sortais de mon petit village de club où je jouais avec les garçons. Où c’était pomper l’homme tranquille. Et alors que là, j’arrivais dans une structure où ils allaient me préparer physiquement, ils allaient me préparer techniquement. Et donc, au début, ça a été un peu compliqué de s’adapter. Et puis surtout, nouveau lycée, pas du tout. Enfin, ça va, j’avais la chance que c’était qu’à une heure et demie de chez moi comparé à d’autres où c’était à l’autre bout de la France. Mais tu as quand même un changement de tout, quoi.

Ermanno : Une heure et demie, ça veut dire que tu étais en internat. Donc en plus, à 15 ans…

Clara Rozier : On était à l’internat et on ne rentrait jamais parce qu’il y avait le week-end, il y avait le match. Donc, on était à l’internat la semaine et le week-end.

Ermanno : Et à 15 ans, du coup, au-delà d’apprendre à évoluer sur la partie technique, d’apprendre à évoluer sur la partie physique, j’imagine aussi peut-être un peu sur la partie mentale avec un peu de prépa mental, tu nous diras ça. Il y a aussi justement ce fait de partir, de s’émanciper. Est-ce que tout ça, en même temps, tout ça combiné, ça t’a fait grandir ? Et est-ce que ça aurait pu avoir un côté néfaste sur toi que tout arrive en même temps ?

Clara Rozier : Alors, c’est sûr que ça m’a fait grandir parce que partir à 15 ans de la maison, ce n’est pas si facile que ça. Mais encore une fois, j’étais proche de la maison. J’étais encore dans un contexte un peu de montagne parce que c’était à Chambéry, le pôle France. Donc, j’étais dans un élément que je connaissais. Après, c’est sûr que je pense qu’il n’y a pas forcément tout le monde qui serait capable de partir comme ça à 15 ans, que ce soit à une heure et demie de chez toi ou à 10 heures. Ça ne change pas grand-chose, parce que de toute façon, on ne rentrait pas à la maison.

Clara Rozier : Et après, on était bien entourés. Il n’y avait pas forcément de prépa mental au tout début, mais après, il y avait une psychologue qui nous suivait s’il y avait besoin. Donc, non, sur ça, on était quand même vraiment bien, vraiment bien, ça s’était structuré. Et après, c’est sûr que tu te forges le caractère qu’il faut et tu apprends à te débrouiller un peu tout seul, quoi.

Ermanno : Oui, pas trop le choix. Et quand tu intègres ce pôle France, est-ce que pour toi, c’est un peu comme ça ? Pour toi, les choses sont déjà claires, c’est-à-dire que tu ambitionnes d’avoir une carrière professionnelle dans le hockey féminin ou en fait, tu y vas parce que tu avais la possibilité d’y aller, tu avais la capacité d’y aller. Tu t’es dit je vais y aller, je veux voir ce que ça donne, mais moi, mon but, c’est de faire des études, c’est être médecin, infirmière, comptable ou autre.

Clara Rozier : Alors non, je n’ai jamais eu de but de faire des études, des grandes études dans ma vie. Donc non, à la base, j’ai fait les sélections, surtout pour voir aussi où j’en étais, voir le niveau que j’avais parce que d’être prise au pôle France, en tout cas à l’époque, c’était vraiment bien en tant que fille. Et puis, il y avait encore très peu de joueuses qui jouaient à l’étranger. Donc, il y avait encore des grosses joueuses qui ont maintenant marqué l’histoire du hockey français. Donc, c’est vraiment quelque chose de fort. Et le fait d’avoir été prise, je pense que c’est à ce moment-là où je me suis dit OK, maintenant, je vais faire du hockey. Maintenant, je vais tout donner pour continuer parce que j’ai réussi à faire ça. Puis après, j’ai été prise au pôle. Après, il y a les sélections en moins de 18 ans qui ont commencé à arriver, les championnats du monde. Donc, tu commences à rentrer dans un mode qu’on pète et tu deviens un peu accro à ça parce que l’émotion que ça te provoque nulle part ailleurs dans ta vie de tous les jours, tu peux l’avoir. Donc, c’est juste que tu deviens accro au truc, accro à la compétition, accro à aller faire des résultats, accro à essayer de faire évoluer les choses, surtout dans le sport comme le mien où en tout cas chez les femmes, il n’y a pas grand-chose qui est fait encore à l’heure d’aujourd’hui.

Ermanno : Donc, il y a tout à faire, tout à écrire. Tu fais partie des pionnières.

Clara Rozier : Oui, il y en a eu avant moi quand même. Je pense que je fais partie de la deuxième génération vraiment où les choses commencent à changer. Mais il y a eu un gros groupe devant moi. On fait beaucoup de boulot aussi.

Ermanno : Et le futur d’une joueuse de hockey en France, justement, c’est quoi ? C’est intégrer l’équipe de France Hockey, mais est-ce qu’il y a des gros clubs de joueuses ou est-ce que c’est comme toi, tu l’as fait, partir à l’étranger pour pouvoir t’émanciper et puis retrouver ces chattes d’adrénaline que tu ressens, dont tu viens de nous parler ?

Clara Rozier : Pour être honnête, si tu veux vraiment percer dans le hockey, il faut partir. Il ne faut pas rester en France. Parce que tu as le pôle qui permet de te développer quand tu es jeune, mais après, le championnat féminin, il n’est pas assez développé. Puis dans le championnat, il y a un peu de tout. Il y a des filles de 15 ans qui viennent de commencer à jouer au hockey et il y en a, je ne sais pas, quand elles ont peut-être 45, c’est plus du loisir.

Clara Rozier : Donc, je pense qu’ils développent quand même le championnat féminin, mais c’est trop faible pour prétendre à former des joueurs. Des joueuses, en tout cas. Ou alors, si ce sont des joueuses qui ont des raisons plus professionnelles, comme on a dans le cas d’un équipe de France, où il y a des joueuses qui restent en France, mais elles ne jouent pas que en féminine, elles jouent aussi en masculin.

Ermanno : D’accord. Greg, tu avais une question ?

Grégory Herbé : Est-ce que ce n’est pas difficile d’être sur un championnat exigeant comme le championnat finlandais et malgré tout, conserver la motivation, l’envie, de revenir sur une équipe de France qui, comme tu l’expliques, est assez, encore aujourd’hui, un peu découdue en termes de niveau général ?

Clara Rozier : Je ne parlais vraiment que du championnat. Après, l’équipe de France, à ce moment-là, on est en train de reconstruire parce qu’il y a deux ans, on a perdu quasi 10 joueuses qui faisaient partie des gros piliers, justement, qui avaient bâti l’équipe depuis plusieurs années.

Grégory Herbé : On est parti en retraite, c’est ça ?

Clara Rozier : Mais par contre, là, l’année dernière, c’est ça ? L’année dernière, ça a été compliqué sur la première saison où il fallait se reconstruire. Là, ça va, on est vraiment en place et on sait qu’on peut largement réaliser avec des équipes qui sont dans le top 10 mondial. Donc, non, sur ça, l’équipe de France, je ne me fais pas de souci. Surtout que là, je pense qu’on a le droit de faire des joueuses qui jouent à l’étranger. Donc, ça se ressent aussi dans l’expérience que les filles apportent quand elles arrivent en équipe.

Grégory Herbé : J’ai oublié l’Allemagne tout à l’heure comme championnat assez relevé quand même. Aujourd’hui, elles jouent où les filles de l’équipe de France à l’étranger, en général ?

Clara Rozier : Moi, je suis en Finlande. Il y en a quelques-unes qui jouent en Suède, quelques-unes en Suisse. Et après, on a pas mal de filles qui sont en universitaire au Canada.

Clara Rozier : Donc là, c’est pareil d’aller chercher de l’expérience d’un pays comme le Canada. Après, je ne dis pas que des fois, c’est tout le temps bien d’aller au Canada parce que ça dépend dans quelle structure tu te retrouves et dans quelle ligue aussi tu te retrouves. Mais par contre, ça donne de l’expérience.

Clara Rozier : Moi, c’est ce qui m’a le plus choquée quand je suis arrivée en Finlande, c’est la culture. ‘est complètement différent. Tout le monde vit hockey ici. Donc, c’est sûr, quand tu arrives dans un pays où la culture est comme ça, tu t’en prennes encore un peu plus du sport.

Grégory Herbé : Justement, la différence entre la France et la Finlande en termes de structure, d’accompagnement et autres, doit être encore énorme. Qu’est-ce que tu peux, toi qui as vécu les deux expériences, qu’est-ce que tu peux nous dire justement là-dessus ?

Clara Rozier : Alors, la Finlande, c’est bien. Mais il y a quand même beaucoup de négatifs sur le championnat féminin. Après, là, ils veulent vraiment le faire développer. Mais il y a encore des équipes où les joueuses, il faut qu’elles payent pour tous les déplacements. Après, il y a une licence normale. Mais après, le fait de payer pour aller faire les déplacements, etc. C’est… C Enfin, il y a encore beaucoup, beaucoup à faire pour essayer d’avoir un championnat qui est vraiment considéré comme semi-professionnel parce qu’on n’est pas payé. En tout cas, les joueuses finlandaises ne le sont pas. D’accord. Mais qu’au moins, elles n’aient pas besoin de dépenser de l’argent en plus pour jouer et pour… Parce qu’après, on a vraiment les mêmes conditions d’entraînement, etc. que les hommes quasiment. Juste après, il faut qu’on étudie ou il faut qu’on travaille à côté alors que les hommes n’ont pas besoin de faire ça. Donc, après, il y a toujours mieux à faire. Je pense que ce n’est quand même pas comparable le championnat finlandais et le championnat français parce qu’en termes de niveau, c’est complètement différent.

Clara Rozier : Et puis surtout qu’il y a des joueuses qui peuvent être considérées comme professionnelles en Finlande ou en tout cas semi-pro alors qu’en France, il n’y a pas du tout. Mais c’est sûr qu’il y a encore beaucoup à faire sur ça. Et on le voit là en Suède. Je pense que c’est le championnat européen qui est vraiment au-dessus des autres. Mais parce que les filles, elles ont des conditions professionnelles, même les suédoises.

Grégory Herbé : En Suède, le championnat féminin est plus avancé en termes de conditions des joueuses qu’en Finlande.

Clara Rozier : Oui, complètement. Parce qu’en Suède, si je ne dis pas de bêtises, toutes les équipes féminines sont sous les équipes masculines. Donc déjà en termes de budget, ce n’est pas comparable. Et en termes d’organisation, etc. Ce n’est pas comparable non plus. Nous, en Finlande, on n’est pas du tout sous les équipes masculines de l’IGA. On est sur le même budget que les équipes juniors.

Clara Rozier : Donc c’est sûr que sur les apports financés, etc., il y a une grosse différence. Après, sur les structures, ça dépend des équipes. Mais après, tout ce qui est autour du contexte sportif, de l’entraînement, etc. Par contre, les conditions sont géniales.

Grégory Herbé : Et toi, justement, comment tu fais pour financer tout ça ?

Clara Rozier : Alors, je suis passée par différentes situations.

Clara Rozier : Mes premières années en Finlande, j’ai eu la chance. Heureusement qu’il y avait le Covid. Parce que du coup, j’ai touché des aides de l’État français en tant qu’entrepreneur.

Clara Rozier : Non, vu que j’étais monétrice de ski et que je ne pouvais pas travailler en France. Donc ça m’a un peu sauvé la vie. Ok. À ce moment-là. Et par contre, après les deux… Parce que là, j’ai fait quatre ans.

Clara Rozier : Donc les deux années qui ont suivi après, j’ai travaillé en Finlande. Donc j’ai fait un peu des boulots. C’était marrant, mais c’était quand même assez physique. Et des fois, un peu compliqué de gérer avec la fatigue du boulot, la fatigue physique du boulot. Et puis d’aller à l’entraînement, d’aller aux matchs le week-end. Donc il n’y avait jamais vraiment de jours off. Donc ça a été un peu un gros bloc. Après, j’ai essayé de travailler au maximum pour pouvoir être plus ou moins capable de finir la fin de saison, faire les playoffs sans devoir travailler. Juste survivre avec ce que j’avais. Et cette année, j’ai repris mes études. Donc je fais un bachelor en ligne avec une école française. Et vu que je suis sportive de haut niveau, j’ai le droit à des indemnisations. Donc du coup, ça me sauve un peu la vie. Après, j’ai aussi négocié. L’année dernière pour avoir un meilleur contrat avec mon club en Finlande. Donc en gros, j’avais de quoi me nourrir chaque mois, mais je ne mets rien de côté.

Grégory Herbé : Ça coûte cher la vie en Finlande ?

Clara Rozier : C’est léger plus cher qu’en France. Après, c’est pareil avec les crises, les guerres. Ça a un peu augmenté de partout. Mais de règle générale, c’est léger, plus élevé qu’en France.

Ermanno : Et justement, tu dis que le fait d’être redevenue étudiante, d’avoir repris tes études. Et de combiner avec le statut de sportive de haut niveau. Ça te permet de sortir un petit peu la tête de l’eau. Donc on sent bien que c’est quand même relativement précaire comme situation. Tu ne vas pas continuer à étudier jusqu’à ce que tu prennes ta retraite de hockeyuse.

Ermanno : Tu faisais la différence tout à l’heure entre celles qui sont comme toi, qui essayent de se débrouiller, de finir la fin du mois, d’aller au bout de leur rêve d’être hockeyuse, d’en faire leur carrière. Et puis celles qui ne peuvent absolument pas se le permettre. Et qui sont obligées de prendre un travail. Quelle différence tu fais justement entre les pros, les semi-pros, et celles qui sont obligées d’aller travailler ? Je veux dire en termes de travail, de récupération, de charge mentale. Tout ça, ça s’accumule. Et est-ce que ça nuit pas un petit peu sur ta saison finalement ?

Clara Rozier : Ah bah si carrément. Parce que la fatigue que tu accumules au fur et à mesure, c’est sûr qu’au bout d’un moment ça se fait ressentir. Et là moi je vois la différence cette année comparée aux autres années. Cette année, j’ai pas travaillé. J’ai juste étudié depuis chez moi parce qu’en plus c’est en ligne. Donc j’avais vraiment concentré que sur le hockey entre guillemets. Et pouvoir faire toute la récupération etc. que je voulais. Et là je fais ma meilleure saison enfin. Donc c’est sûr que ça a un impact, en tout cas sur la longueur, ça a vraiment un impact.

Ermanno : Sur la longueur et puis mine de rien, tous les ans on prend une année de plus. Et donc le corps encaisse encore plus. Si. Et donc forcément plus tu vas tirer sur la corde, et plus ça va être difficile de récupérer et puis d’évacuer toutes ces charges mentales liées à la simple question de comment je boucle la fin du mois ou qu’est-ce que je mange la semaine prochaine parce que j’ai plus les moyens.

Clara Rozier : C’est ça. Après ça va, j’avais quand même, enfin j’ai jamais été vraiment dans à me dire qu’est-ce que je vais manger la semaine prochaine, j’ai plus d’argent. J’en suis jamais arrivée là, heureusement. Mais par contre je faisais pas des folies tous les mois à aller faire des restos etc.

Ermanno : Ouais, tu comptes tes sous. Ouais. Être joueuse professionnelle en Finlande, donc on l’aura bien compris, tu reçois une toute petite indemnisation. Finalement le club qui t’emploie est venu te chercher. C’est toi qui as fait des démarches. Comment ça s’est passé pour pouvoir évoluer ? Puisque tu nous le disais quand on en parlait il y a quelques minutes, le meilleur moyen d’évoluer dans le hockey féminin en France, c’est de partir de France tout en restant quand même peut-être pensionnaire de l’équipe de France. Du coup, comment est-ce que tu as fait ce choix de partir ? On est venu te chercher, tu as fait des démarches particulières ?

Clara Rozier : Non, c’est moi qui ai fait les démarches.

Clara Rozier : C’est au moment du Covid, parce qu’à la base je n’avais pas du tout forcément prévu de partir, parce que j’étais dans mon train de vie, en tout cas l’hiver j’étais chez moi, je travaillais en tant que monétrice de ski, donc j’avais déjà ma vie qui commençait un peu à être tracée comme ça. Donc à la base, je n’avais pas du tout prévu de partir. Après, j’ai vu que le Covid commençait quand même à rester.

Clara Rozier : Et il y avait deux joueuses qui jouaient déjà dans l’équipe où je suis, deux joueuses françaises qui jouaient déjà à Helsinki. Donc je me suis dit, vas-y, je vais écrire à ce qui plaît, et puis on verra ce qui va arriver. Et au final, ça s’est fait comme ça. Donc j’ai eu des entretiens en anglais, je parlais très mal anglais d’ailleurs à ce moment-là.

Clara Rozier : Et voilà, ça Et voilà, ça s’est fait comme ça. Après, c’est sûr qu’il faut quand même avoir un bon background derrière toi pour prétendre partir à l’étranger, en tout cas à ce moment-là. Donc ça s’est fait un peu comme ça. Je crois que même au début, c’était un peu plus négatif parce qu’ils n’avaient pas forcément besoin d’une étrangère en plus.

Clara Rozier : Mais vu qu’il y a d’autres clubs en Finlande qui ont pris des étrangères, je pense que ça a aussi un peu poussé à ce que j’intègre l’équipe. Donc ça s’est fait comme ça. Donc c’était un peu sur un coup de tête, on va dire. Je me suis dit, allez, vas-y, essaye. De toute façon, on ne sait même pas si le Covid va continuer, ce qui va pouvoir être possible de faire en France ou pas.

Clara Rozier : Donc voilà, c’est comme ça que je suis partie. Au final, ça fait quatre ans que je suis là.

Ermanno : Et tu ne le regrettes pas ?

Clara Rozier : Non, je ne regrette pas du tout parce que ça a vraiment eu un impact positif sur ma carrière. Et puis sur moi, en tant que personne, en tant que joueuse de hockey, j’ai vraiment développé beaucoup, beaucoup de choses. Et puis d’aller à l’étranger, de vivre à l’étranger, de voir ce que c’est ailleurs, ça a apporté énormément dans une vie. Donc non, zéro regret.

Ermanno : Tu te vois rester longtemps à Helsinki ou il va bientôt falloir que tu te mettes en chasse d’un nouveau club pour t’accueillir ?

Clara Rozier : Alors non, je ne vais pas rester. J’ai déjà un club pour la saison prochaine et ce ne sera pas en Finlande.

Ermanno : D’accord. Bon, on imagine que tu ne peux pas nous en dire plus, mais on suivra ça.

Clara Rozier : On ne peut pas encore dire, oui.

Ermanno : D’ailleurs, là, tu fais toutes ces démarches toute seule, ou tu es accompagnée par un agent ? Comment ça se passe ?

Clara Rozier : Non, toute seule, pas d’agent.

Clara Rozier : Le hockey n’est pas assez développé. Et puis surtout, je n’ai pas un grand nom dans le hockey mondial, en tout cas. Donc non, ça, c’est tout nous, tout seuls qui devons chercher les contacts. Ou alors, dernièrement, c’était quand même pas mal les équipes qui me contactaient. J’ai fait des bonnes saisons en Finlande. Et après, toutes les négociations, etc., c’est tout nous, nous-mêmes, qui devons le faire.

Ermanno : Comment ça se passe justement quand il faut négocier les contrats, ce genre de choses ? Tu te fais accompagner ou tu relis et puis tu regardes un petit peu si ça peut coller et en espérant qu’il n’y ait pas de trouble dans la raquette ?

Clara Rozier : Non, on ne se fait pas du tout accompagner. Après, forcément, on peut demander de l’aide à des entraîneurs. Je sais que nous, nos entraîneurs en équipe de France, ils sont hyper ouverts et vraiment contents de pouvoir nous aider si on a besoin. Après, tout ça, c’est vraiment nous, toutes seules. Donc, il faut vraiment faire attention parce que des fois, il y a des clubs, ils essayent un peu de faire passer des trucs pour qu’on compte le moins d’argent possible. Donc, il faut vraiment être vigilant. Puis, c’est assez compliqué parce que la négociation comme ça sur des contrats, on n’a pas l’habitude de le faire parce que ce n’était jamais arrivé jusqu’à maintenant. Donc, c’est un peu nouveau, mais non, on n’est pas du tout accompagnés ou quoi que ce soit.

Grégory Herbé : Tu peux nous dire le pays du club ou pas du tout ?

Clara Rozier : Je vais me rapprocher fortement de la France.

Grégory Herbé : D’accord, ok.

Grégory Herbé : Et de chez moi.

Clara Rozier : Donc là, je vous donne beaucoup d’informations.

Grégory Herbé : On va rester neutre, c’est ça ?

Clara Rozier : Oui, c’est ça.

Grégory Herbé : Super, super. Justement, tu parlais, tu n’es pas un grand nom du hockey aujourd’hui. Qu’est-ce qui t’intéresse ? C’est selon toi, ça. Après, tu as forcément…

Clara Rozier : Mondial, j’ai dit.

Grégory Herbé : Oui, mondial, mondial. Qu’est-ce qu’il te faut pour justement apparaître dans les tablettes du hockey mondial ?

Clara Rozier : Après, nous, en tant que Français, c’est déjà de performer avec les équipes de France. Déjà ça.

Grégory Herbé : Ça va être ça. Pas au niveau du ranking mondial de l’équipe de France, parce que ça, ça met des générations pour pouvoir évoluer. Oui. Mais toi, personnellement, vis-à-vis d’autres clubs, parce que ce qui fait ta carrière, l’équipe de France, c’est une super promotion pour toi. Carrément, oui.

Clara Rozier : Voilà.

Grégory Herbé : Mais après, les clubs aussi, notamment si on parle des clubs dans des ligues très avancées, ont quand même leur scout un peu, qui vont un peu regarder, qui vont… Il y a deux questions.

Ermanno : Quand tu parles de scout, tu parles de recruteurs, mais recruteurs du milieu sportif. Voilà.

Grégory Herbé : C’est ça. Donc, des recruteurs du milieu sportif ou en tout cas des assistants coachs ou des préparateurs qui vont…

Clara Rozier : Oui, parce que sur toutes les compétitions internationales qu’on a, il y a des gens qui viennent, enfin des équipes qui viennent voir. Et toi, ça me fait penser, il y a pour la qualif des Jeux olympiques les derniers, là, on a eu la qualif ensuite. Et là, on a eu la qualif en Suède. Alors, patinoire, il y avait pas mal de recruteurs pour les équipes pour le championnat suédois. Donc, c’est vraiment une grosse promotion pour nous de performer avec l’équipe nationale.

Grégory Herbé : Et à côté de ça, tu as aussi l’utilisation de tes réseaux sociaux ou parce que je vois que tu publies pas mal. Enfin, c’est un petit peu comme ça que moi, j’ai pris contact avec toi. C’est par Instagram. Tu publies les vidéos de tes buts. J’ai vu le dernier qui était très, très, très beau. Tu n’es même pas sur la caméra. En fait, je pense que tu as remarqué, mais le gars qui filme n’a même pas vu que tu es décalé. Donc, tu es vraiment pas en gros. Le but, c’est rapidement. Il y a l’arrière qui fait une passe sur le côté et plutôt que de tirer directement, il tire et toi tu prends le rebond, je crois. J’ai un rebond qui me revient parfaitement dans la palette. Très beau but de hockey. Et donc, est-ce que ça t’aide aussi, ces réseaux sociaux pour ta promotion perso encore?

Clara Rozier : Déjà, c’est principalement par là que je suis contactée par des équipes. Après, je pense qu’on pourrait quand même. Je pourrais beaucoup mieux faire sur ça parce que je ne publie pas énormément ou en tout cas, je vais reposter des stories. La vidéo Octavie, par exemple. C’est moi qui reposte une story de ma sœur.

Grégory Herbé : Oui, d’accord.

Clara Rozier : Donc non, je pense que sur ça, je pense qu’on peut mieux faire, mais même toutes les autres joueuses d’équipe de France en tout cas, parce que nous, on n’est pas connu entre guillemets, d’aller essayer d’aller mettre plus de publicité sur les réseaux parce que tout le monde qui regarde.

Grégory Herbé : Après, le hockey, c’est peu filmé aussi. C’est très dur de filmer du hockey. Et même en France, on a énormément. Il y a énormément de mal à filmer du hockey. Il n’y a qu’à voir juste la coupe Magnus. On a l’impression qu’ils sont dans le noir. Il y a l’impression qu’ils sont dans une cave et qu’ils jouent au hockey dans une cave. Et je me dis mais allumer la lumière, on ne voit rien. Déjà, on ne voit rien parce que ça va vite.

Clara Rozier : Ou alors, c’est pris de super loin. C’est une caméra automatique qui ne tourne pas forcément au bon moment.

Grégory Herbé : Et on se dit mais mettez des caméras dans les cages, faites des trucs et tout. Mais en fait, ça a du mal. Ça a du mal. J’espère que ça va évoluer dans les années à venir. Donc, les réseaux sociaux t’aident, mais tu devrais le faire plus. J’imagine que c’est une question de temps. C’est une question aussi de ressources, de matchs, d’avoir quelqu’un qui te suit, qui te filme, etc. Et ma question, c’était est-ce que dans ta prochaine aventure, tu considères que c’est une évolution par rapport à ton statut d’aujourd’hui en Finlande ?

Clara Rozier : Déjà, en termes de conditions, ça n’a rien à voir. Parce que c’est la première fois de ma vie que je vais signer un contrat où je vais être professionnelle. Je vais vivre de jouer au hockey.

Clara Rozier : J’aurais 27 ans. Merci. Donc non, ce sera vraiment une grosse avancée. Et surtout, la première année où le hockey, ce sera entre guillemets mon métier. Donc, j’ai hâte de voir comment ça va se dérouler. Et puis, c’est pareil. Toute la promotion, toute la pub qu’il y a autour du hockey là-bas, c’est vraiment différent. Ils ont vraiment fait améliorer les choses cette année. Donc, ça va être encore mieux les années d’après. Et les étrangères qui viennent signer dans la ligue, elles peuvent vraiment négocier des bons contrats. Donc, c’est vraiment hyper intéressant et j’ai vraiment hâte.

Grégory Herbé : Ça commence la saison prochaine ou tu vas faire un petit peu de… de pré-entraînement cet été. Comment ça se passe ?

Clara Rozier : Je vais commencer début août, ouais. Donc, on a un bon mois de préparation avec sûrement des matchs de prépa avant que le championnat commence, je pense, le mi-septembre ou quelque chose comme ça.

Grégory Herbé : Peut-être que tu peux en parler, Manon, mais on n’a pas parlé des blessures. Parce qu’on parlait d’un sport de contact, même s’il y a moins de contacts. Toi, aujourd’hui, au niveau blessures et autres, il n’y a rien eu de particulier ? On n’a pas parlé, tu n’as pas eu de problème particulier ?

Clara Rozier : Non, je suis boite parce que je ne me suis jamais blessée. En tout cas, jamais blessée gravement. J’ai dû arrêter pendant plusieurs mois. Donc, on va essayer que ça continue comme ça. Surtout avec les années qui passent.

Clara Rozier : Donc, non, ouais, sur ça, j’ai vraiment de la chance parce qu’on peut vraiment se blesser. On peut être complètement out pour des saisons complètes. Et puis, en termes de commotions, etc. J’ai déjà eu de… De grosses commotions aussi qui ont fait qu’il fallait que je m’arrête. Donc, on va rester optimistique là-dessus.

Ermanno : C’est quoi les principales blessures qu’on peut retrouver au hockey, hormis les palais dans les dents ? Mais ça, c’est plutôt chez les garçons.

Clara Rozier : Oui, il y a un peu de tout. Je pense qu’il y a quand même pas mal de commotions par rapport au contact. Et après, les genoux, les épaules. Enfin, il y a un peu de tout.

Grégory Herbé : Les genoux ?

Clara Rozier : Oui, les genoux, oui.

Grégory Herbé : Les genoux, les différents dans tous les sens, devant, derrière, tout.

Grégory Herbé : C’est assez traumatologique, je crois, c’est comme ça qu’on dit. Enfin, le hockey, c’est vrai qu’on peut… Alors, c’est un sport quand même assez complet en termes de mobilité. Donc, c’est vrai que généralement, les hockeyurs ont des bonnes jambes et des bons genoux. Mais il suffit effectivement d’un mauvais coup. Souvent, les gardiens aussi qui se blessent. Parce qu’eux, c’est en plus de la mobilité, ils ont carrément de la souplesse. Ils ont besoin de faire un grand écart. Alors que ce n’est pas du tout le propre d’un joueur de hockey. Généralement, un joueur de hockey n’est pas du tout sourd.

Grégory Herbé : Mais voilà, il est assez fort sur ses appuis et ce qui évite les blessures. Après, il y a les chocs à la tête qui peuvent être… Même s’il n’y a pas beaucoup de contact, les chutes, ça peut être très rapide. Donc, rapidement, un choc à la tête.

Ermanno : Toi, jamais de blessure. Pour revenir sur la partie financement de ta saison, est-ce qu’en hockey, et en particulier en hockey féminin, tu fais appel à des sponsors ? Tu vas chercher des partenaires, que ce soit sur la partie matérielle ou sur la partie financière ? Ou là, c’est le club qui t’emploie, qui essaie de te fournir le maximum d’aide ?

Clara Rozier : Alors là, en Finlande, en termes d’équipement qui était fourni par l’équipe, donc que toutes les joueuses ont, c’était le casque, les gants et le… La culotte. La culotte, c’est le porte, on va dire.

Clara Rozier : après, on a quelques crosses aussi pendant la saison. Mais cette année, c’était une très mauvaise organisation. Donc, je n’ai même pas eu les crosses que je voulais. Donc, j’ai réussi à négocier un contrat avec CCM France, qui sont aussi partenaires de l’équipe de France,

Clara Rozier : pour avoir des crosses de qualité et pas des crosses que je dois aller acheter. Parce qu’une crosse, ça coûte minimum 200 euros. puis, il t’en faut minimum trois.

Ermanno : Oui, c’est ça. Parce que sur un match, ça arrive qu’on casse une ou deux crosses, suivant la violence du match.

Clara Rozier : Après, nous, les filles, on casse quand même moins de crosses, parce qu’on les flexe moins. Et puis, je pense qu’on est quand même moins violentes sur les contacts. Mais il faut quand même que tu aies des crosses en rab, parce qu’on ne sait jamais quand ça peut péter. Donc, sur ça… Du coup, j’ai perdu le fil de route.

Ermanno : Comment est-ce que tu finances ta saison, ta carrière, en fait ? Est-ce que tu as des partenaires qui viennent te chercher ? Oui, chercher des partenaires.

Clara Rozier : C’est compliqué de chercher des partenaires juste pour moi. Parce que les partenaires, ils vont me demander d’afficher leur marque quand tu fais un match de hockey. Mais sauf que quand je fais mon match, je suis sous les couleurs de mon équipe. Donc, il faut que je représente les partenaires de mon équipe. Et c’est un peu compliqué d’afficher, en tout cas, une marque extérieure, à celle de l’équipe.

Clara Rozier : Après, c’est possible.

Clara Rozier : Mais dans ces cas-là, il faut vraiment être bon sur la communication sur les réseaux et de relayer un maximum pour qu’il y ait du sens avec le partenaire.

Ermanno : Et ça, tu disais tout à l’heure, tu penses que tu peux t’améliorer là-dessus. Et côté équipe de France, est-ce que tu es rémunéré quand tu joues pour l’équipe de France ? Est-ce que tu es défrayé ? Est-ce que l’équipe de France, vu que tu es à l’étranger, te paye tes billets d’avion, tes billets de train, ou tu es traversé en cargo-ferry pour revenir préparer les matchs ?

Clara Rozier : Alors, on n’est pas payé. On n’a pas de salaire pour être en équipe de France. Après, par contre, sur tous les regroupements, etc., c’est eux qui prennent en charge nos déplacements. Quand je pars en stage à l’étranger, c’est eux qui payent les billets d’avion.

Clara Rozier : Après, il n’y a pas… Oui, oui. Après, sur la semaine, on ne dépense rien du tout, nous, en tant que joueuses, mis à part si tu as envie. Mais en tout cas, non, sur ça, et encore heureux, j’ai envie de dire, parce que sinon, ce serait quand même très compliqué pour beaucoup d’entre nous pour juste venir en équipe de France. Et après, on a des aides financières de l’État. Mais quand tu ramènes la somme sur une saison complète, ce n’est rien du tout, c’est vraiment juste des petites aides qui te permettent d’aller acheter un petit matos si tu as besoin de quelque chose.

Grégory Herbé : Il faut savoir qu’effectivement, les équipements, ça coûte très cher, OK. Une paire de patins, ça peut vite fait arriver à…

Clara Rozier : Eh bien, mes derniers patins, je les ai payés 1200 euros de ma poche.

Grégory Herbé : 1200 euros, c’est des très beaux patins. Les gants, c’est pareil. Il y a vraiment énormément de choses, de différents éléments. Et chaque élément, il faut savoir qu’il y a à peu près deux, trois marques. Il y a à peu près deux, trois marques qui font du hockey. Les plus connues, tu t’en as cité une et l’autre, c’est Bauer. Il y en a une ou deux après à côté qui s’y mettent. Mais il n’y a pas beaucoup de choix. Donc, vu qu’il n’y a pas beaucoup de choix, les prix sont très hauts.

Ermanno : Et puis, pour aller démarcher des partenaires, c’est difficile aussi parce que si tu en as 15 potentiels que tu peux contacter, tu peux toujours essayer quand tu en as trois. Oui, c’est pareil.

Clara Rozier : Suivant le partenaire de ton club ou de l’équipe de France, par exemple CCM, ils sont partenaires de l’équipe de France. Moi, je ne peux pas aller faire de la pub avec mon maillot équipe de France et ma crosse Bauer.

Grégory Herbé : Voilà, c’est ça.

Clara Rozier : Donc, je n’ai pas de crosse Bauer.

Grégory Herbé : Une crosse, ça peut valoir jusqu’à 400, 450 euros la crosse.

Clara Rozier : C’est le minimum de 100 euros si tu veux de la qualité.

Grégory Herbé : Et toi, aujourd’hui, avec ton nouveau contrat, je pense que tout est cadré, mais tu ne cherches plus aujourd’hui de sponsor ?

Clara Rozier : Pas vraiment. Pas forcément. Après, ça dépend toujours de qui est le partenaire des équipes avec lesquelles je joue. Parce que tu vois, là en Finlande, c’était CCM aussi. Donc, d’aller chercher le partenariat avec CCM France pour avoir des crosses, c’était facile. Après, dans l’équipe l’année prochaine, ils ne sont pas partenaires avec CCM. Donc après, c’est à voir ce qui est possible de négocier.

Grégory Herbé : J’espère que tu as acheté les bons patins parce que sinon tu vas être obligée de changer.

Clara Rozier : Non, ça c’est bon.

Grégory Herbé : C’est bon ça.

Clara Rozier : Tu t’es déjà renseignée avant sur les différents partenaires des équipes Non, après, ça ne fait pas partie des choix de décision ou quoi que ce soit. Puis c’est surtout que moi, en plus, en termes de patins, je n’ai pas énormément de choix parce que j’ai des tout petits pieds. Donc, je suis obligée de faire des patins personnalisés à ma taille, etc. C’est pour ça que ça coûte très cher. Donc, sur ça, après, j’ai le droit de jouer avec d’autres marques. Je n’ai pas des patins CCM, donc j’ai le droit de jouer avec n’importe quelle marque. Mais par contre, je ne peux pas en faire la promotion si ce n’est pas le partenaire de l’équipe.

Ermanno : Bien sûr.

Ermanno : Écoute, on a bien avancé. Est-ce qu’il y avait d’autres sujets qu’on aurait pu aborder aujourd’hui et sur lesquels on n’a pas avancé ?

Clara Rozier : Je ne sais pas. On a beaucoup parlé déjà.

Grégory Herbé : Tu as un message à faire passer parce que c’est aussi l’objectif du podcast, c’est de potentiellement, effectivement, avoir des supports financiers qui peuvent venir et te dire, on va taper à la porte ou alors d’avoir des nouveaux clubs et tout. Mais bon, apparemment, pour toi, tout est organisé pour la saison prochaine. Mais c’est aussi inspirer peut-être les plus jeunes qui voudraient se lancer dans la même logique que toi parce que tu parlais des pionnières. Mais tu vas l’être un jour, cette pionnière. Et il y a des jeunes filles qui vont regarder et vont dire, fin l’an des mystères, on le saura bientôt.

Grégory Herbé : Et waouh, j’ai envie de faire pareil. Donc, voilà. C’est… Et tu es vraiment aussi une typologie de personne qui, quand tu dis que tu travailles, tu as travaillé pour les entraînements et tout, tu as tout donné en fait pendant des années. Aujourd’hui, je pense, avec ce nouveau contrat, tu as enfin la récompense et tu vas pouvoir enfin faire du hockey, penser au hockey, vivre au hockey, dormir au hockey, te lever au hockey sans forcément te le dire.

Clara Rozier : C’était déjà ça, oui.

Grégory Herbé : Oui, mais là, tu te disais…

Clara Rozier : Mais là, pour moi, il y a vraiment…

Grégory Herbé : Comment je vais me payer à bouffer ou alors, merde, mes patins, ils commencent à être un peu vieux, il faut que je les change. Là, tu vas peut-être avoir plus de dotation, tu as peut-être des encadrements. Donc, voilà, c’est aussi ça, le but, c’est que tu as des choses à rajouter. Qu’est-ce que tu dirais à une gamine de, je ne sais pas, de 10, 12, 2 ans qui se dit, tiens, le hockey, c’est ma passion, est-ce que je ne referais pas mon métier ?

Clara Rozier : Non, je pense que ce qu’il faut retenir, c’est que, justement, les filles entre 10 et 13 ans, je pense que c’est le moment le plus important. C’est le moment le plus compliqué et je pense que c’est aussi sur cette tranche d’âge où on perd énormément de joueuses parce que les conditions en France sont un peu compliquées suivant les conditions que tu as en club. Donc, vraiment continuer de pousser jusqu’au bout et de ne pas forcément porter attention à tout ce qu’on peut entendre, les commentaires négatifs sur le sport féminin en général.

Clara Rozier : Si tu as envie de faire ça dans ta vie, fais ça. Il n’y a pas vraiment d’autre chose. Si tu as la force en toi pour te battre, parce que ça va être dur, il faudra se battre.

Clara Rozier : Mais par contre, si personne ne se bat, ça ne changera pas. Il n’y a rien qui va changer. Donc, il y en a qui se sont battus avant nous. Nous, on est en train de se battre et il y en a encore beaucoup qui se battent derrière nous. Donc, il faut continuer parce que de toute façon, ça ne peut qu’évoluer au jour d’aujourd’hui. Donc, il faut qu’on garde toutes ces joueuses entre 10 et 15 ans. Je pense que c’est là où on perd quasiment tout. Vas-y tout le monde.

Grégory Herbé : Encourager les jeunes filles à continuer à venir s’entraîner, à continuer à même encore s’entraîner avec les garçons, même dans cet âge un peu difficile de mélange, pour pouvoir progresser et passer ce passage et arriver à l’âge de 15, 16 ans et pouvoir aller en équipe de France et continuer à se développer.

Clara Rozier : Et surtout qu’en plus, maintenant, il y a l’équipe de France U15, U16. Il y a beaucoup de regroupements. Nous, on n’avait pas ça. Moi, il me semble que j’ai fait partie de la première génération où on a eu un regroupement U15. Mais avant, il n’y avait pas ça. Donc là, elles ont vraiment des conditions qui sont bien mieux que ce que nous, on a pu avoir.

Clara Rozier : Et après, oui, si tu as des bonnes conditions dans ton club, que tu t’entends bien avec les garçons avec qui tu joues, continue comme ça. Et après, si ça se passe un peu moins bien, tu sais que de toute façon, tu ne vas pas jouer avec les garçons indéfiniment. Donc, bats-toi, fais ce qu’il faut faire pour te développer au maximum. Et puis après, tu sais que de toute façon, tu seras dans des équipes féminines où tu pourras pleinement être toi en tant que personne.

Ermanno : Merci. J’ai une petite question signature sur ce podcast. Si on pouvait se projeter dans un monde un peu spécial, un peu dans la science-fiction, et que la Clara Rozier de maintenant, de 26 ans, pouvait être juste à côté de la Clara Rozier de, on va dire, celle de 7 ans, quand tu découvres le hockey, et que la Clara de 7 ans, elle sait qui tu es et cette vie qu’elle aura jusqu’à ses 26 ans quand tu la croises, qu’est-ce que tu crois qu’elle penserait de toi à ce moment-là en te voyant ? Qu’est-ce qu’elle te dirait ?

Clara Rozier : C’est une bonne question, mais je pense qu’elle serait fière de voir ce qui a été fait jusqu’à là, parce que ça n’a pas été tout le temps facile.

Clara Rozier : Et puis surtout qu’elle va se dire que c’est possible, parce que je l’ai fait, on l’a fait avant, avec beaucoup moins de moyens, donc maintenant les portes sont ouvertes et il faut juste continuer.

Ermanno : Et toi, tu lui répondrais quoi, du coup ?

Clara Rozier : À peu près ce que je viens de dire, de toute façon, qu’il faut croire en ses rêves, et puis si tu as vraiment envie de faire ça, fais-le à fond, fais-le à 100%, ça va être dur, mais il faut complètement te mettre dedans.

Ermanno : Super. Et puis pour terminer, Clara, où est-ce qu’on te suit, justement, sur tes réseaux sociaux, sur d’autres supports ? Où est-ce qu’on s’informe et puis qu’on te soutient, et notamment pour le prochain changement ?

Clara Rozier : Sur les réseaux, c’est Clara Rossier, tout simplement. À peu près de partout, il me semble, si je ne dis pas de bêtises. Et puis après, il faut suivre la Fédération française, ils partagent aussi pas mal d’articles sur les bleus à l’étranger, ça s’appelle. Ils font toutes les semaines. Il y a des petits articles pour donner des nouvelles des joueuses qui jouent à l’étranger. Et puis, tu résumes quand même plutôt bien ce qui se passe. Surtout que là, en ce moment, je suis en train de jouer les finales en Finlande du championnat. Donc s’il y en a qui veulent suivre, c’est avec grand plaisir. Ça se joue cette semaine, donc c’est maintenant ou jamais.

Ermanno : L’épisode sera déjà sorti, enfin sortira plus tard, mais si tu veux, on essaiera de prendre ce petit bout-là, ce petit short-là, on le mettra sur nos réseaux et comme ça, on invitera les gens. À venir suivre tout ça et à t’encourager. Merci beaucoup, Clara. On te souhaite une bonne continuation, bonne finale justement avec ton club en Finlande. Et puis après, bon déménagement dans quelques mois.

Clara Rozier : Oui, c’est ça. On a le championnat du monde quand même avant la prochaine saison. Donc là, c’est finale après championnat du monde. Et après, je me focusserai sur la prochaine saison avec ma nouvelle équipe.

Ermanno : Championnat du monde à quelle période ? C’est du 21 au 27 avril en Autriche. En Autriche avec l’équipe de France. Et tiens, dernière petite question. Les prochains Jeux olympiques, est-ce que tu y penses ? Est-ce que tu en rêves ? Est-ce que tu es déjà dans les sélectionnables ?

Clara Rozier : Forcément. Forcément qu’on y pense et qu’on en rêve. J’ai déjà fait deux qualifications pour les Jeux olympiques de 2018 et 2022 qu’on s’est qualifié. Et on n’est vraiment passé à pas grand chose pour les Jeux de 2022. C’est jouer un but. Donc forcément, on y pense.

Clara Rozier : Surtout qu’en plus là, il y a les prochains Jeux qui seront en Italie. Mais surtout qu’en 2030, il y aura aussi les Jeux en France. Donc les Jeux en France, ça veut dire qu’on est qualifié d’office. Parce que le pays hôte est qualifié d’office. Je n’avais pas forcément prévu à la base de jouer jusqu’à là. Parce que je serais quand même vieille.

Ermanno : Tu parles à deux grands-pères là. Donc je te remercie.

Clara Rozier : Mais par contre, c’est les Jeux olympiques. Donc là, forcément que la priorité, c’est de se qualifier pour ceux de 2026. Mais si j’ai l’opportunité dans ma vie d’en faire deux, j’y vais bras ouverts.

Ermanno : Et puis Milan pour 2026, ça ne sera pas très loin de la France non plus.

Clara Rozier : C’est à côté de la maison.

Ermanno : Un petit coup de patin. Enfin, un petit coup de patin. Un petit coup de ski pour descendre sur les patinoires et puis tu y seras.

Clara Rozier : Mais non, c’est sûr que ces gros objectifs de l’équipe de France, c’est de se qualifier pour les Jeux de 2026. Et puis surtout qu’au moins, on aurait déjà de l’expérience pour ceux de 2030. Donc non, ce serait incroyable, en tout cas pour moi, ma carrière d’aller faire les Jeux, que ce soit une ou deux fois.

Ermanno : Écoute, moi, ce que je te propose, c’est qu’on prenne date. 2026, on se refait une petite interview pour voir où est-ce que tu en seras. Après CGO et puis évidemment 2030. Là, dans les vestiaires, ça sera devenu un média plus que mainstream. Et puis on sera content de t’avoir sur notre plateau pour pouvoir en reparler.

Clara Rozier : Eh bien, avec plaisir.

Ermanno : Super. Merci beaucoup.

Clara Rozier : On espère que ça se passe comme ça.

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