#086 – Adrien RAMBAUD – Vivre de sa passion : Sport, business et écologie

Saison III
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#086 - Adrien RAMBAUD - Vivre de sa passion : Sport, business et écologie
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🎙️ Entreprendre et courir : Le parcours inspirant d’Adrien Rambaud

Découvrez comment Adrien Rambaud jongle entre sa passion pour le trail et son entreprise dédiée à la mobilité douce !

Dans cet épisode, je vous présente un invité au parcours hors du commun : Adrien Rambaud, ingénieur, entrepreneur et sportif montagnard.

🌄 Présentation de l’invité :

Nom : Adrien Rambaud

Profession : Ingénieur, co-fondateur de Morio, accompagnateur en montagne en formation

Passions : Trail, ski de randonnée, engagement écologique

📝 Principaux points abordés dans cet épisode :

Origines et parcours : Découvrez les racines savoyardes d’Adrien et son attachement profond à la montagne.

Carrière sportive : Son évolution du ski alpin à la compétition de trail, et comment il se définit avant tout comme un sportif montagnard.

Entrepreneuriat :

– Sa première expérience entrepreneuriale et ses apprentissages.

– La fondation de Morio, entreprise qui lutte contre le vol de vélos via des assurances spécifiques.

– Les parallèles entre l’entrepreneuriat et le sport de haut niveau : résilience, détermination et gestion des échecs.

Engagement écologique : Les actions qu’il mène pour réduire son empreinte carbone au quotidien et l’importance de sensibiliser le public à la préservation de la nature.

Organisation quotidienne : Comment il parvient à équilibrer ses entraînements intenses avec ses responsabilités professionnelles.

🚀 Inspiration et incitation :

Entrepreneur, sportif et passionné par l’écologie, Adrien nous montre que concilier plusieurs passions est non seulement possible, mais aussi extrêmement enrichissant. L’épisode vous donnera des clés pour équilibrer vos passions et vos engagements professionnels !

🔗 Pour aller plus loin :

Suivre Adrien Rambaud :

https://www.strava.com/athletes/17832867

https://www.instagram.com/morio_bike

https://www.linkedin.com/in/adrienrambaud

Visitez le site du podcast : vestiaire.org/livre pour soutenir nos sportifs invités et découvrir notre livre qui répond à la fameuse question « comment construire une carrière de sportif de haut niveau ».

Partagez l’épisode : Aidez-nous à faire connaître ces histoires inspirantes en partageant l’épisode sur vos réseaux sociaux ! 🚴‍♂️🌍

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Allez, sportez-vous bien et à bientôt pour un nouveau partage d’expérience !

Psst … grâce à Autoscript.fr, on vous propose même de revivre l’échange que j’ai pu avoir avec Adrien.

Pssst encore : Secrets de Champions, vous connaissez ? C’est le livre issu des premières interviews du podcast et l’un des moyens ultra simples pour soutenir les sportives et sportifs de haut niveau. C’est à retrouver en version électronique sur notre site ou sur Amazon en version papier !

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Ermanno : Dis papa, ils font quoi les sportifs quand ils sont pas sur le terrain ? Et bah croyez-moi, quand votre fils vous pose cette question, ça fait réfléchir. Surtout quand on sait que pas mal d’entre eux jonglent avec un ou plusieurs jobs pour pouvoir joindre les deux bouts. Et j’ai réalisé que beaucoup d’entre nous se posent la même question. C’est pour ça qu’il y a quelques années, j’ai décidé de lancer le podcast Dans les vestiaires pour plonger dans ces doubles vies. Parce que derrière chaque athlète, il y a une histoire et parfois un autre métier. A peu près au même moment, j’ai rejoint Eplayer, un cabinet de recrutement spécialisé dans les recherches critiques. Alors moi je suis recruteur tech et avec mon associé, on aide les entreprises à trouver les perles rares. Mais on accompagne aussi les entités qui veulent définir ou redéfinir une politique de recrutement. Et je peux vous dire que des sportifs de haut niveau croisés au gré de nos chasses de candidats, on en a vu un sacré paquet. Et oui, parce que encore une fois, vivre de son sport n’est pas si facile. Quand on n’est pas installé au plus haut des podiums depuis des années. Et encore, comme une marque bien installée, il faut y rester et se réinventer sans cesse. Du coup, à travers les histoires inspirantes de mes invités, je vous propose de découvrir comment on peut répondre à nos enfants qui se demandent encore ce que font toute la journée ces sportifs de haut niveau. Parce que oui, entre sport et entrepreneuriat, il y a beaucoup de points communs. Et avec les JO de Paris qui approchent, c’était le moment de redonner vie à ce podcast. Alors restez après l’épisode, je vous donne tous les détails sur notre invité et je vous invite à aller voir la page sur le site vestiaire.org pour pouvoir le soutenir dans ses projets. Allez, c’est parti pour un nouvel épisode.

Ermanno : Salut les sportifs, c’est Ermanno et je suis très heureux de vous recevoir pour un nouvel épisode du podcast Dans les Vestiaires. Aujourd’hui, on continue sur la série Entrepreneurs dans le sport, sportifs entrepreneurs. Enfin bref, on va essayer de trouver des ponts entre le sport et l’entreprise, voire l’entrepreneuriat. Mon invité du jour est Adrien. Adrien Rambaud. Salut Adrien. Bonjour Ermanno. Pour la petite blague, Rambaud, ça s’écrit R-A-M-B-A-U-D, pas comme Rambaud le boxeur. Mais je suppose qu’on ne l’a jamais faite cette blague-là.

Adrien Rambaud : Non, on ne l’a jamais faite.

Ermanno : Évidemment. Plus sérieusement, j’ai coutume dans ce podcast de demander à mes invités qui ils sont.

Adrien Rambaud : Donc dis-nous tout, qui est Adrien Rambaud ? Allez, je me lance. Moi, Adrien, j’ai 32 ans. J’aime bien quand même me définir par mes origines. J’ai grandi à Lyon, mais il se trouve que j’avais quand même une famille. Qui venait de Haute-Savoie et de Savoie énormément. Et j’ai passé beaucoup, beaucoup de temps dans ma jeunesse dans les montagnes. Et en fait, c’est quelque chose qui me raccroche beaucoup. Parce qu’aujourd’hui, ayant fait également beaucoup de sport, en fait, je me définis comme quelqu’un qui est avant tout un sportif montagnard. Presque plus par mes hobbies que par mon travail. Mais à côté de ça, je suis ingénieur de formation. J’ai créé une entreprise. Qui s’appelle Morio, qui milite pour l’usage des vélos en ville, mais pas que. Et donc, on assure des flottes de vélos électriques contre le vol. Voilà. Mais donc, comme je disais, à côté de ça, en fait, je suis d’abord et avant tout un sportif de montagne. Donc je fais beaucoup de trail l’été en compétition. L’hiver, je fais du ski de rando, du ski de fond. Donc, j’habitais à Toulouse pendant six ans. Mais là, je viens de déménager à Grenoble pour me rapprocher justement de cet environnement. Et en plus de ça, j’ai fait des activités. Et enfin, ça fera déjà pas mal. Justement, j’ai un double projet professionnel où je suis en train de me former en tant qu’accompagnateur en montagne pour aussi exercer, emmener des gens en montagne, entraîner en trail et on verra par la suite. Mais en tout cas, j’ai quand même envie de relier ma passion pour le sport de montagne et mon travail.

Ermanno : Ceci explique donc cela. On parlait en offre justement de ton arrivée récente à Grenoble. Donc voilà, on comprend mieux pourquoi, après quelques années à Toulouse, t’es parti te ressourcer à la montagne. Oui.

Adrien Rambaud : Alors, il ne faut quand même pas négliger la ville de Toulouse et son terrain de jeu. Parce que comme je le dis souvent, à une heure autour, il n’y a pas grand-chose. Mais dès qu’on passe, tu le sais bien, étant dans le Cidobre, dès que tu passes les une heure, depuis Toulouse, tu as les Pyrénées, le Karouks, le Cidobre, les Causses, l’Aubrac. Donc, il y a quand même un beau terrain de jeu. Mais ce qui me manquait, c’était de sortir de chez moi et d’être dans la montagne. Et là, je l’ai. Encore ce week-end, je suis allé faire du ski. En vélo. Et ça, c’est pas mal.

Ermanno : C’est vrai que le terrain de jeu est sympa par ici. Après, ce n’est pas non plus de la haute montagne comme on peut avoir dans les Alpes du côté de Grenoble.

Adrien Rambaud : Non, mais moi, j’aime bien les terrains. Dès qu’il commence à être vallonné, les Causses, par exemple, j’adore. On ne peut pas appeler ça de la haute montagne. Certes, on ne peut pas faire du ski de rando. Mais quand tu aimes la nature et le sport, tu as déjà un terrain de jeu qui est fou. Et une sensibilisation aussi à la nature avec des paysages qui imposent quelque chose.

Ermanno : C’est clair. L’occasion d’y revenir et notamment sur ton engagement pour l’écologie. Restons un petit peu sur toi. Tu nous dis que tu es ingénieur de formation, mais tu as toujours été sportif, assez sportif, beaucoup sportif, très sportif. Ça remonte à quand tes souvenirs de sport ? Est-ce que tu as toujours été un petit gamin un petit peu agité ? Et du coup, tes parents t’ont mis à une activité physique ?

Adrien Rambaud : Je suis épileptique et j’ai perdu la mémoire avant mes 10 ans. Donc, au tout début, je ne me souviens pas. Ce qui est sûr, c’est que j’ai deux parents très sportifs. Ma maman étant au Savoyard. Mon papa aussi. Et du coup, en fait, très vite, ils nous ont mis à des sports. Et donc, je sais qu’à l’âge de 10 ans, déjà, j’étais dans trois sports différents. Rugby, tennis et ski alpin week-end. Et bon, il a fallu choisir. Et donc, en fait, toute mon adolescence, disons, j’étais en compétition en ski alpin. Et alors, est-ce que j’avais la bougeotte ? Sûrement, mais en effet, j’en avais de quoi nous combler avec le tennis le mercredi, le ski week-end, la course à pied avec ma maman. Mais par contre, j’ai toujours été très compétiteur. Ça, oui. Et en ski, je ne pouvais pas faire une compétition sans vouloir gagner. Et donc, quand j’ai eu l’opportunité de faire des stages d’été, tout ça, essayer d’intégrer des groupes de compétition, j’y suis allé. J’ai fait quelques petits résultats. Pas très mal d’Alexis Peintureau, pour ceux qui connaissent. Puis après, j’ai tourné. Après avoir une étude, je faisais quatre sports aussi. Pareil. Enfin, oui, non, j’ai toujours été… J’ai adoré le sport, mais il y a aussi la compétition derrière qui me drive et qui fait que je peux m’y donner à 300 %.

Ermanno : Alors, qu’est-ce qui a fait que, justement, tu n’as pas choisi la voie de sportif de haut niveau et tu disais que tu as fait quelques résultats pas très loin d’Alexis Peintureau ? Lui, il est vraiment bien, bien, bien dans le haut niveau. Qu’est-ce qui a fait que toi, tu n’as pas choisi cette voie-là ?

Adrien Rambaud : C’est vrai que c’était un peu et c’est presque toujours un rêve. Et en trail, j’essaye de toucher des bons athlètes. Mais à la fois, je viens d’une famille à moitié montagnard, mais avec quand même aussi une éducation très citadine. Et le but, c’était de faire des études. Et je n’étais qu’entre guillemets dans les 50%. Premier en France, en minime, quand il fallait aller s’orienter vers le sport-études. Et bien qu’étant lyonnais, contrairement à tous les autres, le jeu, on ne va pas aller à la chandelle, selon mes parents, de faire un sport-études et de m’engager dans cette voie. Et je pense que le ski n’était pas fait pour moi dans tous les cas. Donc, je ne regrette pas. Mais c’est sûr que, voilà, c’était… Moi, si je m’étais écouté, si j’avais écouté ma passion, j’aurais peut-être bien foncé dedans. Mais la raison, voilà, a fait que… Mais ça me rattrape.

Ermanno : Je vois ça. D’un point de vue santé, tu disais que tu es épileptique. Ça ne t’a pas joué des tours, justement, avec le sport ?

Adrien Rambaud : Non, ça, l’épilepsie, c’est quelque chose qui est… J’ai un traitement qui la contient. J’ai eu quelques petits soucis pendant mon adolescence. Mais limite, je me refermais peut-être un peu trop dans le sport au moment où j’ai des petits problèmes. Donc, ça ne m’a jamais joué des tours. Non, ça, ce n’est pas… Peut-être que je suis un peu plus fatigué, tout ça. Mais ça, non, ce n’est pas… Non, non, au contraire. Donc, on fait quand même souvent de faiblesse une force. Et je pense que l’épilepsie m’a appris pas mal de choses étant jeune et m’a forgé. Maintenant, je suis encore meilleur.

Ermanno : Bon, donc, quand mon fils arrivera dans le studio, je lui dirai qu’il ne joue pas avec la lumière, c’est ça, pour éviter les flashs et que tu nous fasses une crise en live ?

Adrien Rambaud : Ça ne marche pas pour tout le monde, ça. Pour moi, ça ne me déclenche pas de crise. Je peux aller en boîte de nuit sans souci.

Ermanno : Nickel. Oui, parce qu’il y a plusieurs formes d’épilepsie. Alors, après, on n’est pas forcément là pour en parler, mais ça se caractérise comment, justement ? Est-ce que ça arrive comme ça d’un instant à l’autre ou est-ce qu’il y a des signes précurseurs ?

Adrien Rambaud : Oui, en gros, je pense que ce n’est pas la peine d’en parler trop. Je pense juste parce que ça n’intéresse pas les gens, à mon avis. Mais oui, au lycée, ça pouvait arriver comme ça. Et maintenant, on a stabilisé un traitement qui fait que ça n’arrive plus. Allez, la petite anecdote, c’est que j’ai un traitement que j’essaie de diminuer parce qu’il donne des effets secondaires où je peux voir double. Dans le Karoos, il y a cinq ans, j’ai fait mon premier trail où j’ai vu double en descente. Et voir double en descente, dans le Karoos, ce n’est pas facile. Donc, le seul problème éthique, c’est les effets secondaires d’Abedi qui remontent. Mais maintenant, je n’en peux plus avant la course, je ne peux plus après. Ça va mieux.

Ermanno : OK. Bon, écoute, à bon entendeur, auditrices, auditeurs, si vous aussi, vous avez de l’épilepsie, pensez à éviter ça parce que même si vous ne l’avez pas encore eu, c’est possible. Bref, donc toi, tu as choisi plutôt la voie étude, la voie éducation plus que la voie sportive. Malgré tout, tu as toujours eu un, voire deux pieds dans le sport. À quel moment ? À quel moment tu finis tes études et tu te dis, bon, là, maintenant, je vais me mettre à fond dans le boulot. OK, j’ai mon diplôme, mais le sport, je ne peux pas en passer. Il faut que je continue à pratiquer. Et quel sport tu choisis à ce moment-là ?

Adrien Rambaud : Alors, ça ne s’est pas vraiment passé comme ça. J’ai toujours fait du sport. Donc, en études, je faisais quatre sports en même temps. Je faisais du badminton, du volley, de la planche à voile et du handball. Voilà, donc j’ai toujours fait pas mal de sports, mais toujours, voilà, à partir. Après, le ski, j’en ai toujours fait un peu, beaucoup, disons, un peu plusieurs sports. Et après, je me suis lancé, en effet, dans la vie active. J’ai créé ma boîte. Et puis là, un peu par hasard, je suis rentré à Lyon. J’ai fait un premier petit trail. Et après, j’en ai donc le Lyon Urban Trail. Après, j’en ai fait un deuxième. Et là, en fait, le déclic, ça a été, je suis parti tout derrière, tranquillement, voilà, comme tout. Puis en montée, je ne sais pas, je me disais, mais qu’est-ce qu’ils foutent, les gens, pourquoi ils n’avancent pas, quoi ? Et je me suis rendu compte que j’avais quand même, de part en passée, montagnard, randonnée, tout ça, j’avais un petit talent, disons, quand même, pour, humblement, je ne suis pas qui gagne, j’en ai, mais je me démerdais bien, quoi, disons. Et donc, à partir de là, j’ai commencé à me dire, c’est cool, il y a un sport où, au final, je pense, j’ai des capacités de base. Et puis, qui plus est, c’est un sport en montagne, comme j’ai toujours aimé faire. Mais en fait, il y a dix ans, le trail, il faut faire de la nutrition, tout ça, le trail, c’est compliqué. Donc, je m’étais dit, je ne vais pas me lancer dans ce sport si tout le monde me dit que ça ne vaut pas le coup. Puis, en fait, quand je l’ai découvert, je me suis dit, mais c’est ça, quoi, c’est mon sport. Ça coche toutes les cases, je ne suis pas mauvais, c’est dans mon environnement adoré, il y a un rapport avec la nature. Voilà, et du coup, comme souvent, quand je me lance dans un truc, je n’y vais pas à moitié. Et donc, je me suis remis dans un sport à fond, comme j’avais fait quand j’étais plus jeune. Voilà, quoi, donc ça. Et puis, en plus, en tant qu’entrepreneur, le sport m’a un peu permis d’équilibrer, parce qu’on pourra en reparler, mais lancer une boîte, c’est un peu comme un trail quand même, un ultra trail où tu te mets à fond. Et peut-être que j’étais un peu trop dans ma boîte. Et là, justement, le trail a permis d’équilibrer vraiment entre ma boîte, le sport. Et peut-être maintenant, c’est un peu l’inverse, je suis un peu trop dans le trail. Mais voilà, ça s’est venu très naturellement. Mais en fait, j’ai enfin coché la case du sport qui me convenait bien. Et du coup, je suis allé à fond.

Ermanno : Justement, aujourd’hui, l’idée, c’est d’essayer de voir un peu quelque chose. Quels sont les passerelles qu’il peut y avoir entre le sport, voire le sport de haut niveau et l’entreprise, en particulier l’entrepreneuriat pour toi ? Tu le disais, quand tu es entrepreneur, c’est un peu un ultra trail, tu te lances à fond là-dedans. Tu sais que la ligne d’arrivée, elle est à 80, 100, 160, 170 kilomètres, voire même plus.

Adrien Rambaud : Ce que me permet, c’est la diff, c’est que tu ne sais pas où est la ligne d’arrivée.

Ermanno : Oui, voilà, c’est ça.

Adrien Rambaud : La diff avec l’ultra trail, mais sinon…

Ermanno : Oui, tu sais qu’il va y avoir une ligne d’arrivée, mais tu ne sais pas trop où elle est. Tu sais, c’est un peu le… le no finish line. C’est la course. Tu y vas et tu sais que ça va être long et que tu vas monter. Oui, voilà, c’est ça. Tu sais que tu vas monter, descendre, tu vas avoir des hauts, des bas, des jours où tu vas avoir la grosse banane et puis d’autres où tu vas être un petit peu dans le bad. Mais au final, tu ne tombes pas. Des fois, il y a les bâtons qui t’aident à tenir debout ou à remonter. Quel parallèle, justement, tu ferais entre l’entrepreneuriat et le sport de haut niveau et en particulier le sport outdoor comme le trail ?

Adrien Rambaud : Ben… En gros, on a déjà pas mal résumé quand même. Mais il y a ce fait clairement de montagne russe de haut et de bas. Déjà, première chose, c’est-à-dire que ce n’est pas tout linéaire. Après, comme beaucoup de choses dans la vie, on va dire, l’ultra trail va être une image et le sport va être une image. Mais en tout cas, il faut être accroché mentalement et être prêt à affronter des échecs, mais aussi des succès. Et donc, en fait, disons qu’il ne faut pas, comme dans, je pense, beaucoup de sports, s’enflammer quand on a des succès parce que c’est souvent là, après, qu’on chute parce qu’on fait une bêtise. Et inversement, il ne faut pas lâcher quand on est un peu en bas de la pente parce qu’on sait que ça va revenir. Donc, il y a déjà ça. Après, il y a aussi une question qui est un peu liée, mais de détermination et de vision, en fait, j’ai envie de dire. C’est-à-dire qu’on ne se lance pas pour dans un jour ou dans dix jours. On sait que ça va être long et il faut avoir cette vision à long terme de qu’est-ce qu’on veut vraiment, en fait. Si on se lance dans le sport, j’ai envie de dire juste, alors n’étant pas sportif de haut niveau, je ne sais pas, mais juste pour être médaillé olympique, à mon avis, c’est trop juste. Ou en tout cas, juste avoir avec un objectif très précis. Personnellement, moi, si je suis lancé aussi dans le trail, ce n’est pas juste parce que je voulais gagner, entre guillemets, ou pas des courses, mais aussi parce que c’est un art de vivre, en fait, pour moi. Et dans l’entrepreneuriat, c’est pareil. Si on se lance juste pour revendre sa boîte, 3 millions d’euros, ça ne va pas le faire. Par contre, si on a à cœur de transmettre des valeurs, comme moi, aujourd’hui, dans le vélo, j’essaie de sensibiliser un maximum de gens dans le vélo par mon métier, tout ça. Donc, je pense que la vision et la vision long terme, en fait, est très importante. Et le pourquoi aussi. Justement, pourquoi je fais ça ? Voilà. Ça fait déjà quelques parallèles intéressants, mais il y en a sûrement plein d’autres.

Ermanno : Oui, et puis, comme tu l’as dit, la résilience, ne pas lâcher, qu’on soit en haut ou en bas, parce que même… Parfois, on se dit, on est en haut, OK, on ne va pas lâcher. Oui, mais il y en a qui se disent, je suis en haut, j’ai atteint mon objectif, c’est cool, et c’est là que la motivation, ou du moins, tu lâches prise, en fait. Et c’est là aussi, comme quand tu es dans le bas, qu’il ne faut pas lâcher.

Adrien Rambaud : C’est ça, oui. Soit tu lâches prise quand tu es en haut, soit tu prends trop confiance en toi. En course à pied, comme dans le travail, en course, dès que tu es bien, tu dirais, vas-y, j’accélère, et puis après, tu te prends le mur. Dans le travail, dès que tu prends confiance en toi, tu vas sous-estimer des problèmes, sous-estimer des gens, et c’est derrière que tu vas te dire, moi, j’ai fait ça, j’aurais mieux fait de les considérer avec attention.

Ermanno : Donc, tu nous disais, toi, tu as eu une première expérience entrepreneuriale en 2015, et puis après, tu as lancé Morio, qui est une société qui agit dans le monde du vélo. Tu peux nous en dire plus un petit peu sur ces deux expériences ? Pourquoi la première s’est arrêtée ? Et encore une fois, l’idée, c’est d’essayer de faire un parallèle avec le sport, que ce soit en tant que pratiquant ou en tant que compétitif,

Adrien Rambaud : ou en tant que directeur. Là, c’est sûr que c’est pareil. En fait, la première expérience fait presque partie de la deuxième, parce que c’est comme dans le sport, il faut un peu échouer pour rebondir, apprendre, et donc j’ai lancé une première boîte avec deux autres personnes.

Adrien Rambaud : Déjà, moi, je n’avais pas un filtre extra avec ces deux autres personnes, mais j’avais une opportunité de lancer quelque chose avec eux, alors que sinon, je n’aurais rien fait. Donc, saisir les opportunités, ça aussi, c’est vraiment quelque chose qui est important dans tous les domaines. C’est qu’on a une opportunité qu’on sent bien, il faut la saisir, et donc j’y suis allé. Et puis, en fait, même l’idée n’était pas terrible, tout ça. Donc, au bout de six mois, ils ont décidé d’arrêter, et du coup, j’ai accepté. Mais en fait, ce qui est bien, c’est que même si j’ai échoué, ça a duré que six mois, donc ça, c’est important aussi. Échouer rapidement, entre guillemets, il vaut mieux faire des essais courts qu’attendre trois ans et puis se rendre compte qu’on avait pris la mauvaise décision. Et puis surtout, ça m’a permis d’apprendre énormément, de prendre confiance en moi aussi, et du coup, j’ai su ce que je voulais et comment relancer une boîte. Et comme ça faisait que six mois que je m’étais lancé, c’était assez court pour me dire, allez, vas-y, j’ai encore du temps devant moi. Donc, on a lancé une deuxième… J’ai lancé une deuxième entreprise, et c’est pareil dans le sport. Parfois, il vaut mieux se lancer dans un défi court, atteignable, bien sûr, mais court, et se dire, allez, je tente ça, changer de méthode d’entraînement, changer d’entraîneur, changer quelque chose pour ensuite savoir si en fait, c’était une bonne chose ou pas. Les échecs rapides, comme ça, c’est très efficace.

Ermanno : Le meilleur moyen, effectivement, de ne pas aller complètement dans le mur. C’est pas en partant sur un marathon que tu prends le départ, et puis qu’au 30e, tu te dis, finalement, c’est mort. Vaut mieux se le dire au début. C’est ça. C’est finalement ce qu’on retrouve aussi chez beaucoup de sportifs de haut niveau, qui sont en pleine compétition. Parfois, on a du mal à comprendre que quand t’es un jour moins bien, que t’es moins bien classé, que tu jettes l’éponge. Et beaucoup te disent, l’abandon, c’est pas une solution, moi j’y vais coûte que coûte. Ouais, mais au final, il vaut mieux se rendre compte, après quelques minutes, quelques heures, ça dépend aussi de la durée de la compétition, mais que t’es pas dedans, et que il vaut mieux t’arrêter maintenant, plutôt que d’hypothéquer tes chances de performer à la prochaine compétition. Et dans l’entrepreneuriat, finalement, c’est pareil.

Adrien Rambaud : Oui, et puis ça, dans le sport, j’ai envie de dire, c’est pareil de manière générale. Si je refais encore un parler avec le trail, il y a beaucoup de gens qui vont faire quelque chose, se blesser, et puis, en fait, ils vont continuer dans la douleur, en se disant, non, mais c’est bon, ça va passer, et puis après, souvent, la blessure, elle devient exponentielle, et au lieu d’avoir une semaine d’arrêt, c’est trois mois, donc continuer dans la connerie, c’est jamais une bonne chose, ça c’est clair.

Ermanno : Le seul problème, c’est de savoir où se situe la connerie, en fait.

Adrien Rambaud : Voilà, exactement, et ça, c’est très compliqué, c’est très subjectif, ça c’est clair. Mais en tout cas, faire des conneries n’est pas un problème. Comment, je connaissais un truc, mais bon, quand on se trompe une fois, c’est, je sais plus, il y a un dicton qui dit très bien ça, quand on se trompe une fois, c’est très bien, quand on se trompe deux, par contre, c’est compliqué.

Ermanno : Une fois, ça va, deux fois, bon, ça commence à devenir un peu limite, mais alors la troisième fois, c’est que vraiment, là, tu bascules dans la connerie.

Adrien Rambaud : Voilà, c’est ça. Donc, voilà, ça, dans tout, faire des essais et arrêter à temps plutôt que persister, c’est clair.

Ermanno : Et justement, est-ce que c’est quelque chose qui a drivé ta deuxième expérience entrepreneuriale ? Donc là, on parle de Morio, déjà, est-ce que tu peux nous en dire plus ? Et est-ce que cet état d’esprit de test and learn, mais surtout test and fail rapidement, c’est quelque chose qui a drivé cette expérience professionnelle, enfin, entrepreneuriale, plutôt ?

Adrien Rambaud : Un petit peu, mais alors, Morio, du coup, vite fait, on est deux associés, Jean Venet, qui habite à Lille, et moi-même, et on a créé cette entreprise pour lutter contre le vol de vélo, parce que le vol de vélo est un des principaux freins à l’usage du vélo en France, et donc, du coup, à la base, on a créé un traceur GPS qu’on cachait dans les vélos, et là, il y a trois ans, on a arrêté cette vente, parce que pour diverses raisons, et on s’est tourné vers la vente d’assurance contre le vol, et donc, on équipe, des entreprises, des collectivités locales, des boîtes de livraison de colis, et des entreprises aussi pour leurs salariés, avec une assurance, casse-vol, responsabilité civile. Et alors, cette expérience de test and learn, disons que moi, j’ai moins eu ce rôle de test and learn, pourquoi ? Parce que je me suis associé avec quelqu’un qui avait déjà un peu, qui était un peu plus fou que moi, disons, et qui, lui, avait envie de faire beaucoup de choses, donc là, j’ai plus eu la…

Adrien Rambaud : le rôle de la personne qui ralentit un peu les ardeurs, voilà, donc j’ai changé un peu de fusil d’épaule, disons, fusil d’épaule pour, voilà, parce que ça aussi, c’est important de savoir collaborer, de savoir s’adapter à la personne avec qui on travaille, et donc, c’était pas mal, parce qu’au final, du coup, en fait, à deux, on s’équilibre bien, parce que j’ai mon associé qui aime bien tenter des choses, un peu tout, avec des idées, et moi, derrière, qui vais plus être un peu plus cérébral, réfléchir à, bon, est-ce que ça vaut le coup ou pas, etc., bon, ok, oui, on le fait,

Ermanno : mais vite fait, etc. Là aussi, on a du parallèle avec le sport, l’esprit d’équipe, souvent l’athlète et l’entraîneur, l’athlète qui est un peu fou ou folle, qui veut tout faire, et l’entraîneur qui calme un peu les ardeurs, t’as pas forcément ce rôle d’entraîneur du CEO de Morio, mais en tout cas, de celui qui a un peu plus la tête sur les épaules.

Adrien Rambaud : Clairement, en tout cas, savoir si on peut faire un parallèle un peu plus général, en fait, je trouve que dans les deux cas, il faut très bien savoir s’entourer des bonnes personnes, donc là, par exemple, une bonne association, c’est important, ça va être un peu, en effet, comme un couple entraîneur-athlète, mais en fait, au final, ce qu’il faut savoir, c’est qu’il n’y a pas que l’entraîneur et l’athlète, tu vas avoir le kiné, le préparateur mental, le préparateur nutrition, tout ça, et bien s’entourer comme nous, avec nos fournisseurs, nos investisseurs, nos collègues, ça va bien s’entourer, et du coup aussi, savoir bien connaître ces gens-là pour savoir à quel moment ils disent des bêtises ou à quel moment il faut les écouter, ça c’est, je pense, dans tous les cas, c’est le secret d’une réussite, qu’elle soit

Ermanno : professionnelle ou sportive. Et comment tu fais justement, on en revient un petit peu au point précédent, c’est-à-dire tomber dans la connerie, c’est jamais bon, la seule question, c’est de savoir où est-ce qu’elle se situe la connerie, comment est-ce que tu fais justement pour savoir quand ton staff, quand les personnes dont tu t’entoures sont les bonnes personnes ou du moins, elles ont les bonnes réflexions à ce

Adrien Rambaud : moment-là ? Ouais, alors

Adrien Rambaud : moi, là, dans le… n’ayant pas vraiment de staff sportif, disons, là, j’aurais un peu de mal à… j’aurais un peu de mal à… mais en tout cas, en tant qu’entrepreneur, ce que je peux dire, c’est que moi, comment j’ai fait des heures de recrutement, par exemple, avec les collègues et même aussi avec des partenaires, tout ça, avec mon associé, on se rend compte que pareil, en fait, à chaque fois, ce qui a bien marché par la suite, en tout cas pour le recrutement, en fait, c’est de prendre des gens qui ont les mêmes valeurs que soi. Et si on prend des gens qui ont les mêmes valeurs que nous, en tout cas dans le travail, derrière, en fait, on peut leur faire confiance quasiment les yeux fermés, parce qu’on va tous travailler dans la même direction et avec les mêmes intérêts. Donc, moi, je ne suis pas trop, par exemple, avec mes collègues et donc avec tous les gens de confiance avec qui je suis, si je sais qu’on a les mêmes valeurs et la même vision, entre guillemets, je leur fais confiance. Bon, évidemment, tu check quand même si ce qu’ils disent n’est pas des conneries, mais généralement, si tu partages la vision et les valeurs, je trouve que tu peux plutôt en tout cas accueillir la plupart des propositions à bras ouverts.

Ermanno : Est-ce qu’au final, l’équipe soit un peu des clones, qu’on ait toujours le même type de profil ? Du coup, je modère un peu. Les mêmes valeurs, ça ne veut pas dire le même type de personne. Tu peux avoir des horizons, des expériences différentes, mais là, pour le coup, des valeurs.

Adrien Rambaud : Non, non, non, attention. Je ne dis pas du tout des clones. Nous, dans notre équipe, aujourd’hui, moi, je bosse avec deux autres personnes qui sont très différentes de nous. Déjà, mon associé, au final, est quand même assez différent de moi. Et mes collègues aussi, on est 12 différents. Il y en a deux à Paris, par exemple, je suis un sportif montagnard. Il n’y en a aucun autre qui adore la montagne, etc. Alors que moi, c’est mon premier truc. Mais par contre, on se rattache autour de l’écologie, du vélo, des valeurs qui nous tiennent à cœur, de l’autonomie, des trucs comme ça. Et en fait, on travaille très bien ensemble par ça. Mais pour autant, l’âge, il va de 23 à 46 ans. Il y a deux hommes, deux femmes,

Adrien Rambaud : parisiens, banlieusards. Tu vois, il y a vraiment provincial. Non, on est les valeurs ne veulent pas dire des clous.

Ermanno : Tu parles de valeurs, justement. Il y en a une dont on a un peu parlé en off. C’est la valeur écologie. Est-ce que tu peux nous partager un petit peu quelle est ta valeur ? Qu’est-ce que tu défends ? Quelles sont tes croyances là-dessus ?

Adrien Rambaud : J’ai peu de croyances et beaucoup de faits. Ce ne sont pas des croyances. C’est une écologie que j’aime et c’est bien des faits scientifiques. Je trouve que c’est important de préciser que les militants écologistes, ils rapportent bien des faits scientifiques. Pour faire vite, comme je l’ai dit encore, je reviens dessus, mais j’ai grandi dans les montagnes et la première chose qui m’a agacé avec ce qu’on appelait avant, on appelle toujours le réchauffement climatique, c’est bien la fonte des glaciers qui est quand même assez impressionnante. C’est un peu ce qui m’a mis la puce à l’oreille concernant le défi écologique qui est pour nous. À partir de là, je me suis pas mal renseigné scientifiquement sur le réchauffement, l’écologie. Aujourd’hui,

Adrien Rambaud : maintenant, ce qu’on pourrait appeler, croyance ou pas, c’est que oui, je pense en tout cas, de tout ce que les faits scientifiques nous montrent, qu’il faut qu’on ralentisse, c’est-à-dire ralentir notre mode de vie. Mais attention, ça ne veut pas dire revenir aux cavernes, revenir à la bougie, mais en tout cas, essayer de réfléchir un peu plus à vraiment nos besoins et tout ce qui est un peu superficiel dont on peut se passer, genre un voyage à Dubaï, à Bali, avoir une Ferrari, peut-être que t’as une Ferrari ou que certains en ont, mais voilà, et même un SUV, j’aurais envie de dire, en tout cas, globalement, essayer de

Adrien Rambaud : ralentir. Et donc, personnellement, j’adopte un mode de vie le plus sobre possible et le moins polluant possible, avec pas d’avion, le moins de voiture possible, comme disait celui qui est maintenant, j’ai un vélo électrique et j’essaye d’aller faire du ski en vélo, le train plutôt que la voiture. Donc, je ne sais plus si je l’ai dit, mais manger quasiment plus de viande, un tout petit peu, mais pas beaucoup, essayer d’acheter le moins possible d’objets, plutôt mutualiser, acheter tout ce qu’on peut faire pour se dire quels sont nos besoins. Moi, mon besoin, c’est de profiter de la nature en faisant du sport. Pour ça, je n’ai pas besoin non plus de 10 000 choses et puis le reste, aller dans un hôtel 5 étoiles, profiter de choses un peu luxueuses. En tout cas, je pense qu’on peut s’en passer, donc je m’en passe.

Ermanno : Ce qui peut paraître peut-être un peu dichotomique, notamment pour certains sportifs de haut niveau, on a la chance, en France, dans le trail, d’avoir l’un des plus beaux circuits mondiaux de trail, mais quand tu es espagnol, italien, que tu viens d’Europe de l’Est, si tu veux aller faire du TMB, c’est un peu difficile d’y aller en courant ou en vélo. Donc là, l’avion s’impose. On parle du trail, mais on pourrait parler de plein d’autres sports. Finalement, le quotidien du sportif de haut niveau, c’est d’aller sur les lieux de compétition et souvent, ces lieux de compétition sont éloignés. Donc, même si tu as des convictions plus que des croyances, c’était plutôt le mot conviction que je voulais employer tout à l’heure, des fois, tu es obligé de peser le pour et le contre, notamment quand tu es sportif de haut niveau.

Adrien Rambaud : Là, c’est clair qu’après, on peut encore aller sur un autre sujet, mais de toute façon, en fait, le sport, en effet, n’est pas épargné par la crise et en fait, le sport va être plutôt un… va subir tout ça plutôt qu’être responsable. En effet, moi, j’aime bien quand même des athlètes comme Kylian Jornet qui vont un peu taper du poing sur la table, mais en fait, ce n’est pas le sport ou pas qui doit se transformer, c’est toute notre société, nos valeurs et du coup, en fait, oui, le sport aussi va devoir se transformer. Pareil, ça ne veut pas dire rester à des niveaux départementaux, mais peut-être faire qu’un seul rassemblement international par an au lieu de cinq, peut-être changer notre vision de la compétition. Donc, en effet, ce n’est pas toujours évident pour tout le monde et je ne dis pas au trailer aujourd’hui de haut niveau de ne plus jamais prendre l’avion, mais peut-être qu’ils peuvent faire juste un déplacement à l’international plutôt qu’aller une fois aux États-Unis, une fois au Japon et une fois en Afrique du Sud. Voilà, là, c’est des idées. Moi, je ne veux pas incriminer telle ou telle personne parce que de toute façon, c’est plus les instances, en fait, qui doivent revoir leur… C’est plus aux instances et après aussi. C’est un peu à tout le monde, mais voilà, en tout cas, le sport est aussi touché par l’écologie et va devoir se transformer. Voilà. Mais c’est sûr que c’est… Et disons que dans le pré, si je peux me permettre, c’est sûr que je trouve que c’est plus compliqué qu’ailleurs parce qu’un sportif automobile émette du carbone en avion, il n’en a rien à carrer, il en émet déjà assez avec sa Formule 1, donc ça ne change pas grand-chose. Le trail, on est quand même un sport proche de la nature et donc on ne va plus savoir des dissonances cognitives, de se dire, bon, je prends l’avion, mais pour détruire les glaciers qui sont autour desquels je suis en train de tourner à Chamonix et c’est un peu plus… Voilà, c’est un peu plus compliqué, mais il va falloir… Tout le monde va falloir changer à voir à quelle échelle. Je n’ai pas la réponse magique.

Ermanno : Si on reprend ton expérience entrepreneuriale avec Morio notamment, donc vous assurez des vélos, vous vendez des assurances pour les vélos, est-ce que ça implique justement des déplacements, est-ce que ça implique d’aller sur place ou vous essayez d’agir aussi au niveau environnemental grâce à ça ?

Adrien Rambaud : Bien sûr, nous, on agit totalement avec notre entreprise, c’est-à-dire que, oui, c’est un peu des déplacements mais seulement en France, et pas tant que ça encore, et moi, je me déplace peu parce que je m’occupe de la partie technique et mon associé, il a un vélo pliant et il fait tous ses déplacements en train et en vélo. Donc, en gros, oui, on a des déplacements, mais on essaye aussi de les faire le plus sobrement possible, et au contraire, on a un rôle là-dessus en tant qu’acteur du monde du vélo pour montrer que les déplacements à vélo en train sont totalement possibles. Encore une fois, on va toujours avoir des cas particuliers où ce n’est pas possible, mais bien sûr qu’on se déplace quasiment tout le temps en train depuis maintenant, depuis cinq ans, il y a encore six ans, on était un peu moins engagé que ça, mais aujourd’hui le train et le vélo, on a fait des séminaires dans les Pyrénées où tout le monde est venu en train, des choses comme ça.

Ermanno : Et puis là, maintenant, tu pousses un petit peu plus loin ta démarche, en faisant une formation d’accompagnateur en moyenne montagne, donc en gros, guide de personnes qui veulent aller faire de la balade en moyenne montagne, c’est aussi pour toi une façon de t’engager, ça fait partie de tes convictions ?

Adrien Rambaud : Totalement. Totalement, totalement. Là-dessus, je vais être un peu pris en sandwich entre deux volontés qui vont être à la fois la partie emmener des gens faire du trail, justement, en montagne, et là, les clients clairement ne demandent pas tant une sensibilisation à l’environnement, un petit peu, mais c’est surtout voilà, avoir un expert, entre guillemets, du trail qui va les encadrer, les emmener, leur donner des conseils, et là, entre guillemets, j’ai toute ma légitimité en tant qu’à la fois plutôt sportif assidu de trail, en même temps connaisseur du milieu montagnard, et puis ma formation va m’aider, mais là, c’est plus la partie sport, et en effet, il y a aussi une autre partie où là, les gens vont plus prendre un accompagnateur pour aller faire de la randonnée, de la balade, disons, et là, comme j’ai fait tout cet été à fond romeux dans les Pyrénées orientales, le but, c’est de leur apporter au moins ces connaissances sur la nature, la géologie, comment se forment les montagnes, les montagnes, elles sont là depuis 400 millions d’années, c’est quand même impressionnant, elles ne bougent pas comme ça, les arbres aussi, comment ils survivent, etc., les animaux, et tout ça, leur dire de respecter cette nature, non, on ne balance pas une peau de banane dans la nature, parce que les renards qui viennent la manger, ça va les perturber, et en espérant que, en fait, plus on met les gens au contact de la nature, plus ils vont comprendre, alors même si comme ça, à distance, on a nos ordines, nos micros, on ne se dit pas, non, mais on est en train de détériorer, bon, en fait, si, un petit peu, mais bon, tout le monde, on n’est pas, mais en fait, peut-être que s’ils vont voir la nature, ils vont se dire, ah, ben oui, c’est vrai qu’on pourrait peut-être la préserver un peu plus, et en prenant des viandes qui vont déforester, ben, on va l’abîmer, peut-être en construisant une autoroute entre deux villes.

Adrien Rambaud : Un petit ping

Ermanno : pour l’autoroute Castre-Toulouse ?

Adrien Rambaud : Voilà, c’est ça, j’en profite, comme t’es là-bas, bref. Donc, voilà, peut-être que j’espère, en tout cas, sensibiliser les gens à tout ça, parce que je trouve que là, on est dans un milieu qui est juste incroyable, quoi, notre environnement est fou, en plus, en France, on a des paysages sublimes, et peut-être que si ça met des petites graines dans les gens en disant, ben, ah oui, c’est vrai qu’en fait, peut-être, je pourrais faire des choix qui la respecteraient un peu plus, c’est ça de gagné, quoi, et surtout que c’est intéressant de comprendre tout ça, voilà.

Ermanno : Dans le podcast, quand j’échange avec des sportifs de haut niveau, on aborde, évidemment, le sujet du financement de la carrière, parce que c’est un peu le point noir des carrières des sportifs et sportives de haut niveau, pour deux raisons, la première, c’est qu’il faut de l’argent pour vivre, même si on vit sans… Sobrement. Sobrement, voilà, sans vivre dans l’exubérance, il en faut quand même, et puis, il y a une chose auquel on pense moins, c’est que un sportif ou une sportive de haut niveau, comme tout le monde, un jour, il sera à la retraite, et pour être à la retraite, il faut cotiser. Bon, donc ça, c’est le premier côté, la première raison pour laquelle le financement des carrières, de sportifs de haut niveau, c’est un peu un point noir, c’est aussi un point noir parce que ça rajoute une charge mentale, le fait d’aller chercher, d’aller financer sa carrière. Beaucoup, finalement, sont obligés de prendre un emploi, que ce soit à mi-temps ou à temps plein, en plus de leur carrière de sportif de haut niveau. Toi, t’es plutôt un entrepreneur qui court aussi, enfin, qui fait aussi beaucoup de sport à côté. Comment est-ce que t’arrives à jongler entre les deux, en termes d’organisation, de planning ?

Adrien Rambaud : Ouais, ben, ça, c’est… C’est sûr que je peux pas parler pour un sportif de haut niveau, même si tous les sujets évoquent, je les connais bien parce que je suis quand même ce milieu-là. Moi, personnellement, aujourd’hui, j’ai quand même l’avantage de ne pas avoir de famille, entre guillemets. Alors, l’avantage ou l’inconvénient, hein ? En tout cas, pour le trail, c’est plutôt un avantage, disons. Et puis, en plus, je suis entrepreneur, donc, en fait, je gère mon temps un peu comme je veux. Bon, il faut quand même que mon associé, mes collègues, soient au courant et acceptent. Mais, globalement, donc, ce temps, et puis, comme c’est ma passion, je compte pas les heures passées à ça. Donc, en fait, là, je vais pas être très représentatif de la population parce que j’ai tout le temps que je veux. Et, bon, c’est vrai qu’après, presque, je choisis aussi ma vie comme ça. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, je me… Je me vois pas m’engager avec une conjointe qui pratiquera pas ce sport, ou en tout cas, partiellement, la montagne, parce que j’ai essayé, ça a pas marché, parce que c’est trop important pour moi. Donc, en fait, je le mets en priorité. Alors là, est-ce que c’est une bonne ou une mauvaise chose de mettre le sport plutôt que la famille avant ? Je veux dire, si moi, moi, je suis bien, je suis heureux comme ça. C’est l’essentiel. Voilà, c’est ça. Mais, donc, là-dessus, moi, j’ai du temps comme ça. C’est vrai que je me dis aujourd’hui, mais si j’avais une famille, avec mon travail, comment je m’entraînerais ? Bon, je pense que je me… Peut-être aussi que j’apprendrais à mieux gérer des temps, comment dire, perdus, quoi. Voilà, je m’organiserais mieux, je sais pas. Mais, voilà, moi, j’essaye de passer au moins 15, faire 10-15 heures de sport par semaine et je m’en sors pas. Pas trop mal, mais, encore une fois, c’est facile, quoi. Non, il y a quand même la vie sociale qui prend un peu de place, parce que j’aime bien aussi quand même avoir des relations et ça, c’est pas toujours évident, les week-ends, à droite, à gauche, mais au final, j’en ai… Je bouge quand même moins, donc, voilà. Moi, c’est facile pour moi, disons. Donc, je vais pas apprendre grand-chose aux autres personnes.

Ermanno : Non, mais après, ce qui peut être intéressant, c’est justement comment est-ce que t’organises ton temps, qu’il soit de travail ou d’entraînement, enfin, de pratiques sportives. Est-ce que tu bloques des créneaux dans ton agenda ? Et comme tu le disais, il faut aussi que ton associé et tes collaborateurs soient au courant. Donc, est-ce que tu bloques des temps dans ton agenda ? Et puis, après, tu t’adonnes à ton activité et ça t’empêche pas, finalement, dans une journée de 24 heures, de trouver aussi le temps de dormir, de manger et de travailler. C’est vrai que, comme tu le dis, t’as l’avantage d’être un entrepreneur et de pas en avoir de famille. C’est un avantage ou un inconvénient, mais ça te permet de t’organiser comme tu veux. Si t’as envie de bosser entre 22 et 24 heures, enfin, entre 22 et 23h30, il y a personne à la maison qui va dire « Non, mais il faut s’occuper des enfants, il faut coucher les petits, il faut manger, etc. » Tu t’organises comme tu veux. Mais du coup, quelle est ta stratégie ? Est-ce que tu bloques du temps dans ton agenda ? Est-ce que c’est opportuniste ? C’est-à-dire, tu te lèves le matin, tu traites tes mails, tu fais 2-3 trucs, 2-3 tâches, et puis après, là, tu lèves la main en disant aux autres « Ouais, là, je vais courir pendant 2h, j’y suis plus pendant 3h, débrouillez-vous sans moi, on se revoit tout à l’heure. »

Adrien Rambaud : Non, non. Moi, globalement, je garde quand même des horaires de bureau. Bon, déjà, parce que c’est un rythme qui me convient, et puis en plus, comme ça, je suis aussi dispo en même temps que mes collègues, et c’est quand même ça qui est important. Je trouve mon premier rôle dans mon entreprise, avec mes collègues qui font du développement web, c’est d’être dispo quand elles en ont besoin. Et donc, globalement, je fais ça, et j’arrive à organiser mes entraînements, après le week-end, le soir, en semaine, et après, soit quand j’ai un blocage, en effet, c’est là où je vais débloquer un petit créneau pendant la semaine, et encore, ça va souvent être le midi, donc au pire, je décale la réunion de 14h à 14h30. Voilà, et puis pareil, ça peut m’arriver. Alors maintenant que je viens d’arriver à Grenoble, les tentations vont être fortes d’aller faire un petit peu de ce qu’ils font le lundi matin avec un pote qui est prof, par exemple. Et là, pareil, ça reste de l’exception, parce qu’en fait, c’est plus par rapport à du respect vis-à-vis de mes collègues, où je n’ai pas envie de leur dire « Bon, allez travailler, moi, je profite. » Voilà, donc globalement, je garde un temps normal, mais en effet, disons que je vais avoir par contre cette

Adrien Rambaud : charge mentale en moins, qui est que si vraiment je ne peux pas faire autrement, là, allez, je débloquerai un créneau et j’irai faire mon sport pendant le travail. Mais j’essaie de rendre ça exceptionnel. Si je peux me permettre, par contre, en fait, aussi, je passe beaucoup de temps à dormir quand même. Donc c’est vrai que ça me bloque aussi un petit peu du temps, finalement. Peut-être que sinon, si j’avais une famille, je dormirais moins. Mais voilà, je dors quand même beaucoup aussi, donc du coup, c’est vrai que ça fait des choix, pas si large que ça. Et je n’aime pas travailler jusqu’à 23h le soir, ça, c’est pas possible.

Ermanno : D’ailleurs, ça veut dire quoi, dormir beaucoup ? Parce que quand on est sportif, on sait le besoin et le bienfait du sommeil, que ce soit la sieste ou que ce soit la nuit entière. Et c’est une question que je ne pose pas forcément à mes invités, mais pour toi, ça veut dire quoi, dormir beaucoup ?

Adrien Rambaud : Moi, c’est être au lit à 22h30 et le réveil à 7h30. Donc c’est au moins avoir 9h dans mon lit, quoi, voilà. Vraiment me laisser le temps de… Et puis si, dès que je suis fatigué, par exemple, au travail, je fais une sieste. Voilà, ça, c’est… C’est pas forcément pour le sport à la base, c’est parce que je me sens beaucoup mieux comme ça. Mais ce qui est sûr, c’est que oui, tout le monde nous dit que la première source de récupération, c’est le sommeil, donc autant en abuser.

Ermanno : C’est peut-être effectivement le secret aussi pour pouvoir réussir à jongler entre ces deux vies, cette vie d’entrepreneur et cette vie de sportif. Et c’est peut-être un bon tuyau

Adrien Rambaud : pour nos auditrices et nos auditeurs. C’est vrai, c’est vrai, le repos, c’est la clé.

Ermanno : La team no pain, no gain, je dors pas, je travaille comme un fou, je m’entraîne comme un fou, c’est assez limite.

Adrien Rambaud : C’est ça, ça marche à court terme. Mais encore une fois, on en revient un peu à ce que je disais au début, dans le sport comme l’entrepreneuriat, il faut viser long terme. Et du coup, ça, c’est épuisé, ça ne marche pas. Moi, j’aurais tendance à rajouter de la conseiller aux gens d’aller faire du sport en nature et c’est peut-être comme ça qu’ils seront bien et qu’en plus, ils respecteront notre environnement et donc notre futur.

Ermanno : Évidemment, évidemment. Moi, je suis de la team sportif outdoor. J’ai encore deux questions. Si tu pouvais revenir en arrière, enfin pas revenir en arrière, si tu pouvais te projeter à côté du petit Adrien Rambeau, quand tu tirais un peu la bourre avec Alexis Pintureau, que lui sache exactement quel a été ta vie, tu vois, et que vous pouviez discuter tous les deux. Qu’est-ce que tu penses que lui dirait de toi ?

Adrien Rambaud : J’ai envie de faire pareil.

Ermanno : Du coup, qu’est-ce que tu lui répondrais ? Quelle est la recette magique ?

Adrien Rambaud : La recette magique, c’est d’écouter ses envies et de foncer en respectant ses valeurs.

Ermanno : Ça marche. Et puis, pour finir, où est-ce qu’on peut te retrouver ? Où est-ce qu’on peut échanger avec toi ? Où est-ce qu’on peut suivre ton actualité ?

Adrien Rambaud : On peut me retrouver sur Strava, comme je pense beaucoup de personnes à ce podcast, j’imagine. Sur Strava et puis sur LinkedIn aussi, comme je en parlais tout à l’heure. Je ne suis pas un gros influenceur, mais j’essaie de poster pour pousser les gens à faire plus de vélo et de sport parce que je pense que c’est des choses importantes pour notre futur et pour une planète plus… respirable. Donc, je me force à poster. On peut me retrouver sur Strava et sur LinkedIn.

Ermanno : Ça marche. De toute façon, je mettrai les liens dans les notes de l’épisode. Merci beaucoup, Adrien, pour ce moment passé avec toi. J’espère que ça aura inspiré nos auditrices et nos auditeurs. Et puis, si vous avez envie de faire un petit tour à la montagne, appelez Adrien, il vous emmènera faire un tour avec sa casquette de guide de moyenne montagne.

Adrien Rambaud : Sans aucun problème. N’importe quel massif français

Ermanno : avec grand plaisir. Super. Merci

Adrien Rambaud : beaucoup, Adrien. À bientôt. Merci, Armando. Salut.

Ermanno : D’accord. Chaque athlète a une histoire unique, tout comme Adrien Rambeau que vous venez d’entendre sur le podcast. Si son parcours vous a inspiré, rejoignez-nous sur les réseaux sociaux du podcast pour en discuter. Tous les liens sont dans les notes de l’épisode. Pour en découvrir davantage sur Adrien et tous les autres sportifs du podcast et les soutenir dans leurs défis, visitez le site vestiaire.org. On a besoin de vous. Chaque euro compte et 100% des dons sont directement reversés aux athlètes. Le podcast dans les vestiaires met en lumière ces héros du sport. Et ils ont besoin de votre soutien. Et le plus simple, c’est de partager leurs histoires pour les aider à briller sur la scène internationale. Et puis comme ça, tout le monde fera un peu partie de cette superbe aventure sportive et philanthropique. Partagez leurs épisodes. Ça nous aide et ça les aide surtout, eux. Allez, sportez-vous bien, entraînez-vous bien et on se retrouve bientôt pour un nouvel épisode. Salut les sportifs.

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