#083 – Maxime CABANNE : L’aventure extraordinaire : entre parasurf et para-pelote

Saison III
Saison III
#083 - Maxime CABANNE : L'aventure extraordinaire : entre parasurf et para-pelote
Loading
/

Bienvenue dans un nouvel épisode de « Dans les Vestiaires », le podcast qui vous emmène à la rencontre des athlètes qui combinent détermination, passion et double vie.

🌟 Aujourd’hui, nous avons l’honneur de plonger dans l’univers de Maxime Cabanne, un guerrier des vagues et de la vie, qui défie les limites du possible.

Natif d’un petit village au cœur du Pays Basque, Maxime a vu son existence basculer à 18 ans suite à un accident de voiture. Ce tournant dramatique marque le début d’une incroyable aventure. Entre réadaptation et redécouverte de soi, Maxime a non seulement retrouvé un équilibre de vie mais a également conquis le monde du parasurf, se forgeant un palmarès impressionnant.

Dans cet épisode captivant, préparez-vous à être inspirés par les anecdotes et leçons de résilience de cet athlète pas comme les autres. En voici un avant-goût :

– 🏄‍♂️ Comment le handicap se dissout-il dans l’eau pour un para-surfeur?

– 🚀 La transformation de Maxime : de la découverte tardive d’une passion à la conquête de titres mondiaux.

– 💪 Les parallèles entre l’adversité, la persévérance en sport, et la vie professionnelle.

– 🌏 Son prochain défi : une aventure épique en Norvège qui promet de repousser encore plus les limites.

– 💡 L’importance de l’autonomie et de l’adaptation dans le sport et au-delà.

Maxime ne s’arrête jamais, porté par l’amour de la glisse et le désir d’inspirer d’autres à trouver leur propre équilibre, qu’importe les obstacles. Rejoignez-nous pour découvrir comment il utilise le sport comme un tremplin vers l’épanouissement personnel et comment il envisage l’avenir.

Pour en savoir plus sur Maxime Cabane, encouragez-le et plongez dans son univers, suivez-le sur les réseaux sociaux et visitez le site web de l’association Oreca.

Votre soutien fait toute la différence : chaque partage, chaque écoute, chaque don. Ensemble, faisons rayonner les héros de l’ombre du sport !

👉 Suivez Maxime sur Instagram: @maixi_

👉 Pour soutenir Maxime dans ses projets: https://cabanne.vestiaires.org

🎙️ »Dans les Vestiaires » est plus qu’un podcast, c’est une fenêtre sur les parcours extraordinaires d’athlètes qui se battent pour vivre leurs rêves. Partagez cet épisode, pour qu’ensemble, nous puissions écrire la suite de leur aventure.

#DansLesVestiaires #Inspiration #Parasurf #Resilience #SportAdapté #DépassementDeSoi #Handisport #AthlèteParalympique #RééducationPhysique #SportEtHandicap #EntrepreneuriatSportif #ChampionDuMonde

👏 Suivez-nous pour des histoires plus inspirantes et découvrez les coulisses de la vie des athlètes hors du terrain.

Pour suivre et soutenir notre invitée : https://www.linkedin.com/in/maxime-cabanne-13525b217 / https://www.instagram.com/_maixi__ / https://cabanne.vestiaires.org

Grâce à Autoscript.fr, on vous propose même de revivre l’échange que j’ai pu avoir avec Maxime. 

Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d’informations.

Ermanno : Dis papa, ils font quoi les sportifs quand ils sont pas sur le terrain ? Et bah croyez-moi, quand votre fils vous pose cette question, ça fait réfléchir. Surtout quand on sait que pas mal d’entre eux jonglent avec un ou plusieurs jobs pour pouvoir joindre les deux bouts. Et j’ai réalisé que beaucoup d’entre nous se posent la même question. C’est pour ça qu’il y a quelques années, j’ai décidé de lancer le podcast dans les vestiaires pour plonger dans ces doubles vies. Parce que derrière chaque athlète, il y a une histoire et parfois un autre métier. A peu près au même moment, j’ai rejoint Eplayer, un cabinet de recrutement spécialisé dans les recherches critiques. Alors moi je suis recruteur tech et avec mon associé, on aide les entreprises à trouver les perles rares. Mais on accompagne aussi les entités qui veulent définir ou redéfinir une politique de recrutement. Et je peux vous dire que des sportifs de haut niveau, croisés au gré de nos chasses de candidats, on en a vu un sacré paquet. Et oui, parce que encore une fois, vivre de son sport n’est pas si facile. Quand on n’est pas installé au plus haut des podiums depuis des années. Et encore, comme une marque bien installée, il faut y rester et se réinventer sans cesse. Du coup, à travers les histoires inspirantes de mes invités, je vous propose de découvrir comment on peut répondre à nos enfants qui se demandent encore ce que font toute la journée ces sportifs de haut niveau. Parce que oui, entre sport et entrepreneuriat, il y a beaucoup de points communs. Et avec les JO de Paris qui approchent, c’était le moment de redonner vie à ce podcast. Alors, restez avec nous. Restez après l’épisode. Je vous donne tous les détails sur notre invité. Et je vous invite à aller voir la page sur le site vestiaire.org pour pouvoir le soutenir dans ses projets. Allez, c’est parti pour un nouvel épisode.

Ermanno : Salut les sportifs, c’est Ermanno. Et je suis très heureux de vous recevoir, comme d’habitude, pour un nouvel épisode du podcast Dans les Vestiaires. Aujourd’hui, on va parler avec un athlète de parasurf. Je suis très heureux de recevoir Maxime Cabane. Salut Maxime.

Maxime Cabanne : Salut Ermanno. Comment tu vas aujourd’hui ? Écoute, ça va très très bien.

Ermanno : On en parlait en off. Tu as une autre passion au-delà du sport et de l’entraînement. On y viendra peut-être pendant le podcast. Mais ce que je te propose déjà pour commencer ce podcast, c’est de répondre à la question que je pose à tous mes invités. Dis-nous tout. Qui est Maxime Cabane ?

Maxime Cabanne : Alors, Maxime Cabane, 30 ans. Je vais commencer du début. Alors, quand j’étais jeune, j’étais, on va dire, une personne entre guillemets normale. J’avais une jeunesse normale jusqu’à mes 18 ans. Avant ça, j’étais sportif. J’avais une vie, j’avais mes potes et tout ça. Et à 18 ans, j’ai eu un grave accident de voiture qui m’a coûté l’usage de mes jambes partiellement, parce que j’ai récupéré depuis. Et donc, ça a fait tout basculer dans ma vie. Et depuis ce jour-là, j’ai suivi un parcours classique de rééducation. J’ai rencontré un APA qui a, on va dire, changé ma vie. Un APA, c’est une personne qui fait de l’activité physique. Un appât, c’est une personne qui fait de l’activité physique adaptée en centre de rééducation.

Ermanno : Ah, je pensais que tu parlais de ces petits poissons qu’on met au bout de la ligne. Non, ce n’est pas ces appâts-là.

Maxime Cabanne : Pas du tout, ce n’est pas le même appât, non.

Ermanno : C’est un APA, ok.

Maxime Cabanne : Un APA, exactement, activité physique adaptée. Et donc, il s’appelle Michel Garcia. Je vais y revenir après, plus tard, sur lui.

Ermanno : Salut Michel, si tu nous écoutes, on t’embrasse.

Maxime Cabanne : C’est ça, salut Michel. Et donc, il a été très important. Et en fait, quand j’ai eu mon accident, en fait, je savais. Je savais au fond de moi que je n’allais pas remarcher. Mais je ne voulais pas l’entendre des médecins. C’est très, très bizarre, mais c’est mon esprit contradictoire, on va dire. Et donc, je ne voulais plus entendre parler de sport, surtout. Parce que j’étais sportif avant, je faisais de la pelote basque, du vélo. Je courais un petit peu, j’ai joué au rugby aussi. Et donc, je ne voulais plus entendre parler du sport. Parce qu’en fait, c’était un domaine qui m’était totalement inconnu au niveau du handisport. Et pour moi, ce n’était pas du sport, en fait. Ça n’existait même pas et je n’y connaissais rien. Et il m’a fait redécouvrir le sport. En me faisant… En faisant faire des tours de terrain en fauteuil, du badminton, du basket, de l’ultimate et tout ça. Et j’ai repris go au sport après ça. Et deux ans après, je suis reparti en réduc avec lui. Et il a fait la première sortie extra-sportive du centre, qui était la découverte du handisurf. Et donc là, ça a été un déclic pour moi. J’ai toujours voulu surfer parce que j’ai quelqu’un dans ma famille qui est très compétiteur dans le domaine du surf. Je n’ai jamais eu l’occasion d’en faire avec lui. Donc voilà, j’ai commencé avec le centre. Et j’ai rencontré les profs de surf qui étaient labellisés pour encadrer des personnes en situation de handicap. Et là, ça a été une totale révélation parce que j’ai découvert le monde de la glisse. J’ai adoré ça. Et je me suis dit, allez, c’est parti. Il ne faut pas que tu lâches. Et donc, quelques mois après la sortie en centre, je suis reparti de moi-même avec une personne qui était avec moi en rééducation aussi. Et voilà, depuis, je n’ai pas lâché. Ça, c’était en 2013. Deux ans après, on me dit, il y a les mondiaux de parasurf. C’est rentré dans une oreille, c’est sorti par l’autre. C’est parti par l’autre parce que je n’ai vraiment pas… Je n’ai pas cru, je ne pensais vraiment pas pouvoir faire cette compétition. Et donc, juste avant… C’est en septembre 2015, c’est le premier mondiaux. Et donc, en mai, je crois, avril ou mai 2015, première compétition, sélection équipe de France. Je n’avais jamais fait de compétition. La première compétition, les sélections équipe de France pour aller faire les mondiaux en Californie. J’étais là, OK, d’accord, super. On est encadré par Pauline Addo. Je ne sais pas si tu connais qu’il y a une surfeuse, quand même, qui était sur le… Le tour pendant quelques années. Voilà, on était plusieurs compétiteurs handis. Il y avait des amputés, des paraplégiques. Enfin, il y a plusieurs catégories, en fait. En parasurf, je vais t’épargner, mais il y a huit catégories en tout, si tu veux.

Ermanno : Ça va, j’imagine que c’est selon le degré de handicap, ça va du…

Maxime Cabanne : Selon le degré de handicap, selon l’amputation où elle se situe, en haut, membre inférieur. Il y a des handicaps sensoriels aussi, avec le malvoyant, des personnes assistées ou pas. Enfin, voilà, il y a plusieurs catégories. Et donc, voilà, à partir de là, sélection. J’ai été sélectionné, j’ai eu la chance d’être sélectionné. Et en septembre, on est parti en Californie. Et là, le rêve américain. Je me suis retrouvé comme dans les films, à Los Angeles, quand t’arrives à l’aéroport. Enfin, c’était incroyable, quoi. Et on était sur la côte californienne et on a fait nos mondiaux. Et puis, voilà, c’était incroyable de retrouver toutes les nations autour de cette compétition, cette belle émulation. Et voilà, et depuis là, on est en 2024 maintenant. Donc, j’ai participé à six mondiaux et dans les derniers, là, récemment, qui ont terminé en novembre, où j’ai eu la chance d’être capitaine de l’équipe de France. Voilà, c’était mon premier capitana et on a remporté le titre de champion du monde par équipe. Donc, voilà, très, très content de participer à ces mondiaux et d’être capitaine et de pouvoir surfer tout simplement, quoi. Parce que c’est avant tout du plaisir, voilà, même si on est en compétition. Mais le plus important, c’est le plaisir. C’est ce qui amène. C’est ce qui amène, je pense, la performance dans tout ça.

Ermanno : Eh bien, écoute, superbe présentation avec le sourire, la banane. Je crois qu’on a fait le tour. Donc, ciao. Voilà, merci.

Maxime Cabanne : Au revoir, merci.

Ermanno : Superbe présentation. Tu nous parlais très rapidement de ton accident à 18 ans et tu nous as dit après que maintenant, tu remarchais. Enfin, en tout cas, maintenant, ça allait mieux. Non, tu ne remarches pas, là.

Maxime Cabanne : Je ne remarche pas. Mais en fait, si tu veux, pour contextualiser, alors, on connaît souvent le mot paraplégique. On situe quelqu’un de paraplégique en fauteuil roulant. Qui n’a pas l’usage de ses jambes, mais qui a juste l’usage de ses bras pour pousser son fauteuil. Alors, moi, je suis paraplégique, mais incomplet. C’est-à-dire que je n’ai pas subi une section de la moelle, en fait. J’ai eu des… Parce que la moelle, en gros, pour faire simple, c’est un câble avec des fibres dedans. J’ai certaines fibres dans ce gros câble qui ont été cassées. Mais j’ai récupéré. Donc, en fait, j’ai récupéré pas mal l’usage de mes cuisses. Donc, j’arrive quand même à bouger bien mes cuisses. Voilà, quand on me voit sur un fauteuil, on me voit. Tout le temps bouger. Je ne tiens pas en place, de base. Je bouge bien mes cuisses, en fait. Et les gens, ça les fait halluciner. Mais je ne peux pas remarcher parce que je n’ai pas récupéré les muscles fessiers, en fait. Moyen fessier et grand fessier. Et on ne se rend pas compte quand on est valide. Mais c’est ce qui permet de tenir le haut du corps, en fait. C’est le bassin, quoi. Donc, moi, si je me mets debout avec un appui, je peux tenir debout à la force de mes mains. Mais si je lâche, je tombe sur les côtés ou en avant, en fait. J’ai le haut du corps qui ne va pas tenir à cause des fessiers qui sont trop faibles. Pour faire simple, quoi. Voilà. Mais j’ai quand même récupéré. Et ça m’aide beaucoup pour tout ce qui est niveau transfert, d’avoir les cuisses. Parce qu’on sollicite beaucoup les épaules, les personnes en fauteuil roulant. Donc, voilà. Moi, j’use beaucoup mes cuisses avec mes bras pour me transférer, par exemple, de mon fauteuil à ma voiture, de mon fauteuil à mon canapé ou à mon lit. Voilà, pour faire simple.

Ermanno : Ce qui fait que tu n’es pas complètement handicapé dans le sens… Tu peux te débrouiller tout seul. Tu n’as pas forcément besoin, 100% du temps, de l’assistance d’une personne.

Maxime Cabanne : Ah, non. Justement, je suis complètement autonome, en fait, moi. Et je trouve ça très important d’avoir une totale autonomie parce que c’est un gain de temps, déjà. Et c’est hyper important pour tout ce que je fais parce que, déjà, je conduis. C’est hyper important, ça. Parce que je bouge tout le temps partout, en fait, pour tous les sports que je fais. Enfin, je ne fais pas que du surf aussi. Je fais d’autres sports. Et je suis tout le temps en train de bouger à droite, à gauche. Donc, voilà. Pour moi, avoir une autonomie à 100%, c’est vraiment le plus important, je pense, dans ma vie.

Ermanno : Pour rester un petit peu sur le parasurf, le handysurf. Il paraît que maintenant, on dit parasurf. En France, on n’utilise plus le terme de handysport, mais de parasport. Surtout à l’orée des Jeux Olympiques qui arrivent cet été. Une petite fête de campagne, Jeux Olympiques et Jeux Para-Olympiques. C’est ça. Toi, ta pratique du parasurf, c’est comment ? J’imagine que tu ne mets pas le fauteuil sur une planche de surf. Donc, raconte-nous un petit peu comment ça se passe, en tout cas, dans ta catégorie, à toi.

Maxime Cabanne : Ça serait compliqué de mettre le fauteuil sur la planche. Parce que si je le perds, je serais bien embêté après pour la vie de tous les jours. Donc, non. Alors, moi, pour la pratique du parasurf, c’est simple. Alors, j’ai mes planches dans mon camion. Mes affaires, ma combi dans mon camion aussi. J’arrive sur le spot. Je check pour voir comment sont les conditions, les vagues et tout ça. Si c’est un peu trop gros, forcément, je ne vais pas me mettre en danger parce que je connais mes limites maintenant. Donc, voilà. Je check. En général, j’y vais avec un pote. Voilà. Parce que c’est bien aussi de partager. Partager, je trouve, plutôt que d’aller tout seul. Et c’est plus facile aussi pour moi d’aller avec quelqu’un parce que c’est là que mon autonomie, en fait, est restreinte. C’est à cause du sable parce que je ne peux pas aller dans le sable en fauteuil. Donc, voilà. Et en ce moment, en fait, j’y vais avec un pote qui fait partie de l’équipe de France et qui est malvoyant. Donc, en gros, moi, je suis ses yeux, on va dire. Lui, c’est mes jambes. Donc, voilà. On se change les deux. Il me porte la planche jusqu’au bord de l’eau. Et après, il revient me chercher. Il me porte sur les épaules. Et donc, voilà. On va surfer les deux. Et voilà. Comment je pratique, en fait. Et après, je passe les vagues. Je passe la barre comme je peux. Des fois, si c’est trop gros, je dois lâcher la planche, plonger sous la vague, récupérer la planche. Mais quand la taille de la mousse de la vague le permet, je fais des canards comme les personnes valides. Et ensuite, quand je prends mes vagues, je rame comme tout le monde. Bon, sans les jambes, forcément, parce que je n’en ai pas l’usage dans l’eau. Mais du coup, je rame à la force des bras. Et après, je prends ma vague à genoux. En fait, je fais ce qu’on appelle du kneeboard. Le kneeboard, c’est un sport qui vient d’Australie. C’est du surf à genoux, mais qui est pratiqué normalement avec des palmes. Moi, je ne suis pas un tricheur. Je ne suis que les bras. Donc, voilà. Je rame à la force des bras. Et ensuite, quand je suis sur la vague, je suis à genoux. Voilà. Et je tiens le rail de la planche plus ou moins. Et après, je fais des virages comme un surfeur debout. Mais moi, je suis à genoux. Et donc, je pratique dans cette catégorie. Ça s’appelle kneel. Donc, genoux en anglais. Et je fais aussi des compétitions contre les personnes valides. Voilà. C’est un challenge en plus que je me suis mis et que j’adore. Parce que l’ambiance est très, très bonne aussi dans ce milieu-là. Donc, voilà ma pratique.

Ermanno : Ça doit être quand même vachement sympa de te voir sur les épaules de ton pote. Alors, moi, ça ne se voit pas. Tu vois, j’ai des lunettes. Mais c’est vrai que j’ai des petits soucis de vue aussi. Et donc, j’imagine très bien. Toi, tu es ses yeux. Lui, c’est tes jambes. Allez, hop, viens. Je te prends avec moi. Une planche par semaine. Merci. Un mec sur le dos. Tac, tac, tac, tac, tac.

Maxime Cabanne : C’est exactement ça. Tu vois, c’est une bonne combinaison au final. Parce qu’en fait, sans lui, je pourrais aller surfer quand même. Mais ça serait plus ou moins difficile. Parce qu’il faudrait que j’amène la planche. Après, me traîner à genoux sur le sable. Revenir après quand tu es toute rampe. Tu es plein de sable. Tu en fous partout dans le camion. Tu en fous partout à la maison. Ma copine, elle n’est pas contente. Donc, voilà. Et moi, en fait, je vais le chercher parce que forcément, il ne peut pas conduire. Donc, voilà. C’est une bonne combinaison les deux. Et ça fonctionne très bien. Et puis, on peut s’entraîner ensemble.

Ermanno : Oui, c’est cool. Par rapport à ton handicap, tu ne peux pas marcher parce que tu n’as pas l’usage des fessiers. Mais par contre, tu peux tenir à genoux sur la planche. Donc, pas que sur la planche.

Maxime Cabanne : Je peux tenir à genoux. En fait, c’est du genou pas dressé. C’est du genou assis sur l’étalon. En fait, c’est quand même une position à genoux. Et c’est comptabilisé comme la position à genoux dans ma catégorie. Donc, voilà. Mais je ne suis pas avec les genoux dressés pour changer mes appuis et tout. C’est un peu compliqué. Donc, je me débrouille comme je peux. Mais j’ai trouvé le système. Donc, voilà. Je me suis adapté de toute façon. Quand tu as un handicap, tu es forcément obligé de t’adapter dans la vie et dans ton sport.

Ermanno : Du coup, c’est une position un peu comme les judokas qui sont en attente de saluer, qui sont assis sur les genoux, mais assis sur leurs chevilles. Sur leur talon.

Maxime Cabanne : C’est exactement ça. C’est la même chose pour situer.

Ermanno : Et donc, là, tu attends qu’il y ait un mec qui dise « Ré ! » Et là, tu salues ton adversaire. Et puis après, tu pars prendre la vague, c’est ça ?

Maxime Cabanne : Exactement. C’est tout à fait ça.

Ermanno : Bon, tu nous disais que tu ne fais pas que du parasurf. Non. Tu fais aussi du rugby et puis de la pelote basque, tout ça, en fauteuil, j’imagine ?

Maxime Cabanne : Oui. Alors, je ne fais plus de rugby. J’en ai fait pendant huit ans. J’ai fait du rugby à 13 fauteuils. Voilà.

Ermanno : Attends, du rugby à 13 fauteuils. Ou du rugby à 13, en fauteuil. Tu switches d’un fauteuil à l’autre ? Tu switches sur 13 fauteuils ? Non, je déconne, je déconne.

Maxime Cabanne : Non, en fait, ça s’appelle du rugby à 13 fauteuils. Et on n’est pas à 13. On est à 5 sur un terrain de ronde, en fait. Voilà. On a des flags sur les épaules pour simuler le plaquage. Donc, on doit attraper le flag de la personne pour la plaquer. Et on a 5 temps de jeu comme au rugby à 13, en fait. Voilà. Et donc, le but, c’est de marquer derrière la ligne d’embut. On a des poteaux adaptés où on bute. Le jeu au pied se fait au point. Du coup, forcément, on est sur fauteuil, on n’a pas les pieds. Il y en a qui n’ont pas du tout de pieds, d’ailleurs, parce qu’ils sont amputés. Donc, voilà. C’est les mêmes règles. Avec des passes en arrière et tout ça. Ce n’est pas comme le quad rugby qui est aux Jeux Olympiques où le ballon est rond, où les passes vont dans un peu tous les sens. Non, là, c’est vraiment du rugby avec des passes en arrière. J’ai fait du rugby à 7 fauteuils aussi. Là, on est à 7 sur le terrain. Pareil, terrain de ronde. Et voilà. Les règles changent pour le plaquage. Il faut arriver à 2 pour plaquer la personne. Et l’arbitre dit plaquage. Et il y a 5 secondes pour faire la passe. Voilà. Je vais t’épargner tout. Toutes les règles, on ne va pas rentrer dans les détails. Mais j’ai eu la chance de pratiquer le rugby à 7 et le rugby à 13 en équipe de France. J’ai pu faire 3 crunchs. Et je suis content. J’ai réussi à gagner mes 3 matchs contre les Anglais. C’est toujours des matchs assez épiques. Voilà. Et le rugby à 7, j’ai fait quelques matchs aussi en équipe de France. C’était une bonne expérience.

Maxime Cabanne : Ensuite, je fais de la pelote en fauteuil aussi, du para-pelote. Je suis organisateur. C’est en fait du championnat de para-pelote en France, où on fait venir aussi jouer des Espagnols. Donc voilà, on a 6 étapes, qualificatifs pour les Masters et ensuite un championnat de France. Donc la pelote en fauteuil, ça se joue comme la pelote valide, sauf qu’on a un peu adapté les règles. On a des rebonds comme au tennis fauteuil. C’est un sport pas très, très connu en France. On va dire que c’est très, très sud-ouest. Voilà, il y a des règles spécifiques. Ça se joue en mur à gauche, en fronton et en trinquet. Je vous laisserai aller voir sur Internet ce que c’est un mur à gauche, un trinquet et un fronton. Voilà, ça entraîne de très, très bien se développer. On a eu la chance au Mondiaux 2022 à Biarritz de pouvoir faire une partie de démonstration contre l’Espagne, où malheureusement, on l’a perdue. Mais bon, on va dire qu’on a perdu une démonstration et pas un championnat du monde parce que ce n’était pas officiel.

Ermanno : L’Espagne, c’est juste quand même le pays de la pelote, que ce soit en valide ou en para. Et forcément, c’est un honneur de perdre contre ceux qui ont inventé le sport, non ?

Maxime Cabanne : Mais en fait, c’est compliqué. Le sport n’a pas été inventé par les Français et les Espagnols, mais par les Basques. Alors ça, c’est un autre sujet.

Ermanno : Ah oui, je ne rentre pas dans ce sujet-là.

Maxime Cabanne : C’est très, très ancré au niveau du Pays Basque sud, qui se situe au nord de l’Espagne, au nord-est. Et dans le sud-ouest, tu as le Pays Basque français, on va dire. Donc, toute cette partie-là. En fait, il y a beaucoup, beaucoup de pelotes. Après, ça se développe un peu aussi vers Toulouse, Tarbes. Il y en a un peu dans le sud. Il y a des trinquets et tout. Il faut le savoir, à Paris, des magnifiques trinquets. D’ailleurs, je vais normalement avoir la chance de pouvoir participer à une Ligue des Nations à Paris en septembre 2024. Voilà, ça aussi, ça me tarde. Et à ce niveau-là, la pelote est en train d’énormément se développer au niveau mondial. Donc ça, c’est génial. Au niveau du para-pelote, je pars là, toujours, parce que c’est déjà développé dans le monde. Surtout en Amérique du Sud, où c’est très, très professionnalisé. Voilà, donc on va peut-être être invité. Ce n’est pas sûr. Par les Argentins, le gouvernement Basque-Argentin en Argentine, du coup, peut-être en mai, pour faire des rencontres. Donc voilà, on est au début du para-pelote et c’est hyper intéressant. Donc c’est en train d’énormément se développer. Il y a du travail sur le matériel aussi, parce qu’on joue avec des palas en bois. Il y a 24 disciplines en pelote-basque. Je ne vais pas toutes les citer. Donc voilà, il y a beaucoup de choses. Mais nous… Principalement, en fauteuil roulant, on est avec des palas en bois et une balle un petit peu adaptée, voilà, pour favoriser les échanges. Mais là, on est en train de travailler sur du matériel en carbone qui est plus léger, qui est plus répandant au niveau de la frappe, voilà, et pour rendre la discipline un peu plus spectaculaire aussi, quoi. Donc voilà, il y a plein de choses qui sont en train d’arriver et plein de projets. Donc c’est génial. Moi, j’adore ça.

Ermanno : Mais alors, attends. Je parle beaucoup avec des sportives et des sportives de haut niveau, qu’ils soient valides ou handicapés. Et ce qui ressort souvent, c’est, en gros, on n’a pas le temps de tout faire. On n’a pas le temps de s’entraîner. On n’a pas le temps de performer. On n’a pas le temps de chercher des sponsors. On n’a pas le temps de chercher des partenaires. On n’a pas le temps de se reposer. Et toi, mais en fait, quand est-ce que tu te reposes ? Quand est-ce que tu fais tout le reste ? Tu fais du surf ? Tu fais de la pelote ? Tu as fait du rugby ? Tu organises des temps de pelote ? Oui. Tu organises comment ton temps pour faire rentrer tout ça ?

Maxime Cabanne : En fait, j’essaie d’organiser. Et c’est tout le temps sur des week-ends, en général, les compétitions. Donc, ça va. Donc, ça me laisse le temps dans la semaine pour pouvoir m’entraîner. Après, il faut savoir que je ne travaille pas. Je n’aurai pas le temps, sinon. Mais, en fait, depuis que j’ai eu mon accident, je ne travaille pas, en fait. Je peux me le permettre. Donc, j’ai le temps d’organiser tout ça, tout autour du sport. En fait, le sport, c’est une passion que j’ai depuis tout petit. Voilà. Je regarde les JO depuis toujours. Ça m’a toujours fait rêver. J’ai toujours adoré tout ce qui est sport de haut niveau et tout. Et j’ai la chance, depuis les Mondiaux 2022 en Parasurf, d’avoir le statut de sportif de haut niveau. Donc, voilà. Je dédie ma vie, en fait, pour le sport. J’adore ça. Je ne fais que ça. Et puis, voilà. Ma vie tourne juste autour du sport. Donc, je consacre mon temps uniquement à ça. Et c’est ma passion. Donc, je suis un chasseur de coupes. Donc, je cherche tout le temps la performance dans tous les sports que je pratique. Et voilà. Et j’organise tout ça. Je suis aussi dans des assos pour militer pour tout ce qui est handicap et parasport. Donc, voilà. Je suis tout le temps à droite, à gauche.

Ermanno : Bon, génial. J’imagine que tu n’as pas le temps de t’embêter. Pour revenir sur ta partie sportive de haut niveau, donc en Parasurf, tu surfes au plus haut niveau. Tu fais partie de l’équipe de France. Tu l’as dit, vous avez remporté les Mondiaux dernièrement. Est-ce que la petite fête de campagne qui aura lieu en France, et pour le coup, en surf qui est délocalisé dans les dom-toms, tu auras la chance d’y participer ?

Maxime Cabanne : Eh bien, malheureusement, non, on ne participera pas au niveau du Parasurf parce qu’on n’est pas considéré comme discipline paralympique pour le moment. Mais normalement, là, ça devrait venir. On attendait la nouvelle en décembre. Elle n’a pas eu lieu. Mais voilà, j’espère que dans les mois à venir, on va nous dire oui, vous êtes paralympique. Ça sera pour 2028 à Los Angeles, normalement sur le spot où on a été champion du monde, là, à Los Angeles. En novembre à Huntington Beach. Donc voilà, on attend la nouvelle. Ça se joue entre nous, le para-escalade. Soit il y a une des deux disciplines qui choisit, soit aucune des deux ou soit les deux. Voilà, moi, j’espère pour le sport que les deux seront choisis. Donc voilà, parce que le para-escalade aussi, il y a énormément de licenciés dans le monde entier. C’est un très, très gros sport aux Etats-Unis. Donc forcément, pour Los Angeles, il y a des chances que ça soit sélectionné. Et le surf aussi. C’est un sport très, très connu aux Etats-Unis. Donc voilà, on espère être sélectionnés pour se préparer pendant quatre ans et participer à cette petite fête de campagne qui aura lieu dans quatre ans aux Etats-Unis. Mais ouais, on verra déjà comment ça se passe pour 2024 à Tahiti là. Mais ça sera une très, très grosse fête du sport.

Ermanno : Oui, j’imagine. J’imagine toi, du coup, tu vas le suivre. Tu vas suivre tout ça à distance depuis la France.

Maxime Cabanne : Alors pour le surf, oui, je ne vais pas aller là-bas. Mais moi, je vais tout suivre peut-être de Paris même parce qu’en fait, je suis élu au Comité paralympique et sportif français. Donc voilà, on a des réunions de temps en temps avec le CPSF. On va avoir une prochaine réunion bientôt. Et là, ça se rapproche de plus en plus. Donc voilà, je crois qu’on est 12 au CPSF à peu près et on va tous avoir des tâches par rapport à tout ce qui se passe. Donc voilà, on est, je crois, douze au CPSF à peu près et on va tous avoir des tâches par rapport à tout ce qui se passe. qui est au niveau paralympique, aux Jeux paralympiques, je pense. Mais on va devoir être présents sur Paris pour cette échéance.

Ermanno : Tu sais, tu as déjà une idée des tâches qui vont vous être assignées. Est-ce que ça va être d’assister les sportifs paralympiques, qu’ils soient français ou pas ? Est-ce que ça va être de prendre part à des décisions sur la partie organisation, justement pour faciliter l’accès aux parasportifs ? Est-ce que tu as une idée de ce qu’on va vous demander de faire ?

Maxime Cabanne : Non, je n’ai pas trop d’idées, mais je sais qu’on va devoir communiquer sur l’événement pour en faire la pub, c’est sûr. Après, non, je n’ai pas encore trop d’idées. On n’a pas eu de réunion pour ça établie pour le moment. Mais voilà, en tout cas, ça me tarde de voir ce qu’on va faire. Et ça va être une expérience inoubliable. Ce n’est pas tous les ans qu’on a les JO chez soi, donc ça va être génial, vraiment.

Ermanno : En dehors de ça, toi, tu es plutôt dans le sud-ouest de la France, plutôt sport d’été. Bon, en même temps, chez toi, il fait toujours beau.

Maxime Cabanne : Je t’invite à Mayonne, tu vas voir s’il fait beau tout le temps.

Ermanno : Ouais, on va dire que des fois, c’est un peu humide, mais c’est quand même plus sympa que dans le nord-est pour pratiquer les sports d’été, on va dire.

Maxime Cabanne : C’est ça.

Ermanno : Est-ce que dans tes plans, toi qui es un sportif un peu hyperactif, tu as aussi des sports d’hiver ?

Maxime Cabanne : Oui, justement, à la fin du mois, je pars dans les Alpes. Je rejoins tous mes potes moniteurs de ski que j’ai rencontrés il y a plusieurs années en saison d’été en raft dans le sud-ouest, justement, et qui, l’hiver, sont moniteurs de ski. Je vais les rejoindre dans les Alpes fin du mois pendant une dizaine de jours. Je vais chaque année skier dans les Alpes. J’ai tout mon matériel, j’ai tout ce qu’il faut. J’adore vraiment le ski. J’aurais aimé faire de la compétition en ski, d’ailleurs, parce que je suis compétiteur. Mais bon, vu que je surfe l’hiver, c’est très compliqué d’aller dans le sud-ouest. Dans les Alpes et de pouvoir surfer l’hiver ici. Donc voilà, mais ça reste un très, très grand loisir, le ski. Et j’adore vraiment ça. Ça reste de la glisse aussi, sur l’eau, au final, sous une autre forme. Mais ça reste de la glisse. Donc, oui, j’adore les sports d’hiver également.

Ermanno : Bon, mais tu sais, tu n’es pas très loin. Déjà, le ski, tu le fais comment ? C’est du ski fauteuil ?

Maxime Cabanne : Oui, je suis en ski fauteuil. J’ai mon scarver avec l’amortisseur de motocross dessous. J’ai mes deux sabots. J’ai le sabot uniski, le sabot dualski. Voilà, j’ai commencé en uniski. Là, je suis en dual pour aller un peu plus vite et moins tomber, on va dire. Mais après, je peux skier dans les Pyrénées. Le truc, c’est que dans les Pyrénées, c’est un peu plus petit. Et moi, j’aime bien les grands espaces, donc je vais pas mal dans les Alpes. Je vais aussi dans les Pyrénées. Mais le plus gros de l’hiver, en fait, je ne skie pas une quinzaine de jours dans l’hiver. Ce n’est pas beaucoup non plus, tu vois. Parce que c’est quand même un coup de ski. Il faut se le dire. Mais je vais quelquefois dans les Pyrénées, mais plus souvent dans les Alpes quand même.

Ermanno : Peut-être qu’un de ces quatre, on te retrouvera aussi dans les disciplines paralympiques d’hiver. Surtout que je sais que c’est un petit peu en discussion, mais a priori, 2030, on n’est pas trop mal parti en France pour avoir des JO d’hiver.

Maxime Cabanne : Non, j’espère qu’on va les avoir. Ça serait bien. Après les JO d’Alberville, ça serait cool de les retrouver 30 ans après. Surtout six ans après Paris. Non, non, c’est bien. Ça continue dans la lancée et puis ça motivera les troupes au niveau du para pour faire du sport. Et c’est hyper important.

Ermanno : Oui, je pense aussi. Bon, on sera encore là. On sera sur le pont et on essaiera de motiver tout le monde. Pour revenir sur ton sport principal, on va dire le parasurf. Tu nous disais tout à l’heure que depuis ton accident, tu ne travailles pas. Comment est-ce que tu finances ta carrière de sportif, de multisportif, on va dire ?

Maxime Cabanne : Alors, c’est assez compliqué parce que je ne travaille pas. Je suis en situation de handicap. Je bénéficie de l’EAH. Ce n’est pas énorme non plus. Donc, voilà. Après, j’ai la chance quand même de pouvoir m’entraîner vraiment à côté de chez moi à moins de 10 minutes à chaque fois. Donc, au niveau des frais, ça va à peu près. Et après, je suis en constante recherche de sponsors. Donc, j’ai créé mon association en fait pour pouvoir aller chercher des entreprises facilement et qu’elles puissent défiscaliser. Donc, voilà. C’est donnant-donnant en fait. Donc, voilà. Tout le temps en recherche de sponsors. Je suis très, très aidé au niveau du matériel pour les sponsors. Ça, c’est génial. Mais bon, il reste l’aspect financier quoi. Par exemple, piécer des billes d’avion, son trajet ou son hôtel quand on part en compétition à l’étranger par exemple. Donc, voilà. On a la chance depuis 2022, les parasurfeurs qui ont pu finir vice-champion du monde et champion du monde en 2023 d’être en statut de haut niveau. Donc, on est aidé par notre département. Et au niveau de notre région. Donc, déjà, ça soulage quand même un minimum parce que voilà, si tu veux faire des compétitions de parasurfe, par exemple, il y en a pas mal à l’étranger. Bon, on a la chance d’en avoir en Europe, notamment en Espagne et en Angleterre. Voilà. Après, il y en a à l’étranger. Il y en a au Costa Rica. Il y en a, par exemple, une qui va se faire en Australie en mars là. Voilà. Donc, on a quand même des aides, mais on les utilise plus pour l’Europe que pour aller à l’étranger. Parce que… Après, ben, financièrement, ça part assez vite, quoi. Donc, voilà, ben, tout le temps de recherche de sponsors avec des entreprises. Voilà.

Ermanno : Et quand tu dis vous avez des aides, donc tu l’as dit, c’est plusieurs aides qui se cumulent. En dehors de l’AAH, donc l’allocation d’aide aux handicapés, qui chiffre pas non plus extrêmement haut. Et puis, on l’oublie, mais… Enfin, on l’oublie. Il y a cette allocation, mais cette allocation, elle permet de vivre. Et elle permet aussi de payer le matériel. Parce qu’un fauteuil, eh ben, c’est pas gratuit. Et il faut souvent l’acheter. Ou au moins, il y a un gros reste à charge.

Maxime Cabanne : Ben, ouais, alors, on va dire, un fauteuil de base, pour une personne comme moi qui est assez active, c’est minimum 5 000 euros. Et là, il y a une loi qui vient de passer. Ils ne rembourseront plus, les fauteuils n’aideront plus à partir de 2 600 euros. Alors là, ça va être très, très compliqué. Parce qu’un fauteuil des 100 à 2 600 euros, ça n’existe pas. Il faut savoir que nous, on n’a pas… On a des fauteuils sécurité sociale, avec des palettes de vent qui pèsent 25 kilos. On a des fauteuils qui sont au plus léger possible pour soulager les épaules. Parce que, ben, déjà, on est sportif. Et parce qu’on est actif dans la vie, c’est nos jambes, en fait. C’est pas un accessoire, c’est pas un jouet. Donc, voilà, c’est le prolongement de notre corps, maintenant, parce qu’on n’a pas le choix. Donc, ouais, ouais, c’est très compliqué. Il faut savoir qu’on a une enveloppe, avec la MDPH, maintenant, de 13 000 euros pour 10 ans.

Ermanno : Alors, MDPH, c’est la maison…

Maxime Cabanne : Des personnes mentales, des handicapés, des personnes handicapées. Alors, moi, tu vois, sur les 13 000 euros, je viens d’acheter un fauteuil pour la pelote et le tennis, parce que je suis aussi du tennis. Et donc, voilà, on va dire 8 000 euros le fauteuil de tennis. J’ai aménagé mon nouveau véhicule, 3 500 euros. Tu fais le calcul, t’es à 11 000 et quelques. Il me reste 1 500 euros pour acheter un nouveau fauteuil. Ça va être très, très…

Ermanno : Et pour 10 ans.

Maxime Cabanne : Et pour 10 ans. Alors, là, voilà, dans quelques mois, il me restera 9 ans de cette enveloppe. Donc, tu vois, ça va être très, très compliqué. Là, j’ai un fauteuil qui a 15 ans, qu’un pote à moi, Parra, m’a donné, qui est très, très costaud. J’ai de la chance. Et le problème, c’est que vu que je vais surfer avec le sel et les embruns et tout ça, j’ai toutes mes pièces qui rouillent. Donc, voilà, il faut prendre soin de son fauteuil, parce que sinon, il tombe en lambeau. Là, j’ai mon ancien fauteuil et j’ai la route de Varne. Elle est complètement oxydée. Elle est partie. C’est irratrapable. Donc, il faut faire hyper attention à son matériel, surtout quand tu es parasurfeur. Donc, ouais, ouais, ça chiffre très vite. Et moi, je dis toujours, c’est un luxe d’être handicapé. Donc, ouais, ouais, non, c’est très, très compliqué. Il faut faire très, très attention et ça chiffre très, très vite.

Ermanno : C’est un luxe d’être sportif ou sportive de haut niveau. Mais alors, sportif ou sportif de haut niveau handicapé, c’est encore plus important. C’est un luxe. C’est autre chose. Tu disais que tu es toujours en recherche de partenaires, de sponsors. Comment est-ce que tu démarches les entreprises et qu’est-ce que tu as à leur proposer au-delà de l’association qui te permet de défiscaliser ? C’est vrai que c’est un tips dont on n’a pas encore trop parlé avec les invités que j’ai pu avoir. Mais c’est aussi une solution pour pouvoir inciter les entreprises. J’imagine que ton association, elle est reconnue d’intérêt général. Donc, ça permet aux entreprises et aux particuliers de défiscaliser jusqu’à… Donc, les particuliers, c’est 66% du don et les entreprises, c’est jusqu’à 75%, c’est ça ? Je ne sais pas.

Maxime Cabanne : Bon, alors là, bonne question. Je crois que c’est 60 ou 66 aussi, les entreprises, il me semble. Je crois que c’est dans cet ordre-là à peu près, il me semble. Les entreprises le savent de toute façon. Donc, oui, non, mais je pense que c’est la meilleure des solutions d’avoir une asso pour pouvoir chercher plus facilement des sponsors. Voilà, après ce que je leur propose. En fait, c’est tout récent, mon asso. Elle va avoir un an là en février. Donc, je n’ai pas pu trop l’utiliser. Je vais l’utiliser en fait pour trouver de l’argent, mais pour un autre projet que j’ai. Et donc, je vais te parler maintenant en fait. Voilà, en fait, là, je suis en train de finir un film qu’on va terminer en mars en Norvège. Voilà, c’est un film qui raconte en fait mon histoire depuis l’accident jusqu’à mon parcours de sportif. Et la fin se termine en Norvège en fait, où on va partir pour surfer en Norvège et faire une expédition avec un aventurier de renom qui s’appelle Vincent Colliard. Je ne sais pas si tu le connais, mais qui est assez connu dans ce milieu-là. Et en fait, ce film. Il me servira plus tard pour intervenir en centre de réduc pour motiver les personnes en situation de handicap à reprendre une activité sportive ou une activité sociale tout simplement. Et avec ce film, j’aimerais intervenir aussi en entreprise pour moi-même et trouver des fonds pour mon asso et pouvoir financer ma carrière sportive et aussi la carrière sportive d’autres personnes en situation de handicap en fait. Voilà, l’asso ne servira pas qu’à moi. Elle servira aussi à pouvoir aider des personnes qui font du sport. Elle servira également à pouvoir se financer des billets d’avion des hôtels, des inscriptions sur des compétitions et tout ça. Oui, donc elle est d’intérêt général forcément. Donc voilà. Mais pour l’instant, je m’en suis servi pour récolter des fonds pour faire ce film, pour pouvoir financer ce film qui me servira plus tard à intervenir au niveau des entreprises pour faire, on va dire, des mini-conférences. Voilà, on va présenter ce film plus tard en festival. Et tout ça pour parler de tout ce qui est handicap sensibilisé également et montrer ce que c’est le handisport aussi. Donc voilà tous les projets pour 2024.

Ermanno : L’homme aux mille facettes et aux dix mille projets. Écoute, c’est super impressionnant, super inspirant. Qu’est-ce que tu envisages pour la suite au-delà de tous ces projets dans ta carrière de sportif ? Déjà, est-ce que tu restes sur le parasurf ? Est-ce que tu switches sur d’autres activités ? Est-ce que tu penses que tu vas réussir à combiner tout ça ? Est-ce qu’un peu en mode opportuniste, tu vas aller vers le sport qui sera au prochain JO, que ce soit d’été ou d’hiver ? Ou toi, tu restes un amoureux du surf depuis que tu as découvert ça en 2015 ?

Maxime Cabanne : Alors, non, le surf, il faut savoir qu’avant tout, c’est une passion parce que, comme le dit l’Association nationale d’handisurf, le handicap se dissout dans l’eau, en fait. Ça, c’est une très, très belle phrase parce que moi, une fois que je suis dans l’eau, je ne suis plus dans mon fauteuil. Et dans l’eau, il n’y a plus l’apesanteur. Donc, mon corps est tout léger. Ça fait un bien fou et surtout avec l’air marin, le sel et tout ça, ça fait un bien fou avant tout, avant tout ce qui est compétition et sport. C’est une thérapie, il faut savoir, le parasurf parce que tu es dans l’eau et ça fait extrêmement de bien au corps et surtout à la tête, quoi. Parce que tu oublies tout, surtout avec ce sport, parce que tu es obligatoirement concentré sur tes vagues. Tu es sur un élément qui bouge, donc tu es obligé de rester sur ta planche en équilibre. Tu es tout contracté, tout ça. Donc, tu ne fais attention. Tu fais attention qu’à l’eau, qu’aux vagues et à rester sur ta planche. Donc, tu oublies tout le reste. Le temps d’une session, tu oublies tout le reste. Donc, non, non, je vais continuer à surfer. Après, si on ne passe pas aux Jeux Paralympiques, je t’avoue que je vais un peu lâcher et être moins assidu sur les entraînements. Parce que pour moi, ça serait le Graal quand même de pouvoir accéder aux Jeux Paralympiques. Mais je continuerai dans tous les cas parce que ça me fait tellement de bien au corps. Et c’est une passion avant tout, la glisse. Et c’est un partage avec les copains, tout ça dans l’eau. Donc, non, non. C’est génial. Et puis, moi, maintenant, quand je veux voyager, aller en vacances, j’essaie d’aller sur des spots assez mythiques et de profiter, quoi. Donc, de pouvoir surfer quand je pars en vacances aussi. Non, non, je continuerai dans tous les cas parce que ça reste un loisir avant tout et du pur plaisir. Vraiment, voilà. Après, je continuerai également dans la pelote. Je ne pense pas qu’on passera aux JO de si tôt. Mais c’est pareil, c’est une passion. C’est le sport que je pratique depuis tout petit et ça me tient énormément à cœur. Voilà, donc, je continuerai dans tout ça. Et après, non, je ne sais pas où on va dans quelques années. Mais non, non, je verrai plus tard. Oui, peut-être que je jouerai l’opportunisme et j’essaierai de trouver un sport où je peux peut-être aller aux JO. Parce que c’est quand même un rêve de gosse de pouvoir participer à cette fête de campagne, comme tu dis.

Maxime Cabanne : Donc, voilà, non, mais je resterai dans le milieu du sport. Et après, non, j’ai d’autres projets. Là, comme je t’ai dit, je vais partir faire une aventure en Norvège. Avec un aventurier et j’aimerais repousser encore mes limites. Et pourquoi pas faire d’autres aventures plus tard dans des trucs qu’on croit impossibles. Et voilà, et repousser les limites aussi du handicap. Donc, j’ai toujours des projets en tête, toujours des idées. Je suis toujours en train de réfléchir sur des choses. Voilà, lier le voyage, l’aventure et puis les contraintes et les limites de l’handicap. Je trouve que c’est génial. Et moi, les projets, c’est ce qui me fait vivre. Donc, voilà. Je sais pas. Je sais que je vais pas m’ennuyer dans les années à venir.

Ermanno : Bon, écoute, on continuera à discuter en off en parlant d’aventure. Moi, ça me fait vibrer. Écoute, on arrive tout doucement à la fin de cet épisode. Il y a une question que j’ai coutume de poser à mes invités. Elle est à la fois assez simple, mais à la fois un peu tordue. Si tu pouvais être dans un monde un peu parallèle et puis te projeter à côté de Maxime à 18 ans après ton accident, alors après avoir récupéré, sorti de l’hôpital, etc. Qu’est ce que tu penses que lui, qui aurait la vue sur la planète, sur toute ta carrière, sur toute ta vie depuis tes 18 ans, qu’est ce qu’il dirait de toi en te voyant?

Maxime Cabanne : Que je pense de là où je viens, d’un tout petit village, parce que je suis pas de Bayonne de base. Je suis d’un tout petit village entre les montagnes du Pays Basque. Mais que je pense qu’à 18 ans, je me rendrai pas compte de ce que j’allais accomplir. Peut être. Moi, je suis content de ce que j’ai accompli. De comment j’ai pu mûrir. Vaincre un peu ma timidité aussi, on va dire. Et voilà, jamais à 18 ans, j’aurais cru que j’allais être là, que j’allais faire des compétitions internationales et que j’allais essayer de motiver les gens qui se retrouveraient dans ma situation à se bouger. Donc, jamais j’aurais cru ça.

Ermanno : Écoute, tu vois où t’en es aujourd’hui. Je pense que c’est un beau message d’espoir et puis surtout de résilience aussi. Après cette pandémie. Après cet accident, de voir que maintenant, tu fais du parasurf, du parathénis, de la parapelote, tu as fait du pararugby et puis tu ne vas pas t’arrêter là. Et en plus, tu contribues à échanger, à partager, à démystifier le handicap. Donc, félicitations pour ça.

Maxime Cabanne : Merci.

Ermanno : Maxime, où est ce qu’on peut te suivre? Où est ce qu’on peut t’encourager? Où est ce qu’on peut venir te voir parler avec toi? Éventuellement, te soutenir si on est une entreprise et si on veut soutenir ce beau projet que tu as?

Maxime Cabanne : Alors, on peut me contacter sur LinkedIn, par exemple. Tout simplement, Maxime Cabane. Cabane avec deux N et pas deux S à la fin. Sur Instagram, c’est Maïchi. Maïchi, ça veut dire Maxime en basque. En fait, c’est mon surnom. Je ne sais pas si tu le mettras après sur le podcast ou quoi.

Ermanno : Si, je mettrai tout ça dans les notes de l’épisode.

Maxime Cabanne : Sur Facebook aussi, Maïchi Cabane. Voilà.

Maxime Cabanne : Après, avec mon association. Qui s’appelle ORECA. D’ailleurs, le film s’appellera ORECA. Ça veut dire l’équilibre en basque. C’est tout de suite symbolique, en fait, parce que j’ai perdu l’équilibre parce que j’ai plus l’usage de mes jambes. Mais j’ai retrouvé un équilibre de vie par rapport au sport et tout ça. Donc voilà, c’est une belle symbolique. Je trouve ce mot ORECA.

Maxime Cabanne : Donc voilà, sur les réseaux sociaux et puis sur LinkedIn. Tout simplement.

Ermanno : Comme je le disais, on mettra tout ça dans les notes de l’épisode. Merci beaucoup pour le temps que tu nous as accordé. Et puis pour cette superbe banane sur cette. Sur cette bonne humeur, sur cette joie. Moi, ça m’a fait ma journée. Je t’en remercie.

Maxime Cabanne : Merci à toi. C’était avec grand plaisir.

Ermanno : À plus tard.

Maxime Cabanne : À la prochaine.

Ermanno : Alors on est tous d’accord. Chaque athlète a une histoire unique, tout comme Maxime Cabane que vous venez d’entendre sur le podcast. Si son parcours vous a inspiré et bien rejoignez nous sur les réseaux sociaux du podcast pour en discuter. Tous les liens sont dans les notes de l’épisode. Pour en découvrir davantage sur Maxime et tous les autres sportifs du podcast et les soutenir dans leurs défis. Et bien visitez le site vestiaires.com. Org. On a besoin de vous. Chaque euro compte et 100% des dons sont directement reversés aux athlètes. Le podcast dans les vestiaires met en lumière ces héros du sport et ils ont besoin de votre soutien. Et le plus simple, c’est de partager leurs histoires pour les aider à briller sur la scène internationale. Et puis comme ça, tout le monde fera un peu partie de cette superbe aventure sportive et philanthropique. Partagez leurs épisodes, ça nous aide et ça les aide surtout eux. Allez, sportez vous bien, entraînez vous bien et on se retrouve bientôt pour un nouvel épisode. Salut les sportifs. Salut

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.