Du Handball au Combat pour la Reconnaissance des Athlètes en Situation de Handicap 🌟
🚀 Plongeons profondément dans l’univers parallèle des athlètes de haut niveau avec l’incroyable Simone Thiero. Ancienne Handballeuse professionnelle et écrivaine passionnée, Simone nous ouvre les portes des coulisses du sport de haut niveau, loin des projecteurs 🏆.
👉 Des débuts prometteurs à l’âge de 10 ans à une carrière riche en rebondissements, en passant par ses challenges uniques en tant qu’athlète en situation de handicap jamais révélé publiquement durant sa carrière, son histoire nous touche au coeur.
Dans cet épisode, nous abordons :
– Le parcours étonnant de Simone, du sport-études à la professionnalisation
– L’impact du secret de son handicap sur sa santé physique et mentale
– La dure réalité économique et les défis auxquels font face les sportifs professionnels
– Et bien sûr, son ouvrage « L’image du sportif parfait », un témoignage brut et sans filtre.
✨ Ne manquez pas cette conversation profonde et inspirante qui brise les idées reçues sur la vie des athlètes de haut niveau et célèbre la résilience et le courage face aux adversités.
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Pour suivre et soutenir notre invitée : https://www.linkedin.com/in/simonethiero / https://www.linkedin.com/in/simonethiero
Grâce à Autoscript.fr, on vous propose même de revivre l’échange que j’ai pu avoir avec Simone.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d’informations.
Ermanno : Dis papa, ils font quoi les sportifs quand ils sont pas sur le terrain ? Et bah croyez-moi, quand votre fils vous pose cette question, ça fait réfléchir. Surtout quand on sait que pas mal d’entre eux jonglent avec un ou plusieurs jobs pour pouvoir joindre les deux bouts. Et j’ai réalisé que beaucoup d’entre nous se posent la même question. C’est pour ça qu’il y a quelques années, j’ai décidé de lancer le podcast dans les vestiaires pour plonger dans ces doubles vies. Parce que derrière chaque athlète, il y a une histoire et parfois un autre métier. A peu près au même moment, j’ai rejoint Eplayer, un cabinet de recrutement spécialisé dans les recherches critiques. Alors moi je suis recruteur tech et avec mon associé, on aide les entreprises à trouver les perles rares. Mais on accompagne aussi les entités qui veulent définir ou redéfinir une politique de recrutement. Et je peux vous dire que des sportifs de haut niveau, croisés au gré de nos chasses de candidats, on en a vu un sacré paquet. Et oui, parce que encore une fois, vivre de son sport n’est pas si facile. Quand on n’est pas installé au plus haut des podiums depuis des années. Et encore, comme une marque bien installée, il faut y rester et se réinventer sans cesse. Du coup, à travers les histoires inspirantes de mes invités, je vous propose de découvrir comment on peut répondre à nos enfants qui se demandent encore ce que font toute la journée ces sportifs de haut niveau. Parce que oui, entre sport et entrepreneuriat, il y a beaucoup de points communs. Et avec les JO de Paris qui approchent, c’était le moment de redonner vie à ce podcast. Alors, restez avec nous. Restez après l’épisode. Je vous donne tous les détails sur notre invité. Et je vous invite à aller voir la page sur le site vestiaire.org pour pouvoir le soutenir dans ses projets. Allez, c’est parti pour un nouvel épisode.
Ermanno : Salut les sportifs, c’est Ermanno. Et je suis très heureux de vous recevoir pour un nouvel épisode du podcast Dans les vestiaires, où on va recevoir une athlète avec qui on va rentrer justement dans les vestiaires, dans les vestiaires de sa carrière, dans son expérience. Je suis très heureux de tendre le micro à Simone Thierot. Salut Simone.
Simone Thierot : Salut Ermanno.
Ermanno : Comment vas-tu aujourd’hui ?
Simone Thierot : Écoute, ça va très bien. Ravie d’être sur ton podcast.
Ermanno : Un plaisir pour moi aussi de pouvoir te tendre le micro. J’avais eu l’occasion d’entendre parler de ton histoire en traînaçant un petit peu sur LinkedIn. Et puis, ça m’avait franchement touché. Et du coup, je ne pouvais pas ne pas te tendre le micro. Toi, ancienne sportive de haut niveau, reconvertie entre autres en écrivaine. Est-ce que je me trompe ?
Simone Thierot : Alors oui, je suis ancienne emballeuse professionnelle. Et je suis en train de faire des choses. Et là, dernièrement, j’ai écrit un livre sur la santé physique et mentale du sportif.
Ermanno : Bon, on va pouvoir parler de tout ça. Mais juste avant, j’aimerais en savoir beaucoup plus sur toi. Dis-nous tout qui tu es. On a compris que tu étais ancienne emballeuse professionnelle, que tu as écrit un livre justement sur la santé physique et mentale du sportif. Mais toi, Simone Thierot, quel âge as-tu ? Où est-ce que tu as grandi ? Quelle est ton histoire ?
Simone Thierot : Alors oui, je suis ancienne emballeuse professionnelle. J’ai dû avoir 31 ans. J’ai grandi à Massy jusqu’à l’âge de 18 ans. J’ai fait le sport-études au Crest de Châtenay-Malabry, donc en Ile-de-France. Donc voilà. Et ensuite, je suis allée dans ma carrière professionnelle. Donc, je suis passée de ville en ville. J’ai traversé la France. J’ai eu en Allemagne, en Guadeloupe. J’étais internationale.
Ermanno : Quand est-ce que tu as découvert le sport ? Et en particulier le handball ?
Simone Thierot : Alors, j’ai découvert le handball, j’ai commencé à pratiquer à l’âge de 10 ans. Je l’ai pratiqué, mais c’est vraiment par hasard, parce que je n’en avais jamais vu à la télé à l’époque. C’était en 2003. Je n’en avais jamais fait à l’école. Et j’avais juste un oncle qui en pratiquait. Et je m’avais dit, ah, bah, t’es gauchère, ça peut être cool pour toi de faire du handball. Et j’y suis allée et ça m’a plu. Donc, j’ai continué.
Ermanno : T’as été trop rapide, là, parce que t’as découvert le handball, tu es allée et puis t’as continué. Bon, on ne devient pas sportif de haut niveau juste en découvrant le handball. Raconte-nous un petit peu, justement, tout ce cheminement du jour à 10 ans où tu pousses la porte d’un gymnase et tu découvres le hand jusqu’à tes premiers pas dans le haut niveau.
Simone Thierot : Oui, donc moi, je suis arrivée dans le club de Maxime et son handball. Donc, c’était le club de ma ville. C’était déjà un club professionnel pour les garçons. Donc, c’est un club qui jouait en division 2. Et quand j’ai commencé, déjà, je suis dans une équipe où il n’y a eu exclusivement que des garçons, même si j’étais en moins de 12 et que c’était en équipe mixte. Donc, de là, je joue, je progresse. Les entraîneurs me font comprendre que je peux avoir un afghan dans le handball. Donc, voilà. Donc, de là, il y a les sélections qui commencent, toutes les sélections du département. Donc, je suis surclassée avec la génération d’au-dessus, donc les 92. Ainsi de suite, jusqu’à être repérée pour le sport-études, être détectée, faire les tests et par la suite rentrer en sport-études.
Ermanno : Comment on est détecté, justement, pour intégrer le sport-études ? Et puis après du sport-études, comment est-ce qu’on va intégrer des grandes équipes ? C’est toi qui fais des dossiers de candidature. Comment ça se passe pour les jeunes, justement ?
Simone Thierot : Oui, en fait, ça a plusieurs manières dans le sport-études. Me concernant, j’ai été repérée en jouant par rapport au comité, en fait, tout ce qui est sélection du département.
Simone Thierot : L’entraîneur du Pôle Espoir m’a repérée et voilà, il m’a demandé de venir faire les tests. Il y avait deux journées de tests. Après, il y avait des tests psychologiques, ça a eu pas mal d’étapes. Et voilà, j’ai fait tous ces tests-là. J’ai essayé de rentrer en sport-études, mais après, oui, il y a plusieurs étapes. Il y en a qui peuvent… Il y a des entraîneurs, par exemple, de clubs qui veulent se parler de leurs joueurs à l’entraîneur du Pôle. Il y a plusieurs manières d’accéder en sport-études.
Ermanno : T’as quel âge à ce moment-là quand t’intègres le sport-études ?
Simone Thierot : J’ai 14 ans. Je rentre en quatrième.
Ermanno : Ça veut dire quoi pour toi, le sport-études, à ce moment-là ? Est-ce que tu passes en internat ? Raconte-nous un petit peu tout ça.
Simone Thierot : Alors, le sport-études, c’était en internat. Donc, j’y étais toute la semaine. Après, ça va, j’étais pas trop loin, vu que c’était à Châtenay-Malabry. Moi, j’habite à Nafi, donc c’est vraiment pas loin. Mais j’étais quand même à l’internat, donc je voyais pas du tout ma famille. J’y allais le dimanche soir et j’y rentrais chez moi le vendredi soir. Donc, voilà, j’allais au collège la journée. Et le soir, fin d’après-midi, entraînement. Après, il y avait entraînement le vendredi matin aussi. Donc, voilà. Donc, quand on rentre en sport-études, c’est un chamboulement au début. Mais après, on s’adapte. On s’adapte très vite.
Ermanno : Ça fait quoi pour une adolescente de 14 ans d’avoir ce choix à faire, intégrer sport-études ? J’imagine que c’est quelque chose qui te faisait vibrer. Mais en même temps, t’as aussi, comme tu le dis, un éloignement avec la famille, même si vous étiez pas très loin. Ça représente quoi à cet âge-là ?
Simone Thierot : Moi, je comprenais pas trop ce qui m’arrivait à cet âge-là. C’est juste qu’on m’a dit de venir. Donc, j’ai fait l’étage, j’étais prise. Donc, je me suis dit, c’est cool. Donc, je me disais pas forcément, oui, c’est mon avenir qui est en jeu. Non, pour moi, c’était une expérience. Je l’ai saisie et j’y suis allée. Quand tu passes au lycée, tu restes en sport-études ? Oui, je suis restée quatre ans en sport-études. Donc, pendant la période du lycée, je suis également en sport-études. Donc, c’est vrai que quand on rentre au lycée, c’est encore une autre étape. Parce que mon lycée, il était un peu loin du CREF. Donc, il faut se ralentir. Il faut s’adapter à tout ça. Mais voilà, je suis restée quatre ans. Et c’était franchement quatre ans magnifiques. J’ai adoré cette période-là. Deux ans de collège et deux ans de lycée.
Ermanno : Pour ta dernière année de lycée, tu n’étais plus en sport-études ? Tu étais revenue à un rythme classique ?
Simone Thierot : Non, je n’étais pas revenue à un rythme classique. J’ai signé en club, dans un club. J’ai signé dans un club. Donc, je suis passée dans le monde professionnel.
Ermanno : Et ça représente quoi ? Ça veut dire quoi, justement, intégrer un club professionnel, un club professionnel à 17, 18 ans ? Est-ce que c’était un aboutissement ?
Simone Thierot : Est-ce que c’était un rêve ? En fait, quand on rentre en sport-études et qu’on travaille tous les jours le handball pendant quatre ans, on ne doit pas revenir après ça à la maison. Non, on veut signer dans un club, un centre de formation, un contrat pro. Donc, pour moi, oui, c’était un objectif, après le sport-études, d’intégrer un club, oui.
Ermanno : Tu y restes combien de temps ?
Simone Thierot : Après le sport-études, déjà, j’étais dans plusieurs clubs pendant que j’étais en sport-études. Et après, le club où je suis allée, où je suis allée juste après le sport-études, je suis restée deux ans. Et après, j’ai intégré plusieurs clubs, comme ça, tout au long de ma carrière.
Ermanno : On peut peut-être commencer déjà à parler de ton livre, parce qu’il y a un sujet central dans ce livre, justement, c’est ta condition d’athlète, de sportive de haut niveau, avec quelques difficultés, pour ainsi dire. Je te laisse nous en dire plus, déjà, sur le livre en lui-même, sur quel a été le besoin de te livrer, d’écrire ?
Simone Thierot : En fait, il faut savoir que je suis assez passionnée, particulièrement à la situation, parce que j’ai fait toute ma carrière de sportive de haut niveau dans le secret de mon handicap. Donc, je suis en situation d’handicap et je n’en ai jamais parlé pendant ma carrière. En fait, à la naissance, j’ai eu un arrachement du plexus brachial, donc le médecin a un peu trop tiré sur le bras droit. Donc, ça a cassé le bras, tout simplement. Et j’ai reçu deux opérations dessus à l’âge de 7 et 8 ans. Et malgré ça, en gros, je n’ai pas de rotation sur l’extérieur, sur le bras droit. Il y a pas mal de mouvements de la vie quotidienne que je ne peux pas cesser. Et bref, en gros, j’ai gardé cet handicap-là. Et pendant toute ma carrière, on voyait que j’avais un problème sur le bras, que j’avais mal au bras, mais je n’ai jamais vu explicitement que c’était un handicap. Parce que pour moi, déjà, je ne voulais pas d’une étiquette, d’être handicapée de service. Et en plus de ça, pour moi, j’en étais sûre que ça allait me fermer des portes, remettre ma progression en cause. Donc, voilà.
Simone Thierot : Et par rapport au livre, il faut savoir que quand j’ai arrêté le handball, j’ai arrêté à l’âge de 25 ans. Et c’est vrai que je suis partie sans faire de communiqué de presse, sans rien expliquer à personne. Et tout le monde se demandait pourquoi j’avais arrêté. Et je me suis dit, deux ans après avoir arrêté le handball, j’ai fait un communiqué de presse qui expliquait ma situation, mon handicap et aujourd’hui, tous mes soucis de santé. Et de là, j’ai eu encore plus de questionnements. Les gens, ils voulaient en savoir plus. Donc, de là, j’ai voulu écrire un livre pour tout expliquer. Parce que c’est vrai qu’on me pose beaucoup de questions, mais les gens, ils n’ont pas le temps d’écouter. Ils veulent qu’on explique tout en une minute, en cinq minutes. Pour moi, ce n’est pas possible de tout expliquer en cinq minutes. Donc, j’ai écrit un livre. Et maintenant, quand on me pose toutes ces questions, je dis aux gens de lire ce livre-là. Et voilà. Et donc, je réponds aux questions qu’on me pose par rapport à mon handicap. Comment j’ai pu faire toute ma carrière avec cet handicap-là. Je réponds aussi sur des questions de salaire. Je réponds sur nos conditions au club. Je réponds à plein de questions qu’on me pose dans la vie de tous les jours.
Ermanno : Et c’est l’essence même de ce podcast de revenir justement sur tout ça. Bien sûr, nos auditrices et nos auditeurs pourront aller lire ton livre. Je mettrai les liens dans les notes de l’épisode. Mais si ça ne te dérange pas, on va peut-être pouvoir rentrer un petit peu plus dans les détails. Tu parlais de ton handicap déjà. Comment est-ce qu’on fait pour jouer toute sa carrière en cachant ce handicap ? Déjà, est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu plus physiquement ce que ça représente pour toi ? On a compris que ton bras droit avait été cassé à la naissance. Mais est-ce qu’on peut rentrer un peu plus dans les détails de ce que ça représente ? Qu’est-ce que ça génère pour toi ? Quel est le problème avec ton handicap pour toi dans l’utilisation de ton bras ?
Simone Thierot : J’ai caché le mot handicap. Après, mon handicap, mon problème sur mon bras, il se voyait. Tout le monde le voyait. Tout le monde le voyait. Je ne peux pas le cacher. Mais après, c’est vrai qu’il sortit. On a tous mal quelque part. On a tous des problèmes. Il y en a qui ont eu des opérations. Donc les gens, ils n’ont pas à se dire qu’elle est en train de se faire. Le handicap, c’est un handicap. C’était surtout un problème de vocabulaire, tout simplement. Le temps qu’on ne dit pas le mot handicap pour les gens, oui, c’est une blessure comme tout le monde, comme les autres.
Ermanno : Pour toi, ça veut dire que tu ne pouvais vraiment pas utiliser ton bras ? Ça voulait dire que tu ne pouvais pas attraper une balle avec le bras ? Tu ne pouvais pas bouger le bras ? Ça signifiait quoi, ce problème à ton bras ?
Simone Thierot : Il faut savoir que sur le bras, j’ai l’arrachement du plexus brachial. Donc, il y a plusieurs mouvements que je ne peux pas faire. Donc, je n’ai pas de rotation. Par exemple, sur le bras gauche, j’ai une rotation de 45 degrés. Sur le bras droit, je suis à moins 5 degrés. Je ne peux pas tourner la paume de main vers le ciel. Il y a plein de petites choses comme ça que je ne peux pas faire. En fait, c’est plus dans le quotidien. Après, dans le handball, quand j’étais jeune, quand je jouais en jeune, je ne voyais vraiment pas ma différence. Je jouais, je n’utilisais que mon bras gauche. J’ai beaucoup compensé sur mon côté gauche toute ma vie. Mais c’est vrai que sur le bras droit, je n’utilisais pas. Et c’est vraiment quand je suis arrivée dans le monde professionnel que j’ai commencé à ressentir ma différence. Parce que faire des séances de musculation, tout ce qui était séance physique, même faire du gainage, c’était des choses compliquées en fait. Et je compensais beaucoup sur le côté gauche. Par exemple, sur le gainage, je m’appuyais sur le côté gauche plus que sur le côté droit. Et c’était toujours des petites choses comme ça. Mais après,
Simone Thierot : pour attraper une balle ou des choses comme ça, j’y arrive, mais c’est plus avec la main gauche. Je faisais vraiment tout avec la main gauche.
Ermanno : Tu disais justement, tu as vraiment senti une différence quand tu es rentrée dans le sport. Dans le monde professionnel, donc quand tu as commencé à jouer en club, surtout avec la musculation, les séances de musculation, au niveau du jeu, est-ce que ça devenait plus difficile, plus exigeant ? Ça demandait encore plus d’efforts ?
Simone Thierot : Non, au niveau du jeu, au niveau du jeu, peut-être en défense, ça demandait plus d’efforts, surtout quand je suis gauchère et que je joue à droite. Donc quand on faisait des passages de bras ou des incontraintes sur l’extérieur, là, oui, je ne peux pas trop mettre mon bras droit, c’était un peu compliqué, mais non, c’est vraiment sur les séances de physique, tout ce qui était physique, où c’est vraiment plus compliqué, où je dois vraiment utiliser les devoirs. Alors que quand je joue au hand, je tire de la main gauche, je fais tout du bras gauche et je sollicite plus mon côté gauche.
Ermanno : Et qu’est-ce que ça a généré tout ça, justement, pour toi, en tant que sportive professionnelle, si tu en es venue à écrire un livre, justement, sur la santé physique et mentale du sportif, j’imagine que ça a eu un certain impact ?
Simone Thierot : Oui, déjà, quand j’étais jeune, on ne me parlait jamais de mon bras. Quand je suis arrivée dans ce premier club où j’ai signé par la suite après deux soirées études, j’ai commencé à avoir beaucoup de questionnements sur mon bras. J’ai eu pas mal de moqueries, pas mal de réflexions tout le temps sur mon bras. Pas mal de réflexions, pas mal de moqueries. Donc, ça a joué sur la santé mentale. Et après, par la suite, j’avais cette sensation, j’avais vraiment peur de retourner dans un autre club et me dire que ça va continuer dans un autre club, ces moqueries, tout ça. Mais par la suite, quand je suis allée dans un autre club, par la suite, je suis allée dans le sud-est de la France et là, plus personne ne me parlait de mon bras, de mon bras droit, de ce que j’avais, sans personne me poser des questions. Je me suis dit, c’est bizarre, peut-être que ça se voit moins, ça ne se voit plus du tout. Donc, voilà. De là, on me posait toutes ces questions, plus de moqueries, plus de réflexions. Mais voilà. Mais par la suite, des mois après, des années après, j’ai appris que les moqueries continuaient. Mais c’était plus derrière les doigts, en fait. Donc, c’était encore autre chose.
Ermanno : Ça, ça a eu un impact pour toi, au niveau peut-être de ta santé mentale, aussi. Comment est-ce que tu évolues après, dans ta carrière professionnelle ? J’ai cru comprendre que sur la fin de ta carrière, tu avais joué en Allemagne, et c’est là que les choses avaient commencé à évoluer positivement pour toi ?
Simone Thierot : Positivement ? Non, pas plus que ça. Ma carrière, on va dire, ça avait toujours été plus ou moins pareil. J’ai toujours été pris en charge. À travers mes kinés, tout ça. J’ai toujours été bien pris en charge. C’est juste que dans mes clubs, à partir du moment où je suis passée professionnelle, donc après mes 18 ans, on m’a jamais vraiment posé la question. Qu’est-ce que j’avais sur le bras droit ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Tout simplement, mes entraîneurs, ils m’ont jamais posé la question. Mais quand je suis arrivée en Allemagne, c’est vrai que ça m’a changé. Une personne du staff vient me demander, je vois que tu as un problème sur le bras droit, Simone, qu’est-ce que tu as ? Tout simplement, on m’a posé la question. C’est vrai que quand j’étais en France, dans mes clubs pro, on m’a jamais posé la question. On s’est jamais assis avec moi pour savoir ce que j’avais, comment on pouvait arranger les choses pour les séances physiques, pour la musculation, jamais.
Ermanno : Oui, c’est en ça que pour moi, je pensais que ça commençait à prendre une tournure positive parce que le tabou, entre guillemets, tombait. Le staff est venu vers toi, t’a posé la question, vous en avez parlé, vous avez pu ajuster les choses. Peut-être que c’est aussi ça qui t’a aidé, non pas à prendre conscience, mais à t’ouvrir sur le fait que tu avais un handicap et comme tu disais, tu as toujours masqué ce mot, tu as toujours caché ce mot pendant toute ta carrière, sauf peut-être justement quand tu es arrivée en Allemagne, que le staff a commencé à s’intéresser à toi
Simone Thierot : et à ce problème. Oui, non mais après, à ce moment-là, je ne parlais pas non plus du mot handicap. J’expliquais ma situation parce qu’on me posait la question et aussi, après, de là, on a adapté les séances de musculation, s’il y a des choses que je ne pouvais pas faire, mais aussi, quand j’étais en Allemagne, je n’étais plus sur la fin de ma carrière, du coup, j’avais 24 ans, donc j’avais un CV, je venais de faire un championnat du monde, j’avais joué en D1 en France, donc peut-être aussi que c’était beaucoup plus simple pour moi d’en parler comme ça, alors que si je disais ça quand j’avais 18 ans, il fallait parler de club en club, c’est-à-dire, oui, Simone, elle est handicapée, vous ne l’apprenez pas, ceci, cela, je n’avais pas certifié ça comme exercice, enfin, voilà quoi.
Ermanno : Et tu disais aussi que dans ton livre, tu abordes le sujet notamment du salaire. Dans ce podcast, mon objectif, c’est de donner la parole aux sportives et sportives de haut niveau pour savoir justement comment est-ce qu’on finance sa carrière. Toi, en tant que joueuse, comment est-ce que tu finançais ta carrière ? Comment est-ce que tu vivais au quotidien ?
Simone Thierot : Savoir que le handball, c’est un sport professionnel, donc normalement, quand on a un contrat, voilà, on est payé, on est voilà, c’est professionnel. Après, ce n’est pas des sommes astronomiques. Moi, je sais que vu que j’ai toujours été étudiante en faisant du handball, j’avais ma bourse et vu qu’en plus, j’habitais loin de chez ma mère, de chez mes parents, donc j’avais un échange plus, donc ça m’aidait beaucoup. Mais voilà, enfin, quand on est pro, ça tourne aux alentours du SMIC, même parfois, ils te donnent un contrat en temps partiel. Donc, voilà, enfin, le handball féminin, ce n’est pas d’un salaire astronomique. Moi, j’ai toujours été étudiante, donc je n’ai jamais travaillé à côté, j’avais ma bourse, donc ça complétait un peu. Mais moi, j’ai des copines qui sont pros et qui faisaient des petits boulots à côté. J’ai une copine qui faisait du ménage. J’ai une autre copine qui faisait de la livraison pour un fast-food. Donc, voilà.
Ermanno : Et c’est bien justement ce que je dénonce d’une certaine manière dans le podcast, c’est qu’être sportif de haut niveau et parfois sportif professionnel, c’est vraiment vivre de et par sa passion, mais ce n’est pas ça qui te rend riche. Et il y a très peu d’élus, surtout en France.
Simone Thierot : Oui, oui, voilà. C’est ce que j’explique aussi dans mon livre. Les gens, ils parlent du sportif de haut niveau, ils pensent tous qu’on est riche, qu’on est des privilégiés, qu’on vit bien. Il y en a qui font l’amalgame avec les grands footballeurs. Il faut comprendre que le sport, c’est comme les comédiens. Il y en a un peu qui touchent très bien leur vie et il y en a beaucoup en dessous qui ne touchent pas forcément bien leur vie.
Ermanno : Malheureusement, malheureusement. Et heureusement qu’il y a des gens comme toi qui sont là aussi pour en parler, pour témoigner, pour qu’on se rende compte. Être sportif de haut niveau, ça ne veut pas dire rouler sur l’or et ça veut surtout dire beaucoup de travail, beaucoup d’abnégation pour vivre de sa passion. Où est-ce qu’on peut justement retrouver ton livre si on veut en savoir plus, si on veut te soutenir aussi, que ce soit avec des petits messages ou autre ?
Simone Thierot : Le livre « L’image du sportif parfait » se trouve exclusivement sur Amazon. Ensuite, vous pouvez commenter directement sur Amazon, me faire un avis ou sinon me joindre sur les réseaux sociaux. Sur LinkedIn, c’est simonthiero. Sur Instagram, c’est
Simone Thierot : sysy-thiero. Donc voilà, sur LinkedIn et sur Instagram.
Ermanno : On suivra avec plaisir.
Simone Thierot : Merci beaucoup.