Aujourd’hui, je vous partage le récit extraordinaire de Coline Grabinski, dont la vie a pris un tournant inattendu vers l’âge de 25 ans.
Issue d’une carrière prometteuse en équitation, un grave accident a complètement changé sa trajectoire de vie, la laissant face à un défi qu’on pourrait croire insurmontable.
L’équitation était tout pour Coline, depuis son plus jeune âge, elle dominait les concours complets, mêlant dressage, saut d’obstacle, et cross. Pourtant, un accident lors d’une leçon a conduit à une fracture de deux vertèbres, la laissant paraparésique. Mais Coline a refusé de se laisser définir par son handicap. Après une rééducation intense et une redécouverte de la natation, elle a embrassé un nouveau défi : le paratriathlon.
Coline n’est pas du genre à reculer devant l’adversité. Sportive dans l’âme, elle a trouvé dans le paratriathlon, un nouveau terrain de jeu pour exprimer sa résilience et sa force intérieure. Aujourd’hui, non seulement elle concourt au niveau international, mais elle est aussi 3 x championne de France.
Son histoire n’est pas seulement celle d’une athlète déterminée; c’est aussi celle d’une femme qui refuse de renoncer. Pour Coline, le sport n’est pas seulement un moyen de dépassement de soi. C’est un outil de rééducation physique et mentale, un moyen de tester les limites de son corps et de son esprit, défiant constamment ce que signifie être « invalide, « handicapé », « para ».
La vie de Coline nous montre que la ténacité, le travail acharné, et la passion peuvent transformer les rêves les plus fous en réalité. Ses remerciements émouvants à son réseau de soutien – son kiné, son coach, et plus encore – soulignent l’importance cruciale de l’entourage dans la quête vers la grandeur.
Son histoire rappelle que, quelle que soit la difficulté de la route, la persévérance et la passion mènent toujours à des victoires extraordinaires.
Dans cet épisode, vous pourrez découvrir (chapitres de l’épisode) :
1. (02:06.86) Introduction de l’invitée et précision sur son changement de discipline sportive.
2. (02:24.14) Colline partage son parcours personnel et sportif, de l’équitation au triathlon.
3. (05:41.02) Discussion sur les différentes catégories de paratriathlon et le handicap de Colline.
4. (10:08.78) Explication des adaptations et défis spécifiques lors de compétitions de triathlon pour Colline.
5. (16:13.18) L’importance des défis personnels et la difficulté de combiner carrière professionnelle et sportive.
6. (19:12.42) Les réalités financières de la carrière d’une paratriathlète.
7. (29:21.98) L’absence de soutien financier et stratégies d’adaptation.
8. (34:15.33) Discussion sur les motivations profondes et le soutien des proches.
9. (39:52.43) Conclusion et perspectives d’avenir pour Colline.
Pour suivre et soutenir notre invitée : https://www.instagram.com/coline_grabinski / https://www.linkedin.com/in/coline-grabinski-50646592 / https://www.strava.com/athletes/51130021
Grâce à Autoscript, on vous propose même de revivre l’échange que j’ai pu avoir avec Coline.
Ermanno : Salut les sportifs, c’est Ermanno et je suis très heureux de vous recevoir aujourd’hui pour un nouvel épisode du podcast Dans les Vestiaires. Aujourd’hui, on va échanger avec une nageuse qui n’a pas fait que de la natation. Je me suis laissé dire qu’elle avait commencé par plein d’autres sports. On va détailler tout ça avec elle. Aujourd’hui, elle nage et elle nage dans une catégorie un peu spéciale. Je suis très content de recevoir Coline Grabinski. Salut Coline !
Coline : Bonjour Ermanno ! Alors, petite précision, maintenant je suis triathlète en fait. J’étais nageuse et maintenant je suis triathlète.
Ermanno : Ouais, mais dans le triathlon, il y a la natation.
Coline : On est d’accord.
Ermanno : Bon, ça va, je ne me suis pas trop trompé, on va dire.
Coline : Non, mais par contre, je suis très fière d’être devenue triathlète. Alors, c’est pour ça que je me permets de t’embêter.
Ermanno : Bon, on va revenir là-dessus justement. Mais ce que je te propose avant tout, c’est de commencer par toi. Donc, je te laisse te présenter, dis-nous tout, qui est Coline Grabinski ?
Coline : Alors, Coline, c’est une fille qui aujourd’hui a 34 ans,
Coline : qui jusqu’à ses 25 ans a la vie de tout le monde. Elle a toujours aimé faire du sport. Le sport a toujours fait partie de mon équilibre de vie. Donc, j’ai touché à plein de choses pour me découvrir une vraie passion pour l’équitation que j’ai pratiquée pendant plus de 10 ans en compétition jusqu’au championnat de France où je fais une jolie 7e place avec beaucoup d’émotions. Donc, c’était un sport qui m’était vraiment cher et qui m’a fait beaucoup de plaisir. Qui m’est toujours cher d’ailleurs. Je pratiquais le concours complet. Donc, c’était trois disciplines, le dressage, le saut d’obstacle et le cross. Donc, voilà, depuis mes 12 ans, j’avais ce rythme de monter à cheval 5 fois par semaine et puis d’y être quasiment 7 jours sur 7 tout en menant mes études à côté. Et puis, j’ai fait des études d’ingénieur. Donc, il y a eu un petit moment où j’ai… J’ai un peu ralenti sur le volet sportif pour faire ces études qui demandaient quand même un fort investissement. Et une fois mon diplôme en poche et puis mon premier job d’ingénieur décroché, j’avais cette envie de reprendre la compétition parce que ça me manquait. Et au moment où je veux relancer les choses à cheval, donc je me remets à cheval tout juste dans un nouveau centre. Avec un nouveau cheval, tout est nouveau pour moi. Et puis, ce jour-là, c’était une leçon d’essai. Et en fait, j’ai eu un grave accident et j’ai fracturé deux vertèbres. Donc, aujourd’hui, je suis handicapée. Je suis ce qu’on appelle paraparésique. Donc, c’est une paraplégie incomplète. Une paraplégie, c’est des gens qui sont en fauteuil, dont les jambes ne bougent plus. Moi, le soir de mon accident, mes jambes ne bougent plus du tout. Mais à force de travailler dans le travail, j’ai eu un accident. Donc, j’ai cette épisode de vie qui fait complètement basculer ma vie à mes 25 ans. Et puis, comme tu le disais, un des premiers sports que j’ai repratiqué, donc après une longue rééducation et avoir dû tout réapprendre parce que j’ai réappris à marcher, à poser mes pieds, absolument tout. Je me suis remise à la natation. Et puis, au bout de quelques années, j’avais un petit peu cette lassitude des carreaux au fond de la piscine. Et j’avais des amis qui faisaient du triathlon et qui m’ont fortement encouragée, incitée. De base, j’ai dit non. Mais vu que j’aime les challenges et les défis, j’ai fini par dire oui. Et donc, du coup, c’est comme ça que j’en suis arrivée aujourd’hui à être paratriathlète et à faire des compétitions à l’international.
Ermanno : Alors, paratriathlète, ça veut dire quoi ? Je sais qu’il y a plusieurs catégories dans le handisport, dans le parasport. Parce que maintenant, en France, on ne parle plus de handisport, on parle de parasport. Donc, il y a plusieurs catégories. Tu peux nous dire dans quelles catégories tu évolues ?
Coline : Alors déjà, il y a trois grandes classes de handicap sur le paratriathlon. Il y a tous les gens qui sont malvoyants et qui pratiquent le paratriathlon avec un guide. Il y a les gens qui pratiquent en fauteuil.
Ermanno : On pense par exemple à Thibaut Rigaudot que j’avais eu au tout début de ce podcast en 2020.
Coline : Exactement, tout à fait. Donc, après, il y a les personnes qui pratiquent en fauteuil. Donc, il y a des catégories. Et après, il y a des catégories pour les gens pratiquant debout. Et dans les gens pratiquant debout, ça va de la PTS5, qui sont les personnes qu’on considère les moins impactées par leur handicap dans la pratique du triathlon, jusqu’à la PTS2, qui sont les plus fortement handicapées. Moi, quand j’ai commencé, on m’avait classifiée PTS4 parce que… J’ai un handicap qui n’est pas forcément de 1 facile à comprendre et de 2 qui n’est pas du tout visible. Et en fait, en pratiquant les compétitions à l’international, on m’a rebasculée dans la PTS3 en considérant que mon handicap m’impactait plus. Donc, aujourd’hui, je pratique en PTS3.
Ermanno : Alors, ça veut dire quoi PTS3 ? Et pour toi, parce qu’effectivement, on parle là d’un handicap quasiment invisible. Tu peux nous en dire plus sur ce handicap ?
Coline : Alors, oui. Ce handicap, il est… Alors, en fait, il est devenu invisible parce que ça faisait partie de mes objectifs. Quand j’étais en centre de rééducation, j’ai toujours voulu que ça se… Enfin, mon objectif, c’était… Je voulais que ça ne se voit pas. J’ai réussi. Mais après, j’ai découvert que c’était pas forcément toujours quelque chose de… Alors, c’est positif dans certains cas, mais pas toujours simple dans d’autres parce que ça nécessite d’expliquer, du coup, aujourd’hui. Le fait que ma moelle, donc, elle a été… Ma moelle a été comprimée, ça veut dire que tous les nerfs qui sont du bassin jusqu’au bas de mes pieds fonctionnent de façon moyenne, inégale. Ça fait que mes muscles, du coup, se développent de façon différente, avec des forces différentes, mais dans tous les cas, pas à leur maximum de leur potentiel. Et c’est différent droite et gauche. Donc, dans tout ça, ça crée des problèmes d’équilibre. Et grossièrement, en fait, rien n’est automatique chez moi. C’est-à-dire que si on était en train de parler dans la rue et de discuter en marchant, toi, tu vas te concentrer sur ce que t’es en train de me dire, globalement. Moi, je vais me concentrer à la fois sur ce que je suis en train de te raconter, mais aussi de la façon dont je suis en train de poser mes pieds parce que si je fais pas attention, ça ne fonctionnera pas. Donc, voilà, j’ai toujours une partie de mon cerveau qui s’occupe de, entre guillemets, faire fonctionner ce qui est de l’automatique, pour la plupart des gens.
Ermanno : Et toi, dans ta catégorie, en PTS3, il y a d’autres gens qui sont atteints du même handicap que toi ou ça va être d’autres handicaps qui seront peut-être plus visibles, mais tout aussi impactants ? Je veux dire, par exemple, un amputé, d’une jambe, donc quelqu’un qui va courir avec une lame. Avec quel type d’autres handisports tu concours ?
Coline : Alors, au début, ça a un petit peu évolué, ça, parce que quand j’ai commencé le paratriathlon, j’étais vraiment seule avec une pathologie qu’on appelle le neurologique. Et il y avait, donc, dans ma catégorie, la majorité des concurrentes, enfin, en tout cas au niveau français, enfin, voilà, la française principale qui était dans cette catégorie était une double amputée, donc avec deux prothèses en carbone. Petit à petit, là, on voit que sur le circuit arrivent des gens avec des pathologies neurologiques. Après, pour autant, en fait, ce qui est trompeur avec la mienne, c’est que… Elle est tout aussi invisible qu’impactante dans le sens que j’ai vraiment des séquelles, entre guillemets, très lourdes et que c’est pas quelque chose, forcément, qui est visible de prime à bord. Si je te donne un exemple, sur un vélo, mon maximum, c’est 170 watts. Je ne peux pas envoyer plus de 170 watts. Et en course à pied, en fait, je n’ai pas de force dans les pieds. Donc, je ne peux pas pousser sur mes pieds pour courir.
Ermanno : Et justement, la question d’après que j’allais te poser, c’est comment est-ce que ça se traduit dans le triathlon ? Est-ce que tu nages, par exemple, avec un pool boy ? Ou est-ce que tu peux bouger les jambes ? Est-ce qu’en vélo, tu ne peux pas aller au-delà de 170 watts ? OK, mais ça veut dire quoi ? Tu pédales avec tes deux jambes ? Tu peux te mettre en danseuse ? Tu peux te mettre sur le prolongateur ? Ça se traduit comment ? Et en course à pied, si tu ne peux pas appuyer sur tes pieds, ça veut dire que tu te contentes de poser tes pieds et après, tu travailles avec le reste des membres inférieurs ?
Coline : Alors, c’est vrai que pour l’histoire, moi, j’ai commencé le triathlon au milieu des valides, comme ça, sans prétention, avec des amis. Donc, j’étais vraiment dans ma réflexion à faire, entre guillemets, parce que dans ma vie de tous les jours, dans mon travail, dans mes sorties avec mes amis, etc., je suis toujours, entre guillemets, énormément avec des valides, donc j’ai un peu cette habitude de ne pas forcément adapter ma pratique. C’est ce qui a un peu changé quand je suis arrivée dans le monde du handisport. Globalement, pour la natation, tout triathlète a quand même cette économie du bas-pied, de façon assez logique. Donc, non, mes battements ne sont pas efficaces. Non, je nage pas avec un pool boy, parce qu’après, la combinaison permet quand même une bonne flottaison et que, venant du monde de la natation, j’ai une glisse qui est quand même pas trop mauvaise, voire bonne. Et donc, du coup, mes battements ne sont pas efficaces, mais en natation, ça ne change pas grand-chose. Ce qui va être vraiment impactant, c’est au moment de la transition, la T1, parce que la T1…
Ermanno : La première transition, pour ceux qui ne connaissent pas les termes de triathlète.
Coline : Voilà. Désolée. C’est pour passer de la natation au vélo. C’est qu’en fait, vous êtes obligés de vous remettre sur vos pieds et le commun des mortels va courir pieds nus et aller chercher son vélo. Sauf que moi, courir avec des chaussures, c’est déjà un challenge. Courir pieds nus, c’est infaisable, injouable. Je vais me blesser forcément. J’ai les pieds ultra fragiles. Enfin, voilà. Donc, en fait, en paratriathlon, on a des aides. Donc, il y a des personnes qui me soutiennent pour me remettre debout et pour m’accompagner jusqu’à une chaise pour éventuellement remettre des chaussures ou pour aller jusqu’à l’heure de transition. Enfin, voilà. Il y a ce passage-là qui est très difficile pour moi, en tout cas. Après, sur le vélo, ben… Fondamentalement, si tu me regardes pédaler, on ne voit rien. J’ai un vélo classique comme invalide. J’ai un prolongateur, mais en fait, je fais énormément plus de proprio. C’est-à-dire que je ne suis pas stable comme tout le monde sur un vélo. Le fait de tenir en équilibre sur un vélo, c’est déjà, entre guillemets, un effort. Et après, j’ai quand même une différence. C’est-à-dire que j’ai une jambe gauche qui est plus récupérée que la droite. Donc, je pédale plus fort avec la jambe gauche. Mais en visuel, pareil, invisible.
Coline : Et après, deuxième transition, donc passage du vélo à la course. À pied, même chose. Incapacité à courir pieds nus fait que… Déjà, mettre les pédales automatiques, le contrôle des pieds n’étant pas quelque chose de simple pour moi, je suis vraiment obligée de me poser, de souffler et de bien réfléchir pour réussir à remettre bien à désenclencher mes cales. Et après, je suis obligée de courir avec les chaussures de vélo parce que je suis incapable de courir à pieds nus. Et ensuite, sur la course à pied,
Coline : c’est là que ça devient entre guillemets très compliqué pour moi. C’est-à-dire qu’il faut gérer l’équilibre parce que c’est pas naturel. À chaque foulée, il faut faire attention parce que globalement, si je fais pas attention, je chute carrément. Et puis, vu que je n’ai pas de force dans les pieds, on travaille beaucoup à me faire monter les genoux, chercher à propulser, mais plus en montant les genoux et en travaillant aussi sur de l’appareillage avec des orthèses parce que, comme on en discutait, pour arriver à des vitesses de course à pied qu’on peut atteindre des personnes amputées, aujourd’hui, sans aide technique, c’est pas possible pour moi. Je vais faire un parallèle, mais on a vu Pistorius s’aligner sur le 100 m et réussir à ne pas être ridicule à côté de Valide. On n’a encore vu personne avec une pathologie neuro réussir à faire ce genre de choses. Donc, je suis un petit peu la seule à avoir la folie de penser que je peux encore essayer de courir comme quelqu’un avec deux prothèses. Mais j’aime bien les défis, alors pourquoi pas ?
Ermanno : Et alors, attends, si tu me permets cette innocence, mais pourquoi tu fais tout ça ? Pourquoi tu te fais autant de mal ?
Coline : C’est une bonne question.
Coline : J’aime me lancer des gros challenges. C’est quelque chose qui est en moi. Je le fais à la fois dans ma vie professionnelle comme dans le sport. J’aime être dans le dépassement de moi-même. Je fais partie des gens qui, quand ils sont un petit peu trop dans leur zone de confort, ont une fâcheuse tendance à s’ennuyer. Donc, je n’y reste pas longtemps.
Coline : Et voilà. Et c’est quelque chose que j’ai vraiment en moi, d’aimer me dépasser, et je n’aime pas le mot impossible. Et donc, du coup, à partir du moment où quelqu’un me dit que je n’y arriverai pas et que ça ne va pas marcher, j’ai souvent à cœur, de par mon esprit un peu têtu aussi, de vouloir prouver que si, j’ai la force de faire les choses. Parce que je crois aussi que le mental a une force incroyable et que on peut réaliser de très grandes choses quand on est convaincu de sa capacité à le faire.
Ermanno : Non, mais je comprends bien du coup le pourquoi. Pourquoi tu fais ça ? Parce que t’aimes te fixer des challenges, t’aimes te fixer des défis. Est-ce que c’est aussi la raison pour laquelle tu as toujours un travail alors que tu es sportive de haut niveau ? Ou est-ce que la raison, elle est aussi dans le financement de la carrière d’une sportive de haut niveau en paratriathlon ?
Coline : C’est une très bonne question. Alors, j’adore ce que je fais professionnellement. Vraiment, enfin, voilà, c’est un choix que je travaille pour l’environnement, dans la gestion de l’eau, de la biodiversité. J’aime beaucoup ce que je fais maintenant. C’est un travail avec de fortes responsabilités, des gros enjeux qui prend énormément de temps. Donc, oui, il y a eu un moment où j’aurais souhaité faire un peu ce switch, cette bascule parce que je me suis bien rendue compte pour être allée jusqu’à des choses un petit peu pas forcément très agréables, avec des gros symptômes de burn-out.
Coline : Et du coup, ce constat que de mener les deux, c’était très compliqué. Maintenant, en fait, je suis un petit peu dans un entre guillemets cercle vicieux, c’est-à-dire que pour avoir un statut de sportive de haut niveau, il faut un certain niveau de performance. Pour atteindre ce niveau de performance, il faut avec ma pathologie, il faut du temps. C’est ça qui est un petit peu compliqué. C’est qu’il faut du temps et en plus, la neurologie, c’est quelque chose qui n’est pas forcément prévisible.
Coline : Un neurologue vous dira qu’on connaît 10% du fonctionnement du système nerveux actuellement. Donc, on ne sait pas forcément prédire à quel moment je vais avoir forcément le temps qui va bien correspondre au niveau de performance attendue, etc.
Coline : Donc, aujourd’hui, je n’ai pas ce niveau de performance pour avoir le statut de sportive de haut niveau. En même temps, je m’aligne sur des compétitions internationales, donc il faut, entre guillemets, financer ces compétitions parce que c’est aussi important que pour progresser, en fait, je suis, entre guillemets, obligée. Il faut courir. Je suis compétitrice, entre guillemets, dans l’âme et on peut faire plein de belles choses à l’entraînement, mais rien ne remplace un starter, une ligne de départ, une natation avec des concurrentes autour et, enfin, voilà, on ne sort jamais les mêmes choses à l’entraînement. Enfin, en tout cas, quand on est compétiteur, il y a vraiment une différence, je trouve. Et aujourd’hui, vu que je finance tout sur mes fonds personnels, j’ai gardé mon travail à côté, mais c’est un challenge tous les jours parce que tout est calibré, minuté et, et c’est pas évident de tout faire rentrer.
Ermanno : Et alors, est-ce que tu peux nous partager un petit peu plus des dessous, justement, les vestiaires d’une carrière de paratriathlète ? Un budget pour une saison, pour toi, ça représente quoi ? J’imagine que ça varie beaucoup selon les compétitions sur lesquelles tu t’alignes. Si tu fais que des compétitions en France, ce sera peut-être moins cher que si tu pars à l’étranger, mais si tu veux percer et perfer, il va falloir partir à l’étranger. Donc, tu as une idée un peu du budget que ça représente
Coline : pour toi ? Alors, en fait, le truc, c’est que je pourrais faire des courses uniques, uniquement en France, mais ça serait des courses, entre guillemets, non, avec des valides et pas forcément adaptées à mon handicap. Donc, en faisant ça, je sais que je ne peux pas faire de performance, entre guillemets. C’est-à-dire que je peux finir ces courses-là, il n’y a pas de souci. Maintenant, ce que j’expliquais des difficultés sur les transitions, etc., elles sont démultipliées sur un triathlon classique. Donc, c’est pas là que je… Donc, si je veux être tentée d’être performante, il faut m’aligner sur des compétitions en e-sport. Donc, à partir de là, moi, je regarde le calendrier et je sélectionne ce qui est envisageable en termes de budget, parce que, voilà, ça reste… Je peux m’aligner sur des compétitions en Europe. Je ne peux pas m’éloigner plus que ça, parce que je ne suis pas en capacité financière de pousser plus loin. Et sur une compétition à l’international, c’est… Oui, c’est plusieurs milliers d’euros. Donc, il y a les compétitions, et puis après, il y a tout ce qui va à côté, entre guillemets, c’est-à-dire que je suis… Voilà, en termes de matériel,
Coline : ça paraît assez étonnant, mais aujourd’hui, je suis sur des compétitions internationales avec un vélo que j’ai acheté d’occasion il y a trois ans, que j’ai payé 600 euros. Et je ne suis pas en capacité de… En fait, c’est des choix, je les assume, mais aujourd’hui, je fais le choix de courir, plutôt que d’investir dans le matériel, parce que ma pathologie fait qu’en fait, aujourd’hui, si j’arrête de courir, je vais perdre… De un, je vais perdre mon niveau, et de deux, j’aurai énormément de mal à reprogresser. C’est vraiment un entretien, entre guillemets, constant. Et après, ça, c’est pareil, c’est des choix que j’ai faits, mais j’ai mon coach qui me suit, donc pareil, je finance moi-même, et c’était une des choses que j’ai su dès le départ, c’est que je me suis dit, je préfère miser sur les personnes qui m’encadrent, quitte à avoir du matériel un petit peu entre guillemets, moins bon que ma concurrence. Mais par contre, je crois en la qualité de l’accompagnement des personnes que vous avez autour de vous, et du coup, voilà. J’ai plus investi là-dessus.
Ermanno : Du coup, ta saison, elle est orientée par rapport au budget que tu as y consacré, puis aussi par rapport aux compétitions. Tu nous parles un petit peu de ton palmarès jusqu’à présent, même si tu nous as fait un beau disclaimer, même si tu nous as prévenu tout à l’heure, c’est très aléatoire par rapport à ta pathologie, qui elle-même est aléatoire, que tu sais pas programmer, mais ça représente quoi, le palmarès de Colin Grabinski en paratriathlon à ce jour ?
Coline : Alors, Colin Grabinski, elle est déjà trois fois championne de France. Je commence par là. Alors, c’est pas forcément… Après, je vais parler des médailles en étape Coupe du Monde, mais c’était, en tout cas, moi, le titre de championne de France, c’est quelque chose qui m’était… qui me tenait énormément à cœur, parce qu’en fait, c’est mon rêve de gamine. En équitation, j’ai passé dix ans à courir après un titre de championne de France. Et donc, du coup, quand ça m’est arrivé en paratriathlon, après tout ce qui s’était passé entre guillemets dans ma vie et de ce de quoi j’avais dû me relever, c’était un joli clin d’œil, un rêve de gamine qui se réalisait. Donc, je suis championne de France en 2019, en 2020 et 2021, de mémoire. Et puis, après, j’ai fait ma première compétition en 2019 à l’international sur l’étape Coupe du Monde d’Alandra, au Portugal. Je rapporte une médaille d’argent. Et puis, les saisons d’après, j’ai continué à faire des étapes Coupe du Monde. Si je prends l’année dernière, à Besançon, en France, je fais une médaille de bronze dont j’étais ultra contente parce que pour l’histoire, j’ai passé un hiver compliqué l’année dernière. J’ai fait une fracture de fatigue au tibia. Du coup, je n’ai pas pu du tout faire de course à pied et de foncier comme on a l’habitude de le faire en hiver en triathlon. Je suis arrivée sans la préparation optimale. Et ce jour-là, de réussir à ramener cette médaille de bronze, c’est une de mes grandes joies de la saison dernière.
Coline : Je fais une médaille d’argent sur l’étape du Coupe du Monde de la Corogne en Espagne. Derrière, on a une petite période pour refaire un peu de préparation, ce qui était bien parce que j’en manquais un petit peu. Et ça a permis à Alandra, au Portugal, d’aller aussi chercher une médaille d’or.
Coline : Et par contre, cette année, sur le championnat de France, je fais une médaille de bronze mais qui est logique au vu de la concurrence parce que je suis dans mon niveau de performance. Je suis en incapacité d’aller chercher les deux premières. Je dois être sans regret.
Ermanno : Et pour la suite, parce qu’on a une petite fête de campagne à Paris cet été, est-ce que tu es en lice ? Est-ce que tu rêverais d’y aller ? Est-ce que tu vas plutôt tabler sur 2028 ? T’en es où avec ça ?
Coline : Les Jeux à Paris, c’est quand même quelque chose d’exceptionnel. On n’a pas toujours l’occasion en tant qu’athlète d’avoir les Jeux Olympiques à domicile. C’est vraiment quelque chose de grand et qui fait rêver. Maintenant, comme je l’expliquais, ma pato, elle est comme elle est. Elle n’est pas prévisible. Aujourd’hui, si je prends mon niveau de performance actuel, il n’est pas suffisant. J’en suis consciente. Après, je ne cherche pas toujours à tout calculer. J’ai un peu appris à lâcher prise avec cette pathologie. C’est-à-dire que je donne mon maximum à l’entraînement. Je fournis tout ce que j’ai à donner. Je donne tout ce que j’ai à donner. Ça fonctionne. C’est génial. Ça ne fonctionne pas. Je n’aurais pas de regrets.
Coline : Aujourd’hui, je n’y suis pas. Demain, il reste encore un peu de temps. À voir.
Ermanno : De toute façon, les sélections ne sont pas finies. Ça se joue pas très loin des JO. La sélection définitive. Exactement.
Coline : J’ai toujours mes collègues, mes amis qui me posent la question en ce moment. Et ça les perturbe que ça soit si tard et que je ne puisse pas leur répondre. Parce que j’ai des grands fans. Du coup, pas de réponse.
Ermanno : Ça se passe comment la sélection pour les JO de Paris pour les paras en paratriathlon ? Combien vous avez de slots ? Est-ce que c’est des slots automatiques ? Est-ce que c’est des slots à la performance ? Est-ce que c’est des slots qui sont décidés ? Est-ce que c’est des slots nominativement par les instances du triathlon ? Comment ça se passe ?
Coline : Alors, ce que je peux en dire, c’est que par catégorie de handicap, comme on évoquait, il y a un nombre d’athlètes par nation de définis. Donc ça, il y a un nombre de places. Et après, il y a également, côté fédération, une grille de critères à remplir pour rentrer dans les personnes qui pourraient potentiellement être en place.
Coline : Pour grossir un peu, il y a des minimas à sortir, à atteindre.
Ermanno : Et c’est des minimas qui sont en termes de ranking, en termes de résultats ? J’imagine que selon le parcours, on ne peut pas parler de résultats en termes de temps. On n’est pas sur une piste d’athlétisme, mais c’est des minimas en termes de ranking mondiaux ?
Coline : Oui, il y a du ranking, mais c’est forcément aussi en lien avec les chronos. Même si on est d’accord, c’est pas toujours… Suivant les parcours, c’est pas toujours pareil.
Ermanno : Et si ça devait se produire, si tu devais être qualifié, sélectionné, d’un point de vue financier, puisque c’est l’essence même de ce podcast, c’est de savoir comment est-ce qu’on vit de et par sa passion, d’un point de vue financier, est-ce que ça engendrerait des coûts supplémentaires pour toi ? Est-ce que tu pourrais les assumer ? Ou est-ce que tu te retrouverais un peu comme quelqu’un qui est qualifié pour Hawaï mais qui n’a pas les moyens de se payer le billet ? On reste dans le triathlon.
Coline : Oui, alors, bêtement, l’avantage, c’est que c’est Paris.
Ermanno : C’est ça, c’est pour ça que je te posais la question. Si on parlait de Los Angeles, ce serait différent.
Coline : Exactement. Maintenant,
Coline : financièrement, ça serait jouable. Après, on pourrait quand même se poser la question, et je le dis en toute transparence, parce que je trouverais ça assez drôle d’aller au jeu à Paris avec un vélo acheté d’occasion qui n’a jamais été adapté à ma morphologie, à ma pathologie. Bon, on peut tout faire, il n’y a pas de soucis, mais en tout cas, j’ose espérer que si ça arrivait en termes de matériel, j’aurais un petit peu d’aide, parce que le triathlon reste quand même un sport sur lequel le matériel a son importance, et du coup, là-dessus, il y a aussi une petite marge sur mon niveau de performance.
Ermanno : Est-ce que d’ailleurs tu reçois des aides, je ne sais pas, de la MDPH, la Maison des Personnes Handicapées, est-ce que tu reçois des aides de la Fédération ? Est-ce que tu reçois des aides de la Fédération Française Paralympique ? Est-ce que, t’es aidée dans ta démarche, ou c’est vraiment, tu te débrouilles tout toute seule ?
Coline : Ah, c’est vraiment tout toute seule. Le pourquoi, c’est que, alors sur le volet sport, comme on l’évoquait, je ne remplis pas les critères pour être sportive. En fait, vu que je suis sur plusieurs tableaux, parfois ça m’est un petit peu défavorable, notamment sur le volet financier. C’est-à-dire que je ne suis pas sportive de haut niveau parce que je ne remplis pas les critères. À côté de ça, j’ai un travail, donc avec un gros niveau de responsabilité. Et donc, alors je reste fonctionnaire et fonction publique et ministère de l’écologie. Donc j’ai un salaire moyen, mais au-dessus des fourchettes pour toucher des aides sur le volet personne, entre guillemets, en situation de handicap. Donc en fait, sur les différentes grilles, je coche pas les bonnes cases. Malgré tout, moi j’aime voir le positif. Je réussis dans ma vie à survivre, assurer un job à responsabilité avec du management et en même temps m’entraîner avec des intensités à l’entraînement qui sont celles de sportif de haut niveau. Donc bon, c’est juste que sur le financier, il y a un truc qui ne matche pas.
Ermanno : Et est-ce que justement, par rapport à ton emploi du temps, par rapport à ta détermination aussi bien dans l’entraînement mais qu’à côté, tu mets aussi en place une recherche de partenaire, de sponsor, de mécène où, où vraiment tu te concentres et je te jette pas la pierre, c’est exactement ce que j’ai fait pour mon défi. Je me suis concentré sur la préparation, sur la logistique et pas du tout sur le côté financier que j’ai dû assumer moi-même. Donc est-ce que toi, tu recherches aussi des partenaires, des sponsors, des mécènes ou pour le coup, tu te concentres vraiment sur la partie sportive et sur l’accomplissement de tes objectifs sportifs ?
Coline : Alors ma réponse, elle va être un petit peu mitigée dans le sens que c’est un peu dépendant de certaines phases entre guillemets. C’est-à-dire que quand j’ai des phases un petit peu plus de calme, que ce soit professionnelle comme dans l’entraînement, je me lance dans le démarchage de sponsor avec plus ou moins de réussite. Au tout début de ma carrière, pourtant elle n’est pas très longue puisque j’ai commencé il y a 3-4 ans, j’arrivais un petit peu à trouver des partenaires. J’ai la sensation que c’est de plus en plus difficile.
Coline : Maintenant je le fais un petit peu dans le volume horaire qui reste disponible et c’est vrai qu’il ne reste pas forcément grand-chose. Mais en tout cas, les moments où je le fais, ce n’est pas toujours non plus évident. Sachant que derrière,
Coline : les partenariats, il faut savoir que c’est aussi de l’investissement. C’est-à-dire que c’est aussi s’investir en temps, pour donner de la visibilité aux partenaires sur les réseaux sociaux, pour faire de la communication, pour éventuellement participer à des événements, des choses comme ça. Ça fait partie intégrante de la carrière d’un sportif de haut niveau. Moi, le truc, c’est que j’essaye de le faire en plus, mais plus plus plus, à la fin, j’ai appris que je garde quand même mes horaires de sommeil, le temps, le temps de profiter de mes proches. Il y a des choses qu’il ne faut pas oublier non plus.
Ermanno : Et puis surtout que tu es dans un sport, pour le connaître, où doubler les entraînements, ce n’est pas rare. Et puis, c’est trois sports, le triathlon. Même si on ne s’entraîne pas comme un cycliste, on ne s’entraîne pas comme un nageur, on ne s’entraîne pas comme un coureur, on s’entraîne quand même un peu comme ces trois sportifs-là, et du coup, ça demande beaucoup d’abnégation et beaucoup de temps pour l’entraînement. Merci beaucoup, Colline, pour ces réponses. J’ai une dernière question pour toi. C’est la question un peu farfelue. Je demande à mon invité à chaque fois de se projeter dans ce moment où il ou elle est devenu sportif de haut niveau. Je te propose avec toi de se projeter juste après ton accident, parce que tu m’as dit en off que tu avais accepté tout ça, donc on peut en parler. Donc, si on pouvait se projeter à côté de la colline de 25 ans qui vient d’avoir l’accident, je te laisse quand même sortir de ton lit d’hôpital, je suis cool, et puis qu’on était à côté d’elle et qu’elle te voit, elle sait exactement ce qu’elle va réaliser dans les neuf années qui vont suivre. Qu’est-ce que tu crois qu’elle te dirait en te voyant ?
Coline : Eh bien, ça va paraître peut-être choquant pour la plupart des gens, mais je lui dirais, mais en fait, ta deuxième vie, elle commence maintenant. Le meilleur, il est devant. Ça paraît incroyable, mais tout ce que tu vas vivre après, ça va être encore mieux.
Coline : Et voilà. Enfin, tu vas vivre des moments très difficiles. Crois en toi parce que personne d’autre pourra faire ça à ta place. Crois en toi, ton potentiel, tes capacités. Bat-toi et entoure-toi de bonnes personnes. Fais confiance aux personnes qui sont à tes côtés et qui cherchent à… qui croient en toi encore plus que toi parce que je ne suis pas la personne qui a le plus de confiance en moi-même. Mais crois-les, si eux voient que ton potentiel, si eux pensent que tu as la force de réussir, crois-les, ne te pose pas trop de questions et tu verras, ça va être génial.
Ermanno : Ça, c’est ce que toi, tu lui dirais. Mais qu’est-ce que tu crois qu’elle, elle te dirait en te voyant ?
Coline : Ah, elle me dirait, mais… Elle, ce qu’elle me dirait, elle me dirait, mais Colline, c’est… Enfin, elle ne voudrait pas y croire, en fait. C’est juste… En fait, ce qu’il faut comprendre, c’est que c’est juste… Enfin, c’est juste incroyable. C’est juste pas possible, entre guillemets, de base. La question, au moment de mon accident, c’est est-ce que je peux remarcher ? Et les gens ne croyaient déjà pas que… Enfin, c’était… Mes médecins, quand je leur ai dit que je voulais remarcher, ils n’y croyaient pas. Donc, la Colline qui est dans son feuille d’œil et qui dit à tout… Enfin, qui voit une colline faire du triathlon, mais… Mais elle est la… Enfin, la reine du monde, en fait. Elle est la reine du monde et elle a des étoiles dans les yeux et elle n’en revient pas, en fait. Ça lui paraît dingue. Elle est super impressionnée, elle est super fière et… Et elle se dit que vraiment, tout est possible dans la vie. Et par contre, elle est aussi, parce que je tiens à le dire, elle est aussi d’une reconnaissance extrême parce que… Enfin, il faut quand même comprendre que tout ça… Le triathlon, c’est un sport individuel et on parle beaucoup de soi. Et là, enfin, on a passé énormément de temps à parler de moi, mais que ce soit mes kinés, mon entraîneur, il n’y a rien qui aurait été possible sans eux. Enfin, quand j’ai voulu recourir, mon kiné, enfin, c’était mon kiné d’avant, c’était un kinésport et il m’a accompagnée sur chacune de mes foulées quand je tombais, quand j’avais les genoux écorchés, quand il fallait recommencer pour la 20e fois, que je courais 5 minutes, puis 10, puis 20. Enfin, voilà, il faut quand même réaliser que j’ai pas réalisé ça toute seule, loin de là. Aujourd’hui, j’ai un coach qui est avec moi sur chacune de mes séances et qui fait preuve d’une adaptation folle pour comprendre au mieux ma pathologie et chercher à en tirer le meilleur. Donc, voilà, il y a aussi des gens qui aident à construire et qui m’ont aidé à avoir ce que j’ai toujours voulu, en fait.
Ermanno : Tu peux les citer si tu veux. Il ne faut pas se gêner, il faut leur rendre hommage.
Coline : Alors, c’est avec plaisir. C’est avec un très grand plaisir. Donc, Vincent Beaune, c’est mon kiné. Il m’a connu avant mon accident et en fait, quand j’ai eu mon accident, je me suis dit il faut que je retrouve un kiné, mais un kiné spécialiste de ma pathologie. Et en fait, il connaissait très bien ma pathologie, mais il était surtout kinéphore. Il m’a dit reviens et ça, ça a été un signe énorme pour moi. C’est-à-dire que je continuais d’être sportive et franchement, il a cru en moi et en ma capacité bien plus que moi. C’était très bien. Il m’a aidé à recourir. On a tout reconstruit ensemble. On a tout reconstruit ensemble. Le premier titre de championne de France, globalement, pour moi, c’est le sien, entre guillemets. C’est son travail. Et aujourd’hui, je travaille avec Jean-Marc Gossard, d’athlète de performance, qui est mon coach et qui bosse avec moi depuis trois ans sur la course à pied, sur la musculation. Et il a vraiment tout découvert parce qu’il ne faisait pas du tout d’handisport. Pour l’histoire, il vient, il vient du monde de l’ultra-trail, lui, pour ses courses et puis du monde du rugby, donc rien à voir. Et il a découvert mon handicap et il s’est énormément adapté. Et aujourd’hui, il me fait atteindre des vitesses en course à pied qu’on n’aurait jamais imaginé. Je veux dire, alors certes, c’est sur des 100 mètres, mais on dépasse les 12 km par heure. Pour ce que j’ai, c’est de la folie. Et c’est un amoureux des challenges de l’impossible, donc on s’est bien trouvés. Et aujourd’hui, on travaille avec aussi Ludovic Mulle, mon kiné sur Beauvais du Pôle Sport Santé. Et on fait un trio qui fonctionne vraiment très, très bien.
Coline : Et je ferai un petit clin d’œil à mon coach de natation, Quentin Pereira. Il faut savoir que j’ai eu une période un peu compliquée avec la natation parce que j’en venais, mais j’étais un peu fâchée. J’avais très mal aux épaules. C’était compliqué. Et il m’a donné vraiment un peu vraiment de nouveaux goûts à la glisse, à retrouver des sensations. Et ça a été une belle découverte aussi. Voilà.
Ermanno : Je pense que la boucle est bouclée. On a parlé de toi. On a parlé des autres. On a parlé de tes coachs et de tes kinés. Il ne nous reste plus qu’à clôturer là l’épisode du jour. Qu’est-ce que tu en penses ?
Coline : Écoute, c’était avec plaisir en tout cas. J’aime beaucoup partager ce que je fais parce que foncièrement, c’est une passion. Et j’aime énormément ce que je fais. Et j’aime beaucoup je crois que ça se voit à mon sourire quand je franchis les lignes ou quand je monte sur les podiums. Je ne rigole pas vraiment pendant mes courses. On ne va pas se mentir. Mais en tout cas, c’est quelque chose que j’adore et partager, c’est vraiment un beau cadeau que tu m’as fait que de pouvoir le faire sur ton podcast.
Ermanno : C’est un plaisir. Il est là aussi pour ça, le podcast. C’est pour partager. Si on veut justement te suivre et continuer à partager avec toi, ça se passe sur Insta, sur LinkedIn, sur les deux, sur un site, sur Strava. À chaque fois, j’oublie de demander le Strava des athlètes.
Coline : Alors, sur Insta, principalement, sur Facebook, LinkedIn, il va falloir vraiment que je l’actualise, mais ça vient incessamment sous peu. Strava, je vais te dire un truc très drôle. Alors, il faut savoir que moi, je fais partie des athlètes qui ne fonctionnent pas du tout aux chiffres. Donc, j’ai ma montre, mais clairement, j’ai un coach pour ça. Mais la plupart, 80% des triathlètes seraient scandalisés par la façon dont je fais et je n’utilise pas ma montre. Je travaille énormément aux sensations. Donc, mon Strava, vous pouvez aller le voir, mais personnellement, moi, je ne l’ouvre jamais. Bon,
Ermanno : je suis pareil. Je le mets pour partager avec les autres, mais je ne l’utilise pas et surtout maintenant, je suis beaucoup plus à la sensation que aux chiffres. Donc, je ne peux que te comprendre, Colline. Ah,
Coline : mais j’ai trouvé, alors j’en rends compte parfois à certains, mais il faut savoir que je ne regarde pas mon compteur sur mon vélo. Donc, oui, je fais partie de ces gens-là.
Ermanno : C’est les meilleurs, c’est les meilleurs. Team Sensation.
Ermanno : Super. Merci beaucoup, Colline. On te souhaite une bonne journée, une bonne continuation et puis, on espère te voir à Paris pour les Jeux Paralympiques.
Coline : Je promets de travailler le plus dur du monde pour ça, en tout cas. Super.
Ermanno : Ciao, ciao. Salut.