#067 Me Alban BENNACER – L’avocat des Sportives et Sportifs de Haut Niveau – s03e29

Saison III
Saison III
#067 Me Alban BENNACER - L'avocat des Sportives et Sportifs de Haut Niveau - s03e29
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⚖️ Dans un coin du monde où les arènes de boxe vibrent d’énergie, un jeune garçon se tient fasciné par la puissance et la détermination des combattants. 🥊 Ce garçon, Alban BENNACER, trace un chemin inattendu, entrelaçant le monde du sport et le domaine du droit avec une habileté remarquable.

👦 Dès sa tendre enfance, Alban se passionne pour la boxe, une discipline qui lui apprend le respect, la discipline et la persévérance. Ces valeurs, profondément ancrées, l’accompagnent dans toutes les étapes de sa vie.

📚 Transformant sa passion en vocation, il poursuit un parcours académique rigoureux qui le mène à devenir avocat spécialisé dans le droit du sport.

⚖️ Dans la salle d’audience comme sur le ring, Alban déploie stratégie et concentration. La boxe lui a offert une capacité unique : gérer la pression et rester concentré, des qualités essentielles tant pour remporter un combat que pour défendre une cause.

🛡️ Comme avocat, Alban se consacre à guider les athlètes à travers les méandres juridiques du monde sportif. De la négociation de contrats à la planification de la retraite, en passant par la résolution de conflits, il assure la protection de leurs droits et de leur avenir.

🌟 Chaque épisode de ‘Dans les vestiaires’ ouvre une fenêtre sur la vie complexe et fascinante des sportifs, révélant la réalité derrière les médailles et les trophées. Alban explore les subtilités de la préparation à l’après-carrière, l’équité de la rémunération et l’importance cruciale d’une bonne communication pour le succès des athlètes.

💬 Face aux défis, Alban souligne que le sport, comme la vie, regorge de conflits. Mais c’est dans ces moments que se trouvent les opportunités de croissance, de débat et de dépassement.

🔊 Dans un épisode mémorable, il recommande ‘The Boxer’, un film émouvant qui explore, à travers le prisme de la boxe, les thèmes du conflit et de la réconciliation, soulignant l’importance de se battre pour ce qui compte vraiment.

Avec Alban BENNACER, chaque combat est une leçon, chaque affaire juridique, une victoire à remporter. Son parcours est la preuve que la passion, alliée à la persévérance, peut transformer les rêves en réalité, et que parfois, les voies les plus inattendues conduisent aux succès les plus significatifs.

#️⃣ #podcast #sport #carrière #droitdusport #avocat #boxe #reconversion #communication #préparation

Dans cet épisode, vous pourrez découvrir (chapitres de l’épisode) :

  1. 01:45.76 : Accueil de l’invité
  2. 02:27.08 : Présentation d’Alban, avocat spécialisé dans le droit du sport
  3. 03:11.42 : Exploration du droit du sport et de ses implications
  4. 04:22.70 : Le rôle de conseil de l’avocat en droit du sport
  5. 05:40.34 : Discussion autour du dopage et des régulations dans le sport
  6. 15:18.80 : Analogie entre le sport et le métier d’avocat
  7. 17:17.94 : La communication et le marketing dans la carrière des sportifs
  8. 20:06.26 : La préparation à l’après-carrière sportive et l’importance de la diversification
  9. 38:44.82 : Le rôle de l’avocat dans l’accompagnement des sportifs pour la gestion contractuelle et la préparation de l’après-carrière
  10. 48:39.14 : Conclusion de l’épisode et appel à l’action sur le soutien des athlètes

Pour suivre et soutenir notre invité : https://www.linkedin.com/in/alban-bennacer-03b714254 / https://www.instagram.com/albanbennacer

Grâce à Autoscript, on vous propose même de revivre l’échange que j’ai pu avoir avec Me Alban BENNACER.

Ermanno : Dis papa, ils font quoi les sportifs quand ils sont pas sur le terrain ? Et bah croyez-moi, quand votre fils vous pose cette question, ça fait réfléchir. Surtout quand on sait que pas mal d’entre eux jonglent avec un ou plusieurs jobs pour pouvoir joindre les deux bouts. Et j’ai réalisé que beaucoup d’entre nous se posent la même question. C’est pour ça qu’il y a quelques années, j’ai décidé de lancer le podcast Dans les vestiaires pour plonger dans ces doubles vies. Parce que derrière chaque athlète, il y a une histoire et parfois un autre métier. A peu près au même moment, j’ai rejoint Eplayer, un cabinet de recrutement spécialisé dans les recherches critiques. Alors moi je suis recruteur tech et avec mon associé, on aide les entreprises à trouver les perles rares. Mais on accompagne aussi les entités qui veulent définir ou redéfinir une politique de recrutement. Et je peux vous dire que des sportifs de haut niveau croisés au gré de nos chasses de candidats, on en a vu un sacré paquet. Et oui, parce que encore une fois, vivre de son sport n’est pas si facile. Quand on n’est pas installé au plus haut des podiums depuis des années et encore comme une marque bien installée. Il faut y rester et se réinventer sans cesse. Du coup, à travers les histoires inspirantes de mes invités, je vous propose de découvrir comment on peut répondre à nos enfants qui se demandent encore ce que font toute la journée ces sportifs de haut niveau. Parce que oui, entre sport et entrepreneuriat, il y a beaucoup de points communs. Et avec les JO de Paris qui approchent, c’était le moment de redonner vie à ce podcast. Alors, restez à l’aise. Restez après l’épisode. Je vous donne tous les détails sur notre invité et je vous invite à aller voir la page sur le site vestiaire.org pour pouvoir le soutenir dans ses projets. Allez, c’est parti pour un nouvel épisode.

Ermanno : Salut les sportifs, c’est Ermanno et je suis très heureux de vous recevoir aujourd’hui pour un nouvel épisode du podcast dans les vestiaires. J’ai la chance, on a la chance avec mon invité d’être accueilli dans les locaux de Imagine For Margo, une association qui lutte contre le cancer des enfants que j’ai soutenu dans la collecte de fonds pendant mon défi cet été. Mais bon, on n’est pas là pour ça. On est là pour parler avec mon invité que je salue en utilisant le titre de maître. Bonjour, maître. Bonjour, monsieur. Salut, Ermanno. Merci de m’inviter. Alors, je n’ai pas dit ton nom. Alban BENNACER, c’est ça ? Exactement. Tu as tout bon. Alors voilà, je t’ai interpellé par ton titre, maître, ce qui veut dire que tu es avocat. Tu vas rentrer un peu plus dans les détails avec nous de cela. Ce que je te propose déjà, c’est de te présenter. Dis-nous tout. Qui est Alban BENNACER ?

Alban : Alban BENNACER est un avocat au barreau de Paris qui pratique essentiellement le droit du sport. Que te dire de plus ? J’ai 44 ans. Voilà. Célibataire, sans enfant. Je ne sais pas s’il faut le dire, ça.

Ermanno : Tu dis ce que tu veux. C’est ton podcast.

Alban : Je dis ce que je veux. Donc, avocat principalement en droit du sport. Et pourquoi en droit du sport ? Parce que j’ai toujours été un passionné de sport. J’ai pratiqué principalement la boxe. On va peut-être en parler tout à l’heure. La boxe anglaise, je précise. Et donc, tout naturellement, je me suis dirigé vers une clientèle d’acteurs du sport, comme j’aime à dire, au sens large. Et donc, je pratique aujourd’hui. J’ai toujours un pied sur le terrain en tant que président bénévole de club en tant qu’avocat. Donc, un pied sur le ring et un pied dans les prétoires. Exactement. Et il y a toujours une opposition. Donc, on peut trouver des parallèles qui sont intéressants par rapport à ça.

Ermanno : Alors, avocat du sport, ça veut dire quoi en fait ? Il y a des conflits dans le sport ?

Alban : Alors, il y a des conflits dans le sport, étonnamment. Tu vois, tout n’est pas un long fleuve tranquille. Mais ça veut dire surtout que mon activité dominante, elle va concerner le droit du sport qui est codifié, en tout cas en France, par le code du sport. Et puis, des acteurs du sport au sens large, avec des problématiques qu’ils peuvent rencontrer, droit du travail, droit fiscal. Donc, si tu veux, le droit du sport, comme j’aime à dire, c’est un droit un petit peu sectoriel. C’est-à-dire qu’il va concerner les sportifs, mais pas que. Et puis, on a d’autres matières juridiques qui vont venir irriguer le secteur sportif, qui sont le social, le fiscal, la propriété intellectuelle, etc. Donc, en réalité, le droit du sport, c’est juste appliquer des règles juridiques à un secteur d’activité qui est le secteur sportif. Et ça donne des avocats au droit du sport.

Ermanno : Oui, et puis, on parle de droit du sport comme on pourrait parler d’autres droits, mais le droit, le fait d’être avocat, ça ne veut pas forcément dire aller au conflit. Ça peut aussi, et tout simplement dire, être conseil d’acteur du sport. Je t’imagine, avocat en droit du sport, ça veut dire que tu peux aussi être compétent pour assister un sportif ou une sportive de haut niveau qui va avoir besoin d’un conseil pour rédiger un contrat de sponsoring, pour rédiger un contrat avec un mécène, ce genre de choses.

Alban : Exactement, tu as tout dit, en fait. L’activité d’avocat, elle est séparée. Alors, on ne va pas faire de pourcentage parce que chacun a son style, mais effectivement, tu as une activité de conseil. Oui. Et ou, d’ailleurs, une activité de contentieux. Et en réalité, la face émergée de l’iceberg, c’est la partie conseil. Donc, c’est comment on va prévenir le contentieux. On va éviter, justement, d’aller dans les prétoires pour se taper dessus comme on se taperait dessus sur un ring. Et on va essayer de faire en sorte que tout le monde en sorte par le haut. Donc, ça, c’est la partie conseil. Et tu as aussi toute la partie que tu as évoquée, c’est-à-dire la préparation de partenariats, des statuts de création de société, parce qu’on a des sportifs de haut niveau aujourd’hui qui sont, comment te dire, qui sont très aguerris et très affûtés, notamment sur l’après-carrière et qui préparent la suite par des créations de société, par des pactes d’associés, des rédactions de statuts, etc., etc. Donc, c’est des choses, moi, sur lesquelles je suis amené aussi à intervenir. Donc, en fait, c’est extrêmement vaste le métier d’avocat en droit du sport et ce n’est pas uniquement le contentieux. En plus, pour terminer là-dessus, avec des spécificités qui sont que le droit du sport, il est transnational, comme tu le sais. On a le tribunal arbitral du sport qui est à Lausanne et qui joue un rôle extrêmement important. Et donc, ça a créé des règles spécifiques. On a le CF, on a le SF aussi avec un préalable de conciliation. Donc, il y a des procédures qui sont extrêmement particulières. Et donc, voilà, ça fait une grosse activité pour l’avocat que je suis.

Ermanno : Moi, quand j’entends parler de droit du sport, j’imagine aussi toutes ces affaires liées au dopage. Est-ce que là, c’est droit du sport ? Est-ce que c’est du pénal ? Alors, évidemment, je t’embête, mais c’est pour apporter quelques précisions. Je te donne plein de perches. Est-ce que c’est du civil ? C’est quel type de droit quand on est confronté à des problèmes de dopage ?

Alban : Alors, c’est une autre spécificité, si tu veux, du droit du sport parce qu’en plus d’être un droit sectoriel, comme on vient de le dire, qui s’applique principalement au secteur du sport au sens large, c’est aussi un droit transnational avec ce qu’on appelle la Lex Sportiva, qui est une espèce d’ordre juridique sportif qui dépasse les nations. Ça, c’est dû au caractère international du sport avec des compétitions telles que les Jeux Olympiques, entre autres.

Ermanno : Je ne vois pas de quoi tu parles. On est en 2024 à Paris, je ne vois pas de quoi tu parles.

Alban : Il y a une petite ville dans cette bonne vieille Gaule, tu vois, au centre, un petit peu, et qui s’apprête à recevoir un événement de dimension internationale, apparemment. Je ne sais pas si on est prêt, ça c’est un autre débat, mais en tout cas, il devrait se produire cet été. Et donc, la dimension internationale des compétitions fait que les règles, non seulement les règles du jeu, les règles techniques, mais aussi les règles juridiques, s’appliquent de manière transnationale et transfrontalière et c’est la raison pour laquelle, d’une part, la justice privée avec l’arbitrage du tribunal arbitral du sport a une grosse importance, et puis le principe d’universalité, de neutralité du sport, fait que, voilà, tout ça est situé en Suisse, ça concentre tout le contentieux sportif, ou en tout cas, une très grosse partie du contentieux. Et donc, pour répondre à ta question sur le dopage, en fait, le dopage répond exactement au même mécanisme, c’est-à-dire que tu as l’agence mondiale antidopage qui décline un certain nombre de règles qui ont vocation à s’appliquer, là encore, de manière transnationale, et ensuite, les agences nationales déclinent leurs propres règles et ça fait que ce sera retranscrit en droit national. Donc, la réponse à ta question, c’est des règles civiles avant tout, il n’y a pas, à proprement, parlé de règles pénales sauf malversation, mais voilà, c’est surtout du droit civil qui va s’appliquer dans ce type de situation.

Ermanno : Mais alors, du coup, quand on voit, pour reprendre toujours cette histoire du dopage et notamment le cyclisme, pour ne citer que lui, pendant le Tour de France, la police qui débarque dans les hôtels ou dans les camping-cars de certaines équipes, là, on est sur du pénal, on est sur du civil, on est sur un melting pot de tous les droits, ou c’est juste parce qu’il y a suspicion de malversation justement liée au dopage ?

Alban : On a, j’ai envie de te dire, un peu les trois dimensions qui vont se mêler, c’est-à-dire que tu vas avoir les règles sportives, donc la réglementation technique de tel ou tel organisateur ou telle ou telle fédération internationale, par exemple pour le cyclisme, donc ça, c’est un premier point, le règlement de la fédération qui a vocation à s’appliquer, ensuite, tu vas avoir les règlements anti-dopage, donc là, on est toujours sur du civil qui, eux, ont vocation à s’appliquer aussi, et puis ensuite, ce que tu décris, c’est le contrôle, c’est-à-dire, on imagine bien que la plupart des athlètes, quand ils se savent en faute, ils n’ont pas envie d’être contrôlés, donc il va falloir les contraindre d’une manière ou d’une autre, et ça, ça se fait de deux manières, ça se fait soit parce que tu as des contrôles inopinés avec des agents qui arrivent, par exemple, à l’INSEP, c’est des choses pour que tes auditeurs puissent s’imaginer, c’est, on imagine l’INSEP, un entraînement en cours avec des sportifs de haut niveau qui sont en train de s’entraîner, mettons, dans une salle de boxe, par exemple, au hasard, et tu as des gens qui arrivent avec une valise, avec tout l’équipement nécessaire au contrôle, mais c’est vraiment inopiné, ils passent la porte, ils rentrent, et puis tout le monde va faire pipi, et on fait le contrôle comme ça, de manière inopinée. Et puis, alors, la deuxième option, c’est, ben, quand on n’arrive pas par ces moyens-là qui sont encore des moyens un peu doux, un peu gentils, on peut avoir l’intervention des forces de police, des forces de l’ordre, etc., etc. Après, la partie pénale, elle va arriver potentiellement dans un deuxième temps sur l’administration de produits dangereux, c’est-à-dire, non seulement c’est des produits dopants, mais en plus, ça pourrait être des produits nocifs, dangereux pour l’organisme, et là, on aura une autre dimension pénale qui pourrait s’ouvrir, mais ça ne va pas arriver dans un premier temps. Dans un premier temps, c’est la règle du jeu, la règle technique et la réglementation antidopage.

Ermanno : Bon, écoute, je pense qu’on a fait un bon tour là-dessus, un sujet qui, moi, me passionne, pas en tant que tricheur, mais justement, déjà, comprendre quel pourrait être le mécanisme de certaines personnes qui se laissent tenter par le dopage, que ce soit le mécanisme technique, mais aussi le mécanisme psychologique. Pourquoi est-ce que je vais prendre un cachet ou m’injecter quelque chose, mais aussi sur tout ce qui peut tourner autour, mais ce n’est pas le sujet aujourd’hui. Aujourd’hui, on est là pour parler de toi, de ton métier, de ce que tu fais pour et dans le sport. Revenons un petit peu à toi au début. Tu nous dis que tu es sportif, que tu as pratiqué un sport de combat, puisque la boxe est un sport de combat. Est-ce que tu te souviens de ton premier contact avec le sport ?

Alban : Alors moi, pour te dire rapidement, je viens d’une famille où on a toujours eu le goût du sport, et l’amour du sport. J’ai un papa qui a joué au handball, pas à haut niveau, mais il était aux portes du haut niveau. J’avais mon oncle qui était lui dans le haut niveau, dans le handball. Donc voilà, on est trois enfants, on a toujours baigné là-dedans. Donc mon premier souvenir, non, je sais que mon papa nous a toujours poussés vers les valeurs du sport. Donc je n’ai pas forcément le souvenir du tout premier contact.

Alban : Si, quoi que, j’avais commencé moi justement par le handball, tu vois. Les chiens ne font pas des chats, comme on dit. Et en fait, je n’avais pas du tout accroché, donc j’avais passé la visite médicale et c’était le club qui organisait les visites à l’époque. Tu vois, tu n’avais pas besoin d’aller chez le médecin faire ta visite, etc. Et mon premier souvenir, c’est ça. Je devais avoir, je ne sais pas, entre 6 et 10 ans, je ne sais plus exactement. Et la visite médicale pour avoir le certificat pour faire du handball. C’est ça, mon premier souvenir. Et puis ensuite, le handball, ça n’a pas fonctionné. On faisait de la chasse sous-marine en famille aussi. À Paris ? En Corse. On évitait d’aller se baigner dans la Seine, même si apparemment pour les Jeux, tu vois, on y revient. C’est ça. Il semblerait que la Seine soit praticable. Donc écoute, bonne chance. Mais voilà, on a fait de la chasse sous-marine aussi, l’apnée, donc je m’entraînais aussi à l’apnée. Je me suis entraîné à l’apnée. J’ai fait principalement ensuite de la boxe, boxe anglaise. Donc pour tes auditeurs, ceux qui ne connaîtraient pas, la boxe anglaise, on attaque avec les poings. On utilise les jambes uniquement pour se déplacer. Contrairement à d’autres disciplines comme le kickboxing, la boxe thaï, la savate, où là, on va utiliser les jambes également pour attaquer. Et donc voilà, j’ai pratiqué pendant des années. J’ai passé ensuite mes diplômes fédéraux, puis mes diplômes d’État, BPGEPS, DEGEPS en tant qu’entraîneur. Et donc, j’ai toujours aujourd’hui une carte d’éducateur sportif en tant qu’entraîneur. Et puis, j’ai pratiqué aussi sur des publics dits éloignés de la pratique sportive. Donc, le public en situation de handicap et le public en situation de handicap. J’ai fait un public carcéral avec le SPIP, le service pénitentiaire d’insertion et de probation. J’ai fait boxer des détenus. J’ai participé à la réinsertion de détenus par l’intermédiaire de la boxe. Je suis toujours président de club, président bénévole, donc dirigeant. Et puis, j’ai été formateur pour la Fédération française de boxe, secrétaire général de comité régional et président de comité départemental. Donc, j’ai vu les instances et les coulisses des organes déconcentrés d’une fédération olympique telle que la fédération de boxe. J’ai mon avis sur le sujet, mais peut-être qu’on pourra en parler par la suite.

Ermanno : Donc, tu n’as pas vu que dans les vestiaires de la boxe.

Alban : Tu as vu bien au-delà. Les coulisses aussi. Exactement. J’ai vu à peu près tous les compartiments de, il s’est trouvé que pour moi c’était la boxe, mais d’un sport olympique avec l’organisation que tu peux retrouver dans toutes les disciplines, le monde associatif, les bénévoles, la pénurie de bénévoles, les pratiques en loisirs, les pratiques en compétiteurs, les pratiques éloignées que je viens de citer, l’handicap, etc. comment tout ça s’organise ? C’est-à-dire, comment ça marche une fédé ? Par qui c’est dirigé ? Quels sont les contrôles ou pas d’ailleurs que peut exercer l’État sur ce secteur d’activité ? Donc oui, j’ai vu au-delà des vestiaires.

Ermanno : Est-ce qu’à un moment, tu t’es posé la question dans ta pratique avant d’intégrer toutes ces différentes instances du haut niveau ? Est-ce que c’est quelque chose qui te titillait ou tu as toujours souhaité rester un pratiquant amateur ? Et si je ne m’abuse d’ailleurs, c’est la pratique amateur de la boxe.

Alban : La boxe qui est au JO, ce n’est pas un sport professionnel. Exactement, tu as tout à fait raison. C’est la boxe amateur qu’on appelle aussi d’ailleurs la boxe olympique, la boxe dite olympique. Et alors, avant de répondre à ta question me concernant, on a coutume de dire, je fais une petite digression là-dessus, qu’en fait, c’est deux sports différents presque, la boxe amateur et la boxe professionnelle parce que le format n’est pas le même. Tu vois, tu es sur trois reprises en boxe amateur là où en boxe professionnel tu peux aller jusqu’à 12. Donc déjà, le temps du combat n’est pas le même et donc les qualités physiques qui sont mises à contribution ne sont pas les mêmes. Donc c’est presque deux sports différents et le grand public connaît bien la boxe professionnelle parce que c’est spectaculaire, parce que c’est celle qui est la plus diffusée.

Ermanno : Parce que Rocky, parce que toutes ces stars.

Alban : Exactement, tous les excellents films, Million Dollar Baby, Rocky, etc. Et des films de boxe, il y en a plein. Moi, je conseille à tes auditeurs The Boxer avec Daniel Day-Lewis sur un fond de conflit en Irlande du Nord qui est un très bon film de boxe. Et ces deux sports différents et le grand public connaît plus la boxe professionnelle que la boxe olympique. Donc ça, c’est un premier point. Moi, le haut niveau, non, c’est jamais quelque chose que j’ai eu en ligne de mire pour plein de raisons. D’abord, j’ai commencé la boxe trop tardivement pour pouvoir prétendre au haut niveau puisque le pic de performance en boxe, pour les hommes, il est aux environs de 24 ans. Tu vois ? Donc 24, 25 ans. Donc ça veut dire qu’il faut commencer au berceau et moi, je n’étais pas encore dans la boxe à ce moment-là. Donc non, c’est quelque chose qui ne m’a jamais titillé. En revanche, c’est quelque chose que je connais, c’est un sujet que je connais avec des boxeurs que je peux côtoyer et notamment qui ont participé, qui ont fait partie des équipes de France et des entraîneurs aussi des équipes de France que j’ai eu le plaisir de connaître et qui m’ont formé d’ailleurs moi en tant qu’entraîneur aussi.

Ermanno : Beau parcours quand même. Et tout ça, à côté des études de droit, le droit, un peu comme d’autres disciplines, c’est quand même un sport de haut niveau, non ?

Alban : Alors oui, c’est un sport de haut niveau parce qu’il y a des exigences et des qualités

Alban : pour devenir avocat. C’est quasiment 7 ans d’études. Donc, il faut une certaine discipline, il faut une certaine rigueur, c’est exigeant. La rigueur juridique aussi, c’est une école, d’ailleurs, une école de vie, ça ferait des grands mots mais voilà, il faut être en tout cas quelqu’un de sérieux et d’assidu. Et puis, ce que je disais tout à l’heure, tu retrouves des analogies entre le combat, l’opposition pugilistique et le débat d’idées que tu peux avoir sur le terrain judiciaire. Le pugilistique,

Ermanno : quel beau mot de pugila, n’est-ce pas ?

Alban : Petite anecdote, encore une fois. C’est l’ancêtre de la boxe à l’époque de la Grèce où, dans les premiers Jeux Olympiques, tu avais des combattants qui portaient ce qu’on appelait des cestes qui étaient des lanières de cuir qui s’enroulaient autour des mains pour combattre. Il n’y avait pas de gants à l’époque et c’est un peu l’ancêtre des bandages que tu retrouves aujourd’hui sous les gants que les combattants enfilent pour protéger les métacarpés. La première phalange lorsqu’ils combattent. Donc voilà.

Ermanno : Ce n’est pas pour protéger la tête de l’adversaire, c’est juste pour se protéger

Alban : soi, c’est ça ? C’est principalement pour protéger la main parce que c’est l’outil de travail du boxeur et après, on pourrait rentrer sur, mais je pense que ce n’est pas l’objet, mais sur les tailles de gants, le rembourrage et la protection aussi de l’adversaire et l’intégrité physique du boxeur avec les commotions cérébrales, la gestion du chaos qui sont des sujets passionnants.

Alban : Mais pour poursuivre le parallèle avec le monde judiciaire, le débat judiciaire, d’abord, tu as énormément d’avocats qui pratiquent la boxe, en tout cas, de plus en plus et tu as beaucoup de ce qu’on appelle les cols blancs, notamment des hommes politiques qui, eux aussi, pratiquent la boxe parce qu’ils y trouvent un exutoire et puis aussi peut-être des valeurs, tu vois, on appelle ça le noble art, donc un sport de gentleman, en tout cas, c’est ce qu’on aime à dire. Est-ce que ça se vérifie ? Je ne sais pas.

Ermanno : Le sport de gentleman, oui. Le fait que ce soit pratiqué par des gentlemen, je ne sais pas, je ne sais pas. On ne rentrera pas

Alban : dans ce débat. Non, mais en tout cas, force est de constater qu’il y a un public qui est extrêmement large et il y a une sociologie de la boxe qui est passionnante et du coup, le domaine judiciaire et le domaine de la boxe se rejoignent, en tout cas, au moins par l’opposition et la tenacité que ça peut réclamer.

Ermanno : Oui, et puis tout à l’heure, on revenait justement sur ce métier d’avocat, sur cette vocation d’avocat où tu disais que la partie émergée de l’iceberg, c’est effectivement le conseil et la confrontation, c’est ce qui est moins visible. Par contre, en termes de répartition,

Ermanno : d’autres vont préférer aller plaider, d’autres qui vont préférer être derrière les bureaux ou à faire du conseil, mais pour faire un parallèle avec l’entraînement, c’est pareil, c’est-à-dire que l’objectif d’un sportif et même d’un boxeur, ça va finalement être de monter sur le ring pour combattre, que ce soit une compétition officielle ou non, mais avant tout ça, il y a toute une partie de préparation, qu’elle soit physique, mentale ou autre, comme ton métier d’avocat. Tu ne montes pas, non pas sur le ring, mais tu ne vas pas au prétoire, les mains dans les poches sans avoir rien préparé, il y a déjà énormément de travail en amont.

Alban : Oui, complètement, tu as tout à fait raison et en fait, la préparation mentale que tu viens d’évoquer, c’est un domaine aujourd’hui dans le sport amateur, je ne parlerai pas du haut niveau, mais en tout cas dans le sport amateur qui est assez méconnu et qui dans mon métier est très importante parce qu’effectivement, quand tu te prépares à une plaidoirie, tu as une forme de projection mentale comme ça qui se fait, tu as une gestion de la respiration aussi, une gestion du souffle qui est extrêmement importante pour gérer ton débit de parole, etc., etc., la gestion des silences, savoir créer et puis la posture physique aussi. C’est-à-dire que moi, quand je plaide, j’aime bien être le plus relâché possible, tu vois, ne pas être trop tendu et c’est quelque chose que tu retrouves en boxe et pour le coup, on dit toujours en boxe, le relâchement musculaire est extrêmement important parce que c’est ce qui va te donner une vitesse de réaction, une vitesse d’exécution. En fait, si tu es tout le temps gainé, contracté, ce n’est pas bon.

Ermanno : J’imagine que même pour encaisser les coups, en fait, il vaut mieux être détendu sur la réserve, mais détendu plus que complètement coincé.

Alban : Il y a deux phases, c’est-à-dire que quand tu es en phase de préparation d’attaque et d’attaque, il vaut mieux être relâché. Quand tu es en phase de défense, surtout quand tu encaisses et que tu fais ce qu’on appelle des blocages, des parades bloquées, il vaut mieux avoir un bon gainage, une bonne ceinture abdominale parce qu’il faut rester solide quand les coups sont portés et il faut les encaisser. Donc, si tu es trop relâché, ça devient contre-productif. En revanche, ce qu’il faut, c’est accompagner le coup, c’est-à-dire que non seulement tu le reçois, tu le bloques, mais il ne faut pas le bloquer comme si tu étais un mur. Il faut réussir à le prendre, comme on dit, prendre le coup pour pouvoir ensuite avoir une réaction et pouvoir préparer, si tu es en état, préparer une contre-attaque derrière. Donc, tu as tout à fait raison, il y a des analogies en termes de préparation physique, en termes de préparation mentale, à la fois dans la boxe, le sport en général et puis le métier d’avocat également.

Ermanno : Et dans le métier d’avocat, il y a aussi ce jeu d’être préparé à prendre des coups, les prendre, les recevoir et les renvoyer.

Alban : Exactement, mais c’est un vrai débat. Alors, en plus, si tu veux, c’est très intéressant parce qu’il n’est pas sur un ring, c’est des phases qui s’alternent de manière permanente, c’est-à-dire préparation d’attaque, attaque, défense, contre-attaque et tout ça, ça s’alterne, tu vois, de manière instantanée. Dans un prétoire, ce n’est pas la même chose puisqu’en fait, la parole est très codifiée. La demande à la parole en premier et puis il va dérouler son argumentaire pendant 10, 15, 20, 30 minutes même quand la juridiction est prête à écouter quelqu’un parler pendant 30 minutes et puis ensuite, la défense à la parole et va dérouler à son tour son argumentation qui va durer autant de temps. Donc en fait, on ne s’interrompt pas et certains aiment le faire, moi, ce n’est pas mon style, je pense que de manière générale, aujourd’hui, dans le débat, politique, médiatique ou autre, on a trop de gens qui font du bruit, qui se coupent la parole, tu vois, qui hurlent et c’est très désagréable, ça rend les choses inaudibles et ça ne donne pas plus de force au discours.

Ermanno : Objection, mais je te laisse continuer.

Alban : Je sais que ça, on ne le fait pas en France, objection, ça n’existe pas. Mais du coup, voilà, je pense que l’opposition qu’on a sur le terrain judiciaire, elle est beaucoup plus, même si elle est musclée, elle est beaucoup plus codifiée et moins dans l’instantanéité que ce qu’on peut trouver dans les sports de combat et dans d’autres sports.

Ermanno : Malgré tout, l’un nourrit l’autre et l’autre nourrit l’un aussi. Qu’est-ce que toi, en tant que pratiquant, tu y trouves justement comme parallèle, hormis ce qu’on vient d’évoquer, mais qu’est-ce que tu trouves qui va nourrir ton métier d’avocat, ta pratique, quand tu vas au prétoire, quand tu vas plaider dans la boxe et inversement, qu’est-ce que ce métier d’avocat apporte dans ta pratique de boxeur ?

Alban : Alors, moi, ce que la boxe m’a apporté, c’est le goût du dépassement de soi et puis surtout, une maîtrise de moi-même. Et ça, dans mon métier, j’en ai besoin au quotidien. C’est-à-dire maîtriser les émotions, savoir se maîtriser, c’est extrêmement important parce qu’on fait un métier qui est stressant. Et du coup, si tu ne maîtrises pas tes émotions, ça devient très vite compliqué. Et puis, le deuxième parallèle qu’on peut faire, c’est qu’on a un principe essentiel de la profession d’avocat qui est le principe d’humanité. Ça fait partie de nos cinq principes essentiels de la profession. Et la boxe, je trouve, est un vecteur d’humanité. C’est-à-dire que… Enfin, la boxe et le sport en général, c’est-à-dire que quand tu es dans une pratique sportive, on est tous réunis et puis tu vois, il n’y a plus de catégories sociales. En tout cas, elles sont moins visibles peut-être que dans d’autres circonstances. Il n’y a plus de distinction de religion ou autre. De couleur, d’origine, de race, de tout ce qu’on veut. Exactement. Et cette universalité du sport, c’est ce qui rend les choses belles et c’est ce qui nous réunit en humanité. En tout cas, moi, c’est ce que je pense et donc, ça tombe très bien parce que l’un des principes de la profession, c’est le principe d’humanité.

Ermanno : Donc toi, tu commences à pratiquer la boxe en parallèle de tes études et puis, comme ton objectif de haut niveau, c’était dans les études et dans la profession d’avocat et non pas dans le sport, qu’est-ce qui t’amène justement à aller vers d’autres choses dans le sport, que ce soit intégrer des instances, que ce soit proposer le sport dans d’autres circonstances comme par exemple aux personnes qui sont éloignées de la pratique. Qu’est-ce qui fait que tu vas dans cette orientation-là plutôt que d’aller sur la, entre guillemets, simple pratique ?

Alban : D’abord, parce que mon club avait décelé chez moi des qualités pédagogiques et ils estimaient que je pourrais être un bon entraîneur. Ça, c’est une première chose. Ensuite, mon tempérament. Je te parlais d’humanité. Je suis plutôt quelqu’un de sociable, qui va vers les autres, qui aime échanger et puis surtout d’altruiste. J’aime bien aider les gens. Encore une fois, je ne suis pas l’abbé Pierre mais à mon petit niveau et à ma manière et sans prétention.

Ermanno : Tu n’es pas l’abbé Pierre, tu es l’abbé Nasser, c’est ça ?

Alban : Oh, pas mal, pas mal. Et donc,

Alban : ces qualités-là, je pense, qui ont fait que naturellement, quand la pratique ne me passionnait plus, je me suis tourné plus vers l’entraînement. Donc ça, c’était intéressant. J’ai, j’aimais encadrer, j’aimais transmettre aussi ma compétence et mon savoir. Et puis, ensuite, si tu veux, tu te prends au jeu. C’est-à-dire que les choses se font sans que tu réfléchisses vraiment. Tu vois, c’est des opportunités qui se présentent à toi mais ce n’est pas des choix volontaires que tu fais. Et donc, de fil en aiguille, j’étais entraîneur, j’ai entraîné. Puis l’idée m’est venue de créer mon propre club. Donc, je suis devenu président de club. J’ai créé une association et puis une deuxième et puis une troisième et puis j’ai rencontré des élus dans des municipalités qui ont vu comment je travaillais et qui m’ont fait confiance, qui m’ont ouvert d’autres portes, etc. Et puis, la fédération elle-même, la fédération de boxe, à un moment, m’a proposé d’être formateur considérant, là encore, que j’avais des qualités pédagogiques. Et puis, de formateur, j’ai été invité à intégrer des instances, etc. Donc, c’est le hasard, en fait, des rencontres pour répondre à ta question. Moi, je n’avais jamais pensé un jour être dans les coulisses et sortir des vestiaires pour reprendre la comparaison que tu faisais tout à l’heure. Pour moi, j’étais content de venir transpirer, pratiquer mon sport, j’y prenais du plaisir, je rencontrais des gens, il y avait une bonne ambiance, la camaraderie. Mais jamais, je n’aurais pensé intégrer les instances et ça s’est fait un peu entre guillemets par hasard de la vie.

Ermanno : Et est-ce que, là aussi, tu fais des parallèles entre ces instances que tu as intégrées et les rôles que tu y as joués, ton métier d’avocat et le sport que tu pratiques ?

Alban : Je pense que, si tu veux, on perd aujourd’hui de plus en plus et je le regrette, le goût du débat. On a évoqué tout à l’heure la discussion, le débat, etc. On n’arrive plus à s’écouter, on est dans des sociétés qui sont en tension, où il y a beaucoup de violences larvées, d’agressivité, etc. On le sent tous, intuitivement, voire même, on le constate. Et donc, le point commun, moi, que je verrais, c’est le métier d’avocat, c’est un métier de débat, évidemment. Et les instances fédérales, c’est théoriquement le lieu d’une expression démocratique.

Ermanno : J’aime le théoriquement. On n’est pas forcément là pour faire de la polémique, mais si tu veux, on pourra en parler.

Alban : Mais, si tu veux, j’exprime un avis qui n’engage que moi. Il n’y a pas de polémique dans ce que je dis, mais, au-delà de ça, je veux dire, le législateur s’est emparé de la question, puisque la loi du 2 mars 2022 sur la démocratisation du sport en France est faite justement pour renforcer le processus démocratique, la transparence, comment dire, dissuader les présidents de fédérations de cumuler des mandats pendant trop longtemps, etc. En réalité, c’est une très bonne chose. C’est une très bonne chose, parce que, théoriquement, ça devrait être le lieu d’une expression démocratique où tous les pratiquants devraient être représentés. Et depuis le 1er janvier 2024, nous avons les commissions des athlètes de haut niveau au sein des fédérations. Donc, les fédérations ont l’obligation aujourd’hui, en leur sein, d’avoir une commission des athlètes de haut niveau, parce que, c’est une aberration, je veux dire, tu connais le rôle des athlètes de haut niveau dans la pratique sportive, il n’y avait pas de commission qui les représentait au sein des instances. Par exemple, leur voix n’était pas portée au plus haut niveau des fédérations. Et donc, pour conclure là-dessus, tout ça pour te dire que le parallèle, pour moi, c’est ça. C’est vraiment le débat d’idées, c’est vraiment l’échange et l’expression d’une forme, finalement, de démocratie qu’on devrait avoir partout, y compris dans le sport.

Ermanno : Pour jouer encore un petit peu sur les mots, ça va en opposition avec cette fameuse dictature du sport où, finalement, c’est normalement le plus fort qui gagne. Mais ça reste, non pas dictatural, mais, je ne trouve plus mes mots, mais démocratique, le sport.

Alban : Oui, alors, c’est le plus fort. Je vais nuancer ce que tu viens de dire si tu me le permets. C’est le meilleur qui gagne. Ce n’est pas forcément toujours le plus fort.

Ermanno : Et puis, c’est le meilleur à l’instant T qui n’est pas forcément le meilleur qu’hier

Alban : ou que demain. Exactement. Voilà, on se rejoint là-dessus. Et puis, en plus, il y a des disciplines où les qualités de force au sens anatomique et biomécanique du terme ne sont pas forcément les plus importantes. Tu vois, il y a des disciplines où tu peux être très bon sans avoir une force physique incroyable.

Ermanno : On peut penser aux échecs, penser à l’e-sport. Ce n’est pas parce que tu vas taper plus fort sur ta manette de jeu que tu vas être meilleur que ta voisine ou que ton voisin. On pose échec, ce n’est pas parce que tu écrases la pièce que tu vas pouvoir écraser au sens figuré du terme ton adversaire. Oui, complètement.

Alban : Tu as tout à fait raison. Donc, voilà. Il y a des nuances là-dessus. Mais oui, oui. Et puis, l’expression démocratique, évidemment, elle est extrêmement importante et ça évite, comme tu dis, qu’on ait seulement l’expression du plus fort ou du plus bruyant qui soit amené à s’exprimer et que, finalement, chacun puisse avoir son mot à dire. Et même, d’ailleurs, je fais une petite digression rapide là-dessus, mais dans l’expression des clubs. C’est-à-dire que l’élection des présidents de fédérations, aujourd’hui, on a une diversité d’une fédération à l’autre alors qu’en réalité, il faudrait que les clubs puissent voter de manière directe. Et là encore, le législateur s’est emparé du sujet et, dans l’avenir, c’est ce qui devrait se produire avec une représentation directe des clubs au moment des élections.

Ermanno : Pour faire une petite digression sur le début de cet épisode, quand le législateur s’empare de ces sujets-là, on est sur du droit du sport ou on est sur un autre type de droit ?

Alban : On est sur du droit du sport parce que, de facto, ça va toucher la sphère sportive et la plupart du temps, ce sera codifié, d’ailleurs, dans le code du sport. Mais, si tu veux, le rôle du législateur, il vient de la Constitution, de l’article 34 de notre Constitution qui définit le domaine de compétence du législateur et il s’exerce de deux manières. Il s’exerce soit à travers des projets de loi qui sont portés par le gouvernement le gouvernement est à l’initiative d’un projet qui, ensuite, est discuté devant les assemblées, l’Assemblée nationale-Sénat, ou, deuxième façon, la proposition qui est l’émanation d’un parlementaire qui, lui, va proposer… Alors, souvent, c’est des effets de communication, mais pas que. Il y a des gens qui portent des convictions et tant mieux, et qui va proposer, donc, une loi et qui sera également débattue devant les assemblées pour, ensuite, peut-être être promulguée.

Ermanno : Puis, on élude aussi tout ce qui descend de l’Europe. Mais bon, dans tous les cas, si c’est un règlement européen, après, ça doit être transcrit dans le droit national. Donc, dans tous les cas, ça vient de l’État. La pratique, les études, l’intégration dans des nouvelles instances. Tu parlais tout à l’heure des sportives et des sportifs de haut niveau. L’essence même de ce podcast, c’est de savoir comment est-ce qu’on vit de et par sa passion. Toi, on l’aura compris que tu vis de et par tes passions. Mais pour un jeune, une jeune qui nous écoute, est-ce que le noble art est un sport rémunérateur ? Est-ce qu’on peut en vivre sans être le champion du monde

Alban : Alors, le noble art, je ne sais plus qui disait ça. Il y a de l’argent dans la boxe, mais pas pour les boxeurs. Je ne sais plus qui a dit ça.

Ermanno : C’est un peu pareil dans tous les sports.

Alban : Oui, j’ai l’impression.

Ermanno : À une autre échelle, dans le foot, il y a de l’argent pour le sport. Pas forcément pour les joueurs autant que pour les instances.

Alban : Oui, complètement. Alors, le truc, si tu veux, c’est que la boxe,

Alban : il y a deux choses. Il y a deux phénomènes. En fait, c’est un sport où le statut professionnel, le boxeur professionnel n’a de professionnel que le dos. Non, sauf exception. Si tu es Tony Oka, Nordinou Bali, Souleymane Sissoko, je leur rends hommage d’ailleurs, excellent boxeur.

Ermanno : J’espère que vous écouterez ce podcast, les gars.

Alban : J’espère que Tony et tu nous écoutes. Mais du coup, si tu es ce genre de boxeur professionnel, évidemment, oui, tu peux gagner ta vie à travers la boxe. Mais ça, c’est encore une fois, c’est pour le coup la partie immergée de l’iceberg. À côté de ça, tu as plus de 300 boxeurs professionnels licenciés aujourd’hui en France et tu en as 95% qui ne vivent pas de leur pratique pugilistique, encore une fois. Donc, c’est très difficile de vivre de la boxe quand tu es un boxeur professionnel. Et au-delà de ça, parce qu’il n’y a pas de véritable statut protecteur du boxeur professionnel, je rappelle que le sportif professionnel, au sens de la Convention collective du sport, c’est celui qui exerce une activité sportive contre rémunération dans un lien de subordination avec soit une association sportive, soit une société sportive.

Ermanno : En d’autres termes, ce n’est pas le sportif ou la sportive qui est financé par des partenaires ou des sponsors, c’est celle ou celui qui sont financés par le club

Alban : ou la fédération. Exactement. Le sens premier du sportif professionnel, c’est celui que tu viens de rappeler. Et donc, dans le football, on a de véritables footballeurs professionnels qui sont salariés par des clubs et avec des montants qu’on connaît. Chose qui n’existe pas dans la boxe. Le boxeur professionnel, aujourd’hui, il est dans le meilleur des cas auto-entrepreneur et il touche quelques bourses quand il fait deux combats dans l’année, voire trois, c’est déjà beaucoup. Donc, c’est très difficile. Le boxeur amateur, on n’en parle même pas parce que lui, il est sportif de haut niveau mais pas sportif professionnel. La distinction que tu connais entre le statut administratif de sportif de haut niveau et le statut juridique de sportif professionnel. Donc, quand tu es dans le haut niveau, ça ne veut pas dire pour autant que tu es un professionnel. Et donc, le boxeur…

Ermanno : Et inversement, quand tu es professionnel, ça ne veut pas forcément dire

Alban : que tu es sportif de haut niveau. Absolument. Et ça veut dire que, de manière très concrète, le sportif de haut niveau, boxeur ou autre, en fait, il ne vit pas de sa pratique sportive de manière, en tout cas, pas de manière directe. Après, il peut aller faire du coaching. Tu vois, certains sont très ingénieux et très débrouillards et ils arrivent à développer des moyens de vivre de leur passion mais pas de la pratique directe de leur sport. En tout cas, pas pour les amateurs et pour les sportifs de haut niveau.

Ermanno : Oui, tout à l’heure, on avait ce débat entre le meilleur, le plus fort et autre. C’est aussi tellement vrai dans la recherche de financement. Souvent, ceux qui, dans beaucoup de sports, sont mieux rémunérés ne sont pas forcément les plus forts ou les meilleurs. Ce sont ceux qui sont, et pour le coup, j’emploie le terme plus fort, plus fort dans la communication, dans la création de communautés, dans l’engagement de gens qui vont les soutenir que ce soit avec des bisous, des câlins, de l’argent, des messages, tout ce qui va leur permettre de vivre et pas uniquement mentalement mais aussi de façon pécuniaire.

Alban : Exact. Et ça, c’est extrêmement intéressant parce que tu vois, la transition en boxe entre le monde amateur et le monde professionnel, elle implique de comprendre tout ça. Ça s’applique, je pense d’ailleurs, à d’autres sports. C’est-à-dire que quand tu es un amateur, tu es dans un club, tu es encore dans un collectif. Tu vois, on a l’habitude de dire que la boxe est un sport individuel collectif parce que tu t’entraînes de manière collective, tu es entouré, etc.

Ermanno : Rocky, ça va, on voit qu’il tape dans un punching ball mais en réalité, il a quand même besoin d’un sparring partner,

Alban : d’un partenaire d’entraînement. Exactement. Et donc, quand tu deviens professionnel, ce n’est plus le même monde. C’est-à-dire que tu deviens beaucoup plus auto-entrepreneur, tu es individuel et ce n’est pas du tout la même chose. Et en fait, ce qui est important pour un sportif professionnel et ou de haut niveau, c’est de se dire qu’il est un entrepreneur que donc, autour de lui, soit il doit avoir une équipe de gens compétents, alors un avocat par exemple, mais aussi un comptable, un community manager, enfin tu vois, des gens qui vont vraiment gérer toute cette partie entrepreneuriale parce que sinon, ça devient vite très difficile et comme tu l’as souligné, si tu n’as pas compris qu’il faut communiquer, si tu n’as pas compris qu’il faut être entouré, derrière, tu plafonnes et tu as du mal à trouver des partenaires en plus. Oui,

Ermanno : parce qu’on parle, on imagine, on pense souvent au staff d’une sportive ou d’un sportif, qu’il soit de haut niveau professionnel ou pas, mais dans le staff, il n’y a pas que des kinés, des prépa mentale, des médecins, des nutritionnistes, des diététiciens, des tout ce que tu veux, il y a, et je pense que ça devrait être 50% du staff de la personne, du sportif ou de la sportive, la partie communication, le community manager, le social media manager, appelons-le comme on veut, mais la personne qui va s’occuper de communiquer sur l’image de notre sportif. Oui,

Alban : et tu as d’autant plus raison, c’est d’autant plus vrai qu’aujourd’hui, on le voit, enfin moi je le vois dans ma pratique d’avocat de manière quasi quotidienne, c’est-à-dire que tu as des sportifs qui préparent les jeux, mais pas que, enfin des sportifs de manière générale qui cherchent des partenaires, et là si tu veux, c’est vraiment deux mondes qui se télescopent, c’est-à-dire que le sportif, lui, comme on l’a dit en début de propos, il est dans sa pratique sportive depuis tout petit, parce que pour performer, il faut que tu aies commencé au berceau, donc lui, il est passionné de ça, tu vois, il vit son sport à fond, il adore et tout, et donc lui, il ne vit, il ne voit que par ça, et il rencontre des partenaires potentiels qui sont eux des businessmen, des entrepreneurs, qui eux, bon ben, ils aiment bien le sport, mais ils voient le retour, la visibilité, l’audience, etc., qu’est-ce que ça va leur donner ? La défiscalisation ? La potentielle défiscalisation quand on part sur des choses telles que le mécénat notamment, et donc, moi je suis toujours un peu surpris, c’est-à-dire que quand tu as un sportif qui rencontre un potentiel partenaire, tu vois bien que c’est deux visions différentes qui ont du mal à se comprendre, et rares sont les sportifs qui ont compris ça, parce que le partenaire va lui dire, bon, vous êtes sur quel réseau social ? Vous êtes sur Instagram ? Vous avez combien de followers ? Il a besoin de savoir ça, les sportifs. Non mais moi, je suis un passionné, je n’ai pas besoin de ça, moi mon truc, c’est le sport, la gestion de l’image, c’est loin pour lui déjà, et c’est dommage, et ceux qui font la différence, en fait, c’est ceux qui arrivent à comprendre ça, que ce sont de véritables entrepreneurs, ça n’empêche pas qu’ils sont passionnés, on peut être passionné et avoir une logique de profit, ce n’est pas incompatible, on a l’impression que pour être passionné, il faut rester dans la pauvreté, ce n’est pas péjoratif, mais dans le monde associatif, local, avec très peu de moyens, et si tu touches de l’argent, tu n’es plus un passionné.

Ermanno : Il y a certains sportifs qui sont passionnés et qui sont juste plein aux as.

Alban : Voilà, et ça, c’est encore dans notre culture franco-française, on peut parler de ce qui se fait aux Etats-Unis, mais dans notre culture franco-française, c’est un peu tabou, tu es un sportif, tu es un passionné avant tout, et puis l’argent, il ne faut pas trop en parler. C’est dommage parce que les premiers à pâtir de ça, c’est les sportifs. Ils ont du mal à trouver des partenaires, ils ont du mal à trouver des ressources, ils ne vivent pas, comme on l’a dit, de leur pratique sportive de manière directe en tant que telle, et c’est très dommage parce que c’est des personnes, moi dans le sport, j’ai croisé des personnalités extraordinaires, et les voir comme ça, vivoter, chercher des ressources, galérer, ça fait mal au cœur. Tu te dis, ils mériteraient tellement d’être plus accompagnés et plus mis en lumière avec des gens comme toi qui le font par un média, par exemple, et bien voilà, c’est toujours un plus.

Ermanno : Et puis là, on parle de ceux qui sont en train de galérer pour leur pratique et on n’a même pas encore imaginé comment est-ce que ça va être à la fin de leur pratique parce que si ils ont tout mis all-in sur le sport et pas forcément sur la formation ou autre, comment est-ce qu’on se reconvertit quand on est plus sportif de haut niveau ? Il y a tellement de sujets qu’on pourrait aborder, on ne va peut-être pas faire un épisode de deux heures non plus, en tout cas, moi ça me plairait mais on va peut-être raccourcir un peu. Je parlais du staff tout à l’heure, comment est-ce qu’un avocat justement comme toi là-dessus, que ce soit en droit du sport ou en droit du travail comme c’est ta spécialité aussi, peut intervenir que ce soit dans le conseil ou après dans un éventuel conflit, surtout dans cette année olympique parce qu’il y a une chose qui m’importe de le dire, là on parle de la communication pour les sportifs, il faut que les sportifs comprennent que finalement ce qu’ils ont à échanger, ce qu’ils ont à vendre à des potentiels partenaires, c’est leur image et le retour sur investissement mais on parle de ce retour sur investissement en année olympique, on a un freeze, enfin on a un moment où les sportifs olympiques sponsorisés ne peuvent plus faire la promotion de leur partenaire à moins que ce partenaire soit un partenaire officiel des Jeux olympiques et à mon avis, quand il est déjà partenaire des Jeux olympiques, il n’a pas non plus encore un autre billet à mettre sur des personnes individuelles. Donc c’est un point aussi qu’on doit aborder et ça, ça relève aussi du droit du sport.

Alban : Oui complètement, ça c’est ce que tu évoques là, c’est la règle 40

Alban : qui codifie la communication des sportifs durant la période des Jeux. Bon, c’est des règles extrêmement complexes donc je ne vais pas rentrer dans le détail, d’abord ce serait long et pour les auditeurs ce ne serait pas forcément intéressant mais en gros, ce qu’il faut retenir à l’esprit c’est ça, c’est que le sportif pendant la période des Jeux, celui qui participe aux Jeux n’est pas libre de communiquer sur ses partenaires comme il le voudrait.

Ermanno : Ni le sportif, ni le partenaire.

Alban : C’est ce que j’allais te dire, à l’inverse, le partenaire, sauf s’il est partenaire officiel, est très très très restreint sur la communication qu’il peut faire et ça peut donner lieu à des actions judiciaires et l’utilisation des emblèmes olympiques aussi en contrefaçon, etc. Tout ça est très encadré. Donc,

Alban : la problématique c’est ça, c’est que le sportif aujourd’hui, la communication elle est cruciale. En même temps, quand il fait les Jeux Olympiques, il est contraint, il est contrôlé dans sa communication mais les Jeux, c’est un temps extrêmement fort évidemment dans la vie d’un sportif, c’est des années de préparation, c’est pas juste les 4 années qui précèdent, c’est bien avant. Donc oui, c’est extrêmement important mais au-delà de ça, une fois que les Jeux sont finis, il aura besoin, et tu l’as dit, l’après carrière, il aura besoin de penser, d’anticiper et de communiquer de toute façon. Donc, au-delà de la contrainte de la règle 40 de la charte olympique, le sportif se doit aujourd’hui, à mon sens, d’être un communicant et de comprendre les règles de la communication, réseaux sociaux ou autres de toute manière. D’ailleurs,

Alban : et puis l’après carrière, bon après c’est un autre sujet mais je sais pas si tu veux qu’on poursuive sur la question de l’après carrière.

Ermanno : Allons-y,

Alban : allons-y ! L’après carrière, moi je crois que

Alban : le tort que peut-être, alors, c’est peut-être un choix politique aussi, c’est-à-dire que le sportif se dit que l’après carrière, ce sera forcément du sport parce que c’est ce qu’il a fait toute sa vie et donc ce qu’on va lui proposer, ce que les fédérations notamment vont lui proposer, c’est de passer des diplômes, les BPGEPS, les DEGEPS, voire les DESGEPS pour être entraîneur et pour continuer en fait, une fois qu’il aura plus l’âge de performer, ben finalement, d’être dans la pratique et d’être dans le milieu et d’amener une expérience qui est incontestablement très utile puisqu’ils ont connu le haut niveau donc c’est des gens qui peuvent être de très bons entraîneurs s’ils ont la pédagogie nécessaire. Ça c’est un premier point. Donc en fait, si tu veux, on les conditionne un peu sur le fait que derrière, ce sera l’entraînement, la transmission, etc. Et t’as de rares exceptions qui arrivent à se reconvertir autrement dans de l’autre profession au sens plus large alors soit parce que ils vont créer des agences où ils vont aider d’autres sportifs dans la reconversion, tu vois, dans du recrutement, dans de la mise en relation, etc. Ou alors, ils vont développer des pratiques autour de leur sport qu’ils ont connu soit à travers des salles privées qu’on a dans la boxe, tu vois, t’as des boxeurs qui créent des salles privées et qui continuent ensuite de transmettre mais d’une manière beaucoup plus commerciale.

Ermanno : Qui se transforment plus en entrepreneur qu’en sportif ou en transmetteur

Alban : des valeurs et de la pratique sportive. Exactement, le statut est complètement différent. Ou alors, en développant même des choses avec le monde de l’entreprise c’est-à-dire qu’ils vont arriver, proposer des conférences, des interventions et puis organiser du team building, de l’incentive, des choses comme ça et ça, ça donne des choses extrêmement intéressantes parce qu’on peut trouver des analogies entre l’entreprise et le monde du sport. Et puis, t’as un dernier profil qui va être celui qui va préparer déjà en parallèle de son activité de haut niveau un métier. Donc, il est dans une entreprise comme un salarié lambda. Il a ce qu’on appelle un contrat d’insertion professionnel. Ça, c’est un dispositif aussi qui est très intéressant à comprendre et qui fait qu’en fait, le sportif va travailler comme un salarié lambda, avoir un aménagement de son temps de travail. Donc, il travaille dans une banque par exemple et puis, on lui permet d’aller s’entraîner, d’être mis à disposition de sa fédération pour les compétitions, les stages, les préparations, etc. Et donc, l’employeur va toucher une contrepartie financière de la part de l’ANS, l’Agence Nationale du Sport qui va compenser ce temps que le sportif ne va pas passer dans l’entreprise. Donc ça, beaucoup d’athlètes de haut niveau devraient s’intéresser à ça parce que non seulement ça leur permet d’avoir une stabilité financière, ça leur permet d’apprendre un métier et d’être un salarié finalement dans un secteur qui n’a rien à voir avec leur pratique sportive et puis aussi de préparer une carrière à plus long terme. C’est-à-dire qu’ils seront dans une banque pour poursuivre mon exemple, au-delà des Jeux Olympiques ou de leurs échéances, ils seront toujours dans cette banque, ils évolueront, ils graviront les échelons et ils pourront faire carrière aussi là-dedans.

Ermanno : Depuis 2012, en tout cas en France, ça permet aussi de préparer l’avenir mais l’avenir encore plus lointain que la reconversion, la retraite, ils marquent des points, enfin cotisent pour la retraite que ce soit d’un point de vue points pour la retraite, d’un point de vue temps de travail et d’un point de vue rémunération aussi. Chose qui n’existait pas avant 2012.

Alban : Exact, le régime de retraite, ça c’est encore qui n’existait pas. C’est-à-dire que tu as une distinction, je fais très très vite là-dessus, entre ceux qui ont été sportifs de haut niveau avant 2012 sur les listes ministérielles et ceux qui l’ont été après. Il y a une distinction là-dessus sur l’acquisition des trimestres, les rachats de trimestres, etc. Mais ceux qui voudront des renseignements m’appelleront. Mais en tout cas, tu as raison, il y a une distinction par rapport à la date de 2012.

Ermanno : Tu parles de CIP, de ces conventions d’insertion professionnelle et c’est là aussi que toi, en tant qu’avocat spécialisé dans le droit du sport, tu interviens pour accompagner des sportifs, des sportives de haut niveau qui doivent mettre en place, relire, faire signer avec des entreprises, avec l’État.

Alban : Exactement. C’est des conventions en plus qui sont complexes parce qu’elles sont multipartites. Elles sont à minima tripartites. Elles peuvent même être quadripartites. Tu peux avoir la fédération elle-même qui va être partie à la convention. Donc en général, les parties, c’est l’employeur, l’athlète salarié et puis l’ANS, l’Agence Nationale du Sport. Donc c’est des conventions complexes et moi, j’accompagne effectivement des athlètes dans ce genre de schéma juridique et puis aussi des employeurs parce que l’athlète, l’ANS par exemple, tu dis l’ANS, ils savent ce que c’est. Une banque, tu dis l’ANS, tu vois, ils froncent les sourcils un peu. Donc ils ont encore plus besoin, les employeurs peut-être, d’être accompagnés et qu’on leur explique comment ça se passe ce genre de convention

Ermanno : et c’est aussi mon métier.

Alban : Oui,

Ermanno : tu es le tiers de confiance. Tu viens aussi les aider pour que tout ça se passe aussi dans un esprit d’apaisement. Tu es en fait l’arbitre pour reprendre l’analogie avec le ring. Tu es l’arbitre qui va s’assurer que tout se passe bien et que les coûts soient distribués selon les règles et pas de mauvais coups en dessous de la ceinture.

Alban : Tu as tout résumé, c’est exactement ça. Super.

Ermanno : Alban, j’ai l’habitude de finir ce podcast avec deux questions à mes invités. La première, si on pouvait être dans un monde idéal mais parallèle, si tu pouvais te projeter à côté du petit Alban qui va monter pour la première fois sur le ring faire de la boxe, que lui te connaisse, sache exactement toute la vie que tu as vécue depuis ce moment-là où tu le rencontres, qu’est-ce que tu penses que lui te dirait en te voyant ?

Alban : Il dirait je ne sais pas ce que je veux faire, je ne sais pas ce que je vais faire. Il serait dans l’incertitude mais qui est propre au monde du sport. Tu le sais, quand tu t’engages dans une démarche sportive et compétitive de surcroît, il y a toujours de l’incertitude. Il aurait certainement cette inquiétude propre à l’enfance et cette innocence en même temps.

Alban : La deuxième partie de la question, c’est qu’est-ce que moi je lui dirais ?

Ermanno : On peut remondir là-dessus. Effectivement, qu’est-ce que toi tu lui dirais quand lui te dirait c’est génial ce que tu as fait mais je ne sais pas ce que je vais faire, je ne sais pas comment je vais le faire. Toi, du coup, tu devrais lui répondre. Qu’est-ce que tu lui dirais ?

Alban : Je lui dirais ne t’inquiète pas, ça va bien se passer. Et surtout, plus sérieusement, je lui dirais ne lâche pas, ne lâche rien. C’est une école de la vie en général. Tous autant qu’on est, quand on a un projet, il faut travailler. J’allais dire charbonner pour reprendre un terme cher à certains mais on n’a rien sans rien, le travail paye et il ne faut pas s’inquiéter, ça se passera bien et il faut continuer, il ne faut pas lâcher. Comme tu seras boxeur, tu vas prendre des coups mais ne t’inquiète pas, tu pourras les rendre. Exactement. C’est une école de la vie, c’est un très beau sport et la vie, c’est ça, tu prends des coups, tu te relèves, il ne faut jamais lâcher parce qu’on n’en a qu’une. Je fais un peu de la philosophie mais on n’est là pas longtemps et il faut se donner les moyens, il faut travailler et c’est ce que je fais moi aussi quand j’entraîne des enfants et aujourd’hui, je suis encore dans les clubs et j’entraîne des petits, j’essaye de leur transmettre ça. Je pense qu’il y a un rôle éducatif dans le sport qui est très important et tu vois, je me dis, ta question, elle est géniale parce qu’il m’arrive de me dire des fois, ces enfants-là, ces jeunes, si un jour, dans 5, 10, 15, 20 ans, ils repensent à moi, ils ont une petite pensée, ils se diront, tiens, il m’a amené quelque chose, un petit truc, tu vois, dans ma vie de femme, dans ma vie d’homme, c’est une mission accomplie. Top.

Ermanno : Et pour terminer, tu es avocat spécialisé en droit du sport, avocat spécialisé en droit du travail. Si on a besoin, en tant qu’athlète, d’être accompagné par un avocat, si on est une entreprise qu’on a besoin, justement, d’être accompagné dans la rédaction d’une CIP avec un athlète, où est-ce qu’on te rejoint ? Où est-ce qu’on te contacte ? Où est-ce qu’on te suit ? Parce que toi aussi, tu es créateur de contenu. En plus, je ne sais pas comment tu fais, je ne sais pas quand est-ce que tu dors, je ne sais pas quand est-ce que tu manges,

Alban : mais toi aussi, tu fais des choses. Oui, je fais pas mal de choses, je ne dors pas beaucoup. Alors, je vais apporter, si tu me le permets, une précision par rapport à ton propos, parce que la déontologie de la profession d’avocat fait qu’on ne peut pas dire qu’on est spécialisé si on ne détient pas un certificat de spécialisation. Donc, je ne suis pas spécialisé, toi, tu as le droit de le dire, mais moi, je suis obligé de rectifier…

Ermanno : J’ai établi la vérité, mec. Voilà,

Alban : monsieur, je suis obligé de dire que je ne suis pas spécialisé, j’exerce de manière dominante, j’ai une activité dominante, une pratique professionnelle dominante, en droit du sport et en droit du travail. Et pour répondre à ta question, on peut me retrouver sur les réseaux sociaux, principalement LinkedIn. On peut me trouver sur YouTube avec une chaîne où, comme toi, j’interview des acteurs du sport qui s’appelle Strategos Avocat et on peut me contacter par téléphone. Je ne sais pas si j’ai le droit de donner le numéro.

Ermanno : Vas-y, t’es chez toi, si tu n’as pas peur d’être spammé

Alban : par les amoureux du sport qui nous écoutent. Si c’est que ça, ça va, tout va bien. Ce sera 06 77 78 29 52 et je répondrai

Ermanno : avec grand plaisir. Dites que vous venez de la part du podcast Dans les vestiaires. Avant, l’abbé Nasser vous traitera bien.

Alban : Super, merci beaucoup. Bonne continuation. Merci Ermanno, merci à toi et à très bientôt. Ciao.

Ermanno : Alors, on est tous d’accord, chaque athlète a une histoire unique tout comme Alban BENNACER que vous venez d’entendre sur le podcast. Si son parcours vous a inspiré, rejoignez-nous sur les réseaux sociaux du podcast pour en discuter. Tous les liens sont dans les notes de l’épisode. Pour en découvrir davantage sur Alban et tous les autres sportifs du podcast et les soutenir dans leurs défis, visitez le site vestiaires.org. On a besoin de vous, chaque euro compte et 100% des dons sont directement reversés aux athlètes. Le podcast Dans les vestiaires met en lumière ces héros du sport et ils ont besoin de votre soutien. Et le plus simple, c’est de partager leurs histoires pour les aider à briller sur la scène internationale et puis comme ça, tout le monde fera un peu partie de cette superbe aventure sportive et philanthropique. Partagez leurs épisodes, ça nous aide et ça les aide surtout eux. Allez, sportez-vous bien, entraînez-vous bien et on se retrouve bientôt pour un nouvel épisode. Salut les sportifs !

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