🌌 Une nuit étoilée n’est pas seulement un spectacle céleste ; elle est aussi le reflet de nos propres luttes et victoires. Ainsi commence l’épopée de Ludovic Lemoine, guerrier de la lumière dans l’arène du para-escrime. 🤺
🚀 À l’âge où les enfants apprennent à faire du vélo, Ludovic fait face à un adversaire bien plus redoutable : un cancer du fémur. Mais au lieu de se laisser submerger, il choisit de transformer cette épreuve en un tremplin vers les sommets du para-escrime.
🛡️ Chaque touche en escrime, pour Ludovic, n’est pas juste un point marqué; c’est une bataille gagnée contre ses propres limites. Sa quête le mène sur les podiums des plus grandes arènes, des Jeux Paralympiques aux championnats Européens.
🧭 Guidé par la lumière des modèles paralympiques, il trouve dans l’escrime plus qu’un sport : une voie vers la pleine expression de soi. Ludovic ne combat pas seulement ses adversaires; il défie chaque jour la notion même d’impossible.
🎨 La para-escrime devient sa toile, où il peint avec finesse une stratégie qui équilibre la tactique et la force physique, prouvant que le terrain de jeu est égal pour tous, indépendamment des défis personnels.
🏅 Au-delà de ses succès personnels, Ludovic tisse un lien profond avec la communauté du parasport. Son engagement envers les Jeux Paralympiques de Paris 2024 résonne comme un appel à la reconnaissance de la richesse et de la diversité du monde sportif.
🌠 Ludovic Lemoine, à travers ses voyages, ses épreuves, et ses triomphes, incarne l’esprit indomptable du parasport. Son histoire est une ode à la persévérance, à l’excellence et à l’inclusion, rappelant à chacun que les véritables limites sont celles que nous nous imposons.
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Dans cet épisode, vous pourrez découvrir (chapitres de l’épisode) :
1. Introduction au parasport et à l’invité, Ludovic Lemoine (00:00.00)
2. Présentation de Ludovic Lemoine, sa carrière et son histoire personnelle (00:42.76)
3. Détails sur l’amputation et la vie quotidienne de Ludovic (02:59.20)
4. Explications sur la para-escrime, ses catégories et sa pratique (06:54.60)
5. Le parcours sportif de Ludovic, du début à aujourd’hui (13:24.10)
6. La transformation physique et stratégique dans la para-escrime (18:16.22)
7. Discussion sur les différentes armes en escrime et leurs spécificités (25:51.86)
8. Le financement et soutiens de la carrière sportive de Ludovic (27:41.46)
9. L’avenir et les perspectives après Paris 2024 (36:02.52)
10. Réflexion personnelle sur l’impact de sa carrière (47:25.36)
Pour suivre et soutenir notre invité : https://www.instagram.com/ludo_lemoine / https://www.linkedin.com/in/ludovic-lemoine-ply-bb8a9512
Grâce à Autoscript, on vous propose même de revivre l’échange que j’ai pu avoir avec Ludovic.
Ermanno : Salut les sportifs, c’est Ermano et je suis très heureux de vous recevoir pour un nouvel épisode du podcast Dans les Vestiaires. Aujourd’hui, on va parler d’handisport, même si maintenant, à l’approche des Jeux à Paris, il paraît que l’on ne parle plus d’handisport mais de parasport, on parle de para-athlète. Et aujourd’hui, on va parler avec un para-escrimeur qui fait de l’escrime mais avec plusieurs armes. On en parlait un petit peu en off, je suis très heureux de recevoir Ludovic Lemoine. Salut Ludovic.
Ludovic : Salut Ermanno
Ermanno : Bon, j’espère que tu ne m’en voudras pas, j’ai tendance de temps en temps à raccourcir les prénoms. Donc si je lâche un petit Ludo, ça ne te dégênera pas ?
Ludovic : Ça fait plaisir, au contraire, Ludovic c’est pour l’administratif, appelle-moi Ludo, il n’y a pas de soucis.
Ermanno : Ça va, je te propose de commencer avec la première question que je pose à tous les invités. Dis-nous tout, qui est Ludovic Lemoine ?
Ludovic : D’accord, alors déjà, vaste question, donc pour me présenter, j’ai 37 ans, je suis, comme tu le dis, para-escrimeur. Donc je pratique le para-escrime ou l’escrime en handisport. On peut dire les deux. Donc je pratique ce sport depuis que j’ai 8 ans. Oui, donc j’en suis à la 29e année dans ce sport. Ça me fait 21 ans à haut niveau. Et donc au fil de ma carrière, j’ai eu la joie d’avoir une carrière remplie de tout ce qu’un sportif peut espérer. Avec plusieurs médailles à mon palmarès, mon championnat d’Europe. Mes plus belles fiertés sont les deux médailles obtenues aux Jeux paralympiques, aux fleurs et par équipe. Médaille d’argent obtenue à Londres 2012 et médaille de bronze obtenue à Rio 2016. Actuellement, je suis en course pour les qualifications pour les Jeux de Paris. Je réside à Clermont-Ferrand et à côté de l’escrime, je suis conseiller bancaire et également mon papa d’une petite fille de 7 ans. Voilà, je pense que… J’ai déjà donné un certain tableau. Et pour compléter, pourquoi est-ce que je dis « escrime en disport » ? C’est parce que, bien sûr, ça ne peut pas se voir au micro, je suis totalement amputé de la jambe droite suite à un cancer du fémur qui s’est manifesté quand je n’avais pas tout à fait 5 ans. Et donc après 15 mois de chimio, rayon, tous les traitements possibles, l’amputation était la seule façon de me sauver la vie. Et du coup, j’ai été amputé totalement de la jambe droite à l’âge de 6 ans. Et donc, suite à ça, j’ai fait mon parcours de vie le plus naturellement du monde. J’ai commencé l’escrime après l’amputation. J’étais déjà handicapé quand j’ai commencé l’escrime. Et puis ensuite, j’ai avancé au fil des années.
Ermanno : Alors, ça veut dire quoi, amputer complètement de la jambe droite ? C’est à quel niveau que c’est coupé ? Ça veut dire aussi, est-ce que tu te déplaces en fauteuil ? Tu te déplaces avec des béquilles, avec une prothèse ? Comment ça marche ? Enfin, si je peux me permettre.
Ludovic : Oui, avec plaisir, aucun souci. C’est que, quand je suis totalement amputé, c’est que je suis vraiment coupé au ras de la hanche. Moi, la partie qui était malade, c’était vraiment la tête du fémur, la partie qui était vraiment à l’insertion avec la hanche. Donc, ce qu’on appelle une désarticulation de la hanche, c’est que je n’ai plus rien, du tout, du tout, du tout, plus aucun moignon de la jambe droite. Donc, en fait, suite à ça, j’ai eu une prothèse, tous les jours d’école, du CP jusqu’au bac, parce que c’était important. Donc, pendant que je grandissais, de garder le dos le plus droit possible, et pour éviter les problèmes de scoliose et autres. Mais le problème, c’est que, comme je n’ai aucun moignon, la seule façon de faire tenir la prothèse, c’était d’avoir tout un corset qui me prenait tout le bassin. Et du coup, je n’ai jamais été à l’aise. Je boitais, je ne pouvais pas aller ni très vite, ni très loin. Quand je revenais de l’école, j’avais des marques bleu-noir, ça me faisait mal. Enfin, voilà, c’était la galère. Donc, quand j’ai eu 18 ans, j’ai eu un petit peu de contrôle. Les médecins m’ont dit, « Bon, tu as fini de grandir. Si tu veux continuer de mettre la prothèse, il n’y a pas de souci. Mais si tu veux arrêter de la mettre, maintenant, c’est comme tu veux. » Et du jour où on m’a dit ça, je l’ai mise dans un placard, je ne l’ai plus jamais touchée. Donc, en fait, je me déplace avec des béquilles.
Ludovic : Souvent, avec les béquilles et un sac à dos, ça me permet d’être vraiment tout terrain. Donc, je peux tenir, j’ai beaucoup de marches. Et au fil du temps, je suis vraiment, j’ai remplacé, je pense, sur tous les terrains possibles, en montagne, dans le sable, dans la neige. J’ai visité une bonne partie des capitales européennes. J’ai traversé la Thaïlande avec un sac à dos. J’ai grimpé plusieurs fois le Puy de Dôme à côté de chez moi à pied. Enfin, voilà, je me débrouille sans aucun problème là-dessus.
Ludovic : Et quand je suis chez moi, par contre, sur les toutes petites distances, quand je suis à domicile, la plupart du temps, en fait, je laisse les béquilles dans un coin et je fais toute mon activité quotidienne à cloche-pied. Y compris, de toute façon, tout ce qui va être les tâches quotidiennes, l’entretien de la maison, je peux faire tout ce qui va être les cuisines, le ménage, etc. Ça, je peux très bien le faire sur un pied. Et puis, voilà. Le fauteuil. Alors, j’ai un fauteuil de ville, mais qui ne me sert vraiment que de façon très exceptionnelle. C’est vraiment quand je sais à l’avance que je vais avoir des longues distances plates, sans escalier, sans quoi que ce soit. Ce sont les rares cas où je prends le fauteuil, mais c’est vraiment pas souvent. Bon, après, l’âge avançant, je sais qu’il faudra que je le prenne de plus en plus, mais bon, j’en suis pas encore tout à fait là.
Ermanno : Moi, j’imagine que, du coup, ça t’oblige à avoir une certaine dextérité au niveau de la jambe gauche, qui n’est pas malade. Et puis, t’as développé… Enfin, ça doit t’aider à développer toute la partie renforcement musculaire, PPG, au niveau du haut du corps, à force de porter les béquilles.
Ludovic : Bah, c’est surtout… Sur les béquilles, peut-être un petit… Oui, peut-être un petit peu au niveau épaule, mais… Mais après, c’est sûr que oui, je pense que j’ai un sens de l’équilibre où je peux défier pas mal de monde. Euh… Et… Et c’est vrai que oui. Les béquilles, effectivement, m’ont permis d’avoir quand même un renforcement d’épaule. Bon, pour autant, je pense que j’ai quand même le haut du corps qui est un peu moins… Enfin, si c’était que par les béquilles, il y a un haut du corps qui est un peu moins développé que des personnes qui sont en fauteuil. Euh… Et puis, surtout, aussi, ce qui m’a aidé, le fait d’être sur une jambe, c’est tout ce qui va être sur le gainage des abdos profonds, euh… Qui m’est utile aussi dans l’escrime pour faire mes attaques et mes retraites, quoi.
Ermanno : En escrime, en para-escrime, dans ta catégorie, t’es en fauteuil,
Ludovic : t’es debout ? En fait, donc, l’escrime handisport ou para-escrime, tout le monde est en fauteuil, quel que soit le type de handicap. Pour lisser les… Lisser, justement, les différentes situations, on se pose pas la question. Tout le monde se met dans un fauteuil et les fauteuils sont immobilisés sur des plaques. Tout le monde pense qu’avec les fauteuils, on se fonce dessus et tout. Non, non. Les fauteuils sont immobilisés sur des plaques, ils ne bougent pas du tout. Et entre les plaques, il y a une partie transversale qui va permettre de régler la bonne distance de combat au départ et qui permet aussi de garder toujours le bon angle de combat tout au long du match. Une fois que la distance est fixée avant de commencer, après, elle ne bouge plus du tout. Donc après, tout notre jeu, ça va être justement de faire des bascules de corps. Avec une main, on tient son arme. Avec l’autre main, on tient une poignée sur le côté du fauteuil. Et on va faire des translations de corps, des bascules pour attaquer et se défendre. Euh… Dans l’escrime handisport, on a… Alors, il y a trois catégories. On va dire qu’il y a deux catégories principales de handicap. Catégorie A, donc comme moi, les athlètes qui ont des abdos et donc qui peuvent vraiment bouger assez rapidement sur le fauteuil. Pour le faire de façon très caricaturale, euh… Ce sont les personnes, les athlètes qui peuvent marcher au quotidien. Souvent, ça peut être ça. Et ensuite, on a une catégorie B, les personnes qui ont moins d’un certain seuil d’abdos. Et là aussi, pour le faire très résumé, ce sont les personnes qui sont en fauteuil roulant au quotidien. Euh… Voilà. Et on a aussi… Donc, on a une troisième catégorie. C’est pour les personnes, pour les athlètes qui sont tétraplégiques. Donc, il y a aussi une infirmité en termes de mobilité de bras. Mais on va dire que c’est une catégorie qui est nettement moins représentée, qui n’est pas au programme des Jeux Paralympiques. Donc, voilà. C’est une catégorie un petit peu en marge.
Ermanno : Donc, ce qui veut dire que, sur… sur le para-escrime, ce sont que des gens qui sont… Enfin, qui… Soit qui ont… Qui se déplacent en fauteuil, soit qui peuvent marcher… Enfin, qui ont des abdos, mais… Euh… Mais… Euh… Mais qui… Qui, j’imagine, ont un membre en moins. Euh… On va pas avoir des… Euh… Des gens qui sont à table de… Qui sont atteints de handicap non moteur, mais plutôt d’handicap cérébraux ?
Ludovic : Non, effectivement, ça, on en a pas. Oui, nous, c’est vraiment sur du handicap moteur. Après… Après, tu vois, bah, dans ma catégorie, euh… Bah, comme je l’ai dit, donc, moi, je suis amputé, du coup, totalement de la jambe droite. Je vais… Si je peux être en concurrence avec des athlètes, euh… Bah, qui… Qui ont peut-être… Bah, qui sont amputés aussi, mais moins haut que moi, peut-être, par exemple, qui sont amputés au niveau du genou, ou peut-être seulement au niveau de la cheville, euh… Ou des athlètes qui n’ont pas du tout l’heure de jambe, ou des athlètes qui ont l’heure de jambe, mais, par exemple, type, les infirmes moteurs cérébraux, ou quoi que ce soit, qui ont des problèmes, euh… Qui ont des problèmes pour la marche, euh… Ouais, qui ont un handicap de marche, mais qui ont quand même, ben, l’heure de bras, l’heure de jambe, voilà, on est tous ensemble dans la même catégorie. Après, dire même pour, euh… Enfin, peut-être que je devance déjà, peut-être, un peu, une future question, euh… Aussi, ce qui est, ben, ce qui est vraiment top, je trouve, dans l’escrime en e-sport, c’est que le fait, comme ça, euh… Que les fauteuils ne bougent pas, eh ben, en fait, euh… N’importe quel escrimeur ou escrimeuse valide peut s’asseoir d’un fauteuil roulant en face de moi, ça annule son avantage de jambe, et après, on fait que travailler sur la technique de main. Et, euh… Donc, bien sûr, au début, ça est déstabilisé un petit peu, mais après, quand ils prennent l’habitude, on s’en… Voilà, on s’envoie des super matchs, et, euh… Et, euh… Je veux dire, enfin, que ça soit moi ou tous mes coéquipiers de l’équipe de France, on s’entraîne tous dans nos clubs respectifs, uniquement, enfin, avec des valides. Euh… Et moi, donc, mon… Mon entraîneur, mon maître d’armes, c’est un valide, mes partenaires, ce sont des valides, et pour eux, maintenant, c’est aussi naturel de faire des escrimes debout que assis. Voilà. Ils font… Ils font trois matchs debout, ils viennent s’asseoir, ils repartent debout, etc. Et, euh… Et, du coup, le travail de… De techniques de main qui sont obligées de faire contre moi, euh… Ça les… Ça les permet, après, d’utiliser ce travail pour être plus efficace quand ils retournent faire de l’escrime debout. Donc, voilà. C’est vraiment ça, sur le côté inclusion. L’escrime handisport, c’est pas un athlète… Enfin, je veux dire, c’est pas un… Oui, un athlète valide qui va venir rendre service à un handicapé. C’est vraiment gagnant-gagnant.
Ermanno : Est-ce que ça voudrait dire que… On pourrait même imaginer que des athlètes valides pratiquent le para-escrime, même au JO, sans avoir de handicap. Ou c’est vraiment, euh… Des sports qui sont réservés, en tout cas, dans les compétitions internationales, pour les gens porteurs de handicap.
Ludovic : Aujourd’hui, à ce jour, nous, à l’international, c’est réservé au handicap. Voilà. Il faut pas… Voilà. Parce que si… Enfin… C’est… C’est quand même le… Quand même l’essence, un peu, de notre sport. C’est quand même, justement, de permettre l’expression des athlètes en situation de handicap. Pour autant, là où, effectivement, nous… Nous, on a poussé le curseur en France. À ma connaissance, je pense, on est peut-être bien le seul pays à avoir développé ça. Nous, toutes nos compétitions de circuit national en dehors du championnat de France sont ouvertes à tous les athlètes valides qui souhaitent y participer. Donc… Donc, on a eu… On a une petite dizaine d’épreuves nationales chaque année. Tous les athlètes du club qui organise, en général, ou des clubs à l’entrée, à l’entour, ou des fois, nous aussi, ben, si… Si le peuple, on aime bien ramener nos sparrings pour qu’ils voient un petit peu des jeux différents. Euh… Comme ça, du coup, ben, les athlètes valides se mettent dans la condition du fauteuil. Et c’est déjà arrivé que ça soit un athlète valide qui gagne la compétition en e-sport. Il s’est mis en condition. Il a été meilleur. Point. C’est tout. Il n’y a pas de… Il n’y a pas de problème.
Ermanno : Écoute, c’est super intéressant. Tu vois, c’est des éléments qu’on ne connaît pas forcément du para-escrime, de l’escrime en e-sport. Et je pense que c’était nécessaire de revenir dessus.
Ermanno : On y reviendra un peu après. J’aimerais déjà qu’on revienne un petit peu sur toi, parce qu’on s’est éparpillé sur le sport. Mais, euh… Donc, toi, tu découvres l’escrime en e-sport à 8 ans. Tu étais déjà en situation de handicap. Tu avais déjà… On t’avait déjà amputé de la jambe. Comment est-ce que tu es venu à l’escrime ? Comment est-ce que tu es venu à ce sport pour un gamin de 8 ans ? Est-ce que tu as déjà pratiqué d’autres sports avant ? Est-ce que c’est tes parents qui t’ont dit, tiens, Ludo, tu nous casses les pieds, tu es trop agité, on va te faire faire un sport. Et ils sont tombés sur l’escrime. Enfin, comment est-ce que l’escrime
Ludovic : est venu à toi ? Alors, souvent, c’est que… Euh… Enfin, déjà, on va dire, en général, je pense que tu as déjà dû l’entendre dans tes interviews. Beaucoup d’athlètes te disent, voilà, c’est un coup de chance, la bonne rencontre, etc. Donc, je pense, évidemment, c’est souvent vrai. Mais je pense, là, pour le coup, enfin, je peux… Il n’y a pas d’autres mots. C’est vraiment cette situation-là. Euh… Donc, pour reprendre, euh… Donc, en fait, suite à mon amputation, mes parents ont tout de suite compris, étant dans une famille assez sportive, ils ont tout de suite saisi que le sport serait vraiment un excellent moyen de m’aider, ben, du coup, à appréhender ce nouveau corps, à me dépenser, à me défouler, à prendre confiance en moi, à me faire des nouveaux copains, à repousser les limites, enfin, tous les bienfaits physiques et mentaux qu’on peut trouver dans le sport. Et, euh… Et, ben, étant, eux, assez versés, ben, dans les… dans les arts martiaux, donc, ben, depuis tout petit, je baignais dans cet univers-là. Et, du coup, je voulais faire des arts martiaux comme papa et maman. Bon. Du coup, bon, ils m’ont inscrit, euh, au judo, à l’âge, voilà, à l’âge de 7 ans. Euh… Et, bon, au début, on va dire, à cet âge-là, comme c’est des petits jeux et tout, bon, ça, ça se faisait bien, c’est pas le souci. Mais, bon, on… on le voyait bien, et puis moi-même, j’en étais conscient, euh, on va dire, ben, un sport où il faut faire tomber l’autre quand on est soi-même sur une patte, bon, ça sentait bien que la marge de manœuvre, elle était, elle était pas énorme. Donc, ils ont contacté la Fédération Handisport, qui leur a dit, ben, tiens, dans votre ville, à Vannes, en Bretagne, il y a un club d’escrime handisport, avec, euh, un homme et une femme, champion paralympique, champion du monde, et tout, et la maître d’armes qui leur a tout appris. Donc, euh, donc, ben, du coup, j’ai débarqué dans ce club à l’âge de 8 ans, et, euh, et, ben, du coup, d’avoir les grands champions, euh, devant les yeux, euh, tout de suite, bon, moi, c’était, ouais, c’était, euh, euh, c’était, voilà, des, des, des modèles, hein, sans pire, je les voyais partir en compétition et tout, et… et dès que, et dès qu’on m’a mis un fleuré dans la main, c’était le coup de foudre immédiat, voilà, je me suis pris pour un chevalier, enfin, voilà, tous les… C’est ça, toute la, toute la magie de l’escrime, et j’ai, j’ai tout de suite trouvé dans l’escrime tout ce que j’attends, moi, d’un sport, euh, pour me… tout ce qui peut me faire du bien, quoi. Donc…
Ermanno : Et justement, qu’est-ce que tu y trouves, dans un sport qui te fait du bien ?
Ludovic : Ben, pour moi, c’est, surtout, c’est que l’escrime, alors, déjà, c’est un sport qui est extrêmement technique, euh, même si, ben, je pense que aujourd’hui, avec mon… avec mon, mon ancienneté, et tout, enfin, voilà, je pense que, aujourd’hui, je sais tout faire, et dans le haut niveau, tous les athlètes savent tout faire, mais on ne peut jamais maîtriser parfaitement toutes les techniques à tout instant. On va toujours avoir un moment où il va y avoir, un peu, ben, un point fort, euh… et puis, du coup, ben, on va avoir une lacune, peut-être, dans un certain jeu défensif, du coup, ben, on va retravailler ce petit point faible, mais, du coup, qui va… cette… cette attention qu’on porte sur l’entraînement, ben, du coup, on la porte plus ailleurs, et il faut retravailler un autre point, et comme ça, c’est toujours, toujours en train, euh, du… c’est… d’avoir un… un cycle tournant sur les… sur les points d’entraînement qu’on… qu’on travaille. Donc, voilà, on n’en fait jamais totalement le tour. Euh… en plus de ça, donc, ben, du coup, euh… je sais pas si t’as vu des images, euh… des vidéos d’escrime en e-sport, euh… ouais, c’est extrêmement physique, euh… on peut vraiment aller à fond, comme les fauteuils sont… sont arrimés, on peut vraiment, euh… basculer le corps dans tous les sens, et c’est extrêmement sollicitant pour tous les muscles au-dessus de la ceinture, donc c’est… c’est vraiment une dimension physique qui compte, euh… et puis moi, ce qui me plaît beaucoup aussi, c’est tout le côté, surtout stratégique, euh… c’est vraiment, ben, comme tous les sports d’opposition, hein, c’est un peu… c’est… c’est une partie d’échec qui va… qui va à 100 à l’heure, encore plus, là, avec le côté handisport, où la distance entre les adversaires est plus petite, et plus rapprochée que en escrime valide, donc, euh… donc faut vraiment, euh… faut vraiment essayer d’avoir un coup d’avance sur son adversaire, lui tendre… lui tendre des pièges, déjouer les pièges que l’adversaire nous tend, s’adapter en permanence, etc., etc. Et… c’est ça que je trouve cool, c’est que, ben, moi, avec mes partenaires, euh… on peut aligner des centaines d’heures d’entraînement, on n’aura jamais deux fois le même match parfaitement identique, donc ça évite aussi, à mon sens, un côté… un côté lassitude. Et… et enfin, je trouve que ce qui est quand même important, c’est que, euh… ben, contrairement peut-être à d’autres sports, euh… ben, peut-être typiquement arts martiaux ou quoi que ce soit, ou faut qu’on… si on peut pas faire attention à nos gestes ou quoi, euh… potentiellement, ça peut… ça peut faire vraiment mal à… à son adversaire. Là, pour le coup, avec les protections, les équipements, le masque, les vestes, les gants et tout qu’on a, on peut vraiment… on… on peut y aller pleinement dans le côté combat, euh… dans le pire des cas, je vais faire trouble à mon adversaire, mais je ne… avec mon sabre, je ne peux pas lui casser le bras, je peux pas lui casser l’épaule, je peux pas lui faire vraiment mal. Donc, on… on peut vraiment
Ermanno : y aller à fond en toute sécurité. C’est bien, tu peux te… tu peux te défouler, euh… en fait, en sachant que tu ne vas pas faire mal à l’adversaire.
Ludovic : Exactement, c’est ça. Ou dans… dans le pire des cas, même s’il y a un moment, ça tape un peu fort, euh… on est… de toute façon, enfin, je… je reviens toujours de l’entraînement avec deux ou trois marques, hein, c’est pas… je peux pas dire qu’il y a rien, mais, euh… mais, ouais, c’est… c’est… ce sont jamais, euh… il n’y a jamais de blessure grave, euh… encore une fois, donc, nous… pour nous, le pire risque qui puisse arriver, ça serait que, ben, que la lame se casse, auquel cas, ça devient un vrai pic à brochettes, et c’est là que, du coup, c’est pour ça que, euh… dans ces moments-là, on arrête tout de suite l’action, et que si jamais il y a besoin, on a… notre équipement est dans un textile spécial pour faire en sorte de pas être transpercé. Donc, euh… tout est fait pour sécuriser au maximum, euh… ouais, je vais pas te dire que il y a jamais eu… jamais eu d’accident en escrime, il y en a déjà eu, oui, certes, euh… mais pour autant, euh… ouais, c’est un risque sur je sais pas combien de millions, enfin, c’est… et dans l’escrime handisport, j’en ai jamais vu, donc oui, oui, c’est vraiment, vraiment, vraiment à la marge.
Ermanno : Toi, tu pratiques, tu nous as dit, le fleuret et le sabre, euh… je disais tout à l’heure qu’il y avait plusieurs disciplines dans l’esprit… dans l’escrime handisport, comme dans l’escrime valide, avec une différence, et on en parlait en off, c’est que, euh… ben, dans l’escrime valide, en général, les combattants se spécialisent sur une arme, alors que dans l’escrime handisport, vous pratiquez rarement une seule arme, mais souvent deux, voire trois, c’est ça ?
Ludovic : C’est ça, exactement, ouais, nous, on a, on a la possibilité, euh… de, voilà, de pratiquer, de pratiquer plusieurs armes, comme tu dis, donc, euh… donc, l’immense majorité des athlètes sur le circuit pratiquent deux armes, certains choisissent, euh… assument à fond leur spécialisation et n’en pratiquent qu’une seule, euh… certains, certains, ben, au contraire, jouent l’ouverture et vont tenter, tenter de jouer, euh… de jouer sur les trois armes, bon, voilà, mais, euh… moi, bon, moi, je suis dans, je suis dans le cadre de la majorité, donc je pratique deux armes, euh… mais même si on en pratique deux, là, l’immense majorité des athlètes, en général, on a souvent une arme de spécialisation, enfin, voilà, une arme de prédilection en termes de résultats, et la deuxième arme où, voilà, on est, on… on peut toujours faire un bon coup une fois de temps en temps, mais c’est que c’est plus compliqué d’être, d’être constant sur la, sur la deuxième arme, quoi, donc, euh… et tu vois, et… et puis aussi, ça peut varier entre, des fois, les épreuves individuelles, les épreuves des équipes, euh… donc, bah, moi, mes, mes deux médailles paralympiques, je les ai obtenues au fleuret par équipe, euh… pour autant, là, mes… depuis ces dernières années, ma dynamique individuelle,
Ermanno : elle est portée sur le sabre. Et quel, quel intérêt ? Ou pourquoi avoir, justement, une spécialisation sur deux, voire trois armes, plutôt qu’une seule, comme en escrime individuelle ? Est-ce que c’est parce que vous avez plus de combats, plus de possibilités ? Est-ce que ça, euh… ça a rapport aussi aux sélections pour les épreuves internationales, et en particulier les Jeux Paralympiques,
Ludovic : ? Bah, y… oui, effectivement, nous, ça peut, alors, y a… enfin, y a un petit peu tout qui rentre en ligne de compte dans ce que, dans ce que tu viens de… dans tes, tes propositions, euh… c’est que, bah, déjà, si… si jamais on peut, euh… si jamais on peut réussir à claquer une perf, euh… dans l’arme où on est un peu moins attendu, bah, pourquoi s’en priver ? Ça serait toujours dommage de se priver d’une médaille. Euh… On a aussi, euh… bon, la notion d’équipe, où, bah, même si, individuellement, euh… c’est peut-être parfois, hein, on est peut-être un petit peu plus en difficulté individuellement, mais, euh… mais, bah, du coup, la somme d’un collectif, ça peut quand même donner une équipe très intéressante, et aussi, bah, ouais, donc, par rapport, nous, à la notion, bah, des sélections pour les Jeux Paralympiques, euh… ça peut aussi avoir un impact, euh… donc, là, tu prends, bah, nous, pour les Jeux de Paris, euh… typiquement, là où, moi, ma situation, elle est un peu plus délicate, c’est que, euh… au programme des Jeux, donc, y a le fleuret, l’épée, le sabre en individuel, par contre, dans les épreuves d’équipe, on ne va avoir que du fleuret par équipe, et de l’épée par équipe. Le sabre, par équipe, n’est pas au programme des Jeux. Donc, euh… donc, c’est là aussi, bah, qu’on essaye de jouer sur plusieurs tableaux, parce que, euh… là, actuellement, on va dire, bah, j’espère pouvoir décrocher ma qualification individuelle, par le… par le sabre, et… bon, le fleuret, c’est un petit peu plus compliqué. Pour autant, quand j’étais en début de cycle de sélection, bah, je pouvais pas savoir si le sabre allait si bien marcher, peut-être que le fleuret, justement, ça serait un peu mieux passé, et aurait pu aller me permettre d’aller chercher, comme ça, un repêchage par les équipes, voilà, y a plusieurs situations possibles, quoi. Et… et je vais prendre aussi, par exemple, un peu un exemple, moi, d’un… bah, d’un championnat d’Europe qui avait été à Strasbourg en 2014, où, vraiment, pour moi, c’était, euh… j’avais vraiment mis… mis tous mes espoirs, moi, sur le sabre individuel, et, euh… et bah, résultat, manque de bol, je me prends un peu les pieds dans le tapis au sabre individuel, je termine 5e de l’épreuve, bonne position, mais pas sur le podium, et, à surprise générale, euh… bah, le lendemain, je fais… je fais bronze au fleuret individuel, ce qui était contre toute attente. Donc… bon, bah… quand, des fois, on peut faire un bon résultat,
Ermanno : pourquoi pas. C’est sûr, on va pas s’en priver. Rapidement, parce qu’on avait déjà eu Margot Rivkis à ce podcast, qui, elle, est escrimeuse et sabreuse en individuel, mais, rapidement, la différence, et surtout la différence en en escrime, en e-sport, entre les 3 armes, ça va être une question de de poids, de positionnement, d’esquive,
Ludovic : où est-ce que ça se joue ? Alors, pour te le dire, très… ouais, c’est de le faire très rapidement, j’essaie de répondre en moins de 2h, euh… non, l’épée, c’est l’arme, on va dire, la plus simple, c’est que on ne peut toucher qu’avec la pointe, et, pour le coup, y’a pas de règle, on va dire, spécifique, c’est le premier qui touche a le point, voilà, c’est tout. Et si les deux se touchent ensemble, chacun marque un point. Euh… l’épée, c’est l’unique euh… point de règlement où on a fait une adaptation entre l’escrime valide et l’escrime handisport, parce qu’en escrime valide, à l’épée, on peut on peut toucher n’importe où des pieds à la tête. Alors que, dans le handisport, bah, les jambes ou le fauteuil, ça serait trop facile à toucher. Donc, on rajoute un tablier isolant, qui va couvrir les jambes et le fauteuil, et, de cette façon-là, euh… à l’épée handisport, les les zones valables, c’est au-dessus de la ceinture. Voilà. Ensuite, le fleuret, euh… comme à l’épée, on ne peut toucher qu’avec la pointe. Par contre, on ne va viser que le tronc. Donc, vraiment, le torse, le ventre, les épaules et le dos. Et, euh… et par contre, on va avoir des règles de priorité. C’est-à-dire que si tu m’attaques, je dois d’abord me défendre avant d’avoir le droit de riposter. Et c’est là que l’arbitre a un rôle très important, puisque, bah, il faut que l’arbitre détermine qui a pris l’initiative de l’attaque, euh… ou qui, voilà, ou si l’autre s’est bien défendu, qui a pris le droit de marquer le point. Donc, c’est là que c’est pas évident. Et, euh… et la troisième arme, donc, c’est le sabre, où on retrouve ces notions de attaque, parade, riposte, euh… pour marquer un point. Mais à la différence du fleuret, on peut toucher avec toute la lame, et on va toucher également partout au-dessus de la ceinture. Donc, contrairement au fleuret, on va rajouter
Ermanno : la tête et les bras. Voilà, c’est très clair. J’imagine qu’il y a aussi une différence en termes de poids, au niveau des armes, et en termes de prise ?
Ludovic : Effectivement, oui. L’épée est une arme un peu plus lourde, elle pèse 750 grammes, et, euh… alors que le fleuret et le sabre sont plus légers, ils pèsent 500 grammes. Et, oui, alors, en termes de prise, alors… enfin, en termes de poignée, souvent, on va dire, bah, c’est plus… alors, euh… l’épée, il y en a qui ont des poignées ergonomiques, où, voilà, on peut vraiment caler les doigts, ou, euh… où il y en a qui préfèrent être en poignée… ce qu’on appelle une poignée droite, de toute façon, c’est juste, euh… voilà, juste le prolongement de la lame qui va tout droit, ça leur permet d’avoir plus de souplesse dans le jeu, ça dépend vraiment des jeux à l’épée, euh… et alors qu’au fleuret, on est vraiment tous en poignée, euh… justement, en poignée ergonomique pour vraiment caler les doigts, ce qui permet d’avoir un peu plus de force pour taper la lame de l’adversaire, et… et le sabre, par contre, on est… le sabre, c’est vraiment, euh… ben, le sabre un peu de cavalerie, voilà, avec une poignée simple, euh… ce qui permet d’avoir les mouvements les plus naturels pour aller, ensuite, ben, faire des coups, des coups de taille, euh… de tranchant sur l’adversaire.
Ermanno : Bon, si nos auditeurs se demandent, se disent « Ouais, 750 grammes, ça va, c’est pas si lourd que ça », je vous invite à prendre une bouteille d’eau, la vider à moitié, et puis vous amuser à faire des… à faire des mouvements avec votre main pour faire bouger la bouteille toute la journée, vous verrez si c’est pas si lourd que ça, 750 grammes.
Ludovic : C’est ça, voilà, c’est ça, pendant… alors, on n’a pas dans la main toute la journée, mais oui, pendant un match, euh… un match qui dure plusieurs minutes, ça devient vite très long,
Ermanno : en fait, effectivement. Bon, et encore, vous, vous vous êtes entraîné. Écoute, merci beaucoup pour toutes ces précisions, déjà, sur toi et sur le sabre, euh… on est revenu aussi un petit peu sur ton palmarès, euh… l’essence même du podcast, c’est quand même de… de revenir aussi sur le financement des carrières des sportives et sportives de haut niveau, qu’ils soient valides ou handisports, euh… toi, à l’heure actuelle, comment est-ce que tu finances ta carrière ?
Ludovic : Alors, c’était un… c’était effectivement un grand sujet, euh… parce que, si tu veux, en fait, euh… euh… donc, pour remonter un petit peu, du coup, sur le fil de ma carrière, donc, il y a eu les cycles de… de Londres, de… de Rio, et tout, euh… on va dire, j’ai marqué un petit… enfin, un temps de pause, honnêtement, je me suis cru retraité sorti des Jeux de Rio, parce que, donc, je t’ai expliqué en off les parcours de sélection qui sont extrêmement longs et éprouvants, et j’avais vraiment besoin de prendre du recul sur mon sport, et, euh… et puis, bon, j’ai eu la naissance de ma fille, voilà, il y a eu tout un tas d’événements qui se sont télescopés à la sortie des Jeux de Rio, et, euh… et j’avais vraiment besoin de prendre du recul. Et, euh… et, bah, un an après Rio, en 2017, bah, Paris a été élu. Et, du coup, là, je me suis dit, ah, ouais, mais, quand même, les Jeux à domicile, ça serait quand même dommage de louper ça. Donc, euh… donc, bon, je me suis… je me suis remis d’attaque, alors, petit à petit, euh… donc, la Fédération m’a convaincu d’essayer de me remettre dans le processus de sélection de Tokyo. Ça, c’était fin 2018. Euh… donc, bon, j’ai essayé de… de regrimper les… on va gagner des crans petit à petit, mais, bon, il m’a fallu, comme, du… du temps pour retrouver, bah, mes repères, mon efficacité, et, euh… et, du coup, bon, j’ai… j’ai loupé, euh… j’ai loupé, peut-être, de pas grand-chose, mais, enfin, en tous les cas, j’ai loupé la sélection pour les Jeux de Tokyo. Bon. Euh… En soi, bon, je m’étais dit, bon, c’est pas… c’est pas un drame. Bon, de toute façon, moi, j’avais vraiment parié en livre de mire, et je m’étais dit, de toute façon, bon, le travail que j’ai mis en place, euh, sur mon Escrime, ça va me servir pour le cycle Paris. Ça va OK. Et, du coup, je suis sorti, euh… enfin, voilà, on va dire que les Jeux de Tokyo sont passés, je me suis posé un petit peu, et je me suis dit, bon, vis-à-vis de… de Paris, est-ce que je veux vraiment faire les Jeux ? Oui, vraiment, j’en ai… j’en ai vraiment envie. OK. Euh… donc, par rapport au boulot, comment ça se passe ? Bon, il va falloir qu’on… il va falloir que je négocie avec le boulot, ce qui peut se voir comme… comme détachement, vis-à-vis de ce… vis-à-vis de… de ce… de ce cycle. Et, euh… et, ben, du coup, quel… qu’est-ce que j’ai en partenaires, en budget, etc., pour… pour financer… qu’est-ce que… qu’est-ce que j’ai de… de financement garanti pour préparer les compètes ? Résultat, zéro. Ah. Bon. Qu’est-ce qu’on fait ? Voilà. Pour autant, ben, malgré… on va dire malgré, ben, mon palmarès, mon expérience et tout, voilà, j’ai pas… j’ai pas de partenaires spécifiquement identifiés, il y avait rien de… voilà, il y avait tout à faire. Donc, euh… donc, moi, vraiment, toute la démarche que j’ai eue, ça a été de me dire, ben, il y a quelque chose, on va dire, ben, que… que, moi, j’ai pas spécialement développé et qu’il y a peut-être un petit peu zone d’ombre, enfin, je sais que nous, on va dire, dans… dans… dans notre équipe, c’est pas… ça… c’était pas un… ça a jamais été un sujet extrêmement prégnant, c’était, bon, ben, essayer d’exister par les réseaux sociaux. Euh… ça fait… voilà, aujourd’hui, c’est un incontournable pour essayer d’exister dans le… dans le paysage. Euh… et du coup, donc, ben, je me suis rapproché, justement, ben, de… de quelqu’un que… que je connais bien, dont c’est le métier, hein, bien sûr, euh… justement, de… de gérer ces… ces aspects-là, et, euh… et ben, du coup, donc, on s’est mis à travailler ensemble, à la fois, ben, pour, voilà, créer une vitrine réseaux sociaux, euh… peut-être vraiment à la fermeture, pour monter en puissance petit à petit, et, à côté de ça, euh… vraiment… vraiment, enfin… me donner toutes les armes pour… pour maximiser mes chances. Donc, on a structuré le discours, euh… vraiment… vraiment fait la liste, ben, des contreparties que je pourrais apporter à… à des partenaires, euh… monté un dossier de partenariat, euh… refondu le site internet de fond en comble, etc., et… et ensuite, ben, du coup, ça a été, ben, de la prospection, vraiment, tout azimut, pour réussir à démarcher des entreprises, des partenaires, euh… voilà, trouv… trouver des… des partenaires qui souhaitaient bien me rejoindre dans l’aventure. Donc, euh… Donc, ça m’a pris, voilà, ça m’a pris beaucoup de temps, euh… enfin, voilà, de temps et d’énergie, euh… là où je suis surtout… là où je suis très content, c’est que, ben, maintenant… maintenant, effectivement, le projet a été… l’enveloppe a été… a été sécurisée,
Ludovic : mais, on va dire, ben, je recueille, euh… allez, on va dire, là, surtout, ça, c’est… c’est un peu fini de se sécuriser depuis, peut-être, quatre mois, à peu près, euh… mais, du coup, là, je… enfin, je recueille les fruits de deux ans de travail, vraiment, absolument quotidien, quotidien, tous les jours, tous les soirs, tous les week-ends, de travailler sur l’ordinateur, d’animer les… justement, de faire… faire mes articles, euh… pour les réseaux sociaux, de démarcher, d’envoyer des mails, d’écouter les phones avec les entreprises, rencontrer… rencontrer les dirigeants, contractualiser, suivre les relations, proposer les contreparties, etc., etc., etc. Donc, euh… donc, ouais, je suis content parce que tout ce que j’ai travaillé et, euh… et puis, ben, aussi, voilà, j’ai mis aussi un petit peu d’argent pour, justement, refaire le site internet, tous ces… ben, justement, la rémunération de la personne qui m’accompagne, etc., enfin, je l’ai vu comme un investissement, mais, euh… mais quand je me suis lancé, je savais pas du tout si j’allais avoir le retour à ce comté, quoi. Bon, ça a marché, j’en suis content, mais, euh… mais oui, c’est… c’est un travail considérable, et c’est autant de temps et d’énergie, ben, que je ne peux mettre ni, euh… ni dans mon entraînement d’escrime, ni auprès de ma famille, euh… mais… mais c’est incontournable.
Ermanno : C’est le… le parcours du combattant, du sportif de haut niveau, euh… et en… est-ce que t’as l’impression aussi, parce que on en parle aujourd’hui, justement, que c’est encore plus difficile pour les…
Ludovic : les athlètes handisport ? Alors, aujourd’hui, limite peut-être, on… j’allais dire peut-être, on n’a peut-être jamais eu une aussi bonne chance d’exister. Euh… on sent bien que, voilà, que, ben, les Jeux de Paris approchent, euh… donc on sent bien… il y a une belle énergie qui est en train de monter de toutes parts, vraiment, je… euh… on voit qu’on a beaucoup plus de sollicitations, euh… on sait aussi que les… enfin, voilà, que la médiatisation, aussi, sera très très forte sur les Jeux, il y aura… il va y avoir 300 heures de direct sur France Télévisions pour aller aux Paralympiques, c’est le triple de ce qui était à Rio et Tokyo, euh… et, euh… et aujourd’hui, vraiment, on… enfin, je pense que le public est prêt à… est conscient des performances des athlètes paralympiques, a envie de découvrir les images, et, euh… et ça crée une dynamique, et aujourd’hui, euh… enfin, ben, on va dire, enfin, tant mieux, on… l’inclusion, la prise en compte du handicap, aujourd’hui, c’est un sujet, euh… prégnant, c’est un thème de société, c’est… c’est une thématique récurrente pour les politiques RH des entreprises, pour les politiques RSE, et, euh… à la limite, je pense, on a… aujourd’hui, on était bien, peut-être, en position un peu plus favorable, euh… nous, les athlètes handisport, peut-être, par rapport à des athlètes valides, où, justement, ben, on peut… on peut mettre en avant ce côté résilience, dépassement du handicap, etc., euh… bon, qui peut… qui peut matcher pas mal auprès… auprès d’équipes professionnelles et… auprès des entreprises qui s’y intéressent, quoi.
Ermanno : Alors, toi, t’as une particularité, tu l’as dit, c’est que tes conseillers… euh… clientèle dans une banque, et… et ça te permet d’avoir, quand même, un minimum de salaire. Alors, je sais pas si, du coup, t’as réussi à négocier avec ton employeur pour avoir un certain détachement, une certaine forme de détachement, et donc, ne pas travailler, euh… à temps plein, 35 heures, tout en… en maintenant ton salaire. Donc, ce qui veut dire que, toi, t’as sécurisé ton budget pour aller, éventuellement, jusqu’à Paris, on en parlait en off, les systèmes de… de qualification, de sélection sont un peu compliqués, euh… on va peut-être pas revenir là-dessus aujourd’hui, mais on pourra faire un épisode après, euh… à la fin des JO pour en reparler. Mais, euh… donc, toi, t’as sécurisé ton budget, donc, toi, si tu vas jusqu’aux JO, tout va bien. Mais y’a d’autres athlètes, la fin du tunnel n’est pas encore visible, on voit pas encore la lumière, parce que ils sécurisent leur budget jusqu’aux JO, et après, à partir du mois de septembre 2024, qu’est-ce qu’on fait ? On se reconvertit, ou on se convertit, parce que y’en a, ils ont… c’est même pas une question de reconversion, c’est une question de se lancer dans la vie active, et puis d’arrêter, euh… le sport, euh… c’est… c’est aussi un problème ?
Ludovic : Bah, c’est pas… c’est sûr, ben, les… les… l’air, euh… le côté reconversion, ça, c’est forcément pas évident. Alors, pour te… pour répondre déjà un petit peu sur ta première partie de question, euh… effectivement, oui, j’ai… j’ai la… j’ai vraiment, vraiment la chance d’avoir un super employeur, je sais pas si je peux le citer, hein, la… Ah, tu peux citer, et j’allais te dire aussi
Ermanno : que tu peux citer celui qui t’accompagne sur la partie,
Ludovic : euh… réseaux sociaux. C’est ça, voilà, donc, euh… donc, mais, voilà, vraiment, enfin, moi, la… moi, c’est la banque LCL, euh… ou que, vraiment, je remercie du fond du cœur, hein, parce que mes… c’est… il me… il me donne vraiment de… de fantastiques facilités pour me permettre de mener pleinement ce projet Paris, et… et, clairement, je… j’ai pas beaucoup de… de collègues qui ont d’aussi bonnes dispositions professionnelles que moi pour… pour avancer, et, du coup, donc, là, j’ai un… j’ai un détachement, euh… là, qui a quasiment, euh… là, tu vois, pour… pour l’année 2024, je vais avoir un détachement de 90% sur l’année, euh… professionnel, ce qui fait que, là, l’idée, en gros, c’est que, euh… ben, là, je ne vais… je vais rester pleinement concentré sur l’escrime jusqu’au jeu, et je reprendrai, du coup, mon activité professionnelle à la fin de l’année. Et, au moins, ça me permet de vraiment me projeter, comme ça, sur mon… sur le côté sportif, et, euh… et ça, sans perdre de salaire. Donc, au moins, vraiment, euh… je peux… quand… quand je pars sur les compétitions, les entraînements et tout, j’ai pas le problème de me dire, euh… comment est-ce que… comment est-ce que je vais… je vais payer le loyer ce mois-ci, les courses, ou quoi que ce soit, euh… je suis payé comme si j’étais à temps plein au bureau, et ça, c’est un… c’est un avantage qui est prodigieux. Voilà. Euh… après, donc, comme je te dis, voilà, quand je te parlais, donc, du financement, ce sont, dans tous les à-côtés, c’était, ben, du coup, les déplacements sur les compétitions, euh… justement, donc, la…
Ludovic : la rémunération, donc, du… justement, du… de mon… de mon préparateur physique, du… des personnes qui m’accompagnent sur les réseaux, etc., le matériel, les soins, voilà, tout… tous les postes de dépenses qui sont… qui sont à côté. Euh… Après, ben, comme tu dis…
Ermanno : Et ça… ça… je peux… je peux te demander, euh…
Ludovic : quel budget ça représente ? Alors, moi, si tu veux, j’ai… ce qu’on a… ce qu’on a défini, alors, je sais pas en termes de saison, mais pour moi, c’était vraiment le projet Paris global, donc, qui était un projet d’à peu près 3 ans, euh… pour être en situation de confort, on avait budgété
Ermanno : c’est ce qui… Hors salaire. Donc, ça, c’est… ça, c’est en dehors de ton salaire, c’est tous les à-côtés qu’il y a, euh… dans les frais que tu… qui sont générés par ta pratique sportive
Ludovic : à haut niveau. C’est ça, voilà, et tenir compte, et, à mon sens, d’avoir aussi, ben, la juste rémunération des personnes autour de moi qui m’accompagnent sur le projet, euh… Euh… Et pour… pour moi, c’était vraiment aussi… aussi… aussi important d’avoir ces aspects-là, ce que je veux dire, enfin, mon… mon entraîneur, mon maître d’armes, voilà, c’est donc… Bon, la rémunération d’un maître d’armes, c’est pas extraordinaire, euh… Je sais qu’il fait, en plus, un petit… un petit job à côté pour… pour compléter, enfin, voilà, il… il court dans tous les sens, c’est… Voilà, si je peux lui dégager quelque chose en plus pour l’aider, ça… Vu tout ce qu’il aura investi en temps et en énergie pour… pour me… pour me lancer vers les Jeux, ça… ça sera bien la moindre des choses, quoi. Donc, euh… Donc, euh, voilà, et après, oui, donc, pour te… Donc, pour répondre à ce que… à ce que tu disais, le… Euh, effectivement, le… le côté, ben, oui, euh… l’après-jeu, c’est pas forcément évident, euh… surtout quand on est pris, ben, qu’on a… on a tout… pendant des années, on a une ligne d’horizon qu’on a devant soi, devant soi, et, euh… et quand cette ligne d’horizon, elle est passée, euh… bon, ben, c’est, voilà, savoir comment… comment on se retourne après, euh… donc, ben, comme tu dis, moi, j’ai le… j’ai la chance, du coup, d’avoir… d’avoir, ben, déjà un emploi qui m’attend, et, du coup, j’ai… j’ai toujours mené de front, comme ça, une activité professionnelle avec ma… ma vie sportive, euh… mais c’est sûr que, ben, pour des athlètes, euh… si… si… voilà, si… si des athlètes n’ont jamais eu d’activité professionnelle à côté, ça peut faire un sacré saut dans le vide, et c’est pas évident à négocier.
Ermanno : Euh… et c’est l’essence même de ce podcast, c’est d’être là pour les mettre en avant et pour les aider aussi, euh… déjà par la communication, mais aussi, euh… en mettant en place des systèmes de collecte de fonds, ben, à financer leur carrière. Alors, pour toi, c’est pas la peine, puisque t’as réussi à boucler le budget, mais, euh… on en reparlera peut-être, euh… l’année prochaine, euh… vers… la route vers Los Angeles 2000… euh… 2028, non ?
Ludovic : Non, ça va aller, c’est bon, c’est bon.
Ludovic : Surtout, en fait, c’est que, si tu veux, euh… donc, euh… ça me fait… si je suis sélectionné pour Paris, ça serait ma troisième participation. Participation, oui. Mais, en fait, des campagnes, si tu veux, moi, je suis sur la… je suis sur le… le haut niveau, je suis arrivé en 2003, alors, bon, pour Athènes, j’étais un petit peu juste, ok. Après, j’ai fait pleinement le parcours de qualification pour Pékin. Euh… ouais, j’ai manqué… j’ai manqué coche de Pékin à vraiment pas grand-chose, et puis je voulais privilégier des études et tout, bon, Pékin, ok, tant pis. Après, il y a eu Londres, il y a eu Rio, je me suis remis à cheval pour Tokyo, bon, ça s’est manqué. Là, il y a eu Paris. Donc, en fait, en soi, j’ai déjà… moi, j’ai fait cinq… Ça fait six campagnes. Ouais, j’ai… ouais, c’est… euh… quasiment six, ouais. Donc, au final, euh… au final, bon, c’est… ouais, c’est bon, j’aurais… j’aurais ma donne, et puis… et puis, à mon sens, euh… enfin, déjà, plusieurs raisons, c’est que, à la fois, vis-à-vis du boulot, de la famille, euh… bon, déjà, c’est… enfin, ça a été, effectivement, ça a été, ben, des… des négociations, enfin, mais de vraiment se poser, se dire, OK, est-ce qu’on se lance sur le projet Paris ? Allez, on se donne les moyens, c’est reparti. Mais, euh… mais, c’est… c’est vraiment l’idée que… que, ben, Paris, c’est… c’est comme un événement exceptionnel, euh… et c’est… c’est des gros sacrifices, vraiment, pour tout le monde, ben, pour ma compagne, pour ma fille, euh… non, ben, c’est… c’est… c’est… c’est quand même quelque chose qui… qui est pas évident à vivre, donc, aussi, de… de… de leur côté. Euh… Je sens aussi, moi, que… ben, que physiquement, il y a de plus en plus de petites blessures, de petits pépins, et, euh… et, voilà, ça devient… ça devient vraiment compliqué. Alors, là, pour les mois qui restent, je vais tenir, c’est pas un souci, mais, euh… mais de là à repartir quatre ans supplémentaires, ça serait… physiquement… rien que physiquement, ça serait quand même vraiment pas évident. Euh… Ouais, je le… je le sens bien que sur… que sur les compétitions, faut… faut… faut que je fasse de plus en plus appel à ma… à ma roublardise, et je peux de moins en moins faire appel à mon endurance. Et, euh… et puis, au-delà de ça, euh… je pense que, si tu veux, pour se lancer sur un projet comme les… ben, comme les… les Jeux Olympiques ou Paralympiques, euh… faut… c’est… c’est pas juste se dire, ouais, je fais trois compétitions, puis je verrai où ça me mène, et puis… puis, ben, on verra bien, quoi. Non, c’est… faut… faut vraiment, euh… faut vraiment le prendre en amont, euh… à mon sens, c’est vraiment, ben, essayer de… d’identifier toutes les… tous les aspects qu’il va y avoir à prendre en compte, euh… encore une fois, voilà, le boulot, la famille, les finances, euh… des événements perso, des… des contraintes, enfin, vraiment, essayer de… des solutions, quelles solutions d’entraînement on peut trouver, s’il y a… s’il y a des contraintes, voilà, toutes les choses à mettre ensemble. Et… et c’est quelque chose qui… qui prend tellement corps et âme, euh… que je pense, voilà, il faut… il faut qu’on ait un supplément d’âme, il faut vraiment que ça vienne du fond du cœur pour se lancer dans une aventure comme ça. Et moi, si tu veux, pour moi, les Jeux de Londres, c’était… c’était le rêve de gosse, euh… vraiment, vraiment de… de 11 à… de 11 à 26 ans, ma participation, je pense que quasiment tous les jours, euh… j’exagère à peine en te disant que tous les jours, je me suis réveillé en me disant un jour, je serai dans le stade et je verrai la flamme s’allumer, c’était vraiment le… c’était vraiment le… le… le rêve… le rêve d’enfant que je voulais vivre. En plus, honnêtement, quand j’étais petit, je m’étais dit, ah, je serai champion paralympique, etc., bon, en grandeur, en 10 ans, et avec la réalité du haut niveau, c’est quand même pas si simple, euh… mais de… mais de revenir de Londres, en plus, médaille d’argent, enfin, pour moi, elle vaut de l’or, cette médaille, quoi, elle est… c’était vraiment le rêve éveillé, donc, euh… donc, pour moi, j’étais vraiment arrivé au bout de mon parcours individuel, euh… après, quand je me suis relancé sur Rio, c’était, euh… me dire, ok, ben, j’ai fait le tour de ce que je pouvais espérer dans mon sport, euh… maintenant, qu’est-ce que je pourrais… comment… quelle pierre supplémentaire je pourrais apporter à l’édifice ? Euh… et ce que, ben, j’ai souhaité, c’était, ben, d’aider au mieux, ben… les copains, les copines de l’équipe, enfin, le groupe, l’équipe de France, à essayer de porter le plus haut possible, et, euh… et, ben, donc, du coup, j’ai postulé, j’ai postulé, j’ai été élu par mes… par mes collègues, capitaine de l’équipe de France pour le cycle de Rio. Donc, j’ai eu à cœur, pendant 4 ans, euh… ben, de… d’essayer de mettre les coéquipiers dans les meilleures dispositions possibles pour qu’ils puissent performer, euh… je faisais l’interface avec les entraîneurs, avec la fédération, euh… j’ai développé aussi, ben, une page Facebook pour, euh… à l’époque, pour mettre en valeur l’équipe de France, voilà, je faisais tout ce… tout ce travail-là. Et du coup, ben, comme je te disais, euh… après Rio, je suis sorti, du coup, complètement rincé du… de tout ce cycle, avec tous ces… à la fois, ben, sur mon propre… ma propre vie sportive, et ce côté capitaine qui m’avait pompé aussi pas mal d’énergie, et, euh… et maintenant, moi, ce qui me donne faim pour Paris, c’est parce que c’est à domicile. C’est… c’est une chance unique, euh… ça se reproduira pas, j’ai… c’est… on va dire, c’est entre guillemets miraculeux que ça puisse m’arriver à un si bon moment dans ma vie, euh… tu vois, je vais avoir 38 ans pour les Jeux, j’ai, euh… j’ai encore toutes mes capacités physiques, même s’il est temps que ça s’arrête, mais bon, ça va… pour l’instant, ça va… ça va encore sans problème, euh… j’ai 20… j’ai 20 ans d’expérience, euh… enfin, voilà, toutes les paramètres sont… sont réunis, euh… pour… pour que je puisse tenter l’aventure, euh… j’ai pas 60 ans, j’en ai pas 10, c’est le bon moment, et des Jeux, ouais, des Jeux à domicile, euh… bah, tu le sais mieux que moi, ça va être la première fois qu’on va voir les Jeux… les Jeux d’été, euh… depuis 100 ans, euh… pour les Jeux olympiques, c’est la première fois de l’histoire qu’on va voir les Jeux paralympiques, euh… ouais, devant… devant le public, en France, enfin, pour moi, c’était… c’était impossible que je… que je tente pas ma chance, et, enfin, vraiment, euh… quand je me suis lancé sur le début du cycle, euh… c’était, euh… j’avais vraiment… vraiment cette sensation, au fond de moi, de me dire que, euh… si dans 10 ans, ma fille vient me voir, et me dit, euh… bah, et toi, papa, pour Paris, t’étais où ? Si je lui dis que j’étais dans mon canapé et que j’ai rien fait pour essayer d’y être, euh… j’aurais regretté jusqu’à la fin de mes jours. Donc, euh… donc, ouais, pour moi, c’était vraiment l’idée de ce cycle, c’était, bah, je peux pas savoir à l’avance si… si je ferais forcément les Jeux, parce que de toute façon, ça dépend des sélections, mais j’ai pas le droit de pas tout mettre en place pour essayer. Voilà. Et… je suis peut-être un peu caricatural dans mon… dans mon discours, mais je pense peut-être même pas, je pense, on va dire, il y a des générations entières d’athlètes français qui sont nés et morts en espérant voir les Jeux à domicile, ils auront jamais pu le voir ou le vivre, euh… bah, moi, j’ai cette chance-là, j’ai pas… j’ai pas le droit de pas… de pas apporter ma pierre à des fils pour cet événement, quoi.
Ermanno : C’est le pire qu’on te souhaite d’être sélectionné, de pouvoir y aller, et même, je dirais même que le pire du pire, ce serait que tu sois champion olympique en individuel, tu réaliserais ton rêve de gosse.
Ludovic : Oulà, oui, voilà mon rêve. Ça va pas être si simple que ça.
Ermanno : En parlant de rêve de gosse, si tu pouvais, euh… si on pouvait vivre dans un monde un peu parallèle, si tu pouvais te projeter à côté du petit Ludovic Lemoine de 8 ans, au moment où tu vas commencer les scrims en e-sport, et que lui, en fait, il te connaisse, il sache exactement quelle vie tu as eu, donc quelle vie il va avoir. Qu’est-ce que tu penses que lui dirait de toi en te voyant ? Qu’est-ce qu’il te dirait ?
Ludovic : Non, t’es pas à me poser une question comme ça. Je peux prendre 4 heures et une copie double pour…
Ermanno : Ça va, on réenregistre dans 4 heures si tu veux.
Ludovic : Non, mais euh… Qu’est-ce qu’il me dirait ? Enfin…
Ludovic : Je pense qu’il me dirait… Ben voilà, c’est… Voilà, t’es devenu ce que j’espérais devenir, et enfin voilà, il dit je suis… Je pense qu’il me dirait juste ben je suis fier de ce que t’es devenu, quoi. Je suis fier de tout ce que t’as fait. C’est surtout… C’est surtout ça, quoi. Et enfin, surtout de tout ce que t’as fait, et euh… Et euh… Et à la fois pas sur le côté résultat sportif aussi, essayer d’être fier aussi, ben, de ma manière d’être… Euh… D’être, ben, de présenter, de représenter mon sport, d’essayer d’être, ben, du… On va dire le plus vivable possible avec mon entourage, voilà, d’essayer de… De ne pas… De ne pas non plus perdre pied aussi sur certains aspects, quoi.
Ermanno : Et qu’est-ce que tu penses que tu lui répondrais, du coup ? Ou quels conseils tu pourrais lui donner ?
Ludovic : Ben, comme je sais qu’il va faire tout ce que j’ai fait, je sais, je suis pas inquiet. Mais je lui dirais, il dirait, t’en fais pas, va y avoir beaucoup de moments difficiles, ça va… Va y avoir des moments, ça va être fatigant, ça va être douloureux, il y aura énormément de moments de doute, mais ça va passer.
Ermanno : Super, ben écoute Ludovic, merci beaucoup pour cette presque heure qu’on a passée ensemble. Pour finir, tu parlais des réseaux sociaux tout à l’heure. D’ailleurs, tu nous as pas donné le nom de la personne qui t’accompagne, enfin, libre à toi de le dire si tu veux.
Ludovic : Oui, mais c’est… Oui, évidemment, il s’appelle Romain Le Callonnec, qui travaille sur Bordeaux, et… Voilà, si vous souhaitez faire appel à ses services…
Ermanno : Et du coup, toi, si on veut regarder ce que ça donne, tes réseaux sociaux, si on veut te contacter, si on veut t’encourager, si on veut te soutenir pour Paris 2024, même si on sait que les sélections tomberont fin juin, mais en tout cas, on croit dans ton projet, donc si on veut te le… te faire signe, ça se passe où ?
Ludovic : Eh bien, suivez, donc, sur mon Insta, Ludo underscore Lemoine, c’est vraiment que là, vous trouverez le plus d’actualités, il y a la page athlète aussi sur Facebook, et… et sur mon site internet, n’hésitez pas à aller voir pour… pour retrouver un peu plus d’éléments sur mon parcours, sur mon palmarès, voilà, tous les… voir, découvrir tous les partenaires qui m’accompagnent sur mon site internet, donc ludovic-lemoine.fr, et vous aurez aussi tous les éléments pour me contacter, m’envoyer un mail, n’hésitez pas à m’envoyer un message, ça me fera toujours chaud au cœur, et je finirai aussi juste en revenant sur l’Insta, tu vois, ce qu’on avait essayé de voir, justement, avec Romain, c’était… c’était, au-delà de présenter mes actualités sportives, et ce qui est normal, on va dire, comme tous athlètes, essayer un petit peu de pousser le curseur un peu plus loin, on va dire, d’avoir une approche un petit peu différenciante, de présenter des vidéos où je montre, justement, des gestes d’escrime, aux fleurs et aux sabres, ce que souvent, c’est que tout le monde me dit « Oh, l’escrime, c’est trop beau, mais ça va trop vite, je vois rien ! » Donc là, justement, l’idée, c’est de décomposer des gestes au ralenti pour expliquer un peu comment ça se passe, sur des petites vidéos vraiment short,
Ludovic : et puis aussi, des publis avec thématiques de handicap, de matériel escrime, voilà, des petites choses aussi pour amener un peu de contenu supplémentaire, je vous invite à découvrir tout ça.
Ermanno : On va aller découvrir tout ça, je remettrai de toute façon toutes les infos dans les notes de l’épisode. Ludo, merci beaucoup pour ce moment qu’on a passé ensemble, et puis, écoute, bon courage pour Paris, et on espère te voir là-bas, sur les… Comment on dit d’ailleurs ? Sur les terrains d’escrime ? Les pistes d’escrime. Sur les pistes d’escrime, écoute. Bon courage, et puis à très bientôt !
Ludovic : Merci, à bientôt, avec plaisir.