🌊 Cap vers le succès : l’odyssée d’Albane Dubois 🌊
👩🌾 Imaginez Albane, kiné à Lille, qui choisit de tout changer pour devenir skippeuse professionnelle et viser les Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Une histoire de détermination et d’audace.
⛵ De ses débuts à Bredune jusqu’à la scène internationale à Tokyo, Albane a embrassé les défis et les opportunités, guidée par l’amour de la mer et le soutien précieux de son entourage.
🌟 Entourée par une équipe passionnée, elle est devenue une source d’inspiration, prouvant que croire en ses rêves les plus fous est possible.
🚀 Son parcours, de la passion à la persévérance, enseigne comment un brin de folie peut ouvrir la voie vers les étoiles.
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Dans cet épisode, vous pourrez découvrir (chapitres de l’épisode) :
1. Introduction à l’épisode (00:00.00)
2. Présentation d’Albane Dubois (00:48.00)
3. Découverte de la voile et de l’équitation (01:35.16)
4. Le chemin vers le sport de haut niveau (04:01.70)
5. L’importance du réseau et la détection par le kiné (05:39.48)
6. Le financement d’une carrière sportive (08:29.04)
7. Préparation et participation aux JO de Tokyo (13:38.64)
8. Le quotidien d’une athlète olympique (23:35.16)
9. La vie après les Olympiques et nouveaux projets (30:18.78)
10. La recherche de financement et de sponsors pour le nouveau projet (37:30.61)
11. Communication et partenariats pendant les Olympiades (48:15.63)
12. Messages à son moi de 2014 et perspectives futures (56:14.79)
Pour suivre et soutenir notre invitée : https://www.linkedin.com/in/albane-dubois-oly-534a91117 / https://www.instagram.com/mars_elles_sailingteam / https://www.strava.com/athletes/92802142
Grâce à Autoscript, on vous propose même de revivre l’échange que j’ai pu avoir avec Albane.
Ermanno : Salut les sportifs, c’est Ermanno et je suis très heureux de vous recevoir pour un nouvel épisode du podcast Dans les Vestiaires. Aujourd’hui, on va parler avec une sportive. On en parlait justement en off et on en rigolait : sur Wikipédia, elle est qualifiée de « marin », donc c’est une marin qui a participé notamment aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020 en 2021. Enfin bon, vous connaissez l’histoire. Je suis très heureux de recevoir Albane Dubois et non pas Alban. Salut Albane !
Albane : Salut Ermanno !
Ermanno : Bon, c’était des private jokes dont on parlait tout à l’heure, mais le marin, certains t’appellent Alban sur le bateau. Tu vas peut-être nous raconter un petit peu pourquoi tout ça. Mais déjà, ce que je te propose, vu que toi, tu as du soleil à Marseille, là où tu es pour le dernier jour, alors que moi, j’ai un temps gris à Castres. Bon, ça n’a rien à voir avec la question que j’allais te poser. Ce que je te propose, c’est de te présenter. Dis-nous tout, qui est Albane Dubois ?
Albane : Je suis une skippeuse qui fait de la voile depuis maintenant quelques années, une bonne dizaine d’années. J’ai participé aux Jeux Olympiques à Tokyo en 2021. Et maintenant, je suis un peu plus sur le circuit professionnel de la voile. Et je suis quelqu’un qui a toujours de multiples projets, plein la tête et qui est sur tous les fronts. Enfin, voilà un peu la description que je peux faire de moi.
Ermanno : Bon, tu ne nous as pas dit quel âge tu avais. Alors, je sais que ça ne se demande pas toujours aux femmes, mais là, pour le podcast, pour cadrer un petit peu avec qui on discute.
Albane : Alors, j’ai en réalité 31 ans. Après, ça dépend.
Ermanno : Ça dépend aussi quand est-ce qu’on écoute le podcast. Peut-être que quelqu’un qui l’écoutera dans deux ans se dira, tiens, mais elle n’a pas 31 ans.
Albane : Non, du coup, j’ai 31 ans en 2023.
Ermanno : En 2023, à quelques jours de Noël quand on enregistre. Et c’est pour ça, on en parlait aussi tout à l’heure, que toi, tu vas partir en vacances, mais à l’inverse des flux habituels. Donc, c’est bien, tu ne seras pas trop embêtée avec le trafic, toi, normalement.
Albane : Non, ça devrait aller. Donc, moi, je suis lilloise d’origine. Donc, pour les fêtes de Noël, je rentre dans le Nord pour aller voir la famille.
Ermanno : Alors que là, pour l’instant, tu es au portail. Tu es au portail de Pôle France qui se situe à Marseille. Donc, tu vas faire une ligne droite, mais pour tout remonter.
Albane : C’est ça. Je vais aller chercher un peu de grisaille et de chaleur humaine.
Ermanno : Donc, tu nous dis là que tu as 31 ans. Ça fait une dizaine d’années que tu fais de la voile. Mais que faisais-tu avant ? Comment est-ce que tu as découvert le sport ?
Albane : Alors, c’est une bonne question. Alors, j’ai toujours été ultra sportive. J’ai des parents qui nous emmenaient toujours à droite à gauche, qui nous inscrivaient dans les clubs de sport, etc. Donc, j’ai un petit peu de temps. J’ai un peu touché à tout quand j’étais plus jeune. Et puis, j’ai commencé l’équitation parce qu’en fait, au début, l’équitation, c’était le sport que je voulais faire. Donc, j’ai pratiqué pendant un peu plus de 10 ans l’équitation. J’ai fait un peu de saut d’obstacle, du dressage. Mais ce que j’adorais particulièrement, c’était le horseball. Donc, le horseball, c’est un peu comme du basket à cheval, on va dire, pour ceux qui ne connaissent pas. Et c’est un petit sport un peu de barbare, on va dire, où on a le droit d’arracher le ballon des mains. Et c’est ultra sportif. Donc, ça, ça me plaisait bien. Et en fait, du coup, je faisais l’équitation durant l’année, quelques compétitions régionales le week-end avec des stages. Et pendant les vacances et certains week-ends, après, la tendance est inversée. Mais du coup, je pratiquais la voile à Bredune. Bredune, c’est à côté de Dunkerque, c’est dans le nord. C’est pas très loin de Lille. Et en fait, j’ai commencé la voile parce qu’au début, mon frangin, mon grand frère, avait commencé la voile. Et en fait, les parents, ils nous ont tous inscrits au club de voile. Donc, c’est comme ça qu’on a commencé. Et au fur et à mesure, j’ai adhéré à ce sport. Donc, vraiment, tous les week-ends, on allait à la mer pour naviguer. Pendant les deux mois d’été, on naviguait aussi à fond. Et j’ai arrêté l’équitation. Du coup, voilà. Et j’ai passé mon monitorat de voile en 2011, si je ne me trompe pas, pour ensuite être détectée par… Le kiné de la Fédération française de voile en 2014 pour intégrer le Pôle France Voile en 49. Voilà un peu mon histoire.
Ermanno : Histoire pas forcément commune. Tu parlais de Bredune tout à l’heure. Donc, toi, tu le vois parce que tu as la vidéo. Mais tu vois, j’ai mon petit kakémono du défi que j’ai fait cet été. Et je suis parti de Bredune pour arriver jusqu’à Menton. Donc, je suis passé au-dessus de Marseille. J’ai traversé Marseille par le 13e, je crois. Donc, c’est des choses qui me parlent. Mais effectivement, ce n’est pas forcément un parcours classique pour les sportifs de l’université. Les niveaux, en général, beaucoup commencent très tôt. Et puis, c’est rare qu’ils se réorientent, entre guillemets, dans leur sport. Est-ce qu’avec l’équitation, tu avais des ambitions, des velléités d’aller au plus haut niveau et peut-être les Jeux olympiques, même si je ne crois pas que le horseball soit un sport olympique ?
Albane : Le horseball, ce n’est pas un sport olympique. Mais j’ai toujours été très compétitrice. Et voilà, mes parents, mes frères et sœurs peuvent le confirmer. Il faut toujours qu’elle soit la première. Réussir les choses. Et non, je n’avais pas pour objectif, en tout cas quand je faisais l’équitation, d’aller faire du haut niveau. Parce que voilà, pour moi, c’était un monde un peu à part. Mais par contre, j’ai fait des études de kiné. Donc, j’ai commencé mes études en 2010. Si je ne me trompe pas, ça remonte. Et j’ai terminé en 2014. Et en fait, l’idée de faire kiné, c’était de faire kiné pour l’équipe de France de voile. Donc, je voulais quand même aller dans le haut niveau, mais en tant que kiné. Et au final, en rencontrant Bertrand Guillot, le kiné de la Fédération française de voile, en fait, il m’a détectée pour faire un projet au niveau, plutôt en tant qu’athlète. Donc, voilà un peu comment je suis arrivée dans le milieu.
Ermanno : Alors, ce n’est pas commun d’avoir un kiné qui te repère. Comment est-ce que ça s’est fait, justement ? Je ne sais pas, tu étais à la fin de tes études de kiné. Donc, tu étais kiné toi aussi. Tu as été le voir. Tu as dit, voilà, je voudrais prendre ta place. Et il t’a dit, déjà, monte sur un bateau, montre-moi ce que ça donne. Et puis, finalement, il s’est dit, oula, il y a du truc ?
Albane : Non, pas du tout. En fait, j’étais en relation avec lui pour des histoires de mémoire, parce qu’en fait, j’avais envie de faire un mémoire en rapport avec la voile. Bon, ça, ce n’est pas fait, parce que c’était un peu trop compliqué à mettre en place. Mais il m’a quand même proposé de l’accompagner sur des stages que la Fédération française de voile organise, des stages pour détecter les jeunes, donc les stages d’espoir. Donc, ça, c’était en juin 2014, fin juin, début juillet. Fin juillet 2014. Moi, je venais d’être diplômée. Donc, le diplôme, je l’ai reçu la veille de partir à Quiberon pour accompagner Bertrand. Et en fait, moi, je ne sais pas rester sans rien faire. Donc, quand j’ai vu l’École nationale de voile avec tous les supports et les jeunes qui étaient motivés à naviguer, j’ai voulu aller sur l’eau avec eux, parce qu’en fait, les jeunes naviguent la journée. Et le soir, en fait, en tant que kiné, on est là pour… Pour animer des séances de stretching, pour faire les bilans un peu posturales des jeunes, pour soigner un peu s’il y a des blessures, des problématiques, etc. Donc, en fait, moi, je combinais les deux. Donc, j’allais naviguer un peu avec les jeunes. Et c’est là où j’ai pris part un peu à l’esprit de compétition dans le milieu de la voile avec ces jeunes qui étaient déjà avec le chrono et bien au taquet pour prendre des départs, etc. Donc, ça m’a plu. Et en fait, j’ai plutôt été détectée parce que j’étais ultra motivée à aller sur l’eau, même quand je n’y arrivais pas, je ne lâchais rien. Je n’ai rien lâché tant que je n’y réussis pas. Et aussi, c’est parce que j’avais le gabarit qu’il fallait pour le 49er, parce qu’en fait, à cette période-là, il n’y avait pas vraiment d’équipière qui avait mon gabarit. Et comme c’est un bateau qui est puissant, qu’il faut être un peu grande, un peu lourde, du coup, je… Je n’ai pas vraiment répondu aux critères. Donc, c’est pour ça qu’ils m’ont demandé si j’étais intéressée. Donc, je suis allée faire des sélections un peu à Marseille en août 2014. Donc, c’est les batteries de test où on fait un peu de prépa physique pour voir un peu comment on est physiquement, où on rencontre la psychologue pour faire un point sur le mental, etc. Et on teste aussi le bateau, bien sûr, parce que je ne connaissais pas du tout le bateau au début. Et à l’issue de ces deux jours à Marseille… Ils m’ont proposé d’intégrer le Pôle France en tant qu’athlète pour un projet Tokyo 2020.
Ermanno : Le truc de dingue ! Donc, tu faisais un peu de voile comme ça de temps en temps entre deux compètes d’équitation. Et puis, tu as fait kiné, tu as eu les bons contacts. On en parle souvent. C’est aussi souvent une question de réseau, notamment sur l’essence même de ce podcast qui est de comment réussir à financer sa carrière de sportif de haut niveau. Ça se joue souvent au réseau. Et donc, toi, tu rencontres les bonnes personnes. Tu vas faire un test. Et puis, en quoi ? En trois semaines, tu as ton diplôme de kiné. Tu montes sur le bateau. Tu es repéré. Et un mois après, tu es sélectionné. Puis, on dit tiens, dans six ans, il y a Tokyo. Ça te dirait ?
Albane : Oui, ce n’est peut-être pas trois semaines. Mais voilà, juin 2014, j’ai le diplôme. Je rencontre le kiné. Début juillet, ils me proposent d’essayer le bateau. Août, je descends à Marseille parce qu’en fait, moi, j’étais monitrice de voile l’été. Donc, je pose des congés pour aller essayer le bateau en août. Et fin septembre, je suis à Marseille. J’ai déménagé. J’ai un appart. J’ai trouvé du boulot en tant que kiné intérimaire. Et j’ai un projet sportif. Et je ne connais personne. Et j’arrive à l’autre bout de là où j’ai grandi.
Ermanno : Ça se passe comment, justement, cette arrivée à Marseille ? Parce que j’imagine que tu disais, tu étais sur un stage des jeunes espoirs qui avaient déjà le chrono dans la tête, qui devaient certainement avoir les dents très, très longues, voire débarquer. Alors, passe-moi l’expression, je me permets. Mais par rapport à eux, une vieille, qui avait déjà un diplôme, qui avait déjà presque une vie professionnelle, qu’on ne connaissait pas du tout dans la voile, une challenger. Et ça se passe comment quand tu débarques au milieu de tous ces petits jeunes et que tu es potentiellement une sélectionnée, une sélectionnable pour les JO ?
Albane : Alors, les petits jeunes, on avait quasiment le même âge, à 2-3 ans. Voilà.
Ermanno : Mais tu sais, à 20 ans, 2-3 ans, c’est 10%. Donc, c’est énorme.
Albane : Ouais, c’est vrai. C’est un peu compliqué au début parce que… Moi, je ne connais pas du tout la ville de Marseille. Je ne connais personne, à part les personnes que je côtoie au Pôle France. Donc, il a fallu se créer un réseau à Marseille. Déjà, on peut trouver du boulot, mais en tant que kiné, franchement, on trouve assez facilement. Donc, ça, c’est cool. Il a fallu trouver un équilibre entre la vie professionnelle, la vie sportive et puis la vie perso aussi. Parce que, du coup, j’ai laissé toute la famille dans le Nord. Donc, il a fallu un peu trouver ça. Bon, après, j’avais un peu l’habitude parce que j’ai fait mes études à Bruxelles. Donc, j’étais aussi toute seule, autonome. Donc, ça m’a quand même pas mal servi. Mais, ouais, il y a eu quand même des coups durs. Là, par exemple, je me souviens, en 2014, le premier Noël, je remonte dans le Nord. Ben, j’ai que quelques jours parce qu’il faut que je reprenne le boulot parce que je ne pouvais pas me permettre… Enfin, déjà, je n’avais pas de jours de congé parce que j’avais un planning qui était adapté pour partir en compète. Parce qu’en fait, je travaillais trois jours par semaine. Et donc, du lundi au mercredi et le reste de la semaine, je m’entraînais. Sachant qu’au travail, là où je travaillais, j’étais quand même assez en jugement. Donc, c’est-à-dire que quand j’étais en déplacement le lundi ou le mardi, je pouvais rattraper mes jours dans la semaine. Mais je ne pouvais pas poser beaucoup de jours de congé pour Noël. Donc, le retour a été très, très, très dur. J’ai failli pas repartir, d’ailleurs. Et au final, ben… Au final des années, ben, j’ai mon mari qui m’a accompagnée dans le sud. J’ai fait un cercle d’amis. On connaît quand même pas mal de monde. On a pris vraiment plaisir à faire du bateau, à avoir le soleil quasiment toute l’année. Voilà, on est plutôt assez bien implantés maintenant à Marseille, comme, depuis une dizaine d’années.
Ermanno : Bon, c’est une légende, ça, le soleil toute l’année. Enfin, à Marseille, non. Mais par contre, à Lille, il y a aussi beaucoup de soleil. C’est une légende qu’il n’y a pas de soleil tout le temps. Il pleut, mais il y a du soleil.
Albane : Oui, oui, je blague un peu, mais j’aime bien remonter dans l’orque. C’est mes racines, donc je critique pas mal, moi. J’aime bien. Mais c’est vrai que quand on rentre 15 jours, des fois, on se dit, c’est pas du tout la même luminosité, en fait. Et c’est ça qui manque. Surtout qu’en tant qu’athlète et puis voileuse, on voyage quand même pas mal. On est tout le temps dehors. Donc, on a l’habitude d’être dans les pays chauds. Par exemple, nous, l’hiver, c’est le Portugal ou les Canaries, les entraînements. Mais le soleil, on le voit toute l’année. Et franchement, ça joue vraiment sur le moral. On s’en rend compte. Quand on habite dans le nord, on ne s’en rend pas forcément compte. Mais une fois qu’on est parti et qu’on a quelques jours de grisage, moi, je vois à Marseille, quand il pleut, des fois, je suis là en mode, je n’ai plus l’habitude. Et qu’est-ce que je vais faire ? Alors qu’on se posait jamais la question.
Ermanno : J’ai fait 16 ans au Luxembourg. Maintenant, je suis à Castres. C’est vrai que là, maintenant, je me dis, mais mince, comment j’ai fait ces 16 dernières années ? Parce qu’effectivement, quand tu as deux jours de mauvais temps d’affilée, tu te dis, ah là là. Bon, on va essayer de ne pas trop choquer nos auditrices et nos auditeurs qui, justement, seraient un petit peu dans la grisaille. On vous envoie quand même plein de bisous, plein de soleil.
Ermanno : Et du coup, tu commences comme ça à Marseille en 2014. C’est quoi le cheminement de 2014 jusqu’au moment où tu es effectivement… Tu es effectivement qualifiée pour les JO ? Et si tu peux rapidement nous rappeler les règles, parce que ce n’est pas parce qu’un bateau est qualifié que l’équipage est qualifié.
Albane : Oui, c’est ça. Alors, c’est un peu compliqué. Je vais essayer de vulgariser. Et puis, une PO, donc une préparation olympique, c’est 4 ans. Et donc, moi, je suis arrivée en 2014. Donc, ça veut dire que j’ai fait 4 ans plus 2 ans. Donc, je suis arrivée à la moitié de la préparation olympique pour Rio. Donc, voilà, il y a eu beaucoup d’obstacles. En même temps, c’est ce qui fait les belles histoires. Donc, en fait, je suis arrivée à Marseille parce qu’il y avait une barreuse. Donc, elle s’appelait Marie qui cherchait une équipière. Donc, j’ai navigué un peu plus d’un an avec elle. Et puis, après, elle a voulu passer sur un autre bateau. Donc, l’avantage de commencer avec Marie, c’est qu’elle a déjà au moins un an de 49ers dans les pattes. C’est-à-dire que le bateau, elle le connaît à un minimum. Et ce qui est plutôt important, parce que ce bateau, il est quand même instable. Et c’est un gain de temps. Parce que moi, déjà, je ne connais pas les règles de course. Je n’ai jamais fait de régate. Donc, je ne sais pas comment ça fonctionne. Le bateau, à part naviguer un peu à droite à gauche sur les catamarans, tester un peu tous les supports, je n’ai jamais fait de compètes de haut niveau. Donc, voilà, c’est une école de la vie. C’est une éducation à avoir. C’est une routine à mettre en place. Et le fait d’avoir commencé avec quelqu’un qui connaissait le bateau, ça nous a évité de trop dessaler. Donc, dessaler, c’est quand le bateau, il se couche sur l’eau et que nous, on tombe à l’eau. Et du coup, c’est un gros gain de temps. Donc, ça, moi, j’ai navigué pendant un an et trois mois, je crois, exactement avec Marie. Et du coup, le projet avec elle s’est arrêté début janvier 2016. Donc, là, à ce moment-là, les sélections avaient été faites pour Rio. Donc, moi, je savais très bien que c’était trop compliqué pour aller à Rio en deux ans sans rien avoir fait avant. Et puis, ce n’était pas l’objectif. J’ai embauché, enfin, ils m’avaient pris au Pôle France pour Tokyo. Donc, moi, ma ligne de mire, l’objectif final, c’était Tokyo. En mars 2016, du coup, je trouve une autre barreuse qui, elle, donc c’est Lily, la barreuse avec laquelle je vais partir au jeu. Elle naviguait avec quelqu’un d’autre à ce moment-là. Et en fait, elles n’ont pas été sélectionnées pour Rio. Donc, le binôme s’est séparé. Et du coup, on en a recréé un avec Lily en mars. là, on a commencé à bosser. Donc, Lily, elle, elle avait déjà deux, trois ans même, je pense, trois ans de fortine à une heure dans l’EHPAD. Donc, elle commençait vraiment à avoir de l’expérience. Et donc, ça m’a permis de gravir un peu les échelons plus rapidement aussi. Et donc, on a navigué. Et ce qui était bien entre elle et moi, c’est que, voilà, on était toutes les deux ultra déterminées. Et on était du genre à rien lâcher quand on a une idée en tête. Donc, ça, au moins, on était sur la même longueur d’onde pour ça. Et du coup, on a navigué. En 2016, même, la dernière régate avant les Jeux de Rio, on montre déjà un peu notre potentiel auprès des athlètes qui étaient sélectionnés. Donc, là, on est contentes. On fait notre première medal race. Donc, la medal race, c’est une course qui, le dernier jour, qui est réservée qu’aux dix premiers du classement général. Donc, c’est-à-dire que, voilà. Nous, ça faisait quelques mois qu’on était associés. Moi, ça faisait un an et demi à tout casser que je naviguais. Et on se retrouve déjà dans un top 10 la veille des Jeux olympiques avec toutes les nanas qui sont sélectionnées pour les Jeux. Donc, là, on était quand même contentes. En 2017, on fait nos premiers podiums en Coupe du Monde. On fait des podiums en championnat de France. Après, voilà, il y a quelques petits podiums ou des belles perfs qui s’additionnent.
Albane : Notre préparation olympique est un peu comme la mer, quoi. Il y a des hauts, il y a des bas. Surtout l’hiver, il y a plutôt des bas. Ou avec ma coquille-pierre, c’est un peu compliqué. Elle, elle vient de la Guadeloupe. Du coup, l’hiver, c’était un peu rude pour elle. Donc, il y a eu beaucoup de bas chaque hiver. Donc, il a fallu rebondir, trouver des solutions pour continuer à naviguer et progresser. Et puis, en fait, dans le monde de la voile, c’est qu’il n’y a pas que la nave qui compte. Donc, l’entraînement sur l’eau. Il y a aussi tout ce qui est préparation du matériel à côté. Donc, nous, on recevait des bateaux neufs. Donc, il fallait les préparer. Des voiles neufs. Donc, il fallait les mesurer. Tout ce qui est tactique, on peut travailler à terre. Tout ce qui est météo, on travaille à terre. Donc, en fait, on n’a pas tant de sanglier. Il y a la prépa physique. Enfin, il y a tout qui va avec. Donc, voilà. Et là, du coup, on a la première sélection à partir de 2018. C’est pour essayer d’avoir le ticket pour la France. En fait, il faut que la France soit sélectionnée. Et une fois que la France est sélectionnée, la FED choisit l’équipage en fonction des modalités de sélection. Donc là, c’était en août 2018 à Arus, au Danemark. On fait un super mondial malgré l’hiver qu’on a passé un peu de pause pour blessures, etc. Et on revient bien dans le match pour cet objectif de saison. Sauf qu’on fait 13e au mondial alors qu’on était… On était classé dans le top 10. Et donc, du coup, on rate de deux places la sélection de la nation. Parce qu’en fait, il y avait huit places en jeu à ce moment-là. Et donc, on rate de deux places parce qu’il y avait deux équipages danois, je crois, devant. Et du coup, en fait, c’est un ticket par nation. Donc, ça peut se décaler dans le classement. Donc là, on se dit, bon, c’est fait. Tant pis. Il y a d’autres opportunités où il y aura d’autres tickets pour les Jeux à gagner. Donc, on arrive en fin 2019, au mois de décembre, au mondial en Nouvelle-Zélande. Il y a un ticket à gagner pour la France. Et là, on fait notre pire mondial. On rate. Voilà, on passe à côté du mondial. On fait 19 sur une… Je pense qu’on devait être une soixantaine de bateaux. Mais ça ne suffit pas à sélectionner la France. Et on a l’autre équipage, donc nos adversaires, qui sont mieux placés que nous. Donc, on est 16e. Si je ne me trompe pas. Donc, un peu devant, mais pas non plus ultra loin. Et en fait, elles ratent d’une place la sélection pour avoir le ticket. Donc, c’est-à-dire qu’en 2019, décembre 2019, la France n’est toujours pas qualifiée. Donc, là, on s’est dit, là, c’est un peu mal barré. Voilà. Sachant qu’il reste un ticket européen qui est en jeu. Et après, il y a tout ce qui est Océanie, donc Nouvelle-Zélande, Australie, etc. Ils ont un certain nombre… Enfin, ils ont, je crois, encore un ticket pour eux. Sauf que toutes les nanas de ce continent-là sont déjà sélectionnées. Donc, ça veut dire qu’on a une deadline. Et si, je crois que c’était début février, si le… Je ne sais pas, je vais dire une date au hasard, mais le 3 février, il n’y a pas d’autre équipage d’un autre pays, de ce continent-là, qui se présente, eh bien, le ticket, il va pour la liste d’attente. Donc, la France est première sur la liste d’attente. Donc, 2020, on arrive en janvier-février. On est en Australie. Il y a un mondial. Donc, là, on a enchaîné quand même deux mondials coup sur coup ultra rapprochés. Et mentalement, c’est très, très dur. Et là, les inscriptions sont closes. Et du coup, on voit qu’il n’y a pas de… Il n’y a pas d’autres personnes du continent qui se présentent. Donc, ça veut dire que le ticket, il va pour la France. Donc, là, on se dit, bon, la France est sélectionnée. OK, on a eu le ticket de rattrapage, on va dire, mais la France est sélectionnée. On fait le mondial. Et là, on fait la perf qu’il fallait faire, quoi. On fait quatre mondials. On aurait pu faire trois, mais bon, la dernière, la middle race, bon, elle ne s’est pas eu très bien placée. Du coup, on finit quatre. Ce qui est plutôt une très belle perf au vu de notre parcours, d’où on vient, etc. Et puis, du niveau qu’il y avait, quoi. Donc, on est super contentes. Et on se dit, bon, on va aller au jeu. Parce qu’en fait, lui, on fait une super belle perf. Mais c’est surtout qu’une autre Française qui était en sélection, voilà, elle passe à côté de leur mondial. Au-delà des 30, je pense qu’elle doit faire 34. Et deuxième équipage, peut-être 35 ou 36. Enfin, quelque chose comme ça. Donc, là, on se dit, bon, on va aller au Japon. Sauf que la Fédération Française a décidé autrement. Et ça ne se fait pas comme ça. Donc, ils nous disent, en fait, ça va se faire sur l’épreuve à Palma, fin mars, début avril. C’était un peu un tour de chauffe, histoire de vous remettre. Enfin, voilà. Là, on se dit, bon, franchement, ce n’est pas cool. Mais bon, on va faire avec. On n’a pas le choix. Donc, on part à Palma avec notre matos numéro 3 parce que tout le bon matos est dans le conteneur parce qu’on avait fait la Nouvelle-Zélande et l’Australie avec le bon matos pour les sélections. Et là, Covid. Du coup, on rentre à la maison.
Albane : On rentre à la maison. Le confinement commence. Et on n’est toujours pas sélectionnés parce que la compétition n’a pas lieu. Ils annoncent les sélections des autres séries. Ils confirment la sélection des personnes qui avaient déjà été sélectionnées. Et nous, on n’est toujours pas sélectionnés. On se trouve, du coup, j’accélère un peu, mais du coup, on reprend la compétition en octobre ou novembre, je crois. Il y a le championnat d’Europe en Autriche. Donc, on fait une régate là. Sauf que ça faisait plusieurs mois qu’on n’avait pas navigué, qu’on ne s’était pas confrontés. Donc, on a fait une régate là. Et en fait, on revient en compétition avec une image de quatrième mondiale, mais on ne savait pas trop où se situer notre niveau après ce temps-là parce que chaque pays avait un confinement un peu différent. Il y en a qui avaient le droit de naviguer, d’autres pas. Du coup, c’est un peu compliqué de se confronter. Et du coup, on savait que la prochaine épreuve de sélection, c’était en 2021 à Palma. Du coup, celle qu’on n’avait pas faite en 2020, c’était la même épreuve, mais en 2021, parce que les Jeux ont été repas.
Albane : Et on s’est dit, bon, le chemin, il n’est pas encore fini. On arrive, donc on fait le championnat d’Europe et on va s’entraîner au Canary en mois de janvier. Et là, en fait, c’est un nouveau spot d’entraînement. C’est la première année où ils lançaient la dynamique un peu. Et du coup, il y a pas mal d’étrangères. On s’entraîne et en fait, on fait une coach régata. Donc, la coach régata, c’est une petite régate d’entraînement où c’est les coachs qui organisent tout ça, en fait. C’est un peu confidentiel. Et en fait, lors de la coach régata, je me blesse. Et donc, je termine la journée, mais je rentre à terre et compliqué. J’avais mal au genou. Le genou, il gonflait, il était chaud, etc. Et en fait, quelques jours après, je rentre un peu en urgence en France parce que c’est compliqué de se faire soigner. Et puis, ça ne servait à rien de rester là, à ruminer, à voir les autres. Et autant que j’aille me faire soigner en France correctement pour mieux revenir. Donc, on prend la décision avec Lily. C’est que Lily, elle reste au Canary. Elle fait appel aux gars qui font du 49er ou des anciens qui ont fait du 49er pour pouvoir naviguer. On continue à régater parce qu’il y avait des compétitions d’organiser. Et moi, je rentre en France pour essayer d’avoir un bon diagnostic et de me faire soigner chez le kiné, etc. Et donc, entre temps, pendant que moi, je suis en France et elle, elle est en train de s’entraîner. On continue à échanger. Donc, tout ce qu’elle fait sur l’eau, elle enregistre. Du coup, moi, je me fais des podcasts tous les jours. On s’appelle tous les jours pour savoir ce qu’elle a travaillé, etc. Histoire de ne pas perdre la main. Et puis, de continuer, moi, à faire de la visualisation mentale pendant ce temps-là. Histoire de continuer à naviguer, même chez moi. Et donc, au fur et à mesure, là, on arrive début février, mi-février, on va dire. Et il se trouve que Palma est annulée. L’épreuve de Palma est annulée. Donc, on s’est dit, bon, ben mince, comment on va faire ? Il y avait une épreuve juste après, à Ayer, dans le sud. Donc, ils avaient dit, bon, c’est pas grave, on fera les sélections à Ayer. Sauf que hier est annulé. On arrive fin février. Enfin, mi-février, fin février, on est. Et là, ils disent, ben, en fait, au Canary, à Lanzarote, le club où on s’entraîne, ils nous sortent une régate de leur chapeau, comme ça, organisée à la dernière minute. Et là, ils nous ont dit, ben, ça sera là, les sélections. Là, panique à bord, parce qu’on était fin février. Je venais de me faire… En fait, j’avais fait une subluxation rotulienne. J’avais un kyste poplité. Du coup, je viens de me le faire fonctionner. J’arrivais pas à fléchir le genou. J’avais mal. Je vais chez le kiné. C’était pire qu’avant. Du coup… Une panique totale, en mode, jamais je vais y arriver. Et au final, le médecin, il m’a dit… Il connaît mon tempérament. Ça fait des années qu’il me suit. Il me dit, de toute façon, t’auras pas le choix. Tu serreras les dents, mais t’iras, quoi. Y a pas moyen. Tu iras. Donc, au fur et à mesure, ça allait bien. De toute façon, ça se joue au mental. C’est comme tout. Le corps, il a beau être défoncé, à partir du moment où il y a le mental, ça passe. L’inverse, c’est un peu plus compliqué. Du coup, on arrive… Moi, j’arrive début mars. Je reprends tranquillement les entraînements avec un peu les gars qui sont déjà sur place. Donc, le matin, je vais naviguer une heure dans du petit temps, histoire de voir comment le genou réagit. Et en fait, ça se passe plutôt bien. Lili, elle arrive un peu plus tard. Et en fait, genre une semaine, même pas une semaine avant la régate, on se remet à naviguer ensemble pour reprendre les bases. Et voilà, le début de la régate commence. Et là, premier jour… Je crois que je m’en souviendrai toute ma vie. C’était des conditions, très techniques, ultra compliquées, parce qu’en fait, il y avait du vent, puis il n’y avait pas de vent, mais il y avait surtout énormément de houle. Et sur le 49er, quand il y a de la houle, et peu d’air, ça demande de fléchir beaucoup les genoux pour rentrer, pour faire l’assiette du bateau. Du coup, on s’est retrouvés à faire des manches avec, je pense, il y avait bien deux mètres de houle, parce que quand il y avait un bateau à la bourrée au vent qui envoyait le spi, on ne voyait plus les personnes à bord, on voyait juste la moitié du mât. Vraiment de la houle. Et au final, on fait une très belle journée, on rentre à terre, et là, on est en tête du classement général. Donc là, on s’est dit « Bon… » Enfin bon, là, on fait la régate, et en fait, on a eu des petits problèmes, mais l’équipage adverse n’a pas réussi à se qualifier dans le rond or. Dans le rond or, au début de la régate, il y a trois jours de qualif. Et à l’issue de ces trois jours de qualif, ils prennent les 25 premiers du classement général, et ça, ça devient le rond or. Et de la 26e jusqu’à la 40e, ou je ne sais pas, ça dépend combien on est inscrit, ça devient la flotte argent. Et donc nous, on passe en rond or, et les autres ne passent pas en rond or. Donc elles ont décidé d’arrêter la compète, et nous, on a continué, et du coup, on a été sélectionnés à l’issue de cette compétition pour aller au jeu. Et donc là, on s’est retrouvés fin mars à être sélectionnés pour les jeux au mois de juillet. Voilà un peu notre parcours.
Ermanno : Ben écoute, un parcours, non seulement pavé de chance, mais aussi de force, de détermination. Enfin, tu l’as dit, pendant que toi, tu te faisais soigner, ta coéquipière, elle te disait tous les jours, elle te faisait des comptes rendus de ce que tu faisais, t’écoutais ça, tu faisais de la visualisation. Vous étiez, de toute façon, avec un objectif qui était d’arriver au bout de cette préparation et de vous qualifier. Donc au final, vous vous êtes qualifiés, vous avez été aux JO. Bon, j’imagine que le résultat n’était pas à la hauteur de ce que vous attendiez. Malgré tout, vous avez quand même fait les JO de Tokyo.
Albane : Oui, on a fait les JO parce qu’à la base, c’était de sélectionner et en fait, l’objectif, c’était quand même de faire un top 10. Donc c’est la finale pour accéder à une medal race. Et ça, voilà, on a réussi à le faire. C’est sûr que quand on regarde les classements, que le deuxième jour, on est à un point de la brésilienne qui, elle, finit championne olympique, on se dit, mais en fait, c’était jouable, quoi. Et en fait, on rentre en medal race à la septième place parce qu’en fait, il y a eu des changements de mémoire. Il y a eu des changements juste la veille dans les classements parce qu’en fait, finalement, l’américaine s’est vue retirée de la medal race, en fait, parce qu’elle a eu une manche de DNA. En fait, la DNA, c’est… Soit on a des chiffres dans les classements, soit on a des lettres. Donc les lettres, soit on a grillé le départ, du coup, on a des lettres. Soit on n’a pas fait la course, on a des lettres. Et en fait, la DNA, c’est qu’elle avait pris des fautes par le jury. En fait, elle s’était fait siffler par le jury. Et en fait, ça, c’est des manches qu’on ne peut pas enlever. Parce que dans le classement, on a, par exemple, ça dépend des épreuves, mais on a une douzaine de courses. Et en fait, à partir de quatre manches réalisées, on peut supprimer la mauvaise. Et en fait, l’américaine, elle n’a pas pu supprimer celle-ci. Donc ça veut dire que quand on a des manches de lettres, c’est le nombre total des participants plus un point. Donc ça veut dire que quand on est 21, elle se prend 22 points. Les 22 points, c’est énorme, sachant qu’elle ne peut pas la retirer de son total. Donc au final, on a regagné une place à la veille de la medal race. Et elle, elle est sortie des 10 premiers. Et voilà. Donc on rentre en medal en septième place. Et on finit neuvième parce qu’on n’a pas trop bien réussi la dernière course. Sachant que c’est une course qui avait été décalée déjà parce qu’elle devait avoir lieu la veille, mais il n’y avait pas de vent. Donc du coup, mentalement, on était prête pour la veille. Là, il a fallu savoir relâcher, mais pas entièrement parce que ce n’était pas encore terminé. Et du coup, ça a vraiment joué avec le nerf.
Ermanno : Parce que du coup, on comprend en pointillé, et on ne va pas trop s’attarder là-dessus, mais sur les JO en particulier, c’est combien de temps, combien de jours de course, de régate que vous restez sur le pont ? Vous restez au taquet ? Alors,
Albane : nous, c’est une semaine que ça dure, sachant que au jeu, c’est un peu un format spécial parce que d’habitude, c’est une semaine et on enchaîne, sauf qu’au jeu, il y a des jours de pause, des jours de réserve en fait, comme ils appellent. S’il y a un jour où il n’y a pas de vent, ça permet de pouvoir rattraper, histoire de faire le bon nombre de courses qui est prévu. Donc ça veut dire qu’on va régater, donc, une journée, déjà, c’est trois manches. Donc, une manche, c’est à peu près une demi-heure. Donc, les deux premiers jours, on fait nos trois manches. Donc, en plus, il y a eu du vent, les deux premiers jours, parce qu’il y avait un typhon qui n’est passé pas très loin, du coup, on a eu du vent et de la vague, surtout le deuxième jour. Après, on avait un jour de réserve et après, je ne me souviens plus trop, mais je ne sais plus s’il y avait deux ou trois jours de calife. Je pense qu’il y avait trois jours de calife, du coup, il y a encore un jour de calife, après, un jour de finale, un jour de pause, un jour de finale, un jour de pause et la middle race. En gros, c’est à peu près ça, quoi.
Ermanno : C’est presque aussi long que le Tour de France.
Albane : Ça dure une grosse semaine. Ouais, voilà, c’est ça, ça dure une grosse semaine. Sachant que après, on arrive, nous, on est arrivés à peu près deux semaines avant les Jeux, histoire de naviguer sur le bateau, de bien monter le bateau parce qu’en fait, le conteneur avait été envoyé avant les sélections, donc ça veut dire que le matériel qui était dans le conteneur, le bateau, on ne le connaissait pas. On a eu un peu la surprise en arrivant là-bas parce que la FED avait chargé tout ça en pariant que notre série allait être sélectionnée et du coup, ils ont envoyé un bon bateau dans le conteneur, donc on arrive, on découvre et il faut un peu le
Albane : préparer à notre façon, donc ça demande du temps. Naviguer pour connaître le plan d’eau. Il y a des petites manches d’entraînement qui sont organisées donc participer à ça et puis voilà, se préparer aussi à la chaleur parce qu’il faisait chaud là-bas, donc on s’était préparé en amont mais quand on arrive là, malgré la préparation, c’est quand même puissant en énergie, donc c’est histoire de combiner tout ce qu’on a à faire sans non plus se cramer pour le début des Jeux.
Ermanno : Et tout ça, on l’aura compris, ça demande de la détermination, du temps et le temps, c’est de l’argent. Comment est-ce que tu finances tout ça à partir de 2014 quand tu rentres au Pôle France ? Alors tu l’as dit, 2014, tu rentres au Pôle France, t’as un boulot un peu à mi-temps, enfin du moins t’arrives à t’organiser. Est-ce que ça dure tout le temps ? J’imagine que l’année des Jeux, du coup tu mets en pause. Beaucoup en 2020, ils ont mis deux ans en pause parce que Covid et donc finalement les JO c’est en 2021. Comment est-ce que tu t’es organisé avec tout ça pour financer ta carrière, financer ta course à la sélection pour les Jeux et après aller aux Jeux ?
Albane : Alors moi j’ai du coup travaillé en 2014, donc ça me permettait un petit peu de financer. Après, je suis arrivée dans une série où ils recrutaient pas mal de femmes, parce que l’idée c’est quand même de faire la parité. Et donc on avait quand même des avantages. On avait la FED qui nous traitait du matériel, donc ça permettait de réduire quand même les frais et de pas avoir à avancer je sais pas 15, 20 000 euros, ça dépend le bateau qu’on a si on achète de l’occasion ou du neuf. Mais du coup ça a permis de faire un peu d’économie sur ce plan-là. Et moi le boulot ça me permettait de financer un peu les déplacements à droite à gauche. Du coup ce boulot-là je l’ai gardé en fait un an et trois mois quasiment. Et quand j’ai arrêté avec ma première coéquipière, j’ai arrêté mon boulot aussi. Du coup je me suis retrouvée sans projet sportif et sans boulot à ce moment-là, mais j’étais en transition parce que en fait le coach du coup national croyait un peu en mes capacités et du coup il avait essayé de trouver un arrangement pour avoir une CIP auprès d’une clinique de rééducation à Marseille, pas très
Ermanno : loin du pôle. Donc CIP c’est Convention d’Instruction Professionnelle, c’est ce fameux contrat qui permet aux sportifs d’avoir ce double projet, professionnel et sportif, et qui permet aussi d’avoir des aménagements en termes de temps de travail.
Albane : Ouais, en fait une CIP c’est un contrat tripartie. Du coup il y a la Fédération Française de Voile, il y a l’employeur et la direction régionale jeunesse et sport qui interviennent. En gros on a un contrat temps plein, mais moi par exemple j’avais une CIP à 50%, donc je travaillais 50% du temps. Donc t’es payé temps plein, mais tu travailles 50% du temps, et l’autre 50% du temps c’est consacré à tes entraînements. Donc t’es un peu rémunéré on va dire pour naviguer. Et après, en fait dès que tu montes en niveau, donc là pour cette PO, pour cette préparation olympique 2024 c’est un peu différent, mais nous c’était tu montes en niveau, tu fais des pertes, du coup plus tu montes en niveau, plus tu fais des pertes, plus t’as de l’aide. Et en fait quand t’arrives en équipe de France t’as quasiment tout, enfin je vais pas dire tout, mais t’as une énorme partie qui est financée quand même par la Fédé, et à côté avec l’idée on avait quand même trouvé pas mal de partenaires, et donc on est arrivé à s’auto-financer le projet comme ça. Et on était assez débrouillarde à essayer de trouver des… Moi j’avais même des fois créé des bracelets avec des épissures, ou fait des paniers garnis, etc. histoire de vendre et avoir un peu d’argent pour financer des parties de projet, etc. J’avais même mes collègues de boulot qui me filaient un coup de main et tout ça. Donc ça c’était cool. Les passions j’avais fait, j’avais fait des t-shirts du team, ils ont acheté des t-shirts, du coup on avait vraiment beaucoup de monde qui nous soutenait derrière, donc ça c’était important quoi, de se sentir soutenir, de dire on n’est pas tout seul et il y a tout le monde qui croit en nous, donc ça c’était cool. Et donc on a trouvé des partenaires qui ont permis en plus de ce que la Fédé nous mettait à disposition et nous allouait comme des bourses de pouvoir faire notre saison. Et puis en tant que licenciée, moi je suis licenciée dans le Nord, à Gravelines, et du coup j’ai des aides quand même de la région, de la ville, du club, et en fait on se dit bon, c’est une petite aide de 500, de 1000 euros, de 2000, et en fait additionner, ça permet de lisser sur l’année, ça permet quand même de filer un gros coup de main quoi.
Ermanno : Ouais, finalement ça te permet de filer un coup de main pour financer ta saison, et c’est une discussion que j’avais hier avec une personne qui est responsable d’un fonds de dotation pour aider les sportifs justement, ce qu’il faut voir c’est la big picture, c’est le financement au sens large, parce que tu peux effectivement te contenter, entre guillemets, de financer ta saison, donc de payer des frais relatifs à tes déplacements, à tes entraînements, à ton matériel, mais pour moi, financer une saison, c’est aussi payer ton loyer, c’est aussi payer ta nourriture, et c’est aussi épargner, parce que si tu gagnes pas, si t’as pas de salaire, ne serait-ce que sur le côté retraite, tu perds des points, tu perds de la cotisation, donc tout ça c’est des choses aussi qui rentrent en jeu quand on est en France.
Albane : Alors, du coup, nous on avait des sponsors en commun avec ma coéquipière, donc ça ça permettait de financer le projet, sachant qu’on avait quand même la FED qui aidait énormément, et les sponsors en plus, donc ça veut dire que tout ce qui était le matériel de sport ou autre, on pouvait quand même étendre un peu, on va dire, voilà, sinon tout ce qui était aide, région, etc, en fait du coup ça on le mettait pas en commun, et donc ça me servait un peu à la vie quotidienne, on va dire, mais au final ça m’a servi indirectement pour le projet, et moi j’ai travaillé jusqu’en 2018, après en 2018, en août 2018, j’ai décidé d’arrêter ma carrière de kiné, pour pouvoir me consacrer à 100% à mon sport, et tout donner en fait, et rien regretter pour les sélections, donc en fait j’ai arrêté un peu plus d’un an de travailler, d’ailleurs je n’ai toujours pas repris, mais oui c’est sûr que après pour la vie à côté, ouais, bah en fait j’avais un peu d’aide comme ça, et puis j’ai la chance aussi d’avoir mon mari François, d’ailleurs qui écoutera sûrement le podcast, qui m’aide énormément au quotidien, et qui lui travaille, donc je peux m’appuyer un peu sur lui, même beaucoup, et voilà, et lui aussi il s’est investi énormément dans le projet d’ailleurs, parce qu’il nous… il nous a accompagnés sur tous nos déplacements pendant un an et demi pour gérer la logistique et la cuisine, du coup on avait un peu gestionné avec nous, du coup voilà, mais non, j’ai réussi en fait avec les sponsors, un peu les aides à droite à gauche, mon ancien boulot que j’ai gardé, du coup j’ai réussi à me débrouiller, mais c’est vrai que c’est pas forcément facile pour tout le monde, et ce que nous on avait la chance, c’était d’être aussi en équipe de France, donc ça complétait plutôt bien le budget, le budget global prévisionnel il avait… enfin il était il était financé quoi, on avait réussi à lever assez de fonds pour financer tout ça.
Ermanno : Alors j’ai deux questions, déjà sur cette époque-là, comment est-ce que tu lèves des fonds ? Donc tu disais, tu faisais aussi des petits à côté, tu faisais des bracelets, tu tricotais, enfin un peu comme on fait à la kermesse pour les enfants, mais sinon les grosses sommes, les gros montants, les gros sponsors, comment est-ce qu’on les approche ? Qu’est-ce qu’on leur propose en échange ? Et ça, ça rejoint une discussion qu’on avait en off quand on préparait cet épisode, et puis comment on continue aussi à les entre guillemets tenir en haleine, parce que préparer une saison pour les Jeux Olympiques, qui en plus est décalée d’un an parce que les JO, Covid, etc., et puis le post-JO, comment est-ce qu’on continue à préparer tout ça ?
Albane : Alors, pour trouver des sponsors, c’est un peu, comment dire, les opportunités qu’on rencontre, et le réseau en fait. C’est surtout ça qui fonctionne bien. C’est soit on a la personne dans notre réseau, et du coup on arrive à vraiment lui vendre correctement le projet, et le sponsor, le futur sponsor en face de nous, il a une sensibilité au projet, ou il nous connaît, donc du coup il veut nous aider, ou soit on arrive à se faire recommander. Mais ce qui est le plus compliqué, c’est d’arriver dans une entreprise où on ne connaît personne, où on est en bas de l’échelle, où le dossier on ne sait pas trop à qui l’adresser. Voilà. Après, moi, pendant ma carrière olympique, j’ai plutôt eu de la chance, là, actuellement, pour mon projet sportif actuel, c’est un peu différent, mais je recherche aussi des sponsors. Mais en olympisme, on a eu la chance d’avoir du coup un gros partenaire qui, lui, était le patron de Lili, qui a, en plus de l’avoir employée, nous avait donné un gros budget pour la saison. Donc ça, c’était bien sympa de sa part, ça nous a vraiment bien aidé. Et après, moi, j’ai ramené un autre gros partenaire qui, lui, en fait, je l’ai rencontré via mon travail. Parce qu’en fait, je suis quelqu’un qui est plutôt ouverte, qui aime bien discuter, et puis les collègues, ils étaient tellement contents d’avoir une athlète au boulot que, voilà, tous les patients étaient au courant que je faisais la voile, que j’allais faire les jeux, etc. Et du coup, en fait, c’est un peu, on va dire au hasard, mais une patiente qui a son mari,
Albane : Jean-Christophe, qui montait, c’est une boîte d’accastillage qui bondait par Internet, etc. Et en gros, il avait plusieurs business. Et il a décidé de nous aider, ça, sur trois ans, du coup. Donc voilà, ça, c’est les gros sponsors. Et après, Lili, elle avait aussi un autre sponsor qu’elle avait rencontré un peu parce qu’elle avait été présentée par quelqu’un de l’école. Je ne sais pas trop comment ça s’était fait parce que c’était avant qu’on s’associe. Et du coup, on avait trois gros partenaires plus la Fédération Française de Voile et on avait aussi encore un autre partenaire qui nous aidait. On faisait partie d’un team. Et du coup, ça, c’était via aussi un peu la Fédé qu’on avait eu ça. Et après, c’est des petits partenaires où, en fait, c’est un peu en discutant avec les gens où on arrive un peu à s’émaner déjà si c’est une grosse entreprise ou pas et qu’est-ce qu’on peut leur vendre. Nous, ce qu’on pouvait leur vendre, c’était en tout cas la préparation, c’était d’avoir leur logo floqué dans nos voiles. Donc, ça veut dire qu’on avait trois voiles plus le bateau. Donc, ça permettait d’afficher quand même pas mal de partenaires et comme on voyageait un peu à droite à gauche, surtout si c’est des entreprises, PME, etc., qui sont un peu à l’international, ça, c’est cool. Après, c’est du bouche à oreille aussi où nous, on va recommander l’entreprise auprès d’autres athlètes, etc., où on va essayer d’organiser par exemple le site d’Acastillage où on essaie d’avoir des réductions si tu viens de ma part, etc. Donc, c’était un peu quand même de l’entraide entre athlètes. Et nous, ce qu’on organisait chaque année, c’était aussi une soirée partenaire où on avait à cœur de rassembler tous nos partenaires et on faisait le bilan de la saison et le programme de la saison future pour savoir ce qui allait les attendre et on les tenait régulièrement au cours. On faisait un peu de publicité pour eux aussi sur les réseaux, on les taguait sur chaque poste, etc.
Albane : Après, on n’a pas eu des partenaires qui étaient ultra demandeurs parce qu’en fait, en fonction des entreprises et de ce qu’ils mettent en place, il y a des entreprises qui sont plus ou moins demandeurs. Par exemple, on avait un partenaire où on avait des photoshooting, ils venaient nous faire des images, il y avait des soirées d’organiser. Donc, en fait, ça dépend un peu de l’attente du partenaire. L’idée, c’est de trouver un terrain d’entente, que lui soit content, mais aussi que nous, ça ne nous prenne pas trop, trop, trop de temps parce qu’on a quand même toute la préparation à gérer et donc le planning, il est tout le temps ultra serré. Mais voilà, c’est d’être force d’idée et de trouver des choses à leur proposer. On a déjà fait, par exemple, une journée où on faisait découvrir le bateau et on s’était organisé pour avoir un zodiaque et on faisait tourner les gens à bord du bateau histoire de découvrir. Il y a plein de possibilités, en fait.
Ermanno : Bon, ben écoute, ça donne des idées. On est plus sur une masterclass qu’un podcast, mais en tout cas, c’est génial. Au passage, j’avais oublié de le dire tout à l’heure avant de te poser la question, mais on embrasse François, ton mari.
Ermanno : Effectivement, j’espère bien qu’il va écouter et qu’il va faire écouter à tous ses amis et puis à vos partenaires aussi. En tant qu’affaire, il faut essayer de développer les auditeurs du podcast puisqu’on ne reçoit pas que des sportifs qui sont des skippers ou des skippeuses. On reçoit des sportifs de tous les sports, et pas que des sportifs d’ailleurs, aussi celles et ceux qui font le sport, pour savoir un petit peu comment on vit d’eux et par sa passion. Tu disais tout à l’heure que là, maintenant, dans ton nouveau projet sportif, professionnel, c’est plus compliqué. Donc, tu n’es plus dans la course à l’olympisme. Paris 2024, tu ne seras pas dans les partantes. Rapidement, qu’est-ce que ça veut dire ? Tu es toujours sur le même petit bateau, tu es toujours en équipage et tu cours ou plutôt tu skippes après quoi ?
Albane : Alors là, le gros projet pour lequel je navigue plutôt en tant que sportive et non pas en tant que professionnelle, donc en fait, j’ai monté un collectif l’année dernière de femmes qui viennent plutôt de la voile légère et l’idée, c’est de servir de l’épreuve du tour voile qui a été remis au goût du jour pour les initier à la course au large. Et donc, en fait, pour ce projet-là, j’organise des formations l’hiver, donc tout ce qui est météo, etc. Je cherche les intervenants les plus qualifiés. En tout cas, qui correspondent à nos demandes pour pouvoir nous former. Et après, il y a des régates qui sont planifiées. Et j’essaye d’organiser aussi des entraînements à Marseille pour s’entraîner un peu à la course au large ou les grands parcours côtiers. Donc là, je recherche aussi des partenaires pour ce projet-là. Mais comme on est en 2024, qu’il y a les Jeux Olympiques en France et surtout la voile à Marseille, c’est un peu compliqué parce que toutes les entreprises veulent plutôt sponsoriser un équipage qui va aller aux Jeux. Qu’un équipage qui fait le Tour de France à la voile. Sachant que ce qu’on avait dit, c’est que pendant les Jeux, c’est un peu compliqué d’afficher les partenaires. Parce qu’en fait, nos partenaires, on les affiche vraiment en amont pendant toute la saison, etc. Mais pendant la période des Jeux, il y a une réglementation qui est assez stricte. On n’a pas le droit d’afficher les partenaires. Donc en fait, les chefs d’entreprise qui veulent sponsoriser, ils ne savent pas ça au début. Ils pensent être affichés pendant la période des Jeux. Mais en fait, il n’y a pas cette affiche-là. Parce qu’en fait, on a une règle, la règle 50, qui est de la charte olympique, qui va définir un peu tout ce qui est la publicité au niveau des articles de sport pendant la période des Jeux. Et donc ça, en gros, c’est environ dix jours avant l’ouverture des Jeux et dix jours après la clôture des Jeux. En fait, la communication, sur les réseaux, elle est assez stricte. On n’a pas le droit de faire tout ce qu’on veut. Les grosses marques, qui est créée en gros sur les vêtements, il faut que ça soit bloqué. Donc il ne faut pas qu’on les voit. Sur le bateau, on a le droit de rien avoir. Donc voilà. Moi, je propose un projet sportif où on a le droit d’afficher autant de fois qu’on veut et pour toutes les régates des partenaires.
Ermanno : Oui, parce que ce que j’allais dire, ça, c’est quand tu es dans l’olympisme, quand tu es olympienne ou olympien, tu dois te soumettre à ces règles-là quand tu es dans la course, pas quand tu es un ancien olympien ou une ancienne olympienne. Mais par contre, quand tu fais des projets sportifs autres que tourner vers l’olympisme, et notamment si on parle de voile et si on parle du littoral, pendant les JO, on ne pourra pas empêcher aux gens d’aller se balader sur la plage, d’avoir des gargotes et autres. Là, il sera possible d’afficher quand même ses partenaires si on n’est pas sur une compétition des Jeux olympiques.
Albane : Je n’ai pas très bien compris ta question, mais en gros, en fait, si on est sur le site olympique, déjà, l’accès, il est réglementé, il est sécurisé, que ce soit pour les athlètes ou même pour les spectateurs. Et pareil, tu n’as pas le droit de te balader avec une banderole avec des partenaires ou autre. Ça, c’est sûr, tu n’as pas le droit. Après, la réglementation pour les athlètes, elle est quand même beaucoup plus stricte parce qu’ils passent à la télé. Donc, ça, c’est sûr, ils ne veulent pas. Et en fait, les Jeux, ce n’est pas censé être des professionnels qui vont. On n’est pas censé faire de la publicité. Donc, voilà, il n’y a que les partenaires clés, les gros partenaires des Jeux qui seront affichés. Mais sinon, les petits partenaires, ils ne le sont pas. Mais ça, c’est vraiment la règle spécifique pour les Jeux olympiques. Après, pour le reste des courses en voile, que sur tous les autres circuits, il n’y a pas cette règle-là.
Ermanno : Et justement, quand on est sur un règle, un projet olympique, comment ça se passe pour
Ermanno : rétribuer, entre parenthèses, ces partenaires ? Tu l’as dit, il y a plein de possibilités de rendre un peu ce que les partenaires font pour vous. Malgré tout, comme tu le dis, il y en a beaucoup qui pensent qu’ils vont avoir leur logo affiché partout au niveau des Jeux olympiques. Donc, j’imagine que vous les prévenez quand même en amont avant de signer le contrat. Mais ça peut être un problème aussi de vouloir soutenir des sportifs qui ne savent pas forcément la règle ou qui, oublient de prévenir leurs partenaires et de se retrouver au moment des JO où tu vois un sportif habillé tout en blanc ou tout en noir, dans le survêt de la nation, mais avec aucun des logos du partenaire.
Albane : De toute façon, quand tu vas aux Jeux, tu as une dotation de vêtements et ça, c’est sûr que tu n’as pas le droit de floquer. Donc, c’est la dotation officielle. Et le sponsor, de toute façon, il va être forcément courant parce que même lui, il n’a pas le droit de… Il a une réglementation. Donc, nous, on avait reçu un document explicatif des choses qu’on avait le droit ou pas le droit de faire et on l’avait envoyé à tous les partenaires. Donc, ils ne peuvent pas… Ils ne peuvent pas… Je ne sais pas. Je ne sais plus exactement ce qu’ils disaient, ce doc, mais je pense que c’est aussi par rapport aux photos. Ils ne peuvent pas utiliser les photos comme ils veulent. Ils ne peuvent pas utiliser le dessin des anneaux olympiques. Je crois que c’est interdit. Enfin, il y a plein de règles et c’est compliqué. Donc, en fait, en général, les sponsors, des fois, ils ne se prennent pas la tête et ils n’affichent rien pendant la période des Jeux et après, ils mettent quelque chose en mode fier d’avoir soutenu les athlètes pour les Jeux ou des trucs comme ça. Mais il faut vraiment faire attention parce qu’en fait, nous, en tant qu’athlètes, on peut être punis pour ça. On peut avoir des sanctions.
Ermanno : Et ce n’est pas l’objectif non plus quand tu vas au JO de te taper des sanctions parce que soit tu as communiqué alors que tu n’aurais pas dû, soit ton partenaire l’a fait parce que tu as oublié de le prévenir ou parce qu’il n’en avait que faire et qu’après, ça te retombe dessus. Encore un point noir dans la préparation des sportives et des sportifs de haut niveau. Mais c’est super que tu en parles, tu vois, parce que jusqu’à présent, personne n’en avait parlé. Et donc, c’est assez intéressant de rajouter ce point-là dans la masterclass d’aujourd’hui. Alban, on arrive sur la fin de cet épisode. Il y a une question que j’aime bien poser à mes invités. Si tu pouvais te projeter, alors on est un peu dans la science-fiction, mais si tu pouvais te projeter en 2014, à côté de la petite Alban de 20 ans qui va découvrir, qui va monter sur le bateau pour la première fois avant d’être repérée par le kiné, qu’est-ce que tu penses que la Alban de 2014 te dirait en te voyant et en sachant que ça va être elle 10 ans après et tout le parcours que tu vas avoir ?
Albane : C’est une bonne question. C’est une bonne question. Alors, je pense que la Alban de 2014 qui voit la Alban de 2023 dirait, je suis fière de ce que tu as accompli, parce qu’au final, le chemin, il n’était pas facile et j’ai réussi à aller jusqu’au bout et à me tenir à mes objectifs. Et la Alban de 2023, si elle était à côté de la Alban de 2014, je dirais, je pense, tu n’as rien à perdre.
Ermanno : Voilà. Fonce, mais fais gaffe à ton genou en 2020.
Albane : Comment ? Ah oui, et fais gaffe à ton genou, ouais. C’est le début de la vieillesse en fait, en 2020.
Ermanno : Oh, oui, bien sûr. On va revenir sur les sujets de l’âge. Merci beaucoup, Alban, pour tout ça, pour toutes ces infos. C’était vraiment une vraie masterclass aujourd’hui. Si on veut te suivre, te soutenir, abonder à ton projet, à ton collectif, comment ça se passe,
Albane : où est-ce qu’on te contacte Alors, sur Facebook ou LinkedIn, c’est Alban Dubois Oli, donc O-L-Y, ça veut dire Olympienne. Ou sur Insta, si vous voulez suivre les projets 100% voile, c’est Marcel Sailing Team. Donc Marcel, c’est Mars comme Marseille, apostrophe E2LES, plus loin, Sailing Team. Et donc là, il y aura toute l’actualité du projet de l’équipe, ou même de mes projets pro en voile, il y a tout là. Si vous voulez me suivre plutôt en perso, c’est Alban Dubois
Ermanno : sur Insta. Super. Écoute, Alban, merci beaucoup. On te souhaite une bonne continuation. Plein de courage. Et petite
Albane : chose avant, c’est que si vous voulez suivre la newsletter qui est envoyée chaque mois, vous pouvez toujours envoyer votre adresse mail pour que je puisse vous inscrire et vous la recevrez tous les mois dans votre mail.
Ermanno : Et où est-ce qu’on… Où est-ce qu’on s’est inscrit à la newsletter, justement ?
Albane : Tu m’envoies ton adresse mail soit par… Enfin, le mieux, c’est Insta parce que c’est là où c’est le plus réactif. Tu m’envoies sur le compte Marcel Sailing Team ton adresse mail en mode je vais m’inscrire à la newsletter et je te rajoute
Ermanno : et tu la recevras. Ok, super. Eh bien, écoute, on mettra tout ça dans les notes de l’épisode. Merci encore pour cette belle journée, ce bon moment passé avec toi. Je te laisse aller écrire tes courriers parce que tu me disais, juste avant de nous lancer, que tu cherchais l’inspiration. J’espère que d’avoir repassé toutes ces années en revue, ça va t’aider, justement. Et puis, on reste en contact et je passerai peut-être faire un petit coucou du côté de Marseille.
Albane : Eh bien, écoute, tu me préviens et je te ferai visiter la future
Ermanno : Marina Olympique. Wow ! Quel honneur ! Super ! Merci beaucoup, Alban.
Albane : À bientôt. Merci à toi. À bientôt. Bonne journée.
Ermanno : Coupa, coupa, coupa, coupa, coupa.