#041 Romain GHIO – s03e03

Saison III
Saison III
#041 Romain GHIO - s03e03
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Bienvenue dans un nouvel épisode de (dans les) Vestiaires, où nous plongeons profondément dans les histoires des sportifs de haut niveau, révélant les défis, les triomphes et les moments d’inspiration qui façonnent leur voyage.

Romain Ghio, est un passionné de Voile depuis le plus jeune âge. De Planche à Voile plus précisément. De Wingfoil en fait, depuis cet été 2023 et il se donne tous les moyens pour devenir le meilleur du Monde !

Pour le suivre, le contacter et le soutenir, RDV sur https://ghio.vestiaires.org .

En termes de palmarès, voici quelques infos :

  • Début en Optimist en 2009 en critérium et Optimist ligue en 2010
  • Début en Planche à Voile Bic 293 minime en 2011 et passage en espoir en 2013
  • Début en planche à voile à Foil (appelée IQFOIL) en 2014 en intégrant le Pôle espoir de Marseille en RS:X
  • 19ème au Championnat d’Europe senior IQFOIL en 2021
  • 5è aux Championnats du Monde Windfoil (cat IQFOIL) en 2020
  • Vice-Champion d’Europe des moins de 21 ans RS:X en 2017

Plus jeune :

  • 5ème de la Coupe de France RS:X en 2016
  • 2ème de la Med Cup 13 (Coupe de Méditérannée) en 2016 et 2015
  • Champion de Ligue en 2016 et 2015
  • 7ème au championnat de France espoir – RS:X 8.5 en 2016
  • 26ème au championnat d’Europe – RS:X 8.5 en 2016
  • Champion de France UNSS Excellence en 2015 et 2013
  • 48ème au Championnat du monde en 2015
  • 21ème au Championnat d’Europe en 2014

Pour le suivre, le contacter et le soutenir, RDV sur https://ghio.vestiaires.org .

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La transcription de notre échange

Grâce à Autoscript, on vous propose même de revivre l’échange que j’ai pu avoir avec Romain. C’est parti !

Salut les sportifs, c’est Ermanno et je suis très heureux de vous recevoir pour un nouvel épisode du podcast Dans les vestiaires. Aujourd’hui on va parler sport, sport nature, sport d’eau, voile et en particulier Wingfoil. Mais notre invité va tout nous dire. En tout cas, je suis très heureux de recevoir Romain GHIO. Salut Romain !

Salut Ermanno ! Merci de m’inviter.

Eh bien écoute, c’est un vrai plaisir. On avait eu l’occasion d’échanger déjà pour préparer cet épisode. Et franchement, j’ai adoré la patate, l’énergie que tu transmettais. Je suis persuadé que tu vas faire vibrer le cœur de notre audience. Est ce que ça te va comme programme pour aujourd’hui ?

C’est bon, ça va gérer.

Écoute, ce que je te propose déjà, c’est de te présenter. Mais alors, la première chose qui me frappe, c’est dans ces quelques petites secondes d’échange, je sens comme une pointe d’accent. Dis nous tout. D’où viens-tu ?

Ben de Marseille, forcément. Non, moi, du sud, né à Marseille, et je vis à Marseille depuis tout petit. Et donc je pratique la wing (ndlr Wingfoil)depuis maintenant quelques mois et avant c’était la planche à voile, la planche à voile olympique, depuis au moins quasiment une dizaine d’années maintenant. Pour résumer.

On va revenir un petit peu plus en détail sur tout ça. Moi, ce qui m’intéresserait, c’est de savoir aussi ton histoire et ton histoire avec le sport. Reviens avec nous un petit peu sur le début.

Tu me dis que tu es né à Marseille, tu as vécu à Marseille, mais quel âge as-tu ? Que fais-tu dans la vie au-delà du sport ?

Donc, j’ai 25 ans. En dehors du sport, je suis en école d’ingénieur à l’INSA Lyon, en ingénieur matériaux. C’est une école qui d’habitude se fait en 5 ans. Et moi, là, je suis parti sur 9 ans pour pouvoir m’aménager pour mon sport. Donc j’évolue beaucoup entre Lyon et Marseille, sur le pôle France pour mes entraînements. Mes objectifs maintenant sur la Wing, c’est sur le long terme, ça va être d’être champion du monde, clairement.

Il me semble que la planche à voile fait partie des sports olympiques, la wing pas encore, donc les Jeux olympiques, c’est peut-être pas pour tout de suite, en tout cas pas à la maison, pas cette année. Malgré tout, ça reste peut-être dans tes objectifs si jamais cette discipline venait à être inscrite au tableau de chasse des Olympiens ?

La planche à voile est olympique depuis maintenant une vingtaine d’années et la wing en fait c’est un sport tout récent qui a apparu fin 2020 et donc pas encore olympique. Les votes pour les compétitions olympiques avaient déjà été faits donc la wing n’était pas dedans et maintenant on attend les prochains JO qui seront en 2028, pour espérer qu’elle rentre et pouvoir y participer. Clairement, parce que d’être passé de la planche à la wing, j’ai mis une croix sur ce rêve olympique que j’avais depuis 7 ans en senior. Et donc, j’aimerais bien quand même le retrouver un jour.

Revenons un petit peu sur toi Romain. Comment est-ce que tu as découvert le sport ?

Alors clairement c’est venu de mon père qui fait de la planche à voile depuis que lui aussi est tout petit. J’ai toujours été très actif, donc, quand j’étais petit j’ai essayé le foot. Ça n’a pas été pour moi : au bout de deux séances, j’ai compris … alors que je suis de Marseille pourtant. Et en fait au bout d’un moment je suis tombé sur la voile et j’ai direct accroché la glisse, la liberté d’être sur l’eau, aller aussi vite qu’on pouvait à l’époque aussi. J’avais 8 ans. Et donc la voile sur un bateau d’abord parce que j’étais trop petit pour la planche et après la planche. Il y a vraiment plus l’aspect physique qui rentre en compte et ça j’aimais bien pouvoir me dépenser et on va dire donner de mon énergie pour accélérer et gagner et du coup j’ai accroché à la planche à 10 ans donc dès mes 10 ans, je suis parti en compétition directe et ça n’a pas changé depuis.

Pourquoi tu dis que tu étais trop petit pour la planche à voile ? Parce que dans la voile il y a déjà une initiation avec les bateaux ?

C’est vraiment la planche à voile en club que j’ai commencé à 10 ans. Parce qu’en fait avant ça, j’avais accroché sur la compétition juste en bateau, en Optimist, la petite caisse à savon. Et en fait, à la toute base, il y a quand même un âge minimum pour commencer l’optimisme, c’est de savoir nager. Donc en général, c’est vers 6-7 ans. Et après la planche à voile, il faut un petit peu plus parce que le sport est quand même plus extrême que l’Optimist . Donc il faut en général 8-9 ans et c’est à ce stade là où j’ai pu commencer la planche et direct, le plus tôt possible, j’ai commencé la compétition qui, elles, sont ouvertes qu’à partir de 10 ans.

Ça voulait dire quoi pour toi à 10 ans ? Déjà partir avec le matos, la planche à voile, partir en compétition, et est-ce que ça t’a ouvert la voie justement pour la suite ?

Donc oui, dès le début, il y a eu des bons résultats, on va dire, surtout qu’à 10 ans, on est dans les catégories supérieures, il n’y a pas de catégorie vraiment créée pour les petits de 10 ans. Et en fait, au moment où je suis arrivé, j’avais déjà un petit bagage, on va dire, d’Optimist, qui m’aidait à pouvoir tactiquer sur des courses. En plus du fait que j’ai kiffé la vitesse et que je me donnais à fond. En fait, je voulais juste aller vite et si ça marchait en complète, tant mieux. Et donc, quand j’étais jeune, j’ai eu des bons résultats sur des coupes de Méditerranée qui se passaient à Marseille, chez moi. Deux fois deuxième, c’était à l’âge de 13-14 ans. J’avais des toutes petites voiles, toutes petites planches. Maintenant, quand je les vois, c’est des petits bébés presque pour moi, alors qu’à l’époque, j’avais l’impression d’être un grand. Mais voilà, c’est mes premiers résultats. Pour la suite après, j’ai complètement accroché. J’ai été pris en Pôle Espoir dès mes 16 ans. On garde les mêmes compétitions, mais le niveau s’élève parce que le matériel évolue, les compétiteurs deviennent meilleurs. Et donc pareil, j’ai été deux fois vice-champion de Méditerranée deux années consécutives. J’ai été vice-champion d’Europe dès moins de 21 ans et j’ai fait 13e sur des Coupes du Monde sur Marseille. Et après, dernièrement, le dernier résultat, donc en planche à voile, ça a été 8e sur une Coupe du Monde à Hyeres.

Alors, on parle un petit peu de toi, on parle de ton palmarès. Donc tu as commencé par l’Optimist, tu as switché après vers 10 ans sur la planche à voile, et là tu nous dis que ça fait depuis cet été que tu as re-changé, entre guillemets, de sport, en tout cas ça reste un sport de voile sur l’eau. Tu peux nous expliquer un petit peu la différence qu’il y a justement entre la planche à voile traditionnelle et puis le wingfoil que tu pratiques maintenant ?

Alors la plus grosse différence c’est le foil tout simplement, c’est à dire qu’avant on naviguait sur la surface de l’eau, on planait sur l’eau, maintenant on vole au dessus, c’est vraiment de la navigation en trois dimensions. Et en plus de ça, la différence c’est que sur une planche la voile est accrochée à la planche, alors qu’en wing on a vraiment l’aile dans les mains. Donc c’est que sur une planche, la voile est accrochée à la planche alors qu’en wing on a vraiment l’aile dans les mains, donc c’est une aile gonflable qu’on tient dans les mains et on vole au-dessus de l’eau avec une toute petite planche sous nos pieds et le foil permet d’aller plus vite, de remonter plus souvent. On est sur des vitesses qui doublent quasiment dans les conditions et ça rend le sport encore plus rapide, plus extrême et du coup pour moi plus fun.

Et plus dangereux aussi peut-être, non ?

Plus dangereux… pour l’instant on n’a pas eu de gros accidents, on a de la chance sur les tours internationaux. Sur le papier oui, clairement se prendre un foil dans la tête, lancer à plus de 30 nœuds, ça fera jamais du bien.

Alors du coup pour simplifier, pour que nos auditeurs comprennent bien, en gros dans les sports de planche à voile, il y a la planche à voile, enfin avant les planches à voile avaient une dérive, maintenant de plus en plus les planches à voile ont un foil, donc ce qui fait qu’on peut avoir des planches à voile qui volent aussi un petit peu sur l’eau. Il y a le kitesurf, donc là on va être sur une planche avec un gros serre-volant, un gros parachute qui va nous tirer, et puis entre les deux on a le wingfoil où tu vas avoir une planche et une voile mais qui n’est pas attachée à la planche, donc on n’est pas tout à fait sur le serre-volant, mais on n’est pas non plus tout à fait sur la planche à voile, c’est ça ?

Voilà, c’est exactement ça, c’est un mix de tout, c’est ce sport.

Qu’est-ce qui a fait que toi, justement, cet été, tu aies décidé de te consacrer beaucoup plus à ce sport-là et par là même de faire un trait sur ton rêve olympique ?

Plusieurs choses. D’abord le côté un peu négatif de la planche, c’est-à-dire qu’en fait il faut savoir qu’avant, la planche à voile a changé de support olympique. C’est à dire qu’avant on était sur une planche à voile classique qui s’appelle la RSX. Le matériel n’a pas évolué depuis 2008. On va dire que le gabarit était connu, on savait le gabarit qui était parfois. C’est à dire qu’il fallait être grand et très fin. Je mesurais 1m82 et je pesais à l’époque 72 kg. Il fallait être très athlétique. Et après on est passé en 2020 sur une planche à voile à foil. Là on a découvert le support et on s’est rendu compte qu’au bout d’un moment pour le gabarit, il fallait être de plus en plus lourd. Mathématiquement, plus t’es lourd plus ça va vite en foil c’est quasiment de la physique et donc on est parti sur des gabarits de 95 kg. C’est à dire que dernièrement j’étais à 86 kg, en train d’essayer de monter à 90 kg. Et en fait ce changement, c’est un gros gros coup. On va dire, c’est à dire, que je me sentais mal dans ma peau, je me suis blessé, notamment, il y a un an, je me suis fait les ligaments croisés en partie à cause de ça. On va dire un bon gros aspect négatif, le fait, de retour de blessure aussi, où j’étais plus trop dans les dispositifs, j’avais de moins en moins d’accroche ou de plaisir à naviguer, parce qu’il fallait juste être un poids en fait sur la planche, donc j’accrochais de moins en moins. Et en parallèle de ça, mon frère, qui lui gravite dans la wing depuis maintenant trois ans, je le voyais se régaler: Il s’est vraiment épanoui dans ce sport. Lui me tirait pour que je vienne avec lui. Avant je m’accrochais à la planche, c’est maintenant plus grand chose qui m’y accrochait. Donc j’ai pris la décision, cet été. J’ai essayé de faire une compétition avec mon frère. J’ai accroché complètement sur ce parcours, le tour de wing, le sport en lui-même, les sensations de glisse qui sont 100 fois plus impressionnantes qu’en planche. J’ai fait une nav en matin en planche, une nav en wing après, mais j’ai pris ma décision ce jour-là. 

Et depuis, tu as été piqué par le virus et tu n’es pas revenu en arrière.

Exactement, je n’ai pas remis les pieds sur une planche depuis.

Tu nous parles de ton frère, Mathis, si je ne m’abuse, qui lui aussi est sportif de haut niveau en planche à voile.

C’est ça, donc on a quasiment le même parcours. Lui aussi, à l’INSA, en école d’ingénieur en matériaux, pareil que moi. Et donc, on a fait de la planche ensemble. On n’était pas dans les mêmes catégories parce qu’on a quatre ans d’écart et les catégories sont trop petites. Donc même parcours que moi, RS:X, la planche à voile à foil. Et lui, il estpassé beaucoup plus vite en wing. Et donc, lui est champion du monde de course en wing depuis maintenant deux ans.

J’aimerais que tu nous aides à comprendre justement les différentes courses. Aide-nous à comprendre un petit peu le sport, comment ça fonctionne ?

Globalement deux tours, donc deux organisations de compétition et l’une concentrée vraiment sur la race donc c’est la course de bateau, on tourne autour de bouées, il faut aller le plus vite possible, c’est le parcours type qui est aux jeux olympiques en planche à voile. Pareil en wing, globalement. Et d’un autre côté, on a une autre organisation qui gère plus l’aspect freestyle. Donc quand on dit freestyle c’est des figures, des sauts où on monte quand même en moyenne à peu près 5-6 mètres, voire 10 mètres pour les plus hauts et on doit faire des figures, donc on peut être sur des backflips, des 720, des front loops. Et on a aussi la catégorie vague, surfer des vagues, qu’elles soient plus ou moins grosses, faire des figures dedans, pareil. Et ça nous fait trois disciplines, donc la race, le freestyle, la vague.

Et du coup, quand tu t’alignes sur une compétition, est-ce que c’est comme dans d’autres sports, comme notamment la natation où tu choisis ta discipline ou alors tu peux t’aligner sur les trois ou même tu dois t’aligner sur les trois ?

Non, non, en fait, c’est vraiment, on parle surtout des deux tours, c’est-à-dire que les compétitions ne sont pas en même temps sur les deux organisations, donc on a vraiment

le côté, en gros IWSA, le nom exact pour la race et GWA pour la partie freestyle et vagues. Et oui, si on va sur le GWA, il faut s’aligner en freestyle et en vagues, mais si on va en IWSA, donc il n’y a que la race. Alors moi, du coup, du fait de tout ce que j’ai fait en planche à voile et en Olympisme avant, je fais vraiment aussi mon constat sur la race, c’est-à-dire que tout le background que j’ai de la compétition en planche, de la préparation mentale, la préparation physique aussi, de l’expérience que j’ai acquis sur toutes ces années de compétition en coupe du monde de planche, je vais vraiment, là, utiliser sur le tour de race, parce que même si du coup je commence la King que depuis trois mois, j’ai pas encore un niveau par rapport à ce qu’ils ont fait depuis maintenant deux ans. En fait tout ce bagage là va me faire progresser super vite et je sais que globalement je vais réussir à performer assez vite. Et après par contre, j’ai vraiment l’aspect freestyle et vague qui… c’est un peu ce qui me manquait en Olympie, c’est la partie un peu fun et on va dire un peu… on peut débrancher le cerveau et envoyer comme on veut. Et donc ça je pense que je vais essayer d’y aller aussi, mais donc ça, j’ai aucune expérience, je suis vraiment novice. Donc ça va venir au fur et à mesure.

Ce que j’aimerais comprendre, c’est véritablement comment tu vois ton avenir ? Parce que là, tu nous dis, ton frère est déjà deux fois champion du monde sur la race. J’imagine que

tu lui colles au basque. Toi aussi, c’est un de tes objectifs, être champion du monde. Comment est-ce que tu vois justement ta carrière dans les années à venir ?

Je dirais que je la vois vraiment aux côtés de mon frère. C’est-à-dire qu’en fait, on partage beaucoup de choses ensemble. Ça a été forcément compliqué à une période où on était ados, mais depuis on a vraiment grandi tous les deux et on partage tout. Donc mon objectif, ce serait d’être un et deux avec mon frère, qu’on soit sur un championnat du monde. Donc c’est vraiment ce qui me fait vibrer, c’est de partager tout ça avec lui. J’aimerais donc créer ma carrière autour de tout ça. On en parle beaucoup tous les deux pour monter ça ensemble et être plus tard les frères qui sont champions du monde.

Dans le triathlon, il y a eu les frères Brownlee. Ça pourrait être pas mal d’avoir les frères Ghio dans le wingfoil, non ?

Exactement, c’est ce qu’on veut reproduire.

J’essaye de visualiser véritablement quel a été le gros déclic cet été quand tu t’es décidé à avancer sur le wingfoil. Alors tu nous as dit que tu as découvert cette discipline, ton frère te tânait beaucoup pour que tu le rejoignes, tu as testé, ok, mais malgré tout qu’est-ce qui fait que cet été tu te soit dit “bon allez hop c’est bon j’y vais, il n’y a pas autant de fun que ce que je voudrais dans la discipline olympique, donc bon pour l’instant le rêve olympique, on le met de côté et je vais tout donner pour aller là-dedans”. Tu vois, j’essaie de comprendre véritablement quel a été l’état d’esprit, quel a été le switch que tu as dû opérer pour pouvoir avancer dans cette discipline.

Ça a été une grosse remise en question, on va dire, surtout parce que du coup, mon projet olympique était lancé depuis sept ans maintenant, donc c’était vraiment une machine qui roulait bien, j’avais monté des bons procédés pour essayer de performer. Ça a continué à avancer tout seul sur cette lancée, mais au bout d’un moment j’ai vraiment pris du recul, surtout mon retour de blessure, en me demandant si je suis vraiment heureux là-dedans, si je me sens bien. Pas mal d’aspects négatifs sont ressortis de tout ça. En cherchant du coup comment faire, je suis juste clairement tombé sur la wing et là vraiment ça a été le déclic instantané de ça remplit tout ce que je veux : je retrouve ma passion en fait dans ce sport plutôt que la rigueur de l’olympisme qui, au final atténuait la passion.

Tu nous parles de blessure. Comment est-ce qu’on vit une blessure quand on est sportif de haut niveau ?

Franchement, c’est dur. C’est-à-dire qu’en fait, on a surtout l’impression que ça va arriver aux autres. Les croisés, j’en entendais parler, pas trop en voile, mais beaucoup dans les autres sports. Mais pour moi, ça ne m’arriverait jamais. Et en fait, sauf que du jour au lendemain, ça tombe, c’est fini. Ça a été très compliqué, je dir gérer surtout au début de réaliser la suite les jours après l’opération de capter qu’en fait la première étape c’est de réussir à marcher et mais j’ai eu beaucoup de chance d’être très bien encadré à Marseille par un centre de rééducation pour sportifs de haut niveau, Saint-Martin-Sport en fait et donc j’ai été pris en charge quatre jours après l’opération et ça a duré tout pile six mois et j’ai fait trois heures tous les jours pendant six mois en continu de rééducation à fond. Au final on a tellement la tête dans le guidon avec juste l’objectif de revenir et j’ai jamais eu autant le couteau entre les dents. Pour réussir au début c’est remarcher, après c’est remarcher un peu plus vite, recourir. J’ai appris à faire tout en fait, des squats. C’était banal pour nous dans la vie de tous les jours, il faut tout réapprendre. On va dire qu’une fois que la machine est lancée, on a juste le couteau entre les dents et le seul objectif c’était de terminer ça.

Tu vois finalement je commence à mieux comprendre ce switch de la planche à voile traditionnelle, la planche à voile olympique vers le wing. En tout cas, dans tes paroles, ce que je comprends, c’est qu’après la blessure, il a fallu tout refaire, tout réapprendre, presque réinventer. Et finalement, ton switch de carrière est un peu dans la continuité de tout ça, non ?

C’est exactement ça, je pense. Je me suis reposé beaucoup de questions pendant cette rééducation et après encore. Et c’est vraiment là où j’ai compris que la passion c’est le plus important. J’ai trouvé ça dans la wing.

La question un petit peu sous-jacente à tout ça aussi, qui reste en suspense, c’est finalement au-delà de comment tu finances ta carrière, et j’aimerais bien qu’on y vienne un peu tout à l’heure, c’est quand la blessure intervient, comment ça se passe avec toutes celles et tous ceux qui t’accompagnent ? Alors on parle des sponsors, on parle des partenaires, on parle du staff médical, de l’entraîneur, de la famille.

Moi j’ai eu de la chance, c’est passé vraiment très bien. Ma famille a vraiment été présente pour moi dès le début, où il faut m’assister, c’est clairement le mot. Et même tout au long de la rééducation mentalement. Le staff du Pôle ont été aussi très bien, c’est à dire que je pouvais vraiment m’adapter à récupérer. L’objectif de tout le monde était de me faire récupérer, que ce soit le staff médical qui m’arrangeait pour les rendez-vous rapides, par exemple pour les opérations, etc. ou pour les contrôles. Dès que j’avais une micro-douleur qui apparaissait dans le genou, je pouvais appeler quasiment 24 sur 24 le médecin du pôle pour aller le voir. J’ai même eu aussi encore énormément de chance avec mon école, c’est-à-dire qu’au moment où je leur annonçais pendant l’été, en théorie, que l’école est fermée, “je me suis fait les croisés, je vais devoir partir en rééduc !”, ils m’ont dit « ok, pas de souci, on te donne une année sabbatique quasiment pour vraiment que tu te concentres sur ta récupération”. Et donc j’ai vraiment pu être à 200% sur ma rééduc et je savais que toute la bulle autour avait le même objectif que moi, c’était de me faire récupérer le plus vite possible.

C’est impressionnant l’impact que peut avoir l’entourage autour des sportifs de haut niveau. Je te propose maintenant qu’on aborde un petit peu le sujet central de ce podcast, c’est le financement de la carrière des sportifs de haut niveau. Toi, jusqu’à présent, comment est-ce que tu as financé ta carrière ?

Déjà en termes de budget, pour la planche à voile et pour la wing, on est sur des budgets annuels d’environ 12 000 euros. On parle de matériel, de frais de déplacement, etc. Donc je l’ai financé avec pas mal de partenaires, certains depuis que je suis tout petit, qui me suivent depuis le début, d’autres que j’essaye de trouver au fur et à mesure. Et aussi j’ai des aides régionales en tant que sportif de haut niveau, le Pôle également qui peut nous aider. C’est, vu les budgets que j’ai annuellement, on va dire que je survivais un peu en planche chaque année et c’est aussi un autre aspect de la Wing qui m’a fait aller dedans, c’est qu’il y a beaucoup plus d’opportunités de trouver des partenaires et ça l’a fait direct pour moi, j’ai réussi à trouver une marque de Wing qui me sponsorise maintenant et qui m’enlève une grosse épine du pied parce que j’ai déjà le matériel. Mais du coup, c’est de la recherche continuelle de partenaires. S’il n’y a pas l’argent, il n’y a pas la compétition, il n’y a pas les résultats, et il y a encore moins d’argent. Ça peut être soit un très beau cercle virtueux, soit un très beau cercle vicieux.

Est-ce que tu es accompagné là-dessus, justement, sur, aussi bien la recherche de partenaires, que quand il faut partir en déplacement ? Est-ce que c’est toi qui t’occupes des billets d’avion, de l’hébergement, etc. ou est-ce que tu es accompagné par une équipe, que ce soit le Pôle France ou même avec ton club ?

Non, clairement, c’est moi qui gère tout. Tout ce qui est logistique, de compétition, etc. C’est vraiment à moi de tout gérer. Même qu’on soit en planche à voile ou en wing, chacun

fait un peu son emploi du temps. Avec des dates précises qui sont posées, des dates de stage, des dates de compétition. Et par contre, en dehors de ça, depuis cette année, je suis suivi par Stadiup. Au lieu, maintenant de devoir passer vraiment beaucoup de temps et des fois perdre du temps à parler à des partenaires potentiels, devoir essayer de trouver un contrat. Une fois que j’ai accroché avec l’entreprise, c’est eux qui m’aident, qui me déchargent en gérant toute la partie administrative et la partie contrat.

Je comprends que depuis que tu es dans la wing, donc depuis trois mois, tu es déjà un peu mieux accompagné, tu as mis en place tout ce qu’il faut pour être aidé dans tes relations justement avec les partenaires. Pour toi l’année 2023-2024, ça s’annonce plutôt bien, il ne te reste plus qu’à t’entraîner et aller en cours ?

Exactement, c’est beaucoup d’entraînement et suivre le maximum de cours possible. Mais oui, non, vraiment, moi, mon objectif principal, c’est d’acquérir toute la technique de wing qui me manque pour qu’ensuite je puisse utiliser toutes mes compétences sur les compètes et percer le plus vite possible.

En termes de financement, donc là, cette année, t’es pas trop mal. Malgré tout, si on veut, si on est touché par ton histoire, si on veut t’accompagner, quel est le meilleur moyen de rentrer en contact avec toi ou de pouvoir contribuer au financement de ta carrière ?

Tout ça, ce que tu viens de dire, ça correspond pile-poil à Obaine. Donc c’est une petite entreprise lyonnaise, aussi, qui m’aide. Ils ont créé une plateforme qui permet en fait de rentrer dans ma vie, dans tout ce que je ne montre pas forcément sur les réseaux. Et par exemple, le fait de parler de ma transition entre la planche et la wing à part là avec toi, je n’en ai pas parlé, je n’en ai jamais parlé. Donc si on veut découvrir tous ces détails-là, c’est directement avec Aubaine. C’est la possibilité de s’abonner, de me soutenir financièrement grâce à des abonnements mensuels. Aussi, il y a même tous les petits goodies qui sont à gagner tous les mois. Ça va être mon Lycra de vice-champion d’Europe ou aussi même des cours de wing carrément.

Et puis nous sur le podcast Dans les vestiaires, en te donnant la parole, évidemment on veut partager ton histoire, on veut partager toutes ces histoires pour montrer ce que c’est que la vie de sportif de haut niveau et comment est-ce que l’on peut s’en sortir et vivre de sa carrière. Donc si vous voulez aussi soutenir Romain, n’hésitez pas à faire un tour sur le site Dans les vestiaires, vous pourrez aussi le soutenir à ce niveau là. Écoute Romain, je te souhaite une bonne continuation évidemment on va suivre cette Coupe du Monde dès 2024 et on va

espérer que la voile de Romain GHIO soit juste à côté de celle de son frère Mathias. Alors … devant peut-être plutôt qu’à côté ou derrière ?

Ouais devant c’est pas mal !

Romain, on souhaite une bonne continuation et puis on suivra tout ça et on espère que 2024 sera une bonne année pour toi. Et puis bien sûr, en 2028, que la Wing soit aux Jeux Olympiques et que vous pourrez aller vous éclater entre frères sur les prochains JO.

Merci. Merci beaucoup, Ermanno. Merci de m’avoir invité.

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