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Kenza COUTARD

Kenza vient juste d’avoir 18 ans, elle est sportive de haut niveau en voile et a déjà représenté la France à ses premiers Jeux Olympiques de la Jeunesse !

#005 – Kenza COUTARD – L’avenir de la voile

 
 
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Kenza a eu la chance de découvrir la voile toute petite lors de séjours chez ses grands-parents en Normandie. Vivant en région Parisienne, jusqu’à ses 8 ans, elle s’entraînait dans sa région et ses parents l’accompagnait en Normandie le plus souvent possible. Au Collège, elle a intégré le Centre d’entrainement au Havre et faisait les Aller-Retour tous les week-end avec son Papa. Avant de rentrer au Lycée, un peu bloquée pour progresser, car elle ne pouvait pas naviguer assez (elle était alors déjà Vice-Championne de France en Optimiste et avait déjà eu l’occasion de se battre sur des régates internationales), elle change de catégorie pour passer en Espoir sur un 420. L’optimiste est un petit bateau (les « caisses à savon », oû l’on navigue seul, alors que le 420 est une embarcation de 4m20 où l’on navigue à 2 et qui dispose de 3 voiles). Elle commence comme équipière, celle qui est attachée à un mas qui fait contre poids et dont le but est de naviguer avec corps à ras de l’eau. En dernière année de Lycée, elle intègre, en Internat, le sport-études de Brest et est recrutée par la Fédération Française de Voile pour les Jeux Olympiques de la jeunesse à Buenos Aires en Sept 2018. Ce recrutement est aussi synonyme de séparation avec sa co-équipière Margo, également sélectionnée par la Fédération Française, puisque l’épreuve Olympique est une régate en mixte sur un catamaran de 5m50… et après plusieurs mois d’entrainement en mixte, son co-équipier est forfait à 15 jours du départ pour les Jeux Olympiques de la Jeunesse. Il lui faut alors découvrir un nouvel équipier, faire valider la demande de modification de l’équipage par le CIO et tout réapprendre en une semaine. Heureusement, le feeling passe extrêmement bien et ils sont Vice-Champions Olympiques !

Très jeune, lorsqu’elle naviguait en solo et en optimiste, sa famille soutient le projet tant d’un point de vue moral, matériel, mais aussi financier. En effet, en voile, seule la course au large est médiatisée … il ne reste donc que très peu de sponsors pour les catégories Olympiques. La Fédération Française fait de son mieux, mais elle n’aide pas beaucoup, surtout avant d’être en Équipe de France vers 20-25 ans. En général, la Fédération intervient avec des bourses qui ne représentent que 1/25ème du budget. Les sportifs doivent aller eux-même chercher des fonds et c’est très compliqué ! En 420, grâce à des contacts de sa famille, elle a pu trouver un sponsor qui l’a bien aidée, mais depuis 2 saisons, elle est sans sponsor. Heureusement, elle est beaucoup soutenue par le CVSAE (Club de Voile de Saint Aubin les Elbeuf), son club qui finance un quart de sa saison avec des aides financière et matérielles et dans la recherche de sponsors : ils la mettent en lien avec des journalistes et appuient leurs contacts sur la recherche de sponsor.

En plus du sport, après son Bac et ses années de 420, Kenza a toujours voulu continuer les études et grâce à ses quotas aux Championnats du Monde et aux Jeux Olympiques de la Jeunesse, elle a pu intégrer Science Po Paris. Elle dispose ainsi d’un emploi du temps aménagé et ne paie presque pas de frais d’inscription car cette section de Science Po est sponsorisée par de grands groupes qui, malgré tout, ne peut soutenir les sportifs personnellement. En tout état de cause, la carte de visite Science Po aide dans la recherche de sponsor !

Par ailleurs, Kenza n’est pas du tout alarmiste sur la situation des femmes dans le milieu de la Voile. Pour elle, en France il n’y a pas de difficulté particulière, surtout que la Fédération Française souhaite booster la présence des femmes dans la voile Française et parvenir à la parité des équipes pour les JO de Paris 2024. Elle soutient d’ailleurs les femmes avec de petites bourses de quelques centaines d’euros.

Dans une équipe de voile, le budget est commun, et les recherches de partenaires se font donc sur le même modèle : si l’un des équipiers trouve un sponsor, les revenus sont partagés dans tout l’équipage. En revanche, les points noirs de leur équipe, sont la communication externe (via les Réseaux Sociaux, entre autres) et qu’ils ne disposent d’aucune formation relative à la recherche de partenaires : ils ne savent pas comment aborder une entreprise. Pour le moment, ils s’appuient sur les éléments forts de leurs familles : Ils doivent se forcer à prendre du temps pour boucler les dossiers de sponsoring et aller à la rencontre des partenaires potentiels, car une absence de partenariat pendant une ou deux saisons peut leur faire prendre le risque de stopper net leurs carrières.

Pour le futur, Kenza sait que l’armée des champions existe et elle y pense : ils proposent des contrats aménagés à Brest qui leur permettent, contre une trentaine de jours par an, de disposer d’un salaire mensuel. Suite aux JOJ, Kenza a pu bénéficier de bourses et aides régionales à hauteur de 70% du budget, mais le reste est pris en charge par sa famille.

Les contreparties que l’équipage peut apporter aux partenaires : faire apparaître le logo du sponsor sur leurs voiles, sur le bateau, ou sur les vêtements. Mais ils peuvent aussi proposer des journées découvertes sur le bateau ou des séminaires en entreprise.

Il y a quelques années, Kenza et sa co-équipière ont testé la plateforme de Crowdfunding SponsoriseMe qui pouvait leur permettre de gagner jusque 5.000 € mais ils ne peuvent se permettre de le faire tous les ans, déjà car ils ont l’impression de toujours demander aux mêmes personnes, mais aussi car c’est une activité extrêmement chronophage !

Le budget annuel d’un équipage tourne autour de l’achat / la location du bateau, l’achat de l’accastillage, des tenues, des déplacements (et il faut déplacer le bateau), etc … sachant que les déplacements, les tenues, la nourriture et l’hébergement sont financés par les sportifs. Les entraineurs sont des Cadres Techniques rattachés et financés par le Ministère des Sports. En optimiste, le bateau est financé par le club et est loué pour l’année. En série olympique, les sportifs doivent acheter leurs bateaux. Pour Kenza, avec le statut de sportive de Haut Niveau dont elle dispose depuis ses résultats en Championnats du Monde et aux Jeux Olympiques de la Jeunesse, la Fédération Française met à sa disposition, de façon nominative, un bateau. Pour les JOJ, c’était une première pour Kenza : toute la préparation a été financée par la Fédération (les billets d’avion, les inscriptions, les déplacements, les voyages, etc …).

Depuis Septembre, ils sont en relation avec un sponsor potentiel qui accompagnerait leur équipage jusque Paris 2024, mais nous ne pouvons en dire plus pour le moment.

Mais dans son projet, Kenza pense aussi à la reconversion. Elle veut malgré tout se consacrer sur la fin de ses études et sur les JO de Paris 2024 et si elle devait se reconvertir, ce serait dans un métier où elle pourrait faire valoir le diplôme obtenu à Science Po, pas forcément dans le milieu de la voile.

Pour finir, j’ai posé deux questions à Kenza COUTARD, que je vous laisse découvrir dans ce 5ème casier des vestiaires !

  • Si tu pouvais parler à l’oreille de la petite Kenza de 14 avant d’être Championne de France ?
  • Un.e sportive.f à nous recommander ?

#005 – Kenza COUTARD – L’avenir de la voile

 
 
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