Notre invitée est quintuple Championne du Monde, Double Championne d’Europe de Karaté et Avocate, Alexandra s’est lancé dans un double projet étude et sport de Haut Niveau. Partie pour des études courtes de droit qui l’auraient conduite, en trois ans, à être Lieutenant de Police, devant ses capacités à mener de front ces deux objectifs, Alexandra continue ses études, pendant qu’elle gagne des titres de Championne d’Europe, du Monde et des Tournois de Qualification Olympique de Paris !
Après les 3 ans de son Master I en Droit, puis un Master II, le déclic pour la profession lui vient alors qu’elle effectue son stage de Master II dans un grand Cabinet de Paris VIII, spécialisé en Droit Social. Diplômé et ayant réussi le barreau, Alexandra est Avocate spécialisée en Droit Social depuis Janvier 2017.
Alors qu’elle pouvait assumer d’être Avocate ET sportive de Haut Niveau plus que titrée, lorsque le CIO confirme que le Karaté sera discipline Olympique pour les JO de Tokyo, la Fédération Française de Karaté – qui nourrit de très grandes ambitions – informe ses athlètes que s’ils souhaitent être impliqués, soutenus et sélectionnables pour les JO de #Tokyo2020, ils devaient se consacrer à 100% à leur préparation. Alexandra est alors obligée de stopper sa carrière, sans pour autant s’être omise du barreau, elle pourra donc revenir vers son métier après les JO, la course à l’Olympisme n’étant pas au programme pour #Paris2024, le Comité d’Organisation des Jeux de Paris n’ayant pas retenu la discipline comme Olympique.
Cette exigence de la Fédération peut paraître paradoxale et incompréhensible par rapport au début de la carrière d’Alexandra, qui jusqu’à présent, ne voyait aucun problème à ce que les athlètes cumulent études ou emploi (de surcroit très chronophage) et compétitions au plus haut niveau mondial. La règle était en fait la même pour tous les athlètes de l’Équipe de France de Karaté : la Fédération souhaite avoir la mainmise sur la préparation des Karatékas et il leur semblait impossible que les athlètes soient présents à tous les entrainements – matin et après-midi – aux stages de préparation et disponibles pour les compétitions autour du globe tout en conservant un emploi.
Le Karaté sera l’une des disciplines Olympiques de cette édition de #Tokyo2020 (juste retour des choses pour un art martial Japonais !), toutefois, au long cours, il ne devrait pas apparaître dans la liste des sports olympiques. Alexandra n’a donc pas encore de visibilité sur la suite de sa carrière après #Tokyo2020. D’autant que, même si l’Équipe de France est relativement jeune, il y a encore quelques pionniers de la génération 88 dont Alexandra fait partie. Après 16 ans en Équipe de France, elle envisage quand même de laisser la place à la relève.
Et c’est justement contradictoirement, depuis que la Fédération lui a demandé de mettre en suspens sa carrière professionnelle pour se consacrer à sa préparation et l’entrée du Karaté aux JO que sa situation financière est devenue difficile. Avant, elle cumulait des aides de la Fédération, du Département et des sponsorings et ses revenus de stages d’avocate. En effet, lorsqu’un sportif de Haut Niveau cumule deux projets (professionnel ou étude et sport), il est très aidé par la Fédération et l’état. Et sans emploi, depuis plus d’un an, elle puise sur son épargne personnelle … La Fédération aide un peu dans la recherche de contrat d’image ou de Convention d’Insertion Professionnelle mais il y a plus d’une trentaine de sportifs en Équipe de France de Karaté et il est impossible de trouver des contrats pour tout le monde … même si ces dernières années, quelques contrats d’image ont été proposés par la SNCF, la RATP, EDF ou encore des entreprises privées, celles qui participent au Pacte de performance mis en place par le Ministère des Sports en fait, mais dans son cas, c’est un peu antagoniste, la Fédération l’avait un peu « oubliée » car d’un côté, elle lui demande de passer à 100% sur une préparation complètement encadrée par la Fédération Française de Karaté et de l’autre, la Fédération pensait qu’elle était Avocate, donc qu’elle pouvait bénéficier de revenus, mais ne l’a pas inclus dans ses plans de soutien aux sportifs non-salariés …
Malgré tout, Alexandra s’est rappelée à leurs bons souvenirs et a eu la chance de disposer d’aides personnalisées qui l’aident à tenir le coup financièrement.
Par ailleurs, Alexandra dispose d’une grosse communauté sur les Réseaux Sociaux et là, encore, à tort, les raccourcis sont faciles : beaucoup de followers / fans (44.600 sur #Instagram et 20.000 sur Facebook) ne veut pas dire revenus !
Alexandra a pu contracter avec des partenaires produits, comme par exemple Alpha Cooking qui lui prépare ses déjeuners chaque semaine, Nutripure pour les compléments alimentaires, ActivChiro son Chiropracteur et ClinAlliance pour une partie de la récupération : balnéothérapie et cryothérapie. Cela allège le budget sport, mais ne paie pas les factures …
D’autant que les Karatékas doivent assumer beaucoup de déplacements. Par exemple : les Seriés A qui ne sont pas pris en charge par la Fédération et les éventuels déplacements pour la famille qui ne peut pas toujours tout financer. « On gagnerait à être un peu plus soutenu et à ne pas devoir se soucier de payer les factures au quotidien ou gérer les imprévus, ceux sont des petites choses mais qui peuvent plomber une préparation ».
Une solution est également venue à elle : 2 étudiants en Master STAPS Marketing pour lui proposer de lancer une solution de Crowdfunding. Un peu hésitante au début, (la peur d’aller demander de l’argent, de solliciter sa communauté pour ça, bien que sa communauté lui ait déjà soufflé cette idée) Alexandra a fini par franchir le pas devant l’approche très « pro » des étudiants et par lancer son projet de Crowfunding. Parmi les contributeurs, elle a pu compter beaucoup d’amis très proches, des membres de sa communauté avec qui elle interagit souvent mais aussi des inconnus. C’est merveilleux et ça l’a beaucoup touchée ! Et même si cette campagne a été un succès (presque 10.000 € vs les 5 k€ attendus), Alexandra va utiliser les fonds après l’achat des contreparties, pour financer le déplacement de ses parents jusqu’à Tokyo ou ses propres déplacements sur des compétions, comme sur les Séries A au Chili, qui sont qualificatives pour le Tournoi de Qualification Olympique ( TQO).
Concernnant la qualification pour les Jeux Olympiques, Alexandra nous préciser les modes de sélection : 10 places sont attribuées dans chaque catégorie. Les Karatékas peuvent y accéder (outre pour les Japonais, 1 Japonais prenant une place dans chaque Catégorie :
- Par le ranking : classement qui a démarré en Juillet 2018 (Series A, Championnats continentaux et les Championnats du Monde). En Avril 2020, la Fédération Internationale fait les comptes eu égard aux résultats et aux coefficients des compétitions et les 4 premières de chaque catégorie de poids sont sélectionnées … mais la Fédération Française a décidé de ne pas engager les athlètes de l’Équipe de France en Series A. S’ils souhaitent s’y engager, les Karatékas peuvent y concourir tout de même, mais à titre personnel ou avec leur club, donc, sans prise en charge par la Fédération.
- Les 3 premiers du TQO de Paris (6 au 8 Mai)
- La carte de l’Universalité : la fédé mondiale choisit un athlète qui s’est illustré dans l’année mais dont la Fédération n’a pas les fonds pour engager tout le monde (ce qui concerne souvent des pays en voie de développement)
- Un athlète reconnut dans la discipline mais qui n’a pas pu se qualifier
Toutes ces règles obligent donc les athlètes à se déplacer beaucoup … et à dépenser beaucoup ! A-partir de Janvier, chaque karateka combattra tous les 15 jours ! Le corps souffre plus qu’habituellement et oblige les sportifs à vivre au jour le jour et à être beaucoup plus attentifs aux signaux faibles de leurs corps.
Pour finir, nous avons posé deux questions à Alexandra RECCHIA, que nous vous laissons découvrir dans notre premier épisode !
- Si tu pouvais te parler à la petite Alexandra qui vient d’avoir son bac et qui se lance dans des études de droit ?
- Tu te vois où dans 10 ans ?
Une réponse sur « Alexandra RECCHIA »
[…] Encore une fois, avec Barthélémy nous vous avons concocté une interview d’une sportive exceptionnelle : Alexandra RECCHIA. […]