🚀 Quand l’investissement rencontre le trail : Mathieu Viallard repousse les limites !
🤝 Dans cet épisode, on accueille Mathieu Viallard, co-fondateur du fonds d’investissement Axeleo Capital et passionné d’ultra-trail.
💡 Mathieu nous raconte comment il équilibre sa vie professionnelle, sportive et familiale, partageant ses secrets sur la résilience, la gestion du temps et la poursuite de ses objectifs.
🔍 Au programme de cet épisode :
• 💼 Son parcours professionnel et la création d’Axeleo Capital.
• 🏃♂️ Sa passion pour le trail et les défis ultra qu’il a relevés.
• 🕒 Comment il organise son temps entre travail, famille et entraînements intenses.
• 🎯 Les parallèles entre l’entrepreneuriat et le trail : endurance, résilience et gestion de l’effort.
• 💡 Ses conseils aux entrepreneurs et sportifs sur la persévérance et la préparation.
🎧 Bon épisode !
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📗 Ressources :
* Notre livre “Secrets de Champion” est en commande ici.
* Le classement des 20 sportives et sportifs Français, de moins de 24 ans, les plus prometteurs, c’est ici.
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💬 Quelques citations pour vous mettre l’eau à la bouche !
• »🏃♂️ Quand tu cours en trail, c’est une course contre toi-même. »
• »💡 Le sport est un équilibre qui me permet d’éviter de péter un câble. »
• »⛰️ L’esprit trail, c’est partager un moment avec des copains, avec la nature. »
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🤫 Psst … grâce à Autoscript.fr, on vous propose même de revivre cet échange.
🤫 Pssst encore : “Secrets de Champions”, vous connaissez ? C’est le livre issu des premières interviews du podcast et l’un des moyens ultra simples pour soutenir les sportives et sportifs de haut niveau. C’est à retrouver en version électronique sur notre site ou sur Amazon en version papier !
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Ce podcast animé par Ermanno Di Miceli est proposé par le média “(dans les) Vestiaires”, LE média francophone qui aide les sportives et sportifs de haut niveau et “A-player”, LE cabinet de recrutement qui applique les valeurs du sport dans le recrutement des meilleurs profils. On vous aide à comprendre comment construire et financer une carrière dans le sport de haut niveau.
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Ermanno : Juste avant de lancer un nouvel épisode, je t’invite à aller faire un tour sur vestiaire.org. La grande question à laquelle on essaie de répondre sur ce podcast, c’est comment construire une carrière de sportif de haut niveau ? Et bien devine quoi, avec Maxime Dubois-Danguin, on a fait un gros boulot pour synthétiser l’ensemble des interviews qui sont déjà diffusées sur le podcast Dans les Vestiaires. Et on a sorti ce qui j’espère sera ton prochain livre de chevet, c’est à découvrir sur vestiaire.org. C’est disponible en version électronique sur notre site et puis sur Amazon si tu veux la version papier. L’avantage, au-delà d’aller chercher un max d’informations en plus de tous les épisodes que tu peux entendre, c’est de pouvoir soutenir toutes les sportives et tous les sportifs de haut niveau actifs interviewés sur ce podcast, puisque tous les bénéfices de ce livre leur seront reversés. Voilà, allez, c’est parti pour un nouvel épisode et n’oublie pas vestiaire.org. A tout de suite !
Ermanno : Dis papa, ils font quoi les sportifs quand ils ne sont pas sur le terrain ? Et bah croyez-moi, quand votre fils vous pose cette question, ça fait réfléchir. Surtout quand on sait que pas mal d’entre eux jonglent avec un ou plusieurs jobs pour pouvoir joindre les deux bouts. Et j’ai réalisé que beaucoup d’entre nous se posent la même question. C’est pour ça qu’il y a quelques années, j’ai décidé de lancer le podcast Dans les Vestiaires pour plonger dans ces doubles vies. Parce que derrière chaque athlète, il y a une histoire et parfois un autre métier. A peu près au même moment, j’ai rejoint Eplayer, un cabinet de recrutement spécialisé en recherche critique. Alors moi, je suis recruteur tech et avec mon associé, on aide les entreprises à trouver les perles rares. Mais on accompagne aussi les entités qui veulent définir ou redéfinir une politique de recrutement. Et je peux vous dire que des sportifs de haut niveau croisés au gré de nos chasses de candidats, on en a vu un sacré paquet. Et oui, parce que encore une fois, vivre de son sport n’est pas si facile quand on n’est pas installé au plus haut des podiums depuis des années. Et encore. Comme une marque bien installée, il faut y rester et se réinventer sans cesse. Du coup, à travers les histoires inspirantes de mes invités, je vous propose de découvrir comment on peut répondre à nos enfants qui se demandent encore ce que font toute la journée ces sportifs de haut niveau. Parce que oui, entre sport et entrepreneuriat, il y a beaucoup de points communs. Et avec les JO de Paris qui approchent, c’était le moment de redonner vie à ce podcast. Alors restez après l’épisode. Je vous donne tous les détails sur notre invité. Et je vous invite à aller voir la page sur le site vestiaires.org pour pouvoir le soutenir dans ses projets. Allez, c’est parti pour un nouvel épisode.
Ermanno : Salut les sportifs, c’est Ermanno et je suis très heureux de vous recevoir pour un nouvel épisode du podcast dans les vestiaires. Aujourd’hui, on va échanger avec une personne avec qui j’ai été mise en relation par Simon Chaussende de WeiD School. D’ailleurs, on en reparlera. Je me réserve un petit peu aussi le meilleur moment pour pouvoir interviewer Simon et toute son équipe qui nous prépare une école de commerce de la Vestiaire. De haut niveau spécialement pour les sportifs et les artistes. Donc les gens un peu comme nous en marge. Voilà. Enfin bref, notre invité aujourd’hui, c’est Mathieu Viallard qui est un petit peu dans la même lignée qu’un invité précédent que j’ai eu qui s’appelle Jean de la Rochebrochard qui est un investisseur. Mathieu est aussi un investisseur dans les startups. Il fait aussi le monde de demain et puis il est aussi sportif, très grand sportif. Et justement en off, on débriefait un petit peu de son trail de ce week end. Bref, je suis très heureux de saluer Mathieu. Salut Mathieu.
Mathieu VIALLARD : Salut Hermano, merci pour l’invitation, on a envie d’être ici et un grand merci à Simon pour la mise en relation.
Ermanno : Yes, c’est marrant, j’ai rencontré Simon il y a quelques temps et la première chose qu’il m’a dit c’est il faut que tu parles avec Mathieu, franchement vous avez plein d’atomes crochus et puis il fait du sport. J’ai dit bon bah écoute, vas-y, balance avec plaisir et puis voilà, on a mis un peu de temps à se trouver, tu ne recevais pas mes messages, je ne recevais pas les tiens, c’était bizarre, on était dans un monde parallèle mais finalement on a réussi, on s’est parlé et puis encore aujourd’hui on se parle, on enregistre. Mathieu, tout simplement, puisque tu seras bien mieux placé que moi pour le faire, je te laisse te présenter, dis-nous tout, qui est Mathieu Viallard ? Et tu choisis l’angle que tu veux, l’angle sportif, professionnel, mari, comme tu veux. Le micro est à toi.
Mathieu VIALLARD : Merci, merci. Écoute, en deux mots, je m’appelle Mathieu, j’ai 38 ans, j’ai cofondé un fonds d’investissement qui s’appelle Accéléo Capital qui est une société de gestion qui gère des fonds et donc notre métier c’est deux choses. Première chose, c’est de monter des fonds, donc on va avoir des personnes qui ont beaucoup d’argent, des banques, des investisseurs institutionnels, l’État, on monte ces fonds d’investissement et ensuite on les investit au capital de start-up innovantes. Dans ce cadre-là, on investit dans des sociétés très technologiques, très souvent autour de la data, la cybersécurité, la fintech ou l’innovation dans la construction et l’immobilier. On a à peu près 200 millions d’euros sous gestion, on a un portefeuille d’une 40, de 45 start-up en France et en Europe. Donc ça c’est sur la partie pro. Je pense que si tu as eu Jean, tu vois à peu près comment fonctionnent ces métiers-là. D’ailleurs pour le coup, on est à peu près sur les mêmes thèses d’investissement, sur les mêmes stades de maturité. On regarde des sociétés très jeunes, très technologiques avec des dirigeants d’excellente qualité, ambitieux d’ailleurs, donc on investit assez souvent avec Kima.
Ermanno : Kima qui est le véhicule d’investissement de Xavier Nielsen, que dirige Jean Delaroche-Brochard. Et puis effectivement, je vois un peu comment ça marche parce que j’ai fait 16 ans dans la banque et en particulier dans les fonds d’investissement.
Ermanno : Mais on pourra redétailler un petit peu pour les auditeurs que ça intéresse, on pourra rapidement revenir là-dessus. Et puis tu parles de cybersécurité, de data, etc. Tu sais que c’est ma spécialité dans le cabinet de recrutement dans lequel je suis associé parce que je ne fais pas que du podcast. Donc voilà, à bon entendeur pour toi, mais aussi pour Jean, et aussi pour tous les autres. Si vous cherchez des recruteurs, n’hésitez pas, on est là, pensez à nous. N’est-ce pas Mathieu ?
Mathieu VIALLARD : C’est bien noté. On cherche toujours des recruteurs parce qu’on a toujours besoin de profils de qualité dans nos startups. Je crois que c’est un des plus gros pain points de nos sociétés, c’est d’arriver à trouver des bons profils pour compléter les équipes parce que ce qui fait la différence clairement dans notre métier,
Ermanno : c’est la qualité de Oui, parce qu’on dit souvent que les fonds qui investissent en early stage, en seed, en pré-seed, c’est des mots un petit peu techniques pour ceux qui ne connaissent pas, mais en gros, quasiment au début de la fondation de la société, de la création de la société, vous investissez plus sur des personnes, alors évidemment sur un projet, sur une idée, mais aussi sur une équipe. Et après l’équipe, il faut l’étoffer une fois que vous avez investi et les moyens que vous investissez, les moyens que vous donnez à ces sociétés-là servent aussi à étoffer les équipes, non ?
Mathieu VIALLARD : Absolument. Nous, lorsqu’on rentre au capital d’une société, elle a très souvent moins de cinq personnes, peu ou pas de chiffre d’affaires. Donc, dans la phase d’analyse, pour savoir si cette société est meilleure qu’une autre, on va passer 80% du temps pour jauger l’équipe, c’est-à-dire son track record, ce que ces personnes ont réalisé par le passé, leur capacité à réaliser avec succès les différentes étapes de leur projet et leur capacité à s’entourer, parce qu’une société qui se développe et qui va dépasser 100, 200 ou 300 personnes, ce sont des dirigeants qui ont cette capacité à la fois avoir l’humilité de se dire qu’il va falloir que j’ai de l’aide dans tel et tel aspect, il va falloir que je recrute meilleur que moi sur des aspects sales and marketing, sur des aspects produits, sur des aspects technologiques et surtout, qu’ils passent du temps pour gérer cette partie organisationnelle. Ça, c’est un élément clé pour nous. Et donc, notre travail est en grande partie sur l’ensemble de ces signaux faibles pour jauger une équipe parce qu’on n’a pas le bilan sur lesquels on peut se… On peut se poser comme certains fonds qui investissent en capital développement ou comme certains banquiers qui prêtent de l’argent. Ce n’est pas du tout notre cas. Nous, on va regarder le futur et on va regarder la qualité de l’équipe.
Ermanno : Donc, c’est à mettre en opposition ce que vous faites avec le capital développement. Vous faites du capital risque, du private equity, comme on appelle ça.
Mathieu VIALLARD : Absolument. C’est exactement ça, capital risque ou venture capital, qui est un peu le nouveau nom qui est beaucoup plus stylé, en fait. Capital risk, c’était pour ceux qui faisaient ça avant, en 2005.
Ermanno : Moi, je suis vieux. Je suis plus vieux que toi, donc voilà.
Mathieu VIALLARD : Donc, voilà ce que je fais d’un point de vue professionnel.
Ermanno : Alors, très rapidement, parce qu’on a commencé à planter le décor. Est-ce que tu peux revenir avec nous, justement, sur ce métier-là ? On ne va pas y passer l’épisode, mais histoire de planter le décor, de connaître qui est la personne. Donc, on a compris, tu es le fondateur de ce fonds, Accéléo Capital. Mais qu’est-ce que ça fait, un fonds, finalement ? Tu l’as dit, vous allez récupérer de l’argent auprès de gens très fortunés, des entreprises, des institutionnels, l’État, parfois. Qu’est-ce que vous faites avec tout cet argent ? Ce n’est pas pour vous. Ce n’est pas pour vous le mettre dans la poche.
Mathieu VIALLARD : On aimerait bien. On aimerait bien, mais on ne peut le faire qu’une seule fois et il faut qu’on court très vite.
Ermanno : Ce n’est même pas courir longtemps, en plus. C’est courir vite, vite, vite, vite, vite. Il y en a qui ont essayé. Je pense à Madoff. Il a eu beau courir vite. Exactement.
Mathieu VIALLARD : Ça s’est mal terminé. Non, plus sérieusement, on utilise cet argent pour investir au capital de start-up. La deuxième partie de notre métier, c’est de choisir les meilleurs start-up dans nos thèses d’investissement, les secteurs que j’ai présentés tout à l’heure. Et donc, tout le travail de notre équipe, on a aujourd’hui une douzaine de personnes dans l’équipe principalement basée sur Paris. Ça va être d’analyser les dossiers, d’aller chercher d’ailleurs les dossiers, les meilleurs dirigeants qui créent leur boîte pour les accompagner à la fois sur la partie financière, mais également d’un point de vue réseau puisque l’avantage, c’est que, nous, on a constitué un réseau d’entrepreneurs investisseurs. C’est-à-dire que les personnes qui mettent de l’argent chez nous sont très souvent des entrepreneurs, des banques, des pays France également. Et en tout cas, ces entrepreneurs ont un certain réseau, un certain track record dans le domaine du logiciel qui vont mettre à profit des start-up de notre portefeuille. Et donc, à un moment ou à un autre, le fait de pouvoir accompagner une start-up sur des sujets un peu clairs, sur la partie commerciale, sur la partie structuration d’équipe, sur le développement international, ça apporte autre chose que simplement de l’argent. Et donc, on voit à peu près entre 3 000 et 4 000 start-up par an et on en sélectionne une dizaine. Donc, en fait, il y a beaucoup d’appelés, mais il y a peu d’élus. Donc, on est sur un métier où dans 99 % des cas, on dit non. Ce qui crée en fait pas mal de déceptions parce qu’on passe du temps avec des dirigeants, on discute avec eux, on creuse certains sujets et à un moment donné, et très souvent assez vite en fait, parce que notre problématique, c’est le temps, on leur dit non, désolé, on ne pourra pas faire. Certaines fois, c’est pour des considérations objectives parce qu’on ne croit pas au marché, parce qu’on pense que l’accès au marché va être compliqué, parce qu’on pense que le temps de développement produit va être plus long que ce que nous explique le dirigeant, donc on n’investira pas. Ou alors, certaines fois, parce qu’on pense que la qualité de l’équipe n’est pas au rendez-vous. Ça, c’est assez dur parce que c’est très difficile et c’est très subjectif en fait comme sentiment. Et donc, on va expliquer à un entrepreneur qui met corps et âme en fait pour développer sa boîte qu’en fait, nous, on pense, d’ailleurs, on ne va pas trop trop lui expliquer non plus parce qu’on pourrait avoir des problèmes, mais on arrête en tout cas les discussions parce qu’on pense que ça ne va pas aller assez vite avec cette équipe de management.
Ermanno : Alors, j’ai deux questions par rapport à ça. Un, tu nous disais que vous allez chercher les dossiers. Comment est-ce que vous allez les chercher ? Est-ce que ce sont les dossiers, enfin en tout cas, les porteurs de projets qui viennent à vous et puis vous les sélectionnez ou est-ce que c’est même vous qui faites une certaine forme de veille sur les réseaux, dans la presse, etc. Et puis, vous allez contacter des dirigeants d’entreprise, des fondateurs en leur disant, voilà, moi, j’ai un véhicule d’investissement. Est-ce que ça t’intéresserait que j’apporte ? Ça, c’est la première question. Et puis, la deuxième, tu parles éventuellement de ne pas suivre sur un dossier parce que vous ne croyez pas forcément dans l’équipe. Est-ce que c’est déjà arrivé que vous discutiez avec une dirigeante, un dirigeant et que vous lui disiez, écoute, sur l’équipe où vous êtes, pourquoi pas aller avec toi mais peut-être pas avec les deux autres, peut-être pas avec deux mais pas avec les trois ? Est-ce que c’est déjà arrivé dans vos thèses d’investissement ?
Mathieu VIALLARD : Alors, je réponds à la première partie de la question. D’abord, on a deux sources de deal flow. En effet, c’est celle que tu as mentionnée, à savoir la première, le deal flow naturel, c’est-à-dire les personnes qui nous contactent ou qui sont apportées par notre équipe de réseau ou d’investisseurs, donc ceux qui investissent dans nos fonds ou alors de co-investisseurs, ceux qui investissent à nos côtés, typiquement Kima et Jean. Et on a quelques dossiers qui viennent de Jean, d’Alexis par exemple, d’autres co-investisseurs bien évidemment et qui en ont l’habitude de travailler. Donc, ça pour nous, c’est très souvent un deal flow qualifié puisque lorsqu’un co-investisseur partage une opportunité d’investissement avec toi, c’est généralement quelque chose que tu regardes avec un co-investisseur. Donc, c’est un deal flow avec attention. Et l’autre partie, c’est en effet d’aller chasser, entre guillemets, nous-mêmes, les nouveaux projets qui se lancent et d’avoir une capacité à, je dirais,
Mathieu VIALLARD : contacter directement un entrepreneur parce que c’est assez simple en fait. Aujourd’hui, lorsque un entrepreneur veut lancer un nouveau projet, il modifie son statut LinkedIn et il fait d’abord une nouvelle page LinkedIn sur sa société avant de créer un site web. Et donc, c’est assez simple techniquement d’avoir une remontée de tous les nouveaux deals qui devraient se créer et sortir dans une thématique spécifique. Et on a des personnes au sein de l’équipe qui contactent directement en disant « Coucou, on a accès au capital, on fait des choses super sympas, est-ce que vous voulez discuter avec nous ? » Et une fois que là, tu as pris contact, généralement, tu arrives au moment où ils sont en train de réfléchir à une éventuelle levée de fonds et nous, on peut commencer à engager la discussion. Certaines fois, les boîtes ne sont pas prêtes donc on se dit « Réservons-les, la discussion pour dans deux, trois, quatre mois lorsque vous aurez constitué votre équipe, réfléchis sur ce que vous voulez vraiment faire ou alors sinon, on peut engager
Ermanno : la discussion dès maintenant. »
Mathieu VIALLARD : Ça, c’est sur ta première partie de question et sur le fait est-ce qu’on a déjà dit la vérité lorsqu’on avait en face de nous des dirigeants ou une partie de l’équipe dirigeante que l’on ne pensait pas au niveau ? Oui, je l’ai fait une fois. Je l’ai fait une fois et ça m’a coûté un peu cher parce qu’il y avait l’autre cofondateur qui l’a su et qui se trouve que j’avais dit à une cofondatrice en l’occurrence que j’adorais son drive, sa capacité à gérer la société, sa vision mais j’avais vraiment des doutes sur son cofondateur et elle lui avait dit et lui avait très mal pris le sujet donc on n’avait pas pu avancer malheureusement mais il était assez énervé et je le comprends. J’ai essayé une fois d’être vraiment à cœur ouvert et dire « Désolé, ce qui m’embête c’est ton cofondateur et ça m’a pris tellement d’énergie et un peu de peine aussi et je déteste faire de la peine aux gens donc maintenant on essaye peut-être de trouver d’autres raisons même si certaines fois la qualité d’équipe
Ermanno : n’est pas au rendez » Vous le savez du coup chers auditrices, chers auditeurs, si vous écoutez cet épisode et si Axeléo vous dit non, creusez et voire même allez-y au culot. C’est moi, c’est l’équipe, c’est le projet, c’est le time to market, c’est quoi maintenant ? Dis-moi la vérité, je te promets je ne le dirai pas aux autres. Bon, mais voilà, j’ai fait une petite digression, dix minutes d’aparté mais c’était, je pense, nécessaire et important pour pouvoir planter le décor, savoir qui on a de l’autre côté du micro et puis tu as dit une chose qui me plaît beaucoup, c’est que tu n’aimes pas faire de la peine aux gens et voilà, on rebondit un peu sur des valeurs sportives. Donc là, on a parlé de toi, Mathieu Viallard, le professionnel, l’investisseur, le patron de fonds d’investissement. J’aimerais que tu me parles de Mathieu le sportif.
Mathieu VIALLARD : Alors Mathieu le sportif, c’est quelqu’un qui fait un peu de trail ou un peu beaucoup de trail. Avec le trail,
Ermanno : on ne sait jamais en fait parce que tu peux faire un trail de 10 bornes et tu peux faire un trail de 180 bornes, tu ne sais jamais si c’est un peu, pas beaucoup.
Mathieu VIALLARD : Exactement,
Mathieu VIALLARD : mais ça fait six ans en fait que je fais du trail et j’ai commencé à faire des trails comme tout le monde à faire d’un course à pied. J’ai fait 10 kilomètres puis un semi-marathon et j’étais content d’avoir ma médaille et à un moment donné, j’ai eu la volonté de sortir de la route parce que je trouvais que c’était un peu long, un peu pénible et en fait, je trouve que quand tu cours sur la route, le seul truc que tu regardes, c’est ta montre et ton rythme et je trouve ça hyper boring. J’ai fait un marathon, alors c’était super intéressant parce que c’était le Niskan et je le trouve magnifique mais ouais, ok quoi. Alors,
Ermanno : je pose ça quelque part parce que je pense que ça va en opposition avec ton métier justement de gestionnaire de fonds et d’analyse des données, etc. Mais ok, donc tu n’aimes pas regarder la montre, tu n’aimes pas être les yeux rivés sur un indicateur pendant que tu cours, tu es plutôt à la sensation.
Mathieu VIALLARD : Exactement, exactement. Mais d’ailleurs, tu vois, quand tu analyses une équipe dirigeante, tu es aussi un peu dans la sensation. C’est un peu ça. Quand tu analyses les signaux faibles de est-ce que cette équipe dirigeante est capable de mener à bien ce projet, c’est de la sensation. Tu n’as pas une montre ou un indicateur mathématique qui dit ce mec-là ou cette nana est programmé pour y arriver.
Ermanno : Je suis d’accord, mais ça, c’est un pan de l’analyse. Il y a le pan, tu l’as dit, on regarde le track record de la société s’il y en a et encore pas forcément parce que vous investissez souvent en CID, mais le track record des dirigeants, donc est-ce qu’ils ont déjà monté une boîte, est-ce qu’ils ont déjà été patrons, managers ou autres. J’imagine que vous regardez aussi le track record scolaire. Forcément, les plus grandes écoles, les plus grandes universités, ça peut être un meilleur marqueur. Il y a quand même un moment où il y a certaines choses qui sont factuelles, que ce soit des datas, que ce soit des expériences, que ce soit des diplômes, ce genre de choses, non ?
Mathieu VIALLARD : Oui, tu as raison, mais gros bémol, pour nous, lorsque tu investis au capital d’une startup, tu dois ensuite avoir la suivre pendant plusieurs années. C’est-à-dire, pour nous, au capital, pendant 4, 5, 6, certaines fois 10 ans. Et donc, tu as des interactions au quotidien ou quasi quotidiennement avec l’équipe de management. Donc,
Mathieu VIALLARD : le moto numéro un chez Accès au capital, c’est si vous faites un deal, il faut que vous ayez confiance dans le management et il faut que vous ayez envie de travailler avec ce management. Si on est sur un produit incroyable, si on est sur un produit qui est sur des dirigeants qui ont un track record, des diplômes vraiment d’excellente qualité, mais vous sentez qu’il n’y a pas le feeling de vouloir travailler ensemble, ne faites pas. Et je n’ai jamais poussé un deal, ne serait-ce que parce qu’il était beau sur le papier. Et c’est vraiment des questions de feeling et des questions de capacité à travailler ensemble dans la durée parce que si tu sens que ça ne passe pas, qu’au final, il y a beaucoup de friction, dès le départ, dès cette phase d’analyse avant d’investir, tu sais que ça n’ira pas mieux ensuite. C’était une petite parenthèse, mais peut-être pour revenir sur le parcours sportif. J’ai très vite basculé sur du trail avec un de mes bons potes qui faisait du trail sur Lyon avec moi.
Mathieu VIALLARD : Au départ, quand tu as l’habitude de faire un semi-marathon, tu fais ton premier trail de 20 kilomètres. Et en fait, il y a deux écailles. Le premier, c’est que tu as des chaussures de running puisqu’en fait, je n’avais pas envie de mettre 150 balles dans une pierre de pompe sur un sport que je ne connaissais pas. Je me suis dit, bon, allez, ça va le faire. Et puis, comme c’était sec, je partais du principe que ça ressemblait à une route.
Mathieu VIALLARD : Et à la première bosse, je vois qu’il y a plein de gens qui se mettent à marcher. Je me suis dit, attends, il est facile ce sport, je vais doubler un max de personnes et tu vas voir, ça va bien se passer. La première côte, j’arrive quand même assez essoufflé, mais je me dis que ça va le faire. La deuxième côte, je me suis mis à marcher. Je me suis dit que les autres avaient raison. La troisième côte, j’ai rampé.
Ermanno : C’est ce que j’allais dire, la troisième, tu rampes. Il y a un truc, c’est vrai qu’on ne te le dit pas forcément quand tu rentres dans le trail, c’est ce fameux ratio dénivelé distance. Alors, ce n’est pas compliqué. En gros, en trail, 100 mètres de déplus égale un kilomètre. Donc, tu fais 1000 mètres de déplus sur une course, tu rajoutes 10 bornes. Donc, un semi marathon avec 2000 mètres, tu fais un marathon.
Mathieu VIALLARD : Exactement. C’est exactement ça. Et puis moi, j’étais parti du principe que au final, c’était 18. J’avais déjà fait 21. C’était trop basique en fait, comme analyse. Donc, j’ai morflé vraiment. Mais j’ai trouvé ça plutôt cool. Donc, je me suis acheté une paire de pompes. J’ai compris le type d’effort auquel il fallait se préparer. Et puis, je me suis inscrit dans un club à Lyon qui est le Smone le Saône-Mont-d’Or-Nature dans la banlieue des Monts d’Or à Lyon, qui est un club incroyable. En fait, je me suis fait tout un tas de potes vraiment cool avec qui on a partagé pas mal de courses. Et c’est là où j’ai vraiment évolué, où j’ai pu passer de 20, 30, 50, 60 à plus de 80 kilomètres et à découvrir l’Ultra depuis maintenant trois ans. Donc, j’ai fait quelques courses comme les 90 kilomètres du Mont Blanc, l’Ultra Trail du Vercors, la Montagne Arde qui est l’Ultra Trail de Saint-Gervais qui fait 115 kilomètres et 8000 2D+, qui est un peu le gros morceau que j’ai pu faire il y a 18 mois, qui est en fait un trail où je pense que, mis à part les 400 mètres, les 400 derniers mètres de la ligne d’arrivée, t’as pas beaucoup de plat. C’est où tu montes, où tu descends. C’est vrai que 8000 sur 115 kilomètres, c’est assez énervé. C’est un bon ratio.
Ermanno : On n’est pas loin des 10% quand même.
Mathieu VIALLARD : C’est un très bon ratio, mais cette course est top. L’organisation est vraiment incroyable. Et puis, voilà, t’as des points de vue. Le coucher de soleil après la montée du Prairion sur le Mont Blanc est incroyable. Le col du Tricot en plein soleil. Que des moments magiques, tu vois.
Ermanno : Et ça, c’est l’esprit trail, quoi. C’est quelque chose que tu retrouves pas sur la route. Alors effectivement, quand tu fais un marathon, allez, cette année, il y a les JO, il va y avoir le marathon pour tous. Ça va être marrant. On va prendre plus ou moins la même route que les Olympiens et les Olympiennes. OK, mais c’est pas des choses sur la route que tu retrouves quand t’es en montagne, quand t’es dans la nature, quand tu partages ça avec des gens. Et là, on retrouve un petit peu la valeur dont tu nous parlais tout à l’heure. T’aimes pas décevoir, t’aimes pas faire mal, t’aimes pas être désagréable. L’esprit trail, c’est ça. C’est tous ensemble. Et puis si on en chie, passez-moi l’expression, on en chie tous ensemble et on marche tous ensemble dans la première bosse.
Mathieu VIALLARD : Exactement, exactement. Et l’esprit trail, c’est en effet ça. C’est partager un moment avec des copains, avec la nature. Mais pour moi, la différence entre la course sur route et le trail, la course sur route, c’est pour moi, tu cours contre le chrono et le trail, c’est une course contre toi-même. En fait, c’est t’as beau être bien entraîné, t’as tout un tas d’autres paramètres qui rentrent en ligne de compte dans le trail, ton alimentation, les conditions climatiques, la gestion du sommeil, qui fait que si tu gères pas ton effort correctement, tu te plantes, tu exploses et t’es peut-être mieux entraîné que des personnes qui vont finir ou qui vont finir devant toi. Et toi, t’exploses. Tu vois le fameux Jim Walsley qui a tenté l’UTMB depuis un grand nombre d’années. Alors, il a enfin gagné en 2023, mais pendant des années, il était en tête pendant la première partie de course. Arrivé la nuit, il faisait n’importe quoi. Il s’habillait à moitié, il prenait froid, il mangeait, il mangeait n’importe comment et il avait du mal à finir ou il abandonnait. Et en 2023, quand tu regardes sa course et ses interviews, le mec a compris, en fait. Il a compris comment il fallait gérer une course. Il a compris comment il fallait gérer ce combat, ce combat contre soi-même pour arriver au bout. Et c’est ça que je trouve très intéressant, c’est que quand tu prépares une course, il faut certes que tu entraînes ton corps, mais il faut que tu entraînes ton corps sur plusieurs dimensions, tu vois, sur le sommeil, sur l’alimentation. Et il faut que tu visualises ta course bien plus que sur un marathon où c’est plat et au final, tu vas visualiser les kilomètres et ton effort au fur et à mesure de tes kilomètres. Mais ça sera, il y aura moins de paramètres
Ermanno : à prendre en Oui. Pour revenir sur Jim, ce qu’il a compris aussi, c’est peut-être en pratiquant tout simplement, parce que c’est un Américain et il s’est installé en France dans la vallée de Chamonix il y a quelques années. Et je pense que ça fait partie des paramètres dont tu parlais, l’environnement, la météo, la façon de s’entraîner. L’UTMB, ça a beau être en France et je dis ça avec le plus grand amour possible pour cette course et pour toutes les courses françaises, l’UTMB reste le championnat du monde du trail, l’une des plus belles courses du monde de trail et l’une des plus difficiles. Il y a la Western aux Etats-Unis, il y a la Leadville, il y en a plein, mais ça n’a rien à voir avec l’UTMB. Bon, bref, on faisait une aparté, mais on va faire beaucoup d’apartés aujourd’hui, en fait. Non, mais c’est bien, c’est vivant. Exactement.
Ermanno : Donc, patron, investisseur, sportif, tu l’as dit, tu fais de l’ultra maintenant depuis trois ans. L’ultra, sur quelle distance tu vas ? Jusqu’au 170, 180, les distances de l’UTMB et même au-delà ?
Mathieu VIALLARD : Non, je fais l’Ultra Trail du Saint-Jacques qui fait 125 cette année, qui est mon objectif de l’année, qui est une course qualificative UTMB pour ensuite enchaîner à l’UTMB l’année prochaine ou l’année suivante. Donc, voilà, je voulais d’abord franchir les étapes sans trop de dégâts. Tu vois, je voulais arriver à faire des plus de 100 et pas être trop dans le mal, tu vois, parce que parce qu’on a un job quand même le lundi matin, j’ai envie de te dire, comme 99 % des gens qui font du trail, tu as beau te buter en fait le week-end, le lundi matin, il faut que tu sois opérationnel à 8 heures et que tu fasses ce pour quoi tu es payé, quoi. C’est un élément important.
Ermanno : C’était justement là que je voulais t’amener. C’est pour aller même sur du 115 et après au-delà, parce que l’UTMB, on n’est pas loin de 170, donc jusqu’à 170, 180, ça demande de l’entraînement. Beaucoup d’entraînement, tu l’as dit, pas que sur l’aspect physiologique et physique, mais aussi mental et aussi tous les autres paramètres à prendre en charge l’alimentation, le sommeil, etc. Toi, aujourd’hui, comment est ce que tu t’entraînes? Comment tu trouves le temps de t’entraîner? Et ça va nous amener aussi sur l’équilibre que tu arrives à nouer entre ta vie perso, ta vie pro, ta vie familiale, ta vie sportive et tout cet écosystème.
Mathieu VIALLARD : T’as complètement raison. Tout ceci, c’est une problématique logistique. C’est-à-dire que le dimanche, tu dois caler tes quatre entraînements par semaine en fonction de ton job, en fonction de ta famille, de tes enfants, de leurs activités. Moi, je suis la moitié du temps, en tout cas, deux gros jours par semaine sur Paris. Donc, il y a aussi un petit peu de transport à géo au milieu de tout ça. Et donc, l’objectif, c’est d’avoir un emploi du temps le plus organisé possible. Et donc, j’essaie de tout mettre dans mon agenda, de tout écrire, les entraînements, les déplacements, etc. Et d’être le plus efficace possible sur tous ces aspects, en fait. À la fois, bien évidemment, pour le travail, mais pour réussir à caler les entraînements. Et donc, certaines semaines, tu te dis, là, il va falloir que je me lève un peu plus tôt pour partir courir à la nuit, parce que sinon, celle-ci, elle ne rentrera pas dans la semaine. Ou alors, la pause de midi, il va falloir manger un truc vite fait et puis vite foncer pour pouvoir enchaîner. Ça, c’est un élément clé, la logistique, mais ça se gère. Honnêtement, ça se gère. Et pour moi, je vois le sport et le trail comme étant un équilibre. Il ne faut pas que ça tourne à l’obsession. Parce que je ne suis pas un athlète de haut niveau. Donc, je ne suis pas un athlète de haut niveau. Je n’ai pas besoin de ça pour vivre. Et deux, quand tu deviens complètement obsédé par le sport, ça impacte forcément d’autres éléments de ta vie. Ta vie familiale, ta vie sociale, ta vie professionnelle. Mais de la même manière, lorsque tu es obsédé par ton travail, ça impacte ta capacité à faire du sport et ta capacité à gérer tes enfants. Et de la même manière, quand tu es obsédé par ta famille, ça impacte aussi le temps que tu vas passer pour ton travail. Donc, tu vois, moi, je vois ces trois piliers. Famille, social, sport et pro comme étant quelque chose d’assez équilibré. Et il faut que quand tu passes plus de temps pour l’entraînement, que ça impacte du moins possible ta famille et ton travail. C’est pour ça que certaines fois, c’est sur des horaires un peu plus décalés pour limiter tout ça. Et l’autre point, je pense que c’est l’entourage. Et moi, j’ai la chance d’avoir une femme qui me supporte, qui s’occupe vraiment des enfants. J’ai deux enfants qui ont cinq et huit ans. Donc, ça demande aussi beaucoup, beaucoup de logistique. Tu ne peux pas partir et laisser les enfants tout seul. Ce n’est pas encore possible. Et donc, à la fois, elle m’accompagne dans certaines courses. Et puis, quand tu pars pendant quatre ou cinq heures en montagne, c’est elle qui garde les enfants. Donc, il y a aussi ce côté, je trouve d’ailleurs qu’on n’en parle pas beaucoup sur l’entourage des sportifs qui ont des enfants. C’est-à-dire qu’à un moment donné, il y en a d’autres qui font, des sacrifices pour que le sportif puisse se faire plaisir. Et surtout dans mon cas, comme encore une fois, ce n’est pas, je ne vis pas de ça, c’est vraiment un hobby. Donc, certes, c’est un équilibre, mais c’est d’abord un hobby. Donc, tout ça, c’est un élément, c’est un élément assez clé. Mais pour moi, clairement, le fait d’avoir cette composante trail dans ma vie, c’est ce qui permet aussi d’éviter de péter un câble, en fait, tout simplement. Parce que c’est en fait, c’est un moment dans ma semaine où je coupe tout. Le téléphone, il est coupé. D’ailleurs, mis à part pour les sorties longues, mais sinon, je ne le prends pas. Je ne veux surtout pas qu’il y ait de notification sur la montre, etc. Ça me rend fou, en fait.
Mathieu VIALLARD : Ce que je veux, en fait, c’est d’ailleurs, je n’écoute pas de musique, pas de podcast, rien. C’est juste le silence. La musique, ce n’est pas un problème.
Ermanno : Mais alors, les podcasts, ce n’est pas possible. Les podcasts, j’ai tout. Je vais te montrer comment on met les podcasts sur la montre. Il faut que tu écoutes au moins le podcast dans les vestiaires à chaque sortie. Excuse-moi, je t’ai coupé. Je ne pouvais pas m’en empêcher. C’était obligé, celui-là.
Mathieu VIALLARD : Non, mais tu vois, en réalité, moi, c’est là où c’est un peu ma pause. C’est un peu ma détox, en fait, digitale. Parce que le reste du temps, c’est où je suis à Paris, être métro, au milieu de meeting.
Mathieu VIALLARD : Voilà. Voilà. Alors, en visio ou en train de traiter des mails. Donc, c’est mon moment où je me coupe un petit peu de tout ça. Et ça permet aussi surtout d’avoir cette soupape pour ensuite revenir à bloc et carburer au niveau du boulot pour essayer d’en faire un maximum également de l’autre côté.
Ermanno : Alors, tu nous as dit que tu as commencé la course à pied il y a six ans. On n’est pas revenu un petit peu sur ton passé, savoir si tu avais déjà été sportif plutôt ou pas. Mais à la limite, ce n’est pas forcément le sujet. Mais donc, tu as commencé la course à pied il y a six ans. À quel moment tu t’es rendu compte que justement, le sport et en particulier la course à pied, voire même plus particulièrement le trail, c’était à la fois une soupape, mais aussi un équilibre ? Enfin, ça te permettait de trouver cet équilibre entre ces trois piliers de ta vie ? On le rappelle, tu nous l’as dit, famille et social, le boulot et le sport.
Mathieu VIALLARD : Je pense que c’est quand j’ai commencé. Quand j’ai commencé de bosser, j’ai pris, je crois, 5 kilos parce que j’avais arrêté de faire du sport. En fait, j’ai fait 15 ans de football quand j’étais jeune.
Ermanno : Ah non, non, c’est un mot, tu ne peux pas le dire. Tu ne peux pas le dire. C’est interdit de dire ce mot dans le podcast. Allez, encore. Je fais encore des blagues. Tu vois, je me sens bien avec toi, Mathieu.
Mathieu VIALLARD : Là, tu as l’air en pleine forme.
Ermanno : C’est la fête aujourd’hui.
Mathieu VIALLARD : Non, mais écoute. J’ai fait… J’ai fait… J’ai fait… J’ai fait du foot de 4 à 19 ans. Mon père était président d’un club de foot. Et du coup, en fait, je n’ai pas eu le choix. Mais ça m’allait bien. Et au final, après, lorsque j’ai commencé à faire des études, j’avais moins de temps. Donc, j’ai fait un petit peu de course à pied, mais c’était vraiment pour du maintien. Quand j’ai commencé à bosser, j’ai fait moins de course à pied. Je ne faisais plus grand-chose. Et j’ai pris 5 kilos en 6 mois. Et là, je me suis dit, il y a un problème en fait. Parce que si tu continues comme ça, ça va mal se passer. Et je n’avais pas envie d’être trop gros à 40 ans, tu vois. Donc… Merci. Je me dit qu’il fallait quand même rajouter une petite dose de sport au milieu de tout ça. Et en clair, c’est comme ça que… Après, tu fais toujours un petit peu… Je trouve que la course à pied, au début, c’était un complément par rapport à d’autres sports type squash ou un petit peu de tennis. Et après, à un moment donné, ça devient… Je trouve que quand tu commences à dépasser 3 entraînements par semaine, ça devient un peu une drogue, quoi. Ça devient un petit peu… Tu choppes un peu le virus, tu commences à… Et puis, c’est arrivé au moment où tu commençais à avoir la data quand même dans l’analyse du sport. Et je trouve que la data t’apporte en fait une vision encore plus sympa dans l’analyse de tes sorties, dans l’évolution de ta performance. Et c’est quelque chose qui m’a permis aussi d’aller un petit peu plus vite, un petit peu au-delà. Mais ça restait de faire des 10 km ou des semi-marathons. Et après, par contre, j’ai basculé sur un autre terrain de jeu où j’avais besoin de sortir de la ville, en fait. C’est-à-dire que j’ai eu une étape où j’avais besoin de voir autre chose, d’avoir une sorte de communion avec la nature parce qu’on a habité Lyon pendant des années et à force de courir dans la ville, j’en avais juste marre.
Ermanno : Bon, on ne l’a pas dit, mais entre-temps, tu as déménagé. Donc, tu es un peu plus au milieu de la nature. Je peux comprendre aussi que du coup, tout ça, ça t’amène justement à pratiquer plus le trail. Mais je reviens un peu sur ma question. Vraiment, à quel moment tu te rends compte que grâce au sport, tu trouves ton équilibre ? Et en particulier grâce à la course à pied. Est-ce que c’est, je ne sais pas, après ta première course, après ta première longue course, après ton premier trail, tu te dis… Tu sais, des moments, en tout cas, moi, je parle de mon expérience personnelle, mais des moments, tu sens que tu as un petit déclic qui te dit mais en fait, là, je suis bien. Et puis après, tu arrêtes parce que tu as fini ta course, tu prends quelques temps de repos ou tu as d’autres obligations familiales et professionnelles. Et là, tu commences à sentir le manque. Alors, ce n’est pas que lié aux hormones ou autres. Je pense que c’est vraiment aussi lié au manque de dépassement, d’équilibre, de méditation. Tu le disais, pour toi, c’est aussi ton moment où tu coupes tout, en fait. Et à quel moment ça s’est passé, ça, chez toi ?
Mathieu VIALLARD : Non, non, tu as raison. C’est une bonne question. Je pense qu’il y a une course qui m’a changé. C’est la course un peu phare, celle que j’avais préparée au départ. C’était le Chartreuse Trail Festival qui est organisé par Red Light tous les ans et qui fait 40 kilomètres et 2000 données plus en Chartreuse. Et c’était la première vraie course que je préparais dans le sens où c’était un peu mon premier objectif de l’année. Et donc, j’avais fait un mini plan d’entraînement pour ça. Et donc, à la fois, ça m’a obligé à commencer à organiser mes semaines en disant si je veux y arriver, je dois organiser mes semaines. Donc, ça a créé la contrainte, tu vois. Le point de départ, en fait, c’est la contrainte.
Mathieu VIALLARD : Et lorsque tu arrives au dernier kilomètre, je trouve que, donc, dans ce sport, l’adrénaline du dernier kilomètre est complètement incroyable. Ça vient éliminer à la fois toutes les heures que tu as eu à galérer, en fait, dans la boue, sous la pluie, etc., avoir mal de partout, machin. Et ça vient éliminer également tout le travail de sortie de préparation, les sorties que tu fais à la frontale, dans le froid, dans la neige, pour préparer ce truc-là. Ce dernier kilomètre et ces jours ou ces semaines suivant cet objectif qui avait été accompli. Je me suis dit ouais, en effet, c’est un équilibre qui t’apporte autre chose. C’est un sport qui t’apporte autre chose que le simple hobby. Je me balade, je vais faire un tour le dimanche. C’était en effet un équilibre et j’avais créé un autre pilier qui était le sport. Il devenait aussi important, j’ai envie de dire, que les deux autres piliers. Tu vois. Parce que tu avais ce sentiment, en fait, du devoir accompli. Tu avais ce côté gratifiant en disant ouais, je l’ai fait, j’ai réussi.
Mathieu VIALLARD : Je trouve qu’encore une fois, cette adrénaline du dernier kilomètre, c’est un peu ce biais cognitif humain. C’est-à-dire que tu as un biais cognitif où le cerveau garde davantage les bons moments que les mauvais moments.
Mathieu VIALLARD : Et donc, tu te retrouves certaines fois à refaire une course que tu avais complètement détestée. Mais parce qu’en fait, tu te rappelles du dernier kilomètre qui était vraiment incroyable, où tout le monde t’applaudissait, où tu avais la satisfaction du devoir accompli. Mais ton cerveau a oublié tous les moments de galère, en fait, que tu avais eu pendant cette course. Moi, tu vois, j’ai fait la Saint-É-Lyon en 2019. C’était 10 heures de course à pied dans le froid, la boue, la pluie. Il y avait de l’eau de partout. Je suis arrivé, mais j’étais marron. C’était l’enfer. Et en fait, cette année, je l’ai cochée. Je vais la faire. Alors que tu m’aurais interviewé 30 secondes après. Je me disais, c’est terminé. Plus jamais je ne ferai cette course parce que j’avais tellement galéré. Et au final, tu reviens.
Ermanno : Je ne suis pas tout à fait d’accord sur les 30 secondes après. Peut-être les 30 secondes avant. Et c’est là où je voulais mitiger ton propos. Moi, je ne suis pas tellement d’accord sur le dernier kilomètre. Je suis plutôt d’accord sur les 10 derniers mètres. Tu sais, quand tu commences à arriver sur le tapis et que ta puce, elle commence à faire tit, tit, tit, tit avec celle de tous les copains. En fait, les 9 derniers mètres, tu commences à ressentir l’adrénaline,
Ermanno : le sentiment du devoir accompli, même si tu n’es pas du tout dans les temps que tu t’étais fixé. Mais tu te dis encore, mais plus jamais, plus jamais, plus jamais. Puis tu passes un premier pied au-delà de la ligne. Et entre le premier et le deuxième, tu te dis, mais en fait, je la refais l’année prochaine. Ou alors, je sais déjà laquelle ce sera l’année prochaine. Donc, tu vois, 30 secondes après, peut-être pas que tu m’aurais dit plus jamais. 30 secondes avant de passer la ligne, peut-être tu m’aurais dit, je ne la ferai plus jamais. Je ne sais pas ce que tu penses de cette vision, Mathieu.
Mathieu VIALLARD : Moi, c’est un peu avant parce que, tu vois, typiquement, sur la Montagnarde, il y a 29 heures de course. Enfin, je fais 29 heures de course. Les deux derniers kilomètres, je suis quasiment en pleurs. Tu vois, je suis quasiment en pleurs parce que je dis, putain, c’est bon, en fait, je vais y arriver, quoi. Je l’ai fait. Et c’est tellement de sacrifices, en fait, pendant des mois. Alors, c’est à mon petit niveau, tu vois. Si les gens, ils vont voir ma cotitra, ils vont rigoler, quoi. Je suis un mec de milieu de classement. Mais c’était un défi avec toi-même. C’était des sacrifices persos. Et tu entends le speaker parler. Tu dis, c’est bon, je l’ai fait, en fait. Et à la limite, peu importe le temps, mais tu l’as fait. Et ouais, tu as tout qui ressort. Et ça, c ‘est pour ça qu’on fait ce sport-là, quoi. C’est pour cette adrénaline, pour ce moment, en fait, de la ligne d’arrivée que je trouve assez incroyable. Et tu vois, je regardais l’autre fois l’arrivée de Xavier Thevenard. Je crois que c’était en 2018 sur l’UTMB. Quand il arrive, c’est la troisième fois qu’il gagne l’UTMB. Donc, je crois qu’il est égal au record de Daen à ce moment-là. Même lui a les larmes aux yeux, en fait, sur l’arrivée. J’étais devant ma télé, mais j’étais comme lui. Comme moi aussi. J’y allais comme un gosse. Parce que tu ressens un peu ce moment-là avec lui, alors que c’est la troisième fois qu’il gagne. Tu vois, ce n’est pas un truc nouveau pour lui, mais tu as toujours cet aspect-là qui est incroyable. C’est un vrai aspect de sport, quoi. Et ça, je pense que c’est quelque chose qui reste gravé. Et c’est le moteur de relancer ensuite un programme d’entraînement pour une prochaine course, en fait. Parce que tu te dis, je veux revivre ce moment-là.
Ermanno : Alors, on s’était dit qu’on ferait des parallèles entre le sport et la vie pro. On a beaucoup parlé de la vie pro au début. On vient de parler un peu de toi et du sport. Quel parallèle tu ferais, justement, notamment eu égard à ce que tu viens de nous expliquer sur les courses longues, dures, qui demandent de la préparation, de l’entraînement, des sacrifices, que ce soit pour toi, mais aussi pour ta conjointe, pour les plus 1, dont tu disais, on les oublie souvent. Et oui, c’est vrai, on les oublie souvent. Alors, que ce soit des femmes, des hommes, et même les plus X, parce que souvent, les enfants font aussi des sacrifices. Moi, je me souviens de mon gamin qui, dimanche, j’ai fait une sortie de deux heures et demie. Il dit, papa, pourquoi tu es couru aussi longtemps ? Pourquoi tu n’es pas venu avant ? Donc, voilà, ils font tous à leur niveau des sacrifices. Quel parallèle tu trouverais avec l’entrepreneuriat et en particulier ton métier à toi ? Tu dis, ta dernière phrase, tu dis, c’est ce qui te fait revenir, reprendre un plan d’entraînement. Est-ce que ne pas faire la culbute sur un dossier, sur un investissement, c’est aussi ça qui te donne envie, parfois, d’y retourner sur un autre à peu près similaire, mais avec des sensations différentes ?
Mathieu VIALLARD : Oui, c’est ça. Je vais prendre peut-être le premier. C’est un peu le prisme de l’entrepreneuriat de manière un peu différente. On dit dans le trail que quand tout va bien, il faut que tu profites parce que ça n’a pas duré.
Mathieu VIALLARD : Dans la création de start-up, c’est exactement pareil. Ce n’est pas linéaire. Quand tu crées une boîte, tu sais que tu vas avoir des galères. Il va falloir que tu gères l’humain, il faut que tu gères des produits qui ne sortent pas à l’heure, des cycles de vente qui sont beaucoup plus longs que prévu, des problèmes entre associés, etc. C’est exactement. Comme pour un ultra. Tu prends des montées, des descentes, tu as mal au ventre, tu as mal aux cuisses, tu n’arrives pas à t’alimenter, tu as froid, tu t’endors. C’est exactement pareil. Tu as ces moments au sein même de l’aventure. Tu as tout un tas de petits moments, des hauts et des bas au sein même de l’aventure. Je trouve que c’est le parallèle le plus simple et le plus imagé qu’on peut faire entre l’entrepreneuriat et le trail. Et l’autre, c’est la capacité de résistance. C’est l’endurance, c’est la résilience. C’est cette capacité à se débrouiller tout seul et à faire différemment des autres. Quand tu crées une boîte, très souvent tu es tout seul ou tu es deux ou trois. Mais en tout cas, tu te bats contre des grands groupes qui ont des équipes assez larges, qui ont des capacités d’innovation que tu n’as pas. Donc, il faut que tu trouves des moyens pour te développer aussi vite que les autres, voire plus vite que les autres et trouver des hacks, trouver des moyens de contourner les chemins balisés, même si on n’a pas le droit de faire ça en trail. Mais en réalité, il y a une image aussi que j’aime bien. Je crois que c’était à l’UTMB d’ailleurs aussi. Tu avais deux concurrents qui étaient premier et deuxième. Et au dernier ravito, il y en a un qui zappe le ravito. Et ça surprend l’autre. Et en effet, tu vois, celui qui zappe le ravito, qui économise trois quarts, cinq minutes de ravito pour les retrouver à la fin en se mettant en risque sur son alimentation, sur lui-même, ça, c’est un truc d’entrepreneur. C’est un vrai hack d’entrepreneur en live, en fait. Parce que ça bloque tes concurrents. Tu as trouvé un truc un peu différent. Et c’est exactement ça, en fait. C’est dans quelle mesure il faut que tu arrives à avoir cette résilience, cette résistance, parce que ça sera difficile. Il faut que tu sois préparé. Et il faut aussi que tu sois prêt. Il faut aussi que tu aies… Et moi, je pousse aussi mes dirigeants à savoir où est-ce qu’est la ligne d’arrivée. C’est-à-dire qu’en fait, quand tu cours un marathon, tu arrives à courir un marathon parce que tu sais que ça fait 42 km. Quand tu montes une boîte, il faut toujours que tu aies en tête à quel moment ça va s’arrêter ou à quel moment j’ai envie que ça s’arrête. La plupart des dirigeants qui créent des startups, ils vont rarement créer des boîtes pour ensuite les transmettre à leurs enfants. Très souvent, des sociétés qui vont vouloir adosser à un moment ou à un autre un autre groupe un peu plus gros qui viendra les racheter ou alors à s’introduire en bourse. Mais bon, ça reste quand même assez hypothétique. Mais je pousse mes dirigeants à dire OK, les gars, c’est quoi le timing que vous vous êtes donné ? Ça peut être 15 ans, ça peut être 5 ans. Il n’y a pas de mauvaise réponse. Mais ça permet en fait d’avoir l’énergie, le carburant pendant toute cette durée. Exactement comme une distance de travail. Ou comme un 10 kilomètres où tu gères ton énergie d’une manière complètement différente. Ça pour moi, c’est un élément important aussi pour les entrepreneurs pour qu’ils puissent se projeter. En fait, à X années, j’ai envie de faire autre chose. J’aurais envie de faire autre chose. Après, ça peut évoluer avec le temps. En fonction de ton énergie, tu peux décider de faire plus de kilomètres. Mais si tu t’arrêtes avant, tu peux avoir des problèmes.
Ermanno : Des fois, il y en a qui s’arrêtent avant. Il y en a, au bout de six mois, ils sont déjà rachetés par Google ou autre. Et là, c’est bingo pour l’entrepreneur, pour les entrepreneurs. C’est bingo pour les investisseurs. Et puis voilà.
Mathieu VIALLARD : Exact. C’est vrai. Ça, c’est une possibilité aussi.
Ermanno : Tiens, d’ailleurs, ça me fait penser. L’essence même de ce podcast, c’est de savoir comment est-ce que les sportives et les sportifs financent leur carrière. On fait aussi appel à des experts et puis aussi à des entrepreneurs qu’on qualifierait aussi d’experts dans leur domaine, comme Jean, comme toi et comme d’autres. Mais en gros, la question, c’est comment est-ce qu’on finance une carrière de sportif, de sportive de haut niveau ? Ça me rappelle un petit peu une question que je pourrais te poser. Quel est le business model d’un fonds ? Parce que finalement, un fonds, vous récupérez de l’argent de gens qui en ont, des gens fortunés, des institutions. Vous l’investissez dans des startups. À quel moment, vous, vous prenez de l’argent ? Et est-ce que cette construction de business model, cette carrière pour un fonds, un gestionnaire de fonds, est aussi compliquée à monter que celle d’un sportif ?
Mathieu VIALLARD : On a deux moyens de gagner de l’argent. Le premier, c’est ce qui constitue la base de notre chiffre d’affaires. C’est ce qu’on appelle les commissions de gestion. C’est-à-dire qu’en fonction de la taille des fonds que tu as sous gestion, les fonds que tu arrives à lever, tu prends un pourcentage pour gérer ces fonds, pour payer cette équipe. C’est-à-dire que lorsque je lève un fonds de 100 millions, je vais prendre X pourcents pour pouvoir payer l’équipe, équipe qui va trouver les dossiers, gérer les suivis, gérer les sorties, etc. C’est prévu avec nos investisseurs, dès le départ, que l’on puisse prendre une partie de leur montant souscrit pour pouvoir payer l’équipe. Ça, c’est notre chiffre d’affaires. Ensuite, on a une commission de performance. C’est-à-dire que si on fait bien notre travail et en fonction de la performance du fonds, on aura droit à une cote-part supplémentaire pour l’équipe. Une sorte de partage de la plus-value qui permet d’aligner l’intérêt des investisseurs et de l’équipe d’investissement.
Ermanno : Et ça, ce sera au moment où vous sortirez du fonds, au moment où vous revendrez vos parts, vos participations dans les sociétés ?
Mathieu VIALLARD : Absolument. Et c’est même au moment où on liquide complètement le fonds. C’est-à-dire qu’en fait, lorsqu’on crée un fonds d’investissement, on va investir dans une trentaine de sociétés. Il y a 30 sociétés qui seront financées par un seul et même fonds. Et lorsque l’ensemble des sociétés ont été cédées, l’argent remonte dans une sorte de pot commun. Et en fonction de la performance, il y a une petite partie, une plus ou moins grosse partie qui revient à l’équipe d’investissement si elle a bien travaillé.
Ermanno : Donc là, on est un petit peu sur la prime de course pour les sportives et les sportifs de haut niveau. Quand ils gagnent une course à Price Money, ils récupèrent une prime en plus. Le reste, vous, vous prenez des commissions sur les investissements. Mais ça, c’est déjà entendu au moment de la souscription, au moment où les gens qui investissent vous donnent de l’argent pour vous l’investir dans les sociétés. Un peu comme des sportives et des sportifs vont aller chercher des partenaires, des sponsors. Et parfois, ceux qui sont entre les deux, ceux qui permettent de lever des fonds pour des sportifs, prennent aussi leurs commissions.
Mathieu VIALLARD : Absolument, c’est exactement ça.
Ermanno : Il n’existe pas des fonds d’investissement dans les sportifs ? Ça existe, ça, à l’étranger, il me semble ?
Mathieu VIALLARD : Oui, ça existe à l’étranger. Mais j’avoue, je n’en ai pas vu en France. Et je ne suis pas certain que la réglementation soit aussi claire que ça pour l’investissement sur les droits des sportifs.
Mathieu VIALLARD : Je sais qu’à une époque, il y avait eu pas mal de discussions. Je crois qu’il y avait eu un joueur de fou. Je ne sais pas si ce n’était pas Mangala qui appartenait en partie à un fonds d’investissement. Au moment d’un transfert, le fonds d’investissement a gagné un petit peu d’argent. Mais ça créait quand même des limites éthiques assez réelles.
Mathieu VIALLARD : À l’heure actuelle, je n’ai pas vu d’initiative de ce type-là.
Ermanno : Mais dans le Web3, je crois que ça existe déjà. On peut tokeniser en fait des sportives et des sportifs et prendre part d’une certaine manière à l’investissement et donc au financement des carrières. Écoute Mathieu, on a fait un bon tour. Il y a tellement de choses que j’aimerais encore te demander. Mais on n’arrive pas loin d’une heure d’interview. Donc, on va peut-être commencer à se diriger tout doucement vers la fin, vers la ligne d’arrivée, vers ce dernier kilomètre où tu diras allez, encore.
Mathieu VIALLARD : Le moment de l’adrénaline.
Ermanno : C’est ça, le moment de l’adrénaline. Justement, le moment de l’adrénaline. Si je ne m’abuse, tu as créé Accéléo Capital il y a six ans, un peu au moment où tu as commencé à courir, à quelques mois près. Sacrée coïncidence. Et justement, ma dernière question, si on pouvait vivre dans un monde un peu spécial, un peu fantastique et que tu pouvais te projeter à côté du Mathieu Viallard de 31 ans et demi quand il va créer Accéléo Capital. Que lui sache exactement que c’est lui, mais six ans plus tard, qu’il a à côté de lui, que c’est lui, donc qu’il sait ce que tu vas faire au niveau professionnel, au niveau sportif. Qu’est-ce que tu crois que lui te dirait en voyant tout ce que tu as accompli ?
Mathieu VIALLARD : Lui, il me dirait qu’au final, tu n’as pas trop grossi.
Mathieu VIALLARD : Il me dirait que tu as vraiment couru 29 heures. Ça fait un jour et une nuit. Mais pourquoi tu as fait ça ? Il pourrait dire ça, en fait. Il pourrait dire mais pourquoi tu as fait ça ? Parce que à cette époque-là, je n’avais pas encore le virus. Je n’avais pas le truc. Donc, tu ne comprends pas certaines fois quand les gens font des courses à ce niveau. Et comme moi, je ne comprends pas que des personnes puissent passer et puissent faire des 300 ou des 400 kilomètres. Tu vois, à un moment donné, je dis, et peut-être que j’y arriverai un jour, mais là, il faudrait vraiment avoir une autre gestion de l’emploi du temps. Voilà, ce serait plus des questions de ce type-là. Mais avec beaucoup d’admiration dans les yeux quand même.
Ermanno : Et justement, quand il te dirait tu as vraiment fait 29 heures sur la Montagnarde, qu’est-ce que toi, tu lui répondrais ?
Mathieu VIALLARD : Je lui dirais oui, c’est vrai.
Ermanno : Bon, il y aurait peut-être une leçon derrière quand même que tu voudrais lui transmettre.
Mathieu VIALLARD : Je lui dirais,
Mathieu VIALLARD : prends pas, je lui dirais, change de chaussettes à 1000 parcours parce que les chaussettes que tu as prises pour la dernière partie du parcours, elles t’ont filé des ampoules, c’était l’enfer. Tes pieds, c’était n’importe quoi à la fin. Je lui dirais ça, tu vois, un petit tips, quoi.
Mathieu VIALLARD : Mais non, je lui dirais surtout, d’une manière générale, change rien, fais confiance à ton instinct parce que derrière tout ça, il y a un peu d’instinct, il y a un peu de bol. Moi, j’ai trouvé les personnes autour de moi incroyables au niveau boulot, des dirigeants de boîtes, mon associé sur Accelo Capital,
Mathieu VIALLARD : nos investisseurs qui sont vraiment des gens incroyables. Donc, je lui dirais, tu vois,
Mathieu VIALLARD : c’est un peu d’instinct et c’est un peu de chance. Donc, change rien.
Ermanno : Écoute, d’ailleurs, pour le tips des chaussettes, moi, j’ai un truc que j’ai découvert quand j’ai préparé mon défi et que je l’ai réalisé cet été, c’est les chaussettes 5 doigts. Tu sais, c’est les chaussettes comme des gants, en fait, mais pour les pieds. Et ça, pour le trail, mais c’est vraiment une tuerie. Alors déjà, sur la route, ce n’est pas mal. Mais alors, pour le trail, c’est génial parce qu’en fait, les doigts ne frottent pas entre eux. Donc, même quand tu traverses des rivières, tu as les doigts trempés, etc. Enfin, tu as les doigts de pieds trempés. Eh bien, c’est génial parce que ça ne te génère pas de cloques.
Mathieu VIALLARD : Mais il me faut ça. Il me faut ça absolument. Mais tu vois, je me demandais comment faire des podiums. Je crois que j’ai trouvé.
Ermanno : Tu viens de me donner une idée. On cherchait depuis quelques temps quels goodies on pourrait faire pour les auditeurs, les auditrices et les invités du podcast. Je crois que je vais faire des chaussettes 5 doigts siglées dans les vestiaires et j’enverrai ça aux invités. Ce n’est pas mal, ça, non ?
Mathieu VIALLARD : Mais tellement, carrément, bien sûr.
Ermanno : Bon, écoute, pour les nageurs, ce sera peut-être difficile, mais ce n’est pas grave. C’est pas parce qu’ils ont les pieds palmés qu’ils ne peuvent pas mettre des chaussettes 5 doigts.
Mathieu VIALLARD : Tu feras des palmes.
Ermanno : Exactement. Bon, écoute, Mathieu, c’était vraiment très sympa. Pour terminer, et après, promis, je te laisse tranquille. Où est-ce qu’on te retrouve ? Où est-ce qu’on te suit ? Où est-ce qu’on rentre en contact avec toi ? Où est-ce qu’on trouve le deal flow si on est un entrepreneur, une entrepreneuse et qu’on souhaite candidater à une promotion d’Accéléo Capital ?
Mathieu VIALLARD : Écoute, LinkedIn est un bon moyen. J’essaie du mieux possible de répondre aux messages LinkedIn.
Mathieu VIALLARD : Et sur le site web de la société, il doit y avoir mon lien Strava en bio si jamais on a envie de me suivre également, tu vois. Puisque mon équipe a trouvé que c’était pas mal en fait pour me présenter. Je trouve ça rigolo aussi. Donc, c’est un bon moyen pour me trouver sur ces chemins. Bon,
Ermanno : je te mets au défi du coup à côté du lien Strava de mettre le lien du podcast quand il sortira. Comme ça, les gens pourront en plus te découvrir d’un point de vue beaucoup plus personnel.
Mathieu VIALLARD : Ça sera fait avec grand plaisir.
Ermanno : Merci beaucoup Mathieu. Je te souhaite une bonne continuation, bonne préparation pour tes objectifs cette année, notamment la Saint-É-Lyon en fin d’année. Et puis écoute, on se croisera.
Mathieu VIALLARD : Et l’Ultra du Saint-Jacques.
Ermanno : Et l’Ultra du Saint-Jacques. Et puis j’espère qu’on aura l’occasion de se croiser un de ces quatre sur les chemins.
Ermanno : D’accord. Chaque athlète a une histoire unique. Comme tous les athlètes que vous avez pu entendre sur ce podcast jusqu’à présent. Et d’ailleurs, il n’y a pas que des athlètes. Il y a aussi celles et ceux qui font le sport. Il y a aussi des entrepreneurs, des experts business qui viennent nous parler de leur vision de comment est-ce qu’on peut construire une carrière de sportif de haut niveau ou accompagné. Justement, eh bien, on a écrit le livre dans les vestiaires qui s’appelle Secrets de Champion. Avec Amazon, vous pouvez le faire imprimer et le recevoir directement chez vous. Sur le site, tout ça pour dire que le média dans les vestiaires œuvre pour soutenir les sportives et les sportifs de haut niveau pour les aider à construire leur carrière et pour atteindre le plus haut niveau. Qui sait ? Peut-être, on retrouvera une bannière dans les vestiaires sur les podiums des Jeux olympiques. En tout cas, n’hésitez pas à venir échanger avec nos invités sur leurs réseaux sociaux. Tous les liens sont dans les notes de l’épisode. Et puis, chaque euro compte. On a besoin de vous. 100 % des dons sont directement reversés aux sportives et sportifs de haut niveau invités sur le podcast Dans les vestiaires. Notre objectif, c’est de mettre en lumière ces héros du sport et ils ont besoin de votre soutien. Le plus simple, c’est encore de partager leurs histoires et de les aider à briller sur la scène internationale. Et ainsi, tout le monde fera un petit peu partie de cette superbe aventure sportive et philanthropique. Partagez leurs épisodes, ça nous aide et surtout, ça les aide. Allez, sportez-vous bien
Ermanno : et salut les sportifs.