#072 Loic VERGNAUD – Le défi du destin : comment un accident a façonné un champion

Saison I
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#072 Loic VERGNAUD - Le défi du destin : comment un accident a façonné un champion
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🌟 L’histoire de mon invité est celle d’une transformation inimaginable, d’un parcours oscillant entre défi et triomphe.

🚴‍♂️ Loïc Vergnaud, un paracycliste dévoué, a débuté son périple sportif bien avant de se retrouver dans un fauteuil roulant. Cet ancien passionné de football a vu sa vie prendre un tournant radical suite à un accident de travail qui l’a laissé amputé d’une jambe et marqué à vie. Mais, au lieu de succomber au désespoir, Loïc a choisi de se réinventer. 🏅

🛠️De la maintenance industrielle à la compétition internationale, il a navigué à travers les tempêtes de la vie, prouvant que le véritable courage réside dans la capacité à se redéfinir face à l’adversité. Avec trois médailles d’argent décrochées aux Jeux Paralympiques et pléthore de titres mondiaux et européens, Loïc n’est plus juste un sportif : il est une source d’inspiration. 🌪️

🌍Son voyage ne l’a pas laissé intact. Des séances d’entraînement intense couplées aux défis quotidiens du handicap ont tempéré son âme. Mais derrière le paracycliste se cache un père aimant et un époux dévoué. 🏡 Vivant dans la Loire, avec sa famille, Loïc trouve l’équilibre entre la passion sportive et l’amour familial, prouvant que rien, même pas un handicap, ne peut freiner la quête du bonheur.

📅À l’approche des Jeux Paralympiques de Paris 2024, Loïc se prépare avec acharnement, portant dans son cœur l’espoir de laisser une empreinte indélébile, non seulement sur le macadam des compétitions, mais aussi dans les cœurs de ceux qui l’entendent et le suivent. Il est un rappel vivant que, peu importe les épreuves, la résilience et la détermination peuvent façonner des champions. 🇫🇷

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Dans cet épisode, vous pourrez découvrir (chapitres de l’épisode) :

  1. 00:02:32 – Rencontre avec Loïc Vergnaud, Paracycliste au Palmarès Impressionnant
  2. 00:03:36 – Le Premier Amour Sportif de Loïc et le Début du Handbike
  3. 00:04:26 – Face à l’Adversité : De l’Accident à la Reconquête de la Vie par le Sport
  4. 00:10:18 – La Patience et la Persévérance : Clés de la Réussite de Loïc
  5. 00:10:38 – Être Sportif Professionnel : Implications et Soutiens Financiers
  6. 00:13:05 – Focus sur les Jeux Paralympiques et Les Différentes Disciplines de Handbike
  7. 00:18:21 – Gestion de Carrière et la Quête de la Qualification Pour Paris 2024
  8. 00:20:03 – L’avenir Post-Jeux Olympiques et la Réflexion sur la Carrière

Pour suivre et soutenir notre invité : https://www.linkedin.com/in/lo%C3%AFc-vergnaud-542289128 / https://www.instagram.com/loic.vergnaud.handbike / https://www.facebook.com/loic.vergnaud.handbike / https://www.strava.com/athletes/10775054

Grâce à Autoscript.fr, on vous propose même de revivre l’échange que j’ai pu avoir avec Loïc :

Ermanno : dit papa ils font quoi les sportifs quand ils sont pas sur le terrain et ben croyez moi quand votre fils vous pose cette question ça fait réfléchir surtout quand on sait que pas mal d’entre eux jongle avec un ou plusieurs jobs pour pouvoir joindre les deux bouts et j’ai réalisé que beaucoup d’entre nous se pose la même question c’est pour ça qu’il ya quelques années j’ai décidé de lancer le podcast dans les vestiaires pour plonger dans cette double vie parce que derrière chaque athlète il y a une histoire et parfois un autre métier à peu près au même moment j’ai rejoint et player un cabinet de recrutement spécialisé dans les recherches critiques alors moi je suis recruteur tech et avec mon associé on aide les entreprises à trouver les perles rares mais on accompagne aussi les entités qui veulent définir ou redéfinir une politique de recrutement et je peux vous dire que des sportifs de haut niveau croisés au gré de nos chasses de candidats on en a vu un sacré passage et oui parce que encore une fois vivre de son sport n’est pas si facile quand on n’est pas installé au plus haut des podiums depuis des années et encore comme une marque bien installé il faut y rester et se réinventer sans cesse du coup à travers les histoires inspirantes de mes invités et je vous propose de découvrir comment on peut répondre à nos enfants qui se demandent encore ce que font toute la journée ces sportifs de haut niveau parce que oui entre sport et entreprenariat il y a beaucoup de points communs et avec législation il y a beaucoup de points communs et avec législation il y a beaucoup de points communs et avec législation c’était le moment de redonner vie à ce podcast alors restez après l’épisode je vous donne tous les détails sur notre invité et je vous invite à aller voir la page sur le site vestiaire.org pour pouvoir le soutenir dans ses projets allez c’est parti pour un nouvel épisode salut les sportifs c’est hermano et je suis très heureux de vous recevoir pour un nouvel épisode aujourd’hui on va parler avec un cycliste plus précisément un paracycliste mais il va nous raconter tout ça je

Ermanno : vais vous en parler dans quelques minutes et vous dire ce qu’il est devenu un peu trop harcèlement par qui j’ai été mis en relation par philippe morlot philippe si tu nous écoutes on te salue mais tout d’abord et bien je salue mon invité salut loïc bon désolé encore une fois pour le retard je fais amende honorable publiquement j’ai été oublier décaler notre enregistrement déjà à plusieurs reprises et puis aujourd’hui encore d’un petit quart d’heure tout simplement que je me suis paumé dans la forêt pendant mon entraînement ça fait pas très sérieux mais voilà J’avais décidé de placer l’entraînement avant pour pouvoir être frais, dispo et réfléchir à notre enregistrement pendant que je courais. Toi, tu roules. Déjà, ce que je te propose, c’est de te présenter, de tout nous dire. Dis-nous tout. Qui est Loïc Vergnaud ?

Loïc Vergnaud : Je suis paracycliste. Plus précisément, je fais de la catégorie handbike. Donc, MH5, c’est position à genoux. Le handbike, c’est un vélo à trois roues avec la propulsion. On se déplace avec la force des bras. La roue qui fait la traction est devant avec toutes les vitesses, le freinage. Enfin, voilà, c’est la roue principale. Et donc, maintenant, ça va faire une douzaine d’années que je fais du handbike. Donc, j’ai commencé au plus bas et j’ai monté jusqu’au plus haut, on va dire. Parce que j’ai été aux Jeux Paralympiques de Tokyo. J’ai eu l’honneur de ramener trois médailles d’argent. Puis après, j’ai été champion du monde, champion d’Europe en relais aussi. Et plusieurs petites devises champion du monde dans ma catégorie. J’ai été marié de champion d’Europe avec aussi 14 tises de champion de France. Voilà, donc à côté de ça, je suis marié. J’ai deux enfants et j’habite dans la Loire, à côté de Rouen.

Ermanno : Belle présentation. On va pouvoir rentrer plus dans les détails, peut-être. Déjà, au niveau du sport, toi, est-ce que tu as toujours été sportif ? Quels sont tes premiers souvenirs de sport, en fait ?

Loïc Vergnaud : Mon premier souvenir, c’est du foot. J’ai commencé dès l’âge de 6 ans dans mon petit village de Saint-Martin-des-Straux, au nord de la Loire. Et voilà, j’ai fait du foot. J’ai fait du foot pendant 20 ans, jusqu’à mon accident, en fait. Parce que je suis, je n’ai pas dit, je suis amputé, jambe droite. C’est pour ça que je suis dans le handbike. Et j’ai des séquelles sur la jambe gauche suite à un accident de travail en 2004. Donc voilà, j’ai fait surtout du foot en club pendant 20 ans. Mais j’ai toujours aimé tous les autres sports. Du vélo, déjà, entre copains, du tennis, du volley. Enfin, voilà, tous les sports qu’on me proposait, j’ai toujours voulu essayer. Et puis, voilà, je me plaisais toujours à faire quelque chose. C’était une bonne activité physique.

Ermanno : Comment est-ce que, justement, si on peut en parler, tu as pris cet accident qui t’a pris une jambe ? Tu avais une vingtaine d’années. Comment tu l’as vécu ?

Loïc Vergnaud : Quand j’ai eu l’accident, j’avais 26 ans. Donc, c’était juste, ça faisait un an que j’avais acheté ma maison à rénover. Donc, voilà, c’était un peu tout qui tombait dessus. Donc, il faut le temps déjà de se soigner. C’était déjà primordial de faire tous les soins que j’avais à faire. Puis après, il y a eu toute la réduction. Il y a eu l’éducation avec la prothèse et tout. Donc, ouais, on tombe un peu dans l’inconnu, on tombe dans le monde du handicap. On ne sait pas trop où on va aller, ce qu’on va pouvoir faire et tout. Donc, j’ai rencontré beaucoup de personnes qui m’ont remotivé et puis donné une perspective de vie, quoi. Me dire que ce n’était pas non plus, que ce n’était pas inapte à tout. Donc, après, voilà, au bout d’un an, un an et demi, j’ai pu déjà remarcher à peu près correctement. Puis après, au bout de deux ans, deux ans et demi, j’ai repris le travail. Ça m’a permis de reprendre déjà, de refaire le travail que je voulais faire avant mon accident. Donc, j’ai fait de la maintenance industrielle. Et à côté de ça, j’ai repris aussi le foot. Donc, c’était d’abord du foot béquille, parce qu’il y a une équipe qui se montait au moment de mon accident. Donc, je l’ai intégré. Mais bon, c’est un peu délicat au point de vue physique et puis aussi technique, parce que je suis droitier. Je suis amputé jambe droite. Donc, on jouait de la jambe gauche où elle n’a jamais été forte. C’était compliqué. Et puis, j’ai aussi repris le foot avec mes anciens collègues au CAGE. Voilà, pour retrouver un peu la sociabilité. Et puis, ça faisait un moment qu’on voulait, un ami de la famille qui était paraplégique, voulait que j’essaye le handbike, parce qu’il pensait vraiment que ça me plairait. Et puis, c’était un sport qui ne mettait pas en jeu mon handicap. Et dès que j’ai essayé les premiers tours de roue, j’ai senti une certaine liberté. Et voilà, mes problèmes aux jambes n’intervenaient pas dans le sport. Et au fur et à mesure, ça m’a plu. J’ai acheté mon premier handbike, peut-être six mois après, pour avoir le mien. Parce que là, c’était un handbike prêté par mon club d’handisport rennais. Et puis après, au fil des kilomètres, j’ai moins pris goût. Et au bout d’un an et demi, j’ai fait une compétition qui n’était pas très loin de chez moi. Et l’ambiance, tout, ça m’a vraiment plu. Et dès l’année suivante, je commençais à partir dans la France entière pour faire les compétitions. Parce qu’il n’y avait pas trop de compétitions autour de chez moi. C’est vraiment dispatché aux quatre coins de la France. Donc voilà, j’ai goûté aux premières courses, les premières dernières places. Et au fur et à mesure des années, je battais le mec qui me battait l’année d’avant. Et j’ai augmenté comme ça mon niveau jusqu’à maintenant.

Ermanno : Comment est-ce qu’on progresse justement dans ce sport ? Est-ce que tu as été accompagné ? Est-ce qu’il y a un environnement assez propice pour pouvoir t’aider à progresser dans le handisport ? Est-ce que c’est une fédération en particulier ? Est-ce que ce sont des personnes en particulier ? Est-ce que c’est tout un écosystème, tout un environnement ? Est-ce qu’on est aidé aussi quand on se décide à progresser, à avancer un petit peu ? Et puis après, comment est-ce qu’on trouve la voie pour être cycliste professionnel, paracycliste professionnel ?

Loïc Vergnaud : Alors, les premiers qui m’ont aidé, c’est le handisport Rouennais. Tout simplement pour l’achat de matériel, pour me driver aussi sur les entraînements, pour me donner quelques conseils. Après, je suis un peu autodidacte. Alors, j’ai commencé à faire mes propres plannings d’entraînement. Pendant mes trois ou quatre premières années, mes programmes d’entraînement avec mes prépa physiques à côté et tout, en écoutant un peu sur les courses que les autres faisaient. Voilà, c’est un tout. Donc, pour là aussi, l’achat de matériel. Donc, c’est Handisport Rouennais qui se débrouillait pour me trouver un peu les subventions au niveau du département, de la ville, de la région. Il s’est tapé à chaque port, comptait des dossiers pour acheter un bike de compétition. C’était en 2013 et qui a coûté déjà, à l’époque, 12 000 euros. C’est déjà une sacrée somme à trouver. Et après, au fur et à mesure, on s’entoure de personnes. J’ai eu mon premier coach en 2015, Vincent Terrier, qui commençait aussi un peu dans le handbike en tant qu’entraîneur cycliste. Et voilà, on a un peu fait nos armes ensemble et ça a avancé comme ça. Après, je me suis entouré d’autres personnes, un prépareur physique, maintenant j’ai un prépareur physique, prépareur mental, nutritionniste. C’est au fur et à mesure des années que j’ai étoffé, on va dire, mon staff pour arriver à ce niveau-là. Et puis, à côté de ça, il y a des sponsors. Moi, c’est un mécène qui est venu m’aider grâce à la Fédération, qui m’a mis en relation avec la Caisse d’Épargne au Nord de l’Ardèche, qui m’a permis d’arrêter de travailler, tout simplement, parce qu’à côté des premières années, je devais travailler d’abord en plein temps à côté. Puis après, avec plein de temps, c’était quand même dur, parce que je travaillais en épargne. J’étais en équipe, donc le vélo, ça demande beaucoup de temps pour progresser, il faut rouler pas mal. Donc après, j’ai travaillé à mi-temps, donc j’ai un peu réuni ma passion et mon vélo en étant technicien cycle. Donc ça m’a permis d’avoir un mi-temps et un peu plus adapté, voilà, mes journées. Et puis voilà, la Caisse d’Épargne qui m’a donné ma chance d’arrêter de travailler via le pack de performances. Il y a beaucoup d’athlètes qui ont été aidés en vue des Jeux de Paris. Et voilà, en 2019, fin 2019, c’est là vraiment que j’ai peut-être eu le déclic pour aller encore plus haut. C’est vraiment le fait d’avoir des temps de récup, de concentrer sur mon sport entièrement. Je n’ai pas augmenté le volume d’entraînement, mais voilà, il y a eu toute la récupération, les soins à côté aussi à faire. Et à mon avis, c’est un tout. Moi, j’ai mis longtemps, on va dire, à arriver au Nioh. J’ai mis une dizaine d’années, mais parce que je suis comme ça, je n’aime pas brûler les étapes, donc j’y étais doucement. Mais après, on part. On peut y aller tranquillement, mais voilà, c’est pareil.

Ermanno : Oui, en même temps, une dizaine d’années, quand on regarde, quand il y en a qui commencent le sport jeune à 5-6 ans et qu’ils deviennent champion du monde, champion olympique à une vingtaine d’années, ils ont mis aussi un peu plus d’une dizaine d’années. Simplement, toi, tu as commencé plus tard. Tu as commencé le vélo à 28 ans.

Loïc Vergnaud : Oui, à 32 même. Déjà 32 ans quand j’ai commencé.

Ermanno : Tu dis que la Caisse d’épargne est arrivée et a pu t’aider justement à quitter ton emploi et à te concentrer, sportif professionnel à temps plein. Ça veut dire quoi, être sportif professionnel à temps plein ? Aussi bien sur l’aspect sportif que sur l’aspect à côté, tu l’as dit, récupération, logistique, entraînement, etc., mais aussi sur l’aspect financier ?

Loïc Vergnaud : C’est vraiment ne plus avoir souci déjà d’aller chercher de l’argent. Ce qu’ils m’ont apporté, ma paire, j’ai encore cherché de l’argent pour le matériel, mais ça m’a permis d’avoir un salaire pour pouvoir faire vivre ma famille parce que j’ai deux enfants, donc il fallait quand même trouver de l’argent. Pour élever les enfants et puis tout le reste, avec ma femme et tout, pour la maison, enfin, voilà. Donc, c’est déjà de se vider de la tête de ça. Et puis, ça donne aussi une motivation en plus parce que là, il y a quelqu’un qui nous soutient. D’ailleurs, on ne le fait pas que pour moi, enfin, je ne le faisais que pour moi, mais mon entourage, c’est quelqu’un qui a mis des pions sur moi, donc qui croit en moi. Et déjà, ça fait plaisir. Et puis, ça donne une source de motivation en plus de se lever les matins, d’aller s’entraîner quand il fait mauvais. Voilà, c’est ça aussi. Donc, c’est une certaine liberté, la liberté financière.

Ermanno : Quelles épargnes arrivent en 2019 pour t’épauler sur ce projet via le pacte de performance, c’est-à-dire via une CIP, une convention d’instruction professionnelle qui permet d’avoir un salaire, mais d’être dégagé, non même pas ?

Loïc Vergnaud : Non, c’est pas, c’est pas, en plus, c’est du mécénat. En fait, c’est une bourse qui parle déjà de pacte de performance, donc ils versent une somme d’argent à l’année. Ce n’est pas considéré comme un revenu, c’est une sorte de don qu’ils m’ont fait, quoi. Mais ça passe par la bourse, via le pacte de performance. C’est une association qui aide les sportifs, en fait.

Ermanno : Et eux, ils sont intervenus quand tu en étais où dans ton palmarès ? Tu avais déjà des titres de champion d’Europe, champion du monde, champion olympique ?

Loïc Vergnaud : Non, non, ils sont intervenus en 2019. Donc, j’intégrais, ça faisait un an que j’avais intégré vraiment l’équipe de France. J’avais un ou deux podiums. Voilà, je commençais à tutoyer un peu le très haut niveau, qu’on va dire, et d’avoir des objectifs sur les jeux vraiment concrets. On va dire qu’en 2019, je n’aurais pas eu la Caisse d’Épargne, mes jeux étaient peut-être compromis, quoi.

Ermanno : Les jeux de 2020 décalés à 2021 ou les jeux de 2024 déjà ?

Loïc Vergnaud : Non, les jeux de 2020. Les jeux de 2024, à ce moment-là, je n’y pensais pas parce que, voilà, je m’étais fixé vraiment objectif Tokyo. Donc, après, vu mon âge, on va dire aussi, je prends année par année.

Ermanno : On prend tous une année tous les ans, mais c’est vrai que…

Loïc Vergnaud : Oui, je regarde l’année d’après si je peux continuer ou pas. C’est vrai que Paris, c’est vraiment une motivation qui me permet de continuer. Et puis, voilà, je suis vraiment beaucoup aidé pour y arriver.

Ermanno : Donc, là, tu tutoies les meilleurs, mais aussi les plus jeunes. Tu es parti pour les Jeux paraolympiques de Paris 2024. Ça représente quoi en termes d’entraînement quotidien ou à la semaine pour un paracycliste qui se prépare pour Paris 2024 ? Au moment où on enregistre, on est à six mois des Jeux.

Loïc Vergnaud : Là, je commence vraiment dans la partie gros volume. On a un peu retardé cette année parce que, voilà, d’habitude, mes saisons sont plus… On a une première partie saison au mois de mai où il y a quand même des grosses échéances. Et après, le championnat du monde arrive au mois d’août. Là, bon, il y a encore des Coupes du monde au mois de mai, mais c’est moins important que les autres années. Donc, on a un peu décalé. Donc, là, voilà, je rentre dans ma partie foncière où je vais faire pas mal de kilomètres. La semaine dernière, j’ai fait à peu près 400, 420 kilomètres dans ma semaine avec de l’après-midi, mais pas physique à côté encore parce qu’on continue aussi ça pour bien débuter l’année. Donc, voilà, la préparation, elle va se tourner autour de ça avec le travail de force, un peu de PMA. Voilà, on commence du volume et on commence à toucher les intensités un petit peu.

Ermanno : La PMA, c’est la puissance maximale aérobie. Ça veut dire qu’en gros, tu te fais des blocs soit en montée, soit même sur du plat, mais à fond, à fond, à fond, à fond, mais assez court.

Loïc Vergnaud : Ouais, c’est assez court, voilà. On va dire que c’est pas… Je suis pas sur mes valeurs de course. Je suis en dessous. Voilà. Là, c’est approche PMA, on appelle ça. Voilà, on commence à tutoyer la haute intensité pour, on va dire, déboucher un peu les artères aussi. Et voilà. Mais c’est pas encore vraiment mes bons créneaux de puissance, ouais. Mais voilà, c’était sur du très court, du 30 secondes ou du 20 secondes.

Ermanno : Et sur les Jeux olympiques, tu disais que tu as déjà ramené trois médailles de Tokyo, trois médailles d’argent. Tu concours sur plusieurs disciplines. Tu peux nous en parler un petit peu plus des différentes disciplines sur lesquelles tu t’alignes ?

Loïc Vergnaud : Alors, aux Jeux, les handbikes, on a trois disciplines, ouais. Que de la route. C’est que sur la route, on n’a pas de course sur la piste. C’est un peu risqué et un peu chaud, ouais. Mais donc, sur la route, on a le contre la monte, donc l’épreuve solitaire contre le temps. Donc là, à Paris, je suis pas encore trop au courant de la distance. C’est un ou deux tours d’à peu près 14 kilomètres sur Clichy-sous-Bois. Après, on aura la course en ligne sur le même circuit. Donc, 5 ou 6 tours, à mon avis, du circuit.

Ermanno : Et là, vous êtes combien pour le départ ?

Loïc Vergnaud : Alors, pour les Jeux, on n’est pas très, très nombreux. On va être entre 10 et 15. Parce que voilà, chaque catégorie va être à peu près à ce nombre-là. C’est vraiment les meilleurs qui sont là. Et voilà, d’habitude, on est un peu plus. On arrive à être 20, 25. Mais c’est toujours des petits pelotons quand même en paracyclisme. Et voilà, donc après. Et puis, la dernière course, c’est là, je suis pas sûr. Je l’ai fait à Tokyo, mais je suis pas sûr de la faire à Paris parce que c’est une sélection. Parce que c’est un relais par équipe. Donc là, on est 3 handbags de catégories différentes. Donc, chaque catégorie a un nombre de points désignés. Et la somme des 3 catégories ne doit pas dépasser 9. Donc, c’est mixte. Et hommes et femmes, on peut mixer tout. Et là, c’est des petits circuits qui font généralement 1 km, 5, 2 km. Et on se passe le relais 3 fois chacun, quoi. Voilà, toutes les équipes qui courent en même temps, là.

Ermanno : Quand tu dis différentes catégories, c’est différentes catégories de handicap ? Ça veut dire qu’il peut y avoir des amputés ? Alors, en handbag, j’imagine pas des amputés des bras, mais des amputés d’une jambe, d’un pied ?

Loïc Vergnaud : Non, non, ben après, voilà. Amputés, on va dire, amputés handbag, c’est une catégorie, c’est la mienne, MH5. Si on peut tenir à genoux, on est dans celle-là. Après, il y a 4 autres catégories, que c’est des catégories couchées. Donc là, c’est plus des paraplégiques, des tétraplégiques. Voilà. Donc, c’est plus le handicap et, on va dire, plus la personne est touchée, plus sa catégorie a un indice bas. Donc, la MH1, c’est des tétraplégiques très, très hauts. Donc, ils ont vraiment les bras et encore quoi. Par exemple, ils ne peuvent pas tenir leurs poignets tout seuls. Ils sont stretchés ou attachés sur les poignets. Ils ne peuvent pas serrer les mains.

Ermanno : Et donc là, vous concourez tous ensemble sur ce type de relais. C’est 3 catégories ?

Loïc Vergnaud : Ouais, ben, chaque pays forme son équipe. Et là, on peut, les catégories, moi, je peux être en face, sur mon tour, en face de quelqu’un qui est en MH1, par exemple. Là, on choisit aussi l’ordre de passage. C’est des stratégies, voilà. Chaque équipe met en place. Donc, on fait un tour, on passe le relais à notre collègue. Et voilà, 3 fois de suite, comme ça. Le premier qui finit, enfin, la première équipe qui passe la ligne a gagné.

Ermanno : En général, ça marche comme ça. J’imagine qu’après, il y a des histoires de pénalités ou autres, ou pas du tout ?

Loïc Vergnaud : Sur les relais, ouais, la pénalité, ça va être si il y a une anticipation de démarrage. Parce qu’en fait, le relais se passe généralement quand notre collègue nous passe devant. Donc là, on doit partir. Si on le vole un petit peu, on perd une dizaine de secondes de pénalité. Il va y avoir d’autres pénalités si on met quelqu’un au tas ou si on gêne à démarrage de quelqu’un. Il y a plusieurs façons de faire.

Ermanno : Donc, ce n’est peut-être pas forcément la première équipe qui passe la ligne qui gagne, mais en théorie, c’est quand même le cas.

Loïc Vergnaud : Normalement, c’est vrai que c’est déjà arrivé que la première ne gagne pas parce qu’elle se prend une pénalité de 10 secondes et elle finit deuxième.

Ermanno : Donc, toi, on l’aura compris. Tu es déjà qualifié ?

Loïc Vergnaud : Non, je ne suis toujours pas qualifié parce qu’en fait, la sélection ne tombe qu’au mois de juin, début juin, on pense. Parce que notre système de qualification, pendant trois ans, on gagne toute l’équipe de France paracycliste, que ce soit sur la piste ou sur la route, que ce soit en solo, en tandem ou en tricycle homme, on gagne des points pour tout le paracyclisme pour l’équipe de France homme-masculine. Ces nombres de points, quand les Coupes du Monde sont finies, donc fin mai, donnera à chaque pays un nombre de places pour leurs athlètes. Et après, quand ce sera désigné, une commission en France va se réunir avec la Fédération, l’ANS, et ils vont désigner les athlètes suivant des critères de performance qu’on a réalisés sur les championnats du monde pour dire quel athlète, si on a respecté les critères, ils vont prendre dans l’ordre. Les meilleurs critères, c’est les champions du monde, bien sûr. Et après, les médaillés aux championnats du monde et ainsi de suite. Voilà. Donc, je ne saurais que début juin si je perds. C’est vachement tard. Oui, c’est vachement tard, mais il y a beaucoup de disciplines qui sont comme ça. Donc, dans mon cas, je peux le savoir un peu avant, suivant les critères que j’ai eus, le nombre de places qu’on sait à peu près. Il faut juste que je laisse passer les championnats du monde de piste du paracyclisme, là, au mois de fin mars, et je pourrai savoir si j’y vais ou pas. Tu auras déjà une bonne idée.

Ermanno : On sera de tout cœur tous avec toi. Et puis, on va espérer. Justement, que tu représenteras le drapeau lors des prochains Jeux Paralympiques. Et en plus, qu’ils sont à Paris, à la maison. Ce n’est pas très loin pour toi. Tu y vas en vélo ?

Loïc Vergnaud : Oui, il me faudra peut-être deux ou trois jours quand même pour prendre cramé direct.

Loïc Vergnaud : On a un camp de base qui est à Lille. Alors, ça fait un peu plus grand.

Ermanno : On sera derrière. On prendra la roue parce que je suis sûr que même en tant que valide, on a du mal à s’accrocher quand on essaie de suivre, non ?

Loïc Vergnaud : Oui. Après, nous, le handbike, c’est quand même un vélo qui est assez lourd. Donc, sur le plat, on roule bien. On a des bonnes pointes. Voilà. Parce qu’on a l’aérodynamisme qui est favorable par rapport à quelqu’un qui est debout. On a un peu mieux l’aéro. Mais bon, c’est vrai que dès que ça monte, on a un peu moins de puissance. Et le vélo… Par exemple, mon vélo d’entraînement, quand je pars à l’entraînement, il fait 14 kg. Donc, par rapport à mes collègues valides qui se trimbalent avec leur vélo qui fait 8 kg, 8,5 kg. Et puis, c’est… Voilà. Je veux dire, avec la grosse outil et tout. Je le sens vite quand ça commence à monter que je ne suis plus tranquille.

Ermanno : Mais après, je vais essayer de la rattraper dans la descente. Évidemment. Et puis, c’est l’expérience qui parle. Pour revenir justement au financement de ta saison. Donc aujourd’hui, tu as ce mécène, la Caisse d’épargne, qui te finance grâce au pacte de performance. Est-ce que tu as d’autres partenaires ? Est-ce que tu cherches toujours des partenaires ? Et à quoi te sert ce budget ?

Loïc Vergnaud : Alors, j’ai des autres partenaires. Un autre principal, c’est la douane. Depuis un an et demi, j’étais embauché en contrat là, vraiment avec un salaire, dans l’équipe de France Douane. Donc, on a une quarantaine d’athlètes dans l’équipe, avec des contrats d’un an. Donc, chaque année, c’est renouvelé. Donc voilà, ça fait maintenant un an et demi. Et après, j’ai des autres aides. Les aides, ça va être le département de la Loire, mon club encore, qui m’aide un peu pour surtout payer mon entraîneur. Ça va être mon magasin de vélo, One Bike, le Rotary Club. Enfin voilà, on essaye. J’ai beaucoup de partenaires qui m’aident pour l’achat de matériel, justement.

Loïc Vergnaud : Si j’ai besoin, l’année dernière, c’était deux triplettes d’euros. Donc voilà, j’ai demandé à des partenaires de me les acheter, s’ils pouvaient. Donc, il y a aussi le CEDOS. Enfin, je pioche un peu de partout. C’est surtout les aides. On va dire que la douane et la caisse d’épargne, je peux juste les réserver pour ma vie personnelle, pour mon salaire, quoi. Pour toute personne. Après, toutes les aides à côté, les aides personnalisées avec, là aussi, la Fédération française d’handisport, bien sûr. Ça va me permettre d’acheter du matériel, vélo, après, les pneus, la nutrition, payer tout mon staff avec la préparation physique, la préparation mentale. Voilà. Donc, il y a aussi la MRP de Ronald qui nous aide là-dessus. Donc voilà, je regarde d’un côté toutes mes aides et de l’autre côté, j’essaie de mettre des choses en face. Ouais.

Ermanno : Et puis, surtout qu’en face de tout ça, il y a aussi les déplacements. Et quand on doit se déplacer… Alors, si c’est avec l’équipe de France, j’imagine que c’est l’équipe de France qui paye. Mais si ce n’est pas avec l’équipe de France, c’est à ta charge. Voilà.

Loïc Vergnaud : Quand on a des stages en équipe de France, donc ils payent le stage et une partie du trajet. Il y a des forfaits maintenant pour les trajets. Donc, en équipe de France, quand on y va avec l’équipe de France, bien sûr, l’hébergement est payé. Et si on doit prendre l’avion aussi, tout ça, c’est payé. Tout ce voyage-là est payé. Après, les autres, c’est soit mon club, soit… Enfin, c’est à ma charge. Et après, voilà, je trouve autour. Donc, je sais que j’ai des stages aussi à faire. Là, je vais bientôt partir où ça fait un peu meilleur pendant une semaine pour refaire pas mal de kilomètres et me changer un peu la tête. Parce que bon, partir dans le froid, c’est dur. Et donc, voilà, là, ça va être à ma charge.

Ermanno : Tout ça, ça te permet de construire ta saison. Ce qui veut dire qu’entre le contrat à la douane, les différents partenaires, là, on est sur du renouvellement régulier. Donc, ça veut dire que… Tous les ans, tu fais ton budget, tu regardes ce que tu as, tu regardes ce qu’on te propose. Et puis, soit tu continues à chercher, soit tu te mets à fond dans l’entraînement et puis tu vis avec ce qu’on t’a proposé pour l’année. J’imagine que là, quand tu vas arriver à la fin de l’année 2024, à la fin de cette année de Jeux olympiques et Jeux paraolympiques, tu vas faire un nouveau bilan ? Tu vas décider si tu continues ou pas ?

Loïc Vergnaud : Oui, ça va être aussi… Le financier va rentrer en ligne de compte, bien sûr, à la fin de l’année, savoir si je continue ou pas. Savoir qui poursuit parce que c’est vrai que pas mal s’engage jusqu’aux Jeux. Là, quand c’est les Jeux de Paris. Donc, s’ils sont engagés jusqu’aux Jeux pour m’aider. Après, rien n’est sûr. Donc, je vais refaire le point après, voir un peu tout. Voir déjà ce que j’ai fait si je suis allé à Paris. Ce sera déjà une bonne étape de passé, ce que j’ai fait à Paris comme résultat. Et voilà, je vais un peu remettre tout sur la table. Pas tout de suite après parce que ma saison ne sera pas terminée après les Jeux. J’aurai encore deux semaines, enfin deux, trois semaines après les championnats du monde. Donc voilà, je pense qu’à la fin septembre, je vais tout reposer à plat. Je vais tout reposer à plat. Et regardez vraiment ce que je vais faire.

Ermanno : Est-ce qu’une médaille en championnat du monde, une médaille en coupe du monde, une médaille en championnat d’Europe, voire une médaille olympique, para-olympique, ça change quelque chose dans la recherche de partenaires, de sponsors ?

Loïc Vergnaud : Oui, parce que moi, les trois médailles que j’ai eues à Tokyo, on va dire qu’avant, j’avais surtout la Caisse d’Épargne. Après, j’ai eu d’autres sponsors qui sont arrivés, d’autres aides qui nous sont proposées, style la douane et tout. Et puis, dans la hiérarchie des aides, on passe aussi à un niveau supérieur pour tout ce qui est, quand on demande des aides à la MRP ou à la Fédération, ils sont plus enclins à nous subventionner du matériel ou à nous aider si on a eu des médailles quand même aux Jeux paralympiques, parce que surtout en paralympique, ce qui compte, enfin ce qui est visu, enfin ce qu’on nous voit, c’est les Jeux. Donc si on est capable de faire des médailles, voilà, on est plus cédé.

Ermanno : Quand tu parles de MRP, c’est la Maison Régionale de la Performance, c’est ça ?

Loïc Vergnaud : C’est ça.

Ermanno : C’est un autre organisme, un autre établissement public qui permet d’aider les sportifs et sportives de haut niveau à atteindre justement leurs objectifs de performance ?

Loïc Vergnaud : C’est ça, oui, ça dépend directement de l’ANS. Donc l’Agence Nationale du Sport. Voilà, donc c’est eux qui ont le budget, c’est eux qui pointent les athlètes, soit qui sont confirmés, soit les athlètes en devenir qu’il faut aider, et c’est eux qui décident un peu, on leur propose de nous aider dans des devis de nos aides qu’on a besoin, surtout en performance, c’est du style entraînement, peut-être achats de matériel, enfin voilà, des stages. Ce n’est pas de l’argent, c’est vraiment sur facture, on va dire. On ne demande pas 10 000 euros pour aller faire la fête. C’est vraiment des aides concrètes.

Ermanno : Ce n’est pas ça la vie de sportif de haut niveau ? Ce n’est pas compter les bifetons avec les pieds au bord de la piscine et puis attendre qu’il y en ait d’autres qui tombent, non ?

Loïc Vergnaud : Non, ce n’est pas comme ça. On met souvent les pieds dans la piscine justement, en plus, sauf pour les nageurs, mais là, ce n’est pas trop le cas. Non, non, voilà, donc il faut, voilà, c’est le travail aussi de, moi je le fais souvent au mois de novembre, de préparer tout ce budget-là. La saison, elle est finie, j’ai une petite coupure, donc voilà, on prévoit le budget et on regarde à qui il est demandé, ce qu’on a besoin en plus, si des choses, changement de matériel, enfin plein de trucs, quoi. Et puis il faut aller des fois relancer ou demander ailleurs. C’est gérer un peu une petite entreprise à nous tout seuls.

Ermanno : Bon, là, tu vas avoir 46 ans, si j’ai bien fait mes devoirs. Tu es né en 78.

Loïc Vergnaud : Voilà, à la fin de l’année, donc j’ai encore mes 45. Je viens de les avoir.

Ermanno : Encore 45. C’est quoi la suite pour toi après les JO de Paris, que ce soit au niveau sportif ou au niveau professionnel ?

Loïc Vergnaud : Je ne sais pas. Honnêtement, je ne sais pas. Je ne me projette pas après. Voilà, comme je disais, je vais remettre tout sur la table pour voir ce que je vais faire pour après, si on me soutient encore ou voilà.

Loïc Vergnaud : En ayant travaillé déjà, j’ai déjà un vécu professionnel. Donc, je veux dire, si je veux retourner travailler, j’ai une expérience professionnelle. J’ai travaillé plus de 10 ans, donc j’ai une certaine expérience. Donc, ça ne m’inquiète pas plus que ça pour le après. Je sais que j’y retournerai. Je vais essayer d’y retarder le plus possible parce que je suis quand même pas malheureux. Je vis de ma passion parce qu’aujourd’hui, je fais du vélo parce que ça me fait plaisir. Mais peut-être que j’arrêterai. Ce ne sera pas ni une question financière ni une question de physique. Ce sera peut-être une question de plaisir aussi. À un moment donné, j’en aurai marre d’aller rouler sous la pluie quand il fait 5 degrés. Mais voilà, pour l’instant, c’est encore, on va dire, du plaisir. Pas 100 %, pas tout le temps, mais ça reste aussi. Donc, voilà, je ne regarde pas le après pour l’instant. Des vacances au mois d’octobre.

Ermanno : Les Jeux, la Coupe du Monde, les Championnats du Monde, des vacances et après le budget. Mais d’abord, des vacances. Un peu de coupure.

Loïc Vergnaud : Oui, les vacances. Au soleil ? Pas de coupure. Je ne sais pas. Les vacances, déjà chez moi, je suis très bien. Donc, même s’il n’y a pas le soleil, de profiter de ma famille et de mon petit calme dans ma maison, ça sera déjà pas mal.

Ermanno : Sujet qu’on aborde souvent, notamment quand on aborde le sujet aussi du financement. Le financement des carrières et des CIP, donc des conventions d’insertion professionnelle qui permettent aux sportifs d’avoir un salaire et aussi de cotiser pour la retraite. Toi, avec le mécénat de la Caisse d’épargne, est-ce que tu cotises pour ta retraite ? Est-ce que ça te permet justement d’aller de l’avant, de préparer l’avenir ? Ou est-ce que c’est plus aléatoire pour toi à l’heure actuelle ?

Loïc Vergnaud : Alors, moi, je suis un peu inquiet en particulier parce que du coup, la Caisse d’épargne, ce que me donne la Caisse d’épargne, ça ne cotise pas pour la retraite parce que c’est du mécénat, donc c’est une bourse, donc ça ne compte pas. Donc, en étant embauché à la douane, maintenant, oui, je cotise pour la retraite. Mais en fait, avant, je cotisais déjà pour la retraite parce qu’en fait, quand je suis en accident de travail, je gagne quand même mes trimestres grâce à mon accident de travail. Donc, voilà, j’avais déjà ça. Et puis, en étant athlète de haut niveau, on a le droit, quand on est sur la liste élite, on a le droit à 8 ans de…

Loïc Vergnaud : Si on est pendant 8 ans, on a le droit à 8 ans de cotisation qui sont reconnus.

Ermanno : Donc, il faut être listé pendant 8 ans pour pouvoir capitaliser à partir de 8 ans.

Loïc Vergnaud : Voilà, je ne connais pas trop les détails parce que du coup, moi, je n’en ai pas eu besoin, donc je ne l’ai pas utilisé. Je sais que chaque année, on m’envoie la notification pour me demander, me déclarer si je veux en profiter. Et je sais qu’avec ma rente, en fait, comme je suis rentier d’accident de travail, en plus, je cotise déjà.

Ermanno : C’est des bons tuyaux, c’est des bonnes informations à prendre. Alors, pas forcément pour le handicap. Oui. Même si j’imagine qu’il y a des parasportifs et sportives qui nous écoutent, mais tout ça est à côté justement puisque l’essence même de ce podcast, c’est de savoir comment est-ce qu’on vit de et par sa passion. Vivre par sa passion, c’est pratiquer son sport et ça, c’est ce que tous mes invités font. Mais vivre de sa passion, c’est aussi pouvoir financer sa vie, financer sa passion, financer sa vie et puis financer la retraite parce que quand tu t’arrêtes, si tu n’as plus de revenus, c’est un peu compliqué quand même.

Loïc Vergnaud : Oui, c’est sûr. Moi, au début, voilà, je finançais ma passion par mon travail. Après, voilà, des petits sponsors et de plus en plus gros. Donc, des fois, il faut être patient. Je sais que c’est long et c’est difficile d’aller chercher les sponsors, surtout qu’il faut avoir des résultats souvent pour attirer les sponsors. Mais souvent, on n’a pas les résultats parce qu’on ne peut pas faire notre travail, on va dire, correctement pour aller chercher les meilleurs qui ont des soutiens plus importants.

Ermanno : Est-ce que justement, aller à la recherche de partenaires, de sponsors, ça t’oblige à beaucoup communiquer ? Quel est ton truc pour aller réussir à décrocher des partenariats ?

Loïc Vergnaud : Alors, moi, je ne suis pas bon du tout en communication. Je ne suis pas de la bonne génération, en fait.

Ermanno : On est de la même, on est de la même.

Loïc Vergnaud : Oui, c’est très délicat. Non, non. Après, voilà, des fois, c’est des rencontres. Je pense que c’est aussi le fait. Moi, j’ai été aidé pour avoir les sponsors, surtout par la fédération qui ont des gens qui cherchent des personnes pour aider les sportifs. Donc, après, c’est surtout faire voir qu’on a envie de réussir, qu’on essaye de mettre en place ce qu’on veut réussir déjà pour que les personnes voient qu’on est motivé. Parce que, voilà, aller demander de l’argent, mais de rien mettre en place, de rien proposer, des fois, c’est compliqué.

Loïc Vergnaud : Donc, après, il y a certains… Tout dépend du sponsor qu’on veut. Moi, j’ai des sponsors qui m’aident parce qu’ils… Ils voient très bien que j’ai un très bon niveau, mais ils ne demandent pas au retour de beaucoup communiquer dessus à outrance. Parce que déjà, moi, je ne pourrais pas. C’est quelque chose que je n’arrive pas à faire. Donc, j’ai essayé, mais voilà, c’est compliqué. Mais après, il y a d’autres sponsors. J’ai eu des refus de certains sponsors qui me disaient que je ne communiquais pas assez. Donc, voilà, c’est soit l’un, soit l’autre. Il faut trouver… Il faut que ça soit aussi en osmose avec ce qu’on est. Il ne faut pas aller chercher un sponsor. Il y a d’autres sponsors qui vont demander de faire des choses qui sont contre nature et qu’on n’a pas envie parce qu’il ne va pas être content d’un côté et de notre côté non plus. Donc, il faut un certain équilibre. Il faut savoir aller chercher l’argent pour l’argent. Il faut que ce soit… C’est un contrat qui est signé. Donc, il faut pouvoir le respecter à la sortie, ce contrat-là.

Ermanno : Oui, il y a des tenants et des aboutissants. Et puis, on te donne de l’argent, mais il faut bien rendre un service aussi derrière quelque part.

Loïc Vergnaud : Il faut s’engager à passer à dire pendant 50 jours, je serai avec vous. Si on ne peut pas le faire pour continuer son sport. Voilà, c’est donnant-donnant quand même. Mais c’est compliqué.

Ermanno : Si on pouvait vivre dans un monde un peu parallèle un peu de science-fiction et que tu pouvais te projeter à côté du Loïc qui vient de sortir de l’hôpital après ton accident du travail et que lui sache exactement qui tu es et tout ce que tu as réalisé, qu’est-ce que tu penses que le Loïc de 26 ans te dirait ?

Loïc Vergnaud : Oula ! C’est compliqué comme question. Non, non. déjà, personne n’y aurait cru. C’était mon rêve de gamin de devenir athlète de haut niveau. Mais comme beaucoup d’enfants, c’est un rêve. C’est comme on fait rêver les gens quand on fait du sport. Donc, c’est normal de rêver ça. Mais je que oui, étonné quand même.

Loïc Vergnaud : je me placerai plus au niveau de ma mère qui ne serait même pas surpris que je fasse du sport pour vivre parce qu’elle m’a toujours dit d’arrêter. J’ai arrêté de taper la balle parce que je n’arrêtais pas de lancer la balle dans tous les coins de la maison. Donc, oui, le gamin de 26 ans, pense qu’il dirait que mon accident, ça a été peut-être le moment le plus terrible de ma vie, au moment voulu, mais que ça m’a donné les plus belles choses parce que j’ai eu mes enfants après. Enfin, voilà. Tout ce que j’ai rêvé avant mon accident, je l’ai eu presque après. Il y a juste la maison que j’avais eu déjà avant. Mais voilà, tous mes rêves, je suis en train de les réaliser. Donc, c’est… Je pense que c’est ça, en fait. Je ne vais pas trop en rajouter, mais je suis vraiment heureux, même si j’ai un handicap et que des fois, ce n’est pas facile parce que ce n’est pas reçu tous les jours. Par exemple, aujourd’hui, d’habitude, je marche. Aujourd’hui, je suis en fauteuil parce que je ne peux plus l’enfiler parce que j’en ai un peu trop abusé. Donc, des fois, on se blesse. Je ne peux plus enfiler ma prothèse. Mais voilà, je suis heureux comme je suis. Je pense que j’ai bien réussi. J’ai bien rebondi.

Ermanno : Et qu’est-ce que tu lui réponds ? Ce petit Loïc qui te dirait tout ça.

Loïc Vergnaud : Eh bien, j’ai quand même bien bossé pour y arriver. Je ne me suis pas regardé dans la glace parce qu’il y a eu beaucoup de sacrifices, même déjà l’handicap. Mais après, c’est beaucoup de travail tous les jours et de planifier beaucoup de choses et de ne pas se relâcher. Et même les jours aussi durs, il faut quand même y aller. Il faut quand même faire le job même si on n’a pas envie de le faire. Pour tout le monde en soi, déjà aussi. Parce que bon, j’étais un des premiers à croire en moi. Il y a d’autres personnes qui ont cru en moi. Mais il y en a beaucoup qui se demandaient ce que je foutais sur un vélo. Enfin, qui se demandent encore ce que je fous sur un handbike, sur la route et que je devrais mieux rester chez moi. Mais voilà, ils ne savent pas tous les tenants et les aboutissants du projet.

Ermanno : Écoute, merci pour ce témoignage, pour cette demi-heure qu’on a passée ensemble. Alors, tu l’as dit, tu n’es pas très fort en communication. Je te rassure, on est de la même génération. Moi non plus, je me force tous les jours. C’est ce que je pourrais dire d’ailleurs au petit Hermano de 20 ans si je le rencontrais. Je lui dirais, apprends à communiquer parce que c’est une horreur. Mais malgré tout, si on veut te suivre, si on veut t’encourager, où est-ce que ça se passe ?

Loïc Vergnaud : Après, j’ai quand même Instagram et Facebook, même s’il n’y a pas tout le reste, TikTok et tout, parce que là, ça fait trop. Mais voilà, sur Instagram, avec mon nom, on me trouve facilement avec Garnier Handbike. Donc, je publie un petit peu, pas trop quand je m’entraîne comme ça. Je publie surtout mes résultats de course et tout. Je n’aime pas trop, mais publier mes entraînements, je ne trouve pas très intéressant, surtout que ça se répète quand même. C’est du vélo, c’est du vélo et de la muscu. Donc voilà, on peut me trouver là. J’espère qu’on me trouvera aussi sur France 2, France 3 au mois de septembre.

Ermanno : Écoute, on croise les doigts. On peut te trouver sur Strava aussi peut-être, non ?

Loïc Vergnaud : Oui, sur Strava, bien sûr. Quel cycliste n’est pas sur Strava ? Maintenant, il y a même des coureurs,

Ermanno : il y a même des volayeurs, il y a tout le monde sur Strava.

Loïc Vergnaud : Il y a des mélangeurs, il y a tout maintenant. Maintenant, on peut se mettre sur Strava n’importe comment.

Ermanno : C’est clair. Je mettrai tous les liens de toute façon dans les notes de l’épisode. Merci beaucoup encore une fois Loïc. On te souhaite une bonne journée, bonne continuation. Et puis là, tu m’as dit que tu jumpais après sur le vélo pour aller t’entraîner. Donc, bon entraînement. Merci. Merci. Bonne journée à toi. À bientôt, ciao. À bientôt.

Ermanno : On est tous d’accord, chaque athlète a une histoire unique, tout comme Loïc Vergnaud que vous venez d’entendre sur le podcast. Si son parcours vous a inspiré, rejoignez-nous sur les réseaux sociaux du podcast pour en discuter. Tous les liens sont dans les notes de l’épisode. Pour en découvrir davantage sur Loïc et tous les autres sportifs du podcast et les soutenir dans leurs défis, eh bien, visitez le site vestiaires.org. On a besoin de vous. Chaque euro compte et 100 % des dons sont directement reversés aux athlètes. Le podcast Dans les vestiaires met en lumière ces héros du sport et ils ont besoin de votre soutien. Et le plus simple, c’est de partager leurs histoires pour les aider à briller sur la scène internationale. Et puis comme ça, tout le monde fera un peu partie de cette superbe aventure sportive et philanthropique. Partagez, partagez leurs épisodes, ça nous aide et ça les aide surtout eux. Allez, portez-vous bien, entraînez-vous bien et on se retrouve bientôt pour un nouvel épisode. Salut les sportifs !

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