Bienvenue dans un nouvel épisode du podcast (dans les) Vestiaires, où nous plongeons profondément dans les histoires des sportifs de haut niveau, révélant les défis, les triomphes et les moments d’inspiration qui façonnent leur voyage.
Marjolaine Pierré, ancienne gymnaste, puis coureuse, est devenue triathlète, un peu malgré elle … et qu’est-ce qu’elle a bien fait ! En 3 ans, elle est passé de quelques top 30 en D1 (1ère division de Triathlons « courts ») à des podiums sur des épreuves de plus en plus longues. Encadrée par les meilleurs : Yves Cordier et Frédéric Bélaubre, entre autre, elle nous explique comment elle est devenue l’une des meilleurs triathlètes longue distance du Monde et comment elle finance – disclaimer : difficilement – sa carrière.
Pour la suivre, la contacter et la soutenir, RDV sur https://pierre.vestiaires.org .
En termes de palmarès, voici quelques infos :
- Victoire sur l’Ironman® Portugal 2023 (8h49)
- Championne du Monde Longue Distance World Triathlon (ex-ITU) 2023 (5h:53)
- 3ème au Triathlon XL de Gérardmer 2022
- Victoire sur l’Ironman® 70.3 Bahrain 2022
- Victoire sur l’Ironman® 70.3 Portugal 2021
Dans cet épisode, vous pourrez découvrir (chapitres de l’épisode) :
- Le parcours de Marjolaine Pierré
- Les débuts en triathlon professionnel
- L’impact du sport sur sa vie personnelle
- Les difficultés et challenges du sport professionnel
- Les soutiens et le staff de Marjolaine
- La gestion financière d’une triathlète pro
- L’avenir et les projets de Marjolaine
La transcription de notre échange
Grâce à Autoscript, on vous propose même de revivre l’échange que j’ai pu avoir avec Carolle. C’est parti !
Salut les sportifs, c’est Ermanno et je suis très heureux de vous recevoir pour un nouvel épisode du podcast Dans les vestiaires. Aujourd’hui, on va échanger avec une triathlète qui, pour le coup, est un petit peu éloignée, mais on va revenir avec notre invitée là-dessus. Elle est professionnelle depuis 2021, elle performe au plus haut niveau, que ce soit sur du 70.3, mais même sur des distances un peu plus longues. On va parler de tout ça avec Marjolaine Pierré. Salut Marjolaine !
Bonjour !
Marjolaine, je suis content qu’on arrive à se parler, comme je te le disais en off, on s’est un petit peu couru après, aussi sur l’autre podcast « Devenir triathlète”, que je produis avec mon ami Olivier. Et ça me fait toujours plaisir de recevoir des triathlètes sur ce podcast « Dans les vestiaires ». Le triathlon, qui est plus un sport que je connais, que j’ai pratiqué. Je pratique un peu moins maintenant, je suis plutôt sur le swimrun et sur de l’endurance longue en course à pied. Toi, tu es triathlète, alors ce que je te propose, tout de suite, c’est de te présenter. Donc, dis-nous tout, qui est Marjolaine Pierré ?
Oui, c’est vrai qu’on a eu un petit peu de mal à se trouver. Le triathlon, c’est un sport qui demande énormément de temps, mais je suis contente de l’avoir trouvé là un peu en fin de saison. Donc, je m’appelle Marjolaine Pierré. Pour me présenter rapidement, j’ai 24 ans depuis quelques jours et je fais du triathlon donc depuis trois ans en tant que professionnelle, ça m’est un peu tombé dessus. J’ai toujours fait du sport dans ma vie, j’ai connu le triathlon très jeune avec mes deux parents qui faisaient du triathlon, donc c’était un sport qui ne m’était pas méconnu. Mais voilà, je n’avais pas forcément envie de le pratiquer. J’habitais à l’île de la Réunion et pour moi j’avais pas envie de passer tout mon temps à faire du triathlon. Il y avait beaucoup d’autres choses qui paraissaient fun et sympa donc j’ai commencé le triathlon qu’à l’âge de 18 ans quand je suis arrivée à Aix-en-Provence pour mes études. J’avais en fait beaucoup plus de temps et c’est vraiment là que j’ai découvert la joie que j’avais de faire ce sport. En fait, c’était par simple question d’ennui. Le week-end, tous mes potes rentraient chez leurs parents et moi, j’étais toute seule. Donc, c’était assez compliqué. Le triathlon m’a permis de me sentir un peu plus accompagnée.
J’aime bien quand tu nous dis que le triathlon t’es tombée dessus par hasard. Ce n’était pas forcément le sport dans lequel tu voulais te lancer ? Mais j’imagine qu’en commençant le triathlon à 18 ans, à 24 ans, en étant performeuse sur du triathlon et notamment les triathlons longue distance, tu as dû commencer par faire d’autres sports quand tu étais plus jeune ?
Oui, exactement. Donc j’ai fait du… J’ai fait beaucoup de gymnastique dès l’âge de 8 ans jusqu’à mes 16 ans en sport études. Je m’entraînais 4 à 6 heures par jour. Et la gym, c’est vraiment un sport que j’ai vraiment adoré, que ce soit dans le sport en lui-même, mais aussi dans l’éducation que ça peut donner. C’est vraiment une base pour moi de la vie. On crée vraiment une base en soi, avec son corps, avec sa tête. Et voilà, c’est un sport individuel, mais c’est aussi un sport qui est fait en équipe, donc avec des entraîneurs qui sont souvent vus comme très stricts. En tout cas, le mien l’était. Et je le remercie encore aujourd’hui de m’avoir éduquée comme ça. Et ouais, c’est vraiment, vraiment un sport que j’aime énormément. Et j’aurais aimé en refaire. C’est vrai que quand j’ai voulu en refaire, quand je suis rentrée de Lille de la Réunion… En fait, à Lille de la Réunion, c’était un peu compliqué, le sport études. Fallait aller dans un lycée. Et ma mère était prof dans un autre lycée, donc j’allais dans le lycée de ma maman. Et du coup, j’ai dû arrêter la gym à cause de ça, parce que j’étais dans un groupe avec des filles qui avaient 18 ans, et moi, j’en avais 12, donc il y avait un peu un écart et je me sentais pas trop à ma place. Et le groupe de mon âge était en sport-études, mais pas dans le lycée ni dans le collège qui m’allait. Donc j’ai dû arrêter et je me suis tournée vers l’athlétisme, qui était beaucoup plus proche de mon lycée et de là où j’habitais, parce que la gym, c’était à 1 heure et demie en voiture aller et une heure et demie retour. Donc mes parents nous emmenaient et nous regardaient pendant quatre heures nous entraîner et on rentrait tard le soir. Donc voilà c’est vrai que ça a été un peu trop trop et je me suis tournée vers l’athlétisme à l’âge de 16 ans et j’ai aussi adoré. j’ai eu un entraîneur adorable, un peu un coach perso, il était là que pour moi parce qu’il n’y avait personne d’autre qui voulait faire de l’athlétisme. C’était aussi top cette transition.
Cool, donc du coup tu as quand même mis un peu les pieds dans un des trois sports du triathlon avec l’athlétisme. Est-ce que du coup la gym te sert maintenant en triathlon, notamment pour les transitions ? Tu arrives sur le vélo, tu fais un salto ou tu sautes du vélo avec un salto et puis une belle réception et là tu es jugée, tu reçois une note par les juges, non ?
Non, pas vraiment. On va dire que je ne me suis jamais retrouvée dans cette situation-là à tomber ou à devoir faire quelque chose de plus dans le monde de la gymnastique. Non, j’ai vraiment dû arrêter avec la gym. On va dire que ça m’a donné énormément de souplesse, énormément de gainage. C’est vraiment les deux choses, je pense, qui sont prédominantes, qui sont encore en moi et la rigueur. Peut-être que j’aurais eu aussi cette rigueur sans faire de gym, mais moi je suis persuadée que ce qu’on fait jeune, on le garde et on grandit avec. Et ouais, franchement, la rigueur, le gainage et la souplesse, c’est ce qui m’aide je pense. Et je le vois parce que plus je fais du triathlon, moins je suis souple. Donc j’essaye de garder un peu de souplesse, mais on s’enraidit, c’est hallucinant.
C’était quoi ta spécialité en gym ? Parce que à ce micro on a reçu aussi Maëlie Abadie qui fait du tumbling. Toi tu faisais quoi ?
Alors moi je faisais sol, poutre, saut et barre. Et on va dire de mémoire c’était la poutre et le sol. Je sais que ça fait quand même un peu longtemps on va dire. Mais c’était la poutre, j’adorais ça. Et le soir, on avait une musique en fait, et c’était vraiment quelque chose que je répétais. Mes parents nous avaient aménagé, parce que mon frère faisait aussi de la gymnastique, et ils nous avaient aménagé le sous-sol et on avait donc une sorte de salle de gym à la maison et j’en faisais vraiment tout le temps. Dès que mes copines venaient de l’école élémentaire elles venaient à la maison et je leur faisais des cours de gym, enfin j’étais gym 24-24 quoi, j’étais… j’ai toujours été à fond dans quelque chose en tout cas, je me souviens.
Tu nous as dit 18 ans, t’arrives en France, tu quittes la Réunion, t’arrives à Aix-en-Provence pour tes études, est-ce qu’il y avait des études en mode sport-études ou c’était uniquement concentré sur des études et c’est là que tu as commencé à découvrir le triathlon ?
Alors ouais, non, j’ai jamais été en sport études même en gym. Nos deux parents sont profs donc mon père est maître de conférence, ma mère est prof dans un lycée. J’ai été éduquée comme ça. Ma grand-mère est prof. C’était on fait le bac, on fait des études supérieures et on va jusqu’au doctorat quoi. Donc on choisit sa filière, j’ai jamais été obligée à faire quoi que ce soit, mais il y avait vraiment… Voilà, le sport était génial comme moyen de s’évader, évacuer après les révisions ou avant, mais l’objectif principal, c’était l’école, et ça l’a toujours été Donc je n’ai jamais été en sport-études, j’ai même dû, entre guillemets, arrêter la gym parce que ça ne coïncidait plus avec le collège et le lycée. Mais non, j’ai toujours dû composer comme ça jusqu’au Covid, qui m’a fait aussi composer en fait. Parce que pour revenir, quand je suis arrivée à Aix-en-Provence, je suis allée au salon des sports à Aix-en-Provence. Et il y avait le club de gym et le club d’Aix, qui était le triathl’Aix. Et j’ai hésité, je me suis dit “est-ce que je refais de la gym ?” Et je me suis dit, non, mais ça fait 2 ans que j’ai arrêté, et en 2 ans, on perd énormément. Enfin, je voyais très bien que j’étais plus au niveau et j’avais pas envie de faire de la gym pour faire de la gym, et voir que ce que je faisais à 12 ans, j’arrivais même plus à le faire à 18. Donc du coup, ça, ça m’intéressait pas. Donc je me suis dit “allez, nouveau départ, on recommence quelque chose, je vais faire du triathlon ». Ça prend beaucoup de temps et les horaires d’entraînement correspondaient bien avec mes études, parce que j’ai fait des études en expertise comptable. Donc, pareil, ça prenait beaucoup de temps. Et voilà, j’ai toujours composé. Donc, c’était le matin très tôt à 6 heures avant les cours, entre midi et 2 et le soir après avec les clubs.
Donc là tu commences à goûter au triathlon, tu commences à être piqué par le virus. Donc quand tu avais 18 ans, c’était il y a 5 ans, donc 2 ans après tu l’as dit il y a le Covid, mais entre 2018 et 2020, le début du Covid, comment est-ce que tu découvres, progresse dans le triathlon ?
Alors j’ai vraiment fait ce sport, voilà, moi j’ai toujours fait du sport, donc le sport a toujours été important dans ma famille et pour moi. Donc le triathlon c’était voilà un moyen de m’évader après les cours, avant les cours, un moyen de se sentir bien etc etc. Mais ouais non c’était c’était comme ça quoi, pour le fun, pour sortir, pour prendre l’air et pour avoir aussi rencontré des amis parce que finalement le club d’athlétisme j’ai rencontré énormément de copains et de copines et j’ai dû encore avoir un dilemme entre club d’athlé ou club de triathlon parce que je pouvais pas tout faire quoi, j’avais fait une séance de natation la veille et le lendemain sur la piste encore une séance et puis le jeudi c’était une séance en vélo et enfin je faisais séance sur séance, donc je me suis dit “bon, là il faut que je me calme et il faut que je fasse un choix encore entre l’athlé et le triathlon”, et je me suis dit “bah j’adore l’athlé et l’athlé ça fait partie du triathlon, donc allez, je choisis le triathlon”. Pas trop trop un choix quoi, mais du coup je suis partie comme ça dans le triathlon, il y a eu le Covid, et en fait, Covid oblige. On a été tous confiné. Je me suis rendu compte que j’avais besoin de faire du sport maintenant, tous les jours, beaucoup plus que de travailler. Et la tendance s’est un peu inversée.
La tendance s’inverse. OK, tu continues tes études, mais tu bascules un petit peu plus dans le triathlon. Là, on est en 2020. Tu nous as dit tout à l’heure que tu passes triathlète pro en 2021. D’ailleurs, pour ceux qui écoutent ce podcast, ils ne savent peut-être pas ce que ça veut dire, “Devenir triathlète professionnel”, on y reviendra après. Mais en gros, comment est-ce qu’entre ce début de Covid et 2021, tu deviens une athlète de haut niveau et puis après tu deviens professionnelle ?
Alors tout est allé très vite. C’est vrai que ta question me permet de refaire un peu le chemin. Mais il y a eu le Covid, je me suis rendu compte que dans mon 20 m2, à Aix-en-Provence, je ne pouvais pas rester là, confinée toute seule. Et j’avais énormément de chance d’avoir mes parents à La Réunion. Donc je suis rentrée à l’île de La Réunion… Je sais même pas comment j’ai pu faire aussi rapidement. J’ai pris mon chat, je me souviens, il fallait faire des vaccins obligatoires, j’ai rien fait de tout ça. C’était tellement la fin du monde qu’à l’aéroport c’était n’importe quoi. Je suis partie mais du jour au lendemain, vraiment j’ai pris mon billet, ça m’était jamais arrivé, j’aurais jamais pensé payer un billet comme ça du jour au lendemain. Je suis partie et sans retour, j’ai fait un aller simple à La Réunion, je savais pas de quoi demain était fait. Et en fait, les cours se passaient en distanciel, donc ça me permettait avec le décalage horaire de faire mes cours de 11h à 20h et en fait à La Réunion, on fait du sport le matin donc ça me permettait de faire du sport le matin et j’avais beaucoup de chance parce que dans la résidence où je suis il y avait une piscine, il y avait une sorte de petit jardin donc je pouvais faire de la PPG, j’avais un home trainer, j’avais la piscine et on pouvait courir une heure donc au final je pouvais faire tout ce que je voulais en termes de sport. Il y avait des milliards de séances qui sortaient de partout, de tous les sites internet, donc j’avais plein d’idées pour m’entraîner. Et voilà, c’est venu comme ça. Je faisais mon sport le matin, j’avais les cours ensuite, je refaisais un peu le soir et voilà j’ai commencé à être un peu droguée je pense.
Bon mais tout ça ça explique pas comment est-ce que tu deviens sportive de niveau. Moi aussi, j’en ai bien profité pendant le confinement. J’avais quatre enfants à la maison, je faisais du sport, je bossais, je me mettais sur ma terrasse, je faisais du home trainer. Moi, j’habitais au Luxembourg, donc je n’avais pas ce cercle d’un kilomètre, cette limitation d’un kilomètre. Je pouvais aller gambader 30 bandes si je voulais. Pourtant, je ne suis pas devenu sportif de niveau. Bon, j’avais le double de ton âge, il faut le dire. Mais non, mais comment est-ce que le switch s’opère justement ? Comment est-ce que d’une passion pour le sport, ça devient plus une passion pour le triathlon et de cette passion pour le triathlon, tu bifurques vers un statut d’athlète de haut niveau ? Comment se passent tes premières compétitions ? Qu’est-ce qui te fait dire que, “voilà, c’est bon, je commence à avoir un certain niveau, comment est-ce que tu te dis, tiens, je vais en faire mon métier, puis je vais en vivre” ? Parce que quand on est expert comptable, les sous, on sait les compter, quand même, normalement.
Ouais, non, c’est vrai qu’il y a tellement de choses, là. Je me suis jamais posé toutes ces questions, c’est vrai que ça fait un peu une rétrospection de ma vie, là. Mais c’est hyper intéressant, parce que je pense que beaucoup se demandent et ont peut-être envie de faire la même chose. Et à vrai dire, j’ai toujours fait du sport, mais je pense que le déclic, honnêtement, parce qu’effectivement, je m’entraînais comme tout le monde, tout le monde avait le même temps pendant le Covid, tout le monde faisait énormément de sport, tout le monde en a fait beaucoup, beaucoup plus. Et en fait, moi j’ai eu la chance de rencontrer mon entraîneur qui est toujours le même aujourd’hui, qui est Yves Cordier, et c’est là où j’ai commencé une panification. Donc au final je suis passée de… “allez je fais la PPG de Sissy MUA sur YouTube, la séance de je sais plus qui sur sur insta que j’avais vu et en fait je faisais moi mon truc” à “un coach et qui m’a vraiment structuré la chose” et c’était Yves qui, voilà, qui m’a aidé à rentrer un peu plus dans le triathlon et dans le professionnalisme. Mais à cette époque-là, on était en mars 2020, et il a fallu attendre un an et demi presque avant mes premières courses en tant que pro. Donc en fait, entre tout ce temps-là, il m’a vraiment construit petit à petit, on n’est pas passé du jour au lendemain à un volume hallucinant. Ça a été hyper hyper progressif. Il a cette capacité à… enfin je sais pas si c’est parce qu’il est comme ça avec tout le monde ou si avec moi ça a plus matché qu’autre chose. Mais il y a vraiment eu quelque chose qui a fait que du jour au lendemain, je suis devenue professionnelle, j’ai fait vice-championne de France, j’ai gagné mon premier half Ironman, j’ai été qualifiée pour le championnat du monde Ironman en tant que pro. Et en fait, je ne l’explique que par ça, parce qu’au final, j’ai toujours fait du sport. Alors après, oui, j’avais commencé la natation il y a peu de temps, donc plus tu t’entraînes, plus tu fais des kilomètres, mieux c’est. Mais avec Yves, ça n’a pas du tout été non plus hallucinant. Tout le monde me disait, oh la la Yves Cordier il est connu pour être super dur, pour casser les athlètes même. Je me disais avec Yves, je lui ai dit voilà “au début tu me faisais peur mais en fait enfin pas du tout quoi”. Moi je … c’est pas du tout comme ça que je vois Yves et comment notre relation est. Et en fait ouais j’ai rencontré aussi mon copain Clément Mignon qui était déjà triathlète professionnel un an auparavant et après voilà on était un trio. En fait il y avait les championnats de France après le Covid donc en juin 2021 et donc je m’étais entraînée très très bien, c’est à dire que j’avais un volume qui n’était pas hallucinant mais je faisais mes petites intensités, mes petits… Et en fait tout ce qu’il me donnait je le faisais et je le réussissais. Donc en fait ça allait super bien, j’étais pas blessée, tout allait bien, enfin c’était vraiment trop facile limite. Et en fait on arrive en juin 2021, première course de rentrée de Covid. Donc Clément, lu,i il avait déjà expérimenté ça avant le Covid, un peu plus sur des courses pro, mais moi c’était vraiment l’inconnu quoi. Donc j’arrive sur ces championnats de France en juin 2021, je suis dans le sas Elite parce que j’avais déjà fait de la D1 avant mais vraiment je sortais dernière de l’eau et la seule chose que je faisais c’était que je courais vite donc je rattrapais un peu du monde et je faisais des top 30. Mais sinon j’aimais pas du tout la D1 parce que c’était du vélo en peloton, moi j’avais peur, enfin ça me correspondait pas. Bref donc j’avais envie de faire la longue distance, j’adorais la longue distance. Dès que j’avais un footing long que Yves me donnait, j’adorais ça, j’avais envie de continuer. Les sorties longues en vélo, j’aimais bien aussi, mais c’était vraiment à pied quand c’était long, j’adorais. Et en fait, on arrive sur les Championnats de France en juin 2021, je suis dans le sas Élite et là je me dis mais j’ai trop hâte parce que je vais enfin pouvoir après un an et quelques de travail où tout s’est bien passé, voir comment ça se passe mal et comment je vais pouvoir changer les choses pour progresser. Et en fait tout le monde avait un vélo de chrono, moi j’avais un vélo de route, enfin quand j’y repense c’est la catastrophe. Et en fait je prends hyper cher en vélo, même les speakers disent “oh elle a dû crever” parce que je sors bien en natation et en fait j’arrive loin en vélo je crois que j’arrive à 10 minutes et ils disent “oh elle a dû avoir un problème en vélo” en fait non c’est que j’étais juste un peu larguée avec mon vélo de route et à pied j’ai réussi à faire une super course à pied et à finir deuxième et je pense que le démarrage a été là : je me suis dit “wow trop stylé je peux faire deuxième au Championnats de France alors qu’avec Yves on avait même pas fixé d’objectif de place, c’était juste première expérience, que du plaisir.
Je rebondis juste sur ce que tu dis, pour nos auditeurs qui ne connaissent pas forcément le triathlon, dans le triathlon, il y a plusieurs disciplines, on va dire, plusieurs distances. Alors le triathlon déjà, c’est natation, vélo et course à pied, ça tu l’as dit, on l’aura compris. Et puis il y a plusieurs distances, qui vont de la distance courte qui est du sprint voire même du super sprint, à la distance olympique, là on est sur 1500 mètres de natation, 40 de vélos et 10 de course à pied, jusqu’à la distance qu’on connaît comme étant l’une des plus longues qu’il y ait : l’Ironman, donc 3,8 km de natation, 180 de vélo et un marathon, 42 km à la fin. Et puis il y a après des distances intermédiaires entre les deux, notamment ces Championnats de France longue distance dont tu parles qui eux, sont sur un format 3 km de natation, 90 de vélo et 20 de course à pied. C’est un peu un mix entre du long et de l’Ironman. Et en plus, tu as la chance d’être accompagné par Monsieur Yves Cordier. C’est quand même juste, sans être absolument pas péjoratif, avec beaucoup de respect, d’ailleurs je l’ai reçu, j’ai échangé avec lui sur un autre podcast, c’est juste le dinosaure de triathlon en France. Lui avec d’autres, notamment le papa de Fred Belaubre, notamment avec Pascal Pich, notamment avec plein d’autres personnes qui ont importé, créé, le triathlon en France, et notamment le long de distance. C’est juste une légende. Donc toi, comment est-ce que tu es arrivé à choisir ou à être choisie par cet entraîneur alors que tu n’avais, en tout cas, en triathlon aucun track record ? Puisque Yves, si je ne m’abuse, il officie à Nice, pas à Aix.
Alors oui, en fait, j’ai oublié une petite chose, c’est que j’étais à Aix, j’ai fait mes premières licences, donc mes 3 premières années. Et en fait, j’étais en équipe de triathlon en D1. Et je me rendais pas compte que le triathlon prenait de plus en plus de place. Et la Réunion me manquait énormément. Mais je n’avais pas non plus envie de faire un pas en arrière et de revenir à la Réunion. Donc, j’avais envie de trouver un endroit qui était un peu comme à la Réunion. Et j’avais trouvé qu’à Nice, il y avait les palmiers, il y avait la mer, et il y avait un peu la montagne. Donc, ça ressemblait bien à la Réunion. Et en fait j’avais fait accompagnatrice pour un ami sur le 70.3 de Nice et j’avais vu donc Nice et j’avais adoré, enfin je m’étais dit “mais je veux être là-bas” et donc j’avais voulu faire mon master à Nice. Donc j’étais un peu plus près quand même de Yves pour répondre à cette question. Mais aussi, Yves, il est vu comme ça et on en a parlé il n’y a pas longtemps après le Portugal, quand j’ai fait mon premier Ironman, il est venu avec moi sur mon premier et on en a parlé un peu de cette rencontre, souvent on fait un peu la rétrospection de notre relation et en fait moi je n’étais pas du tout dans le triathlon, c’est à dire que Yves Cordier, je lui ai déjà dit, je lui ai dit
“je suis désolée Yves mais je ne pas du tout ce que t’as fait avant”. Les gens le voient comme un dinosaure, comme quelqu’un d’extraordinaire. Et maintenant oui, effectivement, je comprends. Mais au début, moi, Yves Cordier, oui je savais qu’il travaillait chez Ironman, je savais pas forcément exactement ce qu’il faisait. Je savais qu’il avait été triathlète, parce que mon père me l’avait dit, il me parlait d’Embrun, donc je savais qu’il avait fait Embrun. Mais voilà, j’avais pas du tout tout l’historique de Yves et je les voyais… ouais, les gens me disaient « mais tu te rends compte de la chance que t’as ? » et tout. Et je me disais « bah ouais ouais, il est super ! » et ils me disaient « mais tu te rends compte ?”. Et en fait j’avais vraiment l’impression que les gens m’étaient… genre c’était le premier français triathlète quoi, et qu’il n’y en avait pas d’autres comme lui. Et j’ai compris après que bah effectivement…
Ouais c’est pas loin, c’est pas loin !
Mais voilà, moi je dis, je suis trop désolée mais… Et même mon copain Clément il me dit “mais tu savais pas”, mais je dis “mais Clément t’as pas compris que je suis arrivée dans le triathlon par rapport au Covid comme ça, enfin j’ai aucune idée, Hawaii je…” Enfin je connaissais pas spécialement, je veux dire, je suis pas née en me disant “je veux gagner à Hawaï”, y’en a plein. Clément par exemple, lui au collège, au lycée, il voulait être triathlète professionnel. Moi, mais jamais de la vie, je me suis jamais dit ça et y’en a ils veulent gagner Embrun, à 10 ans ils disent “je veux gagner Embrun” ou “je veux gagner en Ironman”, mais moi je sais même pas ce que c’était quoi.
Ouais bah pour rester sur le triathlon tu prends l’exemple de Sam Laidlow qui fait du triathlon depuis qu’il a 3 ans et son objectif c’était de gagner les championnats du monde de l’Ironman. Ce qu’il a fait cette année en 2023, bon c’était pas à Hawaï, mais comme tu dis, il y en a, c’est des rêves de gosses. Peut-être qu’ils idolâtraient déjà le triathlon, très certainement aussi parce que papa et maman étaient là, avant même de savoir marcher ou de savoir courir. Donc je comprends tout à fait ce que tu veux dire et c’est d’autant plus à ton honneur que quelqu’un qui débarque de la gym, qui fait un peu d’athlétisme, qui arrive dans le triathlon, qui fait de la D1. Tu nous as dit de la D1. La D1, c’est le Championnat de France de triathlon courte distance. C’est là où il y a tous les meilleurs triathlètes mondiaux parce qu’on ne va pas se le cacher. On a le droit d’être un peu chauvin aussi. En France, on a, je crois, le meilleur circuit de triathlon du monde mais c’est super rapide. Tu l’as dit c’est avec du drafting ça veut dire que c’est une course où les gens en vélo et ben ils ont le droit de prendre les roues des autres. On a même le droit de rouler en paquet, de rouler en groupe, de rouler en équipe et ça va ultra vite c’est super explosif comme épreuve donc toi tu fais tes armes sur l’AD1 pas longtemps quand même parce que t’as découvert le triathlon à 18 ans.
Yves il m’a entraîné au début pour l’AD1 en fait. C’était vraiment ça, avec un objectif de faire de la longue distance parce que j’avais demandé ça, j’avais dit “Yves j’adore les footing longs, j’aimerais vraiment faire du long” et Clément en faisait. Donc je m’étais dit “on ira ensemble, ce sera sympa”. Mais la D1 en fait c’était, je suis arrivée là dedans parce qu’on m’a contactée par un club du sud et c’était les Sardines à l’époque et voilà je me suis dit “bah pourquoi pas ça peut être, voilà, ça peut être intéressant” moi je voyais vraiment ça comme une colo quoi parce qu’on partait en équipe sur des triathlons et on partait deux jours avant, moi je ratais un cours c’était sympa et voilà moi je voyais vraiment ça comme une sortie scolaire quoi, mais après quand je suis arrivée sur ma première D1 je me suis rendu compte que les filles qui faisaient ça, mais c’était vraiment… enfin j’étais mais… mais tellement larguée et en fait c’est là où je vois qu’Yves il a enfin, il a une force et que il m’a jamais mis de pression ou il m’a jamais dit, mais parce qu’en fait j’étais tellement, mais moi je faisais du vélo avec des t-shirts dos nus de course à pied, des lunettes de ville, enfin j’avais pas du tout le style et quand je suis arrivée là-bas, j’avais vu qu’il fallait des lunettes Oakley, fallait avoir tel ou tel matériel, fallait avoir des roues comme ci, un vélo comme ça, si t’étais dans le pôle-ci, t’étais trop stylée et j’ai vraiment vu des trucs que j’avais pas du tout en tête. Et ouais, Yves m’a jamais mis de pression par rapport à ça, du tout. Mais on s’est rendu compte qu’en fait ça ne me correspondait pas parce que déjà la natation, j’avais commencé très tard. À cette époque là, je devais nager entre 8 et 10 km par semaine alors que les autres filles en faisaient 30. Et en fait, je sortais hyper loin. Enfin la natation c’était pas du tout quelque chose de… voilà il y avait de la baston. Moi j’aime bien être tranquille dans l’eau, j’aime pas qu’on me tape. Enfin quand on me tapait, je faisais de la brasse. Alors que les filles de mon équipe me disaient “Non mais si on tape, tu remets un coup”. Je dis “mais c’est quoi ce truc ?” et en fait ça m’a pas du tout convenu. Le vélo en peloton, tu peux chuter mais tu colles la roue, faut que tu restes dans les roues. J’ai dit “mais non, mais j’ai trop peur moi”. Y avait des virages de partout. Non mais moi ça me correspond pas du tout. Et par contre quand il y avait la course à pied, c’était la libération, je me disais enfin vite la ligne d’arrivée. Mais dans la D1, je me suis vite rendu compte que je n’aimais pas ça du tout.
Combien de temps tu fais en D1, combien de courses, avant de te dire en accord avec Yves, ton entraîneur “tiens si on testait sur du long ?”
Alors bonne question, j’ai dû en faire cinq ou six.
Une saison quoi ?
Ouais, avec deux clubs différents parce que j’en ai fait trois avec les sardines et j’ai dû en faire deux je crois avec le club ensuite. En fait c’est que ça s’est mal passé avec le club aussi, je ne savais pas si je la faisais. En fait on ne pouvait pas programmer avec Yves, c’était sur Châteauroux et je n’avais pas de nouvelles. Et je relance le président du club, je dis je la fais ou je ne la faisais, enfin en fait on pouvait pas programmer avec Yves, c’était sur Châteauroux et j’avais pas de nouvelles et je relance le président du club, je dis ben je la fais ou je la fais pas ? Et en fait il me répondait pas et la semaine de la course il me dit “bon en fait on a pas besoin de toi, c’est bon on va se débrouiller”. Il m’a jeté comme une vieille chaussette quoi. Et là je me suis rendu compte que je dépendais de quelqu’un, enfin que mes courses et que mon entraînement, enfin on s’entraînait quand même pas mal, j’y mettais du mien, j’avais mes études, je devais parfois réviser en amont ou en aval et en fait là je me suis rendu compte qu’il y avait eu tellement un manque de respect et que pour mes études c’était pas facile de mixer les deux et là je me suis rendu compte qu’à une semaine de la course, et je me souviens j’avais pleuré, et c’est la première fois que j’ai pleuré avec Yves, parce que je l’avais eu au téléphone et là je me suis effondrée en larmes. Enfin je me suis dit “mais comment on peut ne pas respecter les gens comme ça ?” Et c’est là où j’ai vu toute l’autre face du triathlon où il y a énormément de polémiques. Récemment, justement tu parlais de Sam Laidlow, il y a eu une polémique sur le dopage et j’ai été mise dedans alors que je n’ai jamais rien dit sur Sam Laidlaw et c’est Trimax sur Facebook qui a monté la sauce et je me dis mais c’est dingue comment on peut renverser les choses et il y a tous les réseaux sociaux qui se mettent là-dedans. En fait quand tu deviens triatlhète professionnelle il y a vraiment autre chose que juste “je m’entraîne et je fais des courses”. Tu as vraiment un aspect autre qui est aussi hyper compliqué à gérer au début, ou si on est un peu trop émotive ou quoi, ou on est mal accompagné. Moi, j’ai la chance d’avoir été bien accompagnée et de savoir un petit peu ce qui est important. En fait, il faut vraiment rester qui on est. Moi, je sais qu’il y a des choses qui auraient pu m’atteindre énormément au début, qui maintenant me passent au-dessus parce que je sais ce que je suis, ce que je vaux et un jour ou l’autre les gens se rendront compte.
Et tout ça, ça t’emmène justement à tester sur du long distance. J’ai quelques résultats sous les yeux. Vice-championne de France long distance en 2021, comme tu l’as dit. Vice-championne du triathlon de Gérardmer long distance. Pour ceux qui pratiquent le triathlon, ils doivent connaître Gérardmer, qui est un
tout petit peu en dessous d’Embrun, mais qui est juste dans un des plus durs de France aussi. Tu gagnes le 70.3, donc le Half Ironman du Portugal, tout ça en 2021. Tu gagnes le 70.3 du Bahrein en 2022, 3e du triathlon de Gérardmer longue distance en 2022. Et en 2023, tu gagnes les championnats du monde longue distance et puis là, tu viens de gagner l’Ironman du Portugal. Ça va pour quelqu’un qui arrive avec un peu d’insouciance il y a trois ans sur le circuit longue distance. C’est quand même pas mal.
Même pas trois ans, deux ans finalement. Ouais, deux ans pleines. Alors on va dire que c’est… Alors j’ai fait la demi 2021. On a fait six mois en 2021 à cause du Covid. Et après, j’ai fait deux ans. Et en fait, on va dire que j’ai fait trois saisons mais qui ne se sont pas du tout ressemblées. La première en 2021 c’était vraiment la découverte, quand tu me parles de Gérardmer où j’ai fait 2ème, à la base j’étais inscrite sur le M et en fait j’ai dit à Yves, “oh mais j’aimerais trop faire le XL et tout, c’est très sympa, il est long”. Et en fait il avait peur de trop me mettre dans les longues distances parce que je me souviens, j’avais fait aussi le triathlon de l’Alpe d’Huez en 2021, donc j’avais fait les France et après j’avais fait le triathlon de l’Alpe d’Huez, qui était un long. Et en fait, je l’avais fait en randonnée. Je me souviens, mon père me suivait et en fait, j’avais tellement peur de la distance que je me suis mise à me mettre dans la course au pied de l’Alpe. Et j’ai fait le record de la montée de l’Alpe et par contre j’ai fini je crois 5e. Mais par contre j’ai le record de la montée parce que j’avais tellement peur de
pas être capable de monter que les 100 km qui précédaient, j’allais tout tranquillement, je faisais mon petit truc, c’était ma sortie du dimanche quoi. Et c’était vraiment, mais quand je repense c’était trop drôle, mais voilà c’est une partie de l’expérience. Après ouais j’ai réarmé, enfin toute cette année là je l’ai fini à Daytona, j’ai en face de moi, justement quand je suis en train de te parler, un poster là, où on est avec Clément sur le Circuit Nascar à Daytona en Floride. Et en fait ouais, c’est cette saison là qui était en 6 mois, mais elle a été hyper hyper parfaite. J’ai fait énormément d’expériences. On a voyagé, j’ai gagné, j’ai vécu des émotions super et en fait l’année 2022 elle a été horrible parce que j’ai eu la mononucléose, mais je ne l’ai pas su, entre guillemets, au début donc je me suis hyper asséchée, j’étais très très maigre et c’était très compliqué après de sortir de ça. Donc je me suis fait beaucoup de fractures de fatigue aussi parce qu’après je me suis vue maigre donc je me suis dit “il ne faut pas le grossir”. Donc je faisais attention aussi à ce que je mangeais de manière débile, à supprimer
les glucides, enfin des choses voilà… Enfin vraiment quand j’y repense et en fait 2022 ça a été horrible, parce que quand je fais troisième à Gérardmer, j’avais pas couru les trois mois qui précédaient. Donc oui j’ai fait 3e, les gens voient ça, mais c’était horrible. J’avais mal partout, quand on court pas on se sent énorme. C’était horrible, vraiment, c’était une saison mais horrible en 2022. J’ai fait des championnats du monde, vu que je m’étais qualifiée en 2021, mais pareil j’avais eu une fracture, donc je m’étais pas bien entraînée du tout, en course à pied j’avais pas couru, j’ai quand même eu 4 fractures de fatigue, et j’allais
sur les courses et j’avais fait 6ème au championnat du monde ITU, et en fait pareil, j’avais pas couru, j’avais fait que du vélo, donc en vélo j’ai été très bien, mais en fait j’ai eu 2 problématiques en 2022, c’est que j’avais blessure sur blessure, donc c’était je m’arrête, je reprends, je m’arrête, je reprends sans arrêt. Donc j’ai couru quatre mois sur douze en 2022 donc forcément le volume et tout ça, j’avais rien en consistance. Après l’autre problème ça a été d’accepter un peu plus de poids quoi, parce que forcément il a fallu que je reprenne du poids et quand tu cours pas et que t’es arrêtée et qu’en plus tu reprends du poids, quand tu reprends tu te sens un éléphant quoi donc ça a été hyper dur.
Oui ça je veux bien te croire moi j’ai bouclé ma traversée de la France cet été en courant je suis arrivé sur la balance je faisais 65 kg, quatre mois après j’en fais 10 de plus et c’est un peu compliqué notamment quand tu vas courir 10 ou 15 bornes tu sens que tu as quelques kilos en plus.
Ah oui mais c’est horrible vraiment, je pense que j’aurais jamais dû connaître ce sous-poids. Ça m’aurait permis de ne pas connaître ces sensations où tu te sens voler. Oui, c’est sûr qu’on me disait mais t’inquiète pas, ça va. Mais en fait, les gens ne se rendent pas compte. J’ai pris du poids comme ça et en plus je me blessais, donc j’ai perdu confiance. Et au final, 2022, j’ai quand même réussi à sauver les meubles en gagnant le Bahreïn et en me qualifiant pour les championnats du monde, donc en 2023, qui ont eu lieu en Finlande à Lati. J’ai gagné, mais c’est pareil, je sais pas où je suis allée chercher cette énergie-là. Clairement, c’est mentalement, parce que je m’étais pas entraînée à pied, la problématique était la même, j’ai surbi une fracture de fatigue, et en fait, je perdais confiance parce qu’en mon corps aussi parce que 4 fractures en 7 mois avec la première au sacrum qui m’a arrêté pendant 12 semaines quand tu reprends et en fait l’accumulation comme ça je me suis dit “mais est-ce que vraiment je suis faite pour faire de triathlon ?”, je me suis dit “je vais pas me bousiller le corps comme ça enfin stop quoi j’arrête” et c’est là où l’entourage aide pour essayer de continuer. Je ne savais même plus si j’aimais ce que je faisais. Ça a été une période compliquée. Donc j’arrive tant bien que mal à faire une victoire à la fin de l’année. Mais cette année 2022, elle a été très très compliquée. Mais finalement, ça aide. Et je me dis que j’ai tout connu en très peu de temps. Donc c’est bien aussi parce que moi, j’ai un panel d’émotions assez variées.
Je me fais souvent la réflexion quand j’échange avec des sportives et des sportives de haut niveau, c’est que finalement dans un petit bout d’hommes ou un petit bout de femmes d’une vingtaine, une trentaine d’années, on a l’impression que vous avez déjà vécu trois, quatre vies. Donc tu as tout vécu en accéléré. Je pense qu’on a bien cerné du coup un petit peu d’où tu viens, ton expérience, tes compétences, ta résilience aussi dans l’atteinte d’un objectif. Tout à l’heure tu parlais de cet intérêt, de la présence des proches et autres, tu parlais aussi des fractures, donc tu as parlé aussi d’Yves Cordier, ton entraîneur. Rapidement, qui est-ce qui t’accompagne ? Quel est le staff au sens large qu’il y a autour de toi ? Tes proches, ta famille, ton copain, ton entraîneur ? Est-ce qu’il y a un kiné, un ostéo, un préparateur physique ? Enfin, quelle est l’ampleur du staff autour de toi ?
Alors, au début, j’avais que Yves et Clément. Mes parents, forcément, la famille est toujours là. Ça, c’est vraiment le socle. Mes parents, voilà, ils sont là souvent quand ça va mal. C’est vraiment eux qui sont là et qui me disent… Pour les blessures et le problème que j’ai eu avec le poids, ça a été vraiment eux. Après avec Yves, on ne se connaissait pas non plus depuis des années donc ça a été compliqué de lui expliquer des choses qui peuvent être un peu personnelles comme par exemple l’aménorrhée. Comme j’ai perdu du poids, j’ai été en aménorrhée donc il y en a qui peuvent avoir un peu peur d’en parler, de se dire que ça n’a aucun lien avec le sport mais finalement c’est lié. Et d »un autre côté il faut qu’il le sache, Yves en tant qu’entraîneur que je suis en aménorrhée, d’un autre côté il n’est pas médecin donc il ne peut pas non plus savoir comment faire mais voilà, il y a vraiment eu une ouverture de parole qui a dû être faite et vraiment être libre et en fait Yves il est rentré dans ma famille parce qu’on… bah il a fallu voilà vraiment que je sois ouverte de nature avec lui. Et en fait avant je le voyais un peu comme un coach en mode un peu trop mécanique, il me donne un truc, je le fais, un peu commandant quoi. Il s’est jamais mis dans ce rôle là, c’est moi qui le voyais comme ça. Mais en fait il y a eu donc Yves, mon entraîneur, Clément, qui est là aussi on va dire… Il fait un peu le rôle d’entraîneur aussi mais comme il est toujours présent, il voit quand je suis fatiguée. Voilà des fois je suis fatiguée, j’ai pas envie d’y aller et en fait quand Yves il m’attend en bas et qu’on va rouler tous les trois, il me dit “ça va ?” “Oui oui ça va et toi ?” Alors qu’il y a 5 minutes j’ai dit à Clément “j’en peux plus, je suis fatiguée”. Et du coup lui, Clément il permet de jauger un peu et de dire à Yves moi j’ai pas envie de le dire ou quoi. Donc Clément, mes parents, j’ai une préparatrice mentale aussi depuis 2022, fin 2022, voilà ponctuellement qui m’aide, c’est quelque chose que j’avais envie de mettre en place mais c’est pas systématique. C’est vraiment quand j’ai besoin de parler à quelqu’un qui a un avis extérieur, qui a vécu un peu les mêmes choses que moi. Ensuite, j’ai un préparateur physique qui est Fred Belaubre. Tu as parlé de son papa. Pareil, j’ai voulu…
Décidément, tu t’es juste entourée des meilleurs, mais OK. Fred, qu’on salut. Si tu nous écoutes, on t’embrasse.
J’ai voulu mettre ça en place après mes fractures parce que je sentais le besoin de me renforcer. J’ai dit à Fred, pareil, je le connaissais un petit peu mais pas non plus énormément, mais je lui ai parlé comme s’il fait partie de ma famille et je lui dis « là Fred, je me sens énorme, j’ai besoin d’exercice pour réussir à me soulever parce que quand je cours c’est horrible ». Et du coup pareil donc il a été dans le petit cercle avec Yves parce qu’il faut aussi coordonner tout ça parce que pareil c’est quelque chose à mettre en place de manière progressive et tranquille. Voilà. On a un kiné aussi qui est sur Nice et en fait ce staff là on l’a créé pour tout dire en mars 2023. Donc vraiment à fin… Il n’y a pas longtemps finalement. Et en fait à Nice, on a trouvé… Parce qu’en fait je voulais vraiment m’entourer d’un médecin, parce qu’en fait j’allais voir un peu à droite à gauche les médecins, sur Doctolib, je suppliais les secrétariats pour avoir des rendez-vous, mais c’était horrible en 2022, vraiment ça a été aussi une charge mentale compliquée parce que l’IRM, “oui oui, dans deux mois”, je suis là mais alors oui j’ai de la chance, peut-être que je suis exigeante mais dans deux mois je me dis mais c’est pas possible, je me dis moi je consacre ma vie, alors oui je suis pas la princesse ni la reine d’Angleterre mais je veux dire voilà dans deux mois je me dis mais non mais je peux pas, enfin dans deux mois j’espère avoir un protocole. Donc bref, en tout cas voilà, ça a été vraiment un combat. Mes parents m’ont énormément aidé là-dessus sur trouver des médecins, les bons, qui allait voir parce que t’as tout et n’importe quoi comme avis.
Et donc là voilà, enfin en mars 2023, on a réussi à s’entourer d’un bon staff. Clément n’a pas eu de soucis là-dessus mais je l’emmène quand même avec moi sur les séances de kiné et puis les petits contrôles qu’on a régulièrement parce que c’est important, quand tout va bien, il faut quand même voir un peu. Donc on a un kiné et un médecin du sport à Nice.
Le staff est pas mal. Il te manque quoi ? Un nutritionniste, diététicien, spécialiste du sommeil ?
Oui, alors j’ai une acupunctrice aussi. J’ai beaucoup d’acupuncture, j’ai bien aimé, j’en ai fait pas mal cette année. Et en fait c’est une ancienne triathlète, donc pareil par hasard j’ai découvert et au final c’est super parce que elle est vraiment dans le milieu et elle connaît très bien Yves, donc pareil elle peut discuter avec lui. Et le nutritionniste on a voulu mettre ça en place, là ça va être peut-être en 2024, ça se fait progressivement, on n’a pas envie de le faire de manière non naturelle, donc on y va tranquille. Et voilà, ça serait ça. On va dire qu’il y a des choses en 2024 qui vont se créer autour de cet environnement-là, de la nutrition.
On te souhaite que tout se mette bien en place. Si tu veux quelques contacts, je pourrais te partager des trucs, notamment des gens qui sont passés sur le podcast « Devenir Triathlète » et certains qui m’ont accompagné sur mon défi de leurs bons conseils. Alors tout ça, on l’imagine, ce n’est pas gratos, ça a un coût. Alors même s’il y a des gens qui peuvent t’accompagner pro bono, il faut supporter tout ça. Aujourd’hui, en tant que “triathlète professionnelle”, et je mets des guillemets parce que moi je sais ce que c’est, mais j’aimerais bien que tu nous expliques ce que ça veut dire d’être triathlète professionnelle. Donc aujourd’hui, comment est-ce que tu vis avec ce statut ?
Alors triathlète professionnelle, c’est vraiment particulier. Moi, j’estime que je le suis quand je gagne ma vie grâce au triathlon, quand c’est mon métier. Et à l’heure d’aujourd’hui, j’ai un peu de mal avec ce terme parce que je suis pro, oui, j’ai ma licence pro. Mais pour moi, quand tu es triathlon professionnelle, c’est quand tu as un contrat et que tu as un salaire tous les mois, ce qui n’est pas mon cas. Donc, compliqué pour moi.
Juste pour préciser, effectivement en triathlon, en tout cas en longue distance, que ce soit sur le label Ironman ou sur d’autres labels, tu prends ce qui s’appelle une licence pro. Ça te permet de courir sur toutes les courses, que ce soit, alors si on prend le label Ironman : du 70.3, donc du Half Ironman ou du full distance, de l’Ironman dont je donnais les distances tout à l’heure, 3, 8, 180 et 42. Et tu peux faire ça sur toutes les courses et tu pars dans le sas Elite, donc avec une poignée d’hommes entre hommes et de femmes entre elles. Et puis, vous n’êtes pas trop mélangé non plus avec les amateurs. Évidemment, au bout d’un moment, les meilleurs amateurs peuvent tutoyer les moins bons pros, enfin en tout cas ceux qui sont moins à fond à ce moment là, mais en tout cas c’est finalement être ça, avoir une licence pro sur le triathlon longue distance, c’est avoir le droit de concourir avec les meilleurs. Par contre c’est une licence que tu payes, si je ne m’abuse sur Ironman on n’est pas loin des 1000 dollars par an et finalement c’est tout ce que ça te donne comme droit, d’aller sur n’importe quelle compétition sans t’inscrire préalablement, limite t’arrives avec ta valise, ton vélo et puis tu prends ton départ. Mais ce n’est pas parce que tu as une licence pro que tu es payée soit par Ironman, soit par un autre label.
Non, en fait, ça permet d’obtenir un prize money si on fait un résultat. Donc, ce n’est quand même pas négligeable parce que moi, c’est ce qui… Enfin, moi, je vis des prize money. Avec Clément, on vit de ça. C’est vraiment notre source de revenu première. On fait premier, on a une prime, parfois c’est jusqu’au sixième, parfois au huitième et jusqu’au quinzième sur les championnats du monde. Mais voilà, oui après il y a des critères que la Fédé a déterminés pour avoir sa licence pro. Je crois qu’il y a sur les championnats de France, enfin voilà, moi c’est comme ça que je l’ai eu, c’est que j’avais fait deuxième au championnat de France et après j’ai eu ma licence pro. Et après donc on paye une licence à l’année qui coûte 1200$. Maintenant ils ont augmenté, il y a l’inflation. Et après sinon on peut payer à l’événement. Donc moi en 2023 c’est ce que j’ai fait. En fait quand on paye à l’année, on peut s’inscrire sur toutes les courses. C’est vrai qu’on peut être partout sur toutes les start list, au moins on peut décider à la fin, je vais là ou je vais là. Mais moi, j’ai jamais pris cette formule-là, j’ai toujours fait avec Event Planning, voilà, telle course, elle m’intéresse, j’ai envie d’y aller, j’ai envie de performer. Je m’inscris à celle-là. Du coup, moi je payais à la course. Donc voilà, et oui, on a les prize money après de chez Ironman en particulier, il y a aussi Challenge, il y a aussi des courses PTO et après petit à petit on essaie d’avoir des sponsors. C’est très très compliqué. Alors au début il y a un an de ça, tu m’aurais posé la question, j’aurais dit oui je comprends pas, j’ai pas de sponsor, c’est trop dur. Mais en fait j’ai un peu plus compris maintenant la problématique des marques, c’est qu’il y a eu le Covid et en fait elles ont été énormément impactées par le Covid, elles ont eu des engagements avec des athlètes et j’ai été en contact avec différentes marques et en fait ça n’a pas encore vraiment abouti parce qu’elles n’ont pas de financiers et elles ne veulent pas me proposer un contrat qui n’est pas “comme d’habitude” entre guillemets. En fait c’est hyper compliqué là avec le Covid ou alors on me baratine mais je pense pas parce que j’ai eu de bonnes relations et de bons échanges mais je pense qu’on n’est pas arrivé, avec Clément, au bon moment en termes de triathlète, de professionnalisation et c’est compliqué parce que du coup on a acheté notre vélo, notre matos on l’achète, on a quand même des partenaires comme pour les roues, on est avec DT Swiss, la nutrition, on a avec 226Ears, on a quand même des partenaires qui sont là mais en fait et heureusement d’ailleurs on a un mécène énormément qui nous aide depuis le début et ça c’est vraiment quelque chose d’important. En fait nous, au début enfin voilà, en fait ce qui est le plus important c’est d’être accompagné au début parce que en fait t’as envie de progresser mais tu peux pas et c’est compliqué si t’as pas le matériel enfin tu peux pas non plus tout acheter ou alors faut que tes parents soient millionnaires mais moi c’était pas le cas donc malheureusement j’ai pas pu faire ça mais c’est très très compliqué et je pense que des fois il faut juste attendre. En tout cas moi c’est ce que je fais, je sais que j’en vis pas, je me considère pas comme professionnelle parce que j’ai pas un salaire tous les mois et si je suis blessée j’ai 0€ sur l’année. J’ai quelques petits contrats oui, mais les marques nous payent en juin et en décembre. Donc là par exemple à l’heure d’aujourd’hui je sais que avant mai l’année prochaine, en 2024, ce sera plus ou moins ma première course, jusqu’à mai j’aurai rien qui rentre. J’ai rien qui rentre. Donc en décembre j’aurai un peu de prime de fin de saison avec le ranking PTO qui va tomber, tout ça. Mais de janvier à mai, j’ai zéro. Et en fait, il y a tout plein de problèmes. Avec Clément, si on veut louer un appartement, ben on peut pas. Parce qu’on va dire quoi aux propriétaires ? Ben non mais t’inquiète, on va gagner l’Ironman du Texas. Enfin non, tu peux pas. Et si tu veux acheter, tu peux pas. Si tu veux faire un crédit pour acheter une voiture, tu peux pas. Enfin c’est compliqué quoi. Et si t’as pas tes parents qui sont là pour t’aider, en tout cas non, on peut rien faire nous. Même si on arrive à faire quelques résultats, mais c’est compliqué.
J’imagine que les primes de course, alors ça varie selon les courses, ça varie aussi selon les labels, c’est pas non plus des millions d’euros. Et puis même si ça se compte peut-être en milliers, voire même pour les plus grosses courses si tu gagnes les championnats du monde Ironman, ça peut être en dizaines de milliers. Malgré tout, ce qu’il faut voir, c’est tout l’investissement qu’il y a eu avant et éventuellement toute la dette que tu as accumulée parce que pour payer un kiné, un médecin du sport, un acupuncteur, un nutritionniste, un diététicien, un coach, etc. Tout ça c’est des coûts qu’il faut assumer alors que tu n’as même pas, tu n’es même pas encore alignée sur la course et après quand tu gagnes, finalement tu vas rembourser un petit peu tout ce que tu as déjà investi, tout ce que tu as déjà avancé et peut-être que tu auras un petit peu d’avance pour la saison d’après mais comme tu le dis, c’est un peu le chat qui se mord la queue. Tout ça en serrant les fesses pour espérer de ne pas être blessée et donc pouvoir continuer à rémunérer ta saison, c’est vraiment le serpent qui se mord la queue et pas forcément un cercle vertueux, mais plutôt vicieux là-dedans.
C’est hyper compliqué, exactement. Je souhaite quand même souligner que moi, Yves et Fred me demandent zéro. Donc, je n’ai pas à les payer. J’estime que je dois les payer, donc je le fais en fin d’année en fonction de ce que j’ai et ce que je peux. J’essaie de faire un peu mes comptes. il m’a toujours dit “tant que t’as pas une situation stable, je veux pas être payé” et ça depuis le début. Et c’est extrêmement rare et ça montre que voilà, il y a encore des gens qui pensent pas qu’à l’argent. Mais j’ai une chance inouïe parce que je suis hyper chanceuse de ça parce que j’ai pas ce stress là de me dire merde, enfin en fait j’ai pas de revenus réguliers mais j’ai pas de dépenses régulières non plus à part les courses mais bon ça faut quand même manger mais voilà ça c’est une chance mais ouais c’est super compliqué parce que voilà j’aimerais bien ne pas avoir à payer mon vélo enfin ça c’est la plus grosse des dépenses et je pense que le prochain objectif ou en tout cas ce que je peux espérer et ce que je souhaite c’est de rentrer dans une marque de vélo et ça va vraiment me soulager d’un poids parce qu’en fait on disait avec Clément, on voyage, on casse notre vélo, c’est fini quoi, on n’a pas de vélo et on sait au combien c’est difficile d’avoir des vélos avec le covid, un peu mieux là ça va mais tu peux pas avoir un vélo dès le lendemain quoi, donc c’est hyper dur. Pareil on n’est pas une distance olympique donc on peut pas être à l’armée et ça c’est pareil, on est sur liste ministérielle, on a fait champion du monde, on est sur la liste la plus haute, je sais plus comment elle s’appelle, mais ouais c’est bien, ok trop cool, mais au final ça n’apporte rien parce qu’on n’est pas sport olympique donc on peut pas rentrer à l’armée et en fait l’armée ça permet quoi ? ça permet d’avoir un salaire régulier, d’avoir un lien social, de voir des gens, d’avoir des rencontres, ça c’est aussi important. Nous, entrer là-dedans c’est un sport qui est hyper un peu égocentrique quoi, enfin je veux dire nous avec Clément on le partage donc ça va mais c’est vrai que t’es ta tête dans le guidon et l’armée ça permet ça aussi, ça permet de voir des autres sportifs, c’est quelque chose d’hyper intéressant mais c’est le problème du longue distance, c’est qu’on n’est pas aux JO donc on n’a pas le droit à tout ça.
En tout cas, c’est l’essence même de ce podcast. Tant que faire se peut, on soit là aussi pour vous accompagner. Donc pour ceux qui nous écoutent et qui ont envie de filer un petit coup de main à Marjolaine, je vous mettrai tous les liens de Marjolaine dans les notes de l’épisode, mais vous pouvez aussi aller faire un tour sur vestiaire.org et vous pourrez la soutenir. Beaucoup, j’espère, pour que tu puisses avoir un petit peu plus de visibilité sur la saison 2023-2024. Marjolaine, c’est cool toutes ces infos que tu nous as données. Tu n’as pas été avare de partage et ça, je te remercie beaucoup. J’aime bien terminer ce podcast en posant une question à mes invités. Si tu devais recroiser la petite Marjolaine de quand tu avais 15-16 ans, tu n’avais pas encore arrêté la gym sans forcément avoir des velléités, des envies de devenir championne du monde ou championne olympique dans ta discipline, qu’est-ce que tu crois qu’elle penserait de toi en te voyant si vous vous rencontriez ?
Bonne question. Je me disais, “qu’est-ce que tu lui dirais ?”, je pensais que ça allait être ça la question. Qu’est-ce qu’elle penserait de moi ? Euh… Alors, sans vouloir me jeter des fleurs, que j’ai été courageuse, je pense. Parce que j’aurais jamais pensé, surtout en 2022, pouvoir… Même Yves, il me disait « Mais non, on va pas faire la course, t’es pas entraînée, tu peux pas faire la course, tu finiras pas le semi.” J’ai dit “mais si, si, je veux y aller !” un peu têtu, mais… Non, je pense que, ouais, que je suis courageuse, parce qu’au final, j’ai pas lâché, j’ai eu 4 fractures de fatigue, j’ai continué les courses, 2022, aux yeux du grand public, c’est pas vraiment vu comme une saison blanche, alors que dans ma tête, c’était plus que blanc, y’avait rien. Enfin, c’était une catastrophe et Clément est pareil, il m’a dit « Mais moi, à ta place, j’aurais bâché la saison et je me serais concentrée sur 2023.”. Et en fait, non, c’est pas comme ça que je suis. Je suis pas du style à lâcher, à baisser les bras. Enfin, je sais qu’avant, j’avais super peur quand on me faisait une prise de sang et avec toutes mes fractures et mes problèmes j’ai dû en faire tellement des prises de sang que pareil, enfin je serrais mes poings, je me disais allez c’est pas grave, ça fait pas mal et j’étais hyper courageuse et je sais qu’à 15-16 ans enfin je faisais tout un sketch quand on allait au laboratoire avec ma maman, j’avais un petit gâteau après et tout parce que j’avais trop peur, j’étais hyper hypochondriaque et je sais que j’arrive à faire des choses que j’aurais jamais pu faire. J’ai nagé là au Portugal, il y avait des vagues, c’était horrible la natation et je sais que j’aurais abandonné avant parce que j’aurais eu trop peur de me noyer ou de ne pas réussir à rejoindre le bord. Je pense que c’est courage, je dirais ça.
L’avantage c’est qu’au Portugal, contrairement à la Réunion, il n’y a pas de requins. Oui, non, il y a pas de requin. Oui, oui, oui, non. Rien. L’horreur.
Bon, ben, c’est cool. Merci beaucoup, Marjolaine. Juste pour terminer, même si je dis que je mettrai toutes les infos dans les notes de l’épisode, où est-ce qu’on peut te suivre ? Où est-ce qu’on peut regarder un petit peu ton histoire, savoir comment… Où est-ce que tu en es dans ta préparation et dans tes compétitions ?
Alors, je mets tout sur Instagram. C’est ma page un peu… Bon, j’adore Instagram et j’ai dû aussi un peu évoluer avec ça parce qu’au début je parlais à mes copines, à mes copains et en fait après ça a un peu grossi et maintenant j’essaie un peu de recentrer et de moins partir dans les délires. Mais Instagram sur ma page Marjolaine Pierré, sur Facebook mais un peu moins quand même. Et j’ai créé une page YouTube il y a deux ans et demi, au tout début. Mais voilà, il n’y a rien de qualitatif parce que pareil c’est un budget encore de prendre quelqu’un et c’est du temps aussi donc j’ai essayé de dire à Clément “s’il te plaît fais moi des vidéos”, mais il n’aime pas trop. Du coup YouTube j’aime bien mais c’est plus pour être encore plus proche des gens qui veulent en savoir plus. Je raconte des fois des choses sur ce qui m’est arrivé, ce que je vais faire après, comment j’ai ressenti la saison. Mais c’est vraiment des vidéos où je me filme et je discute. Et c’est plus pour que les gens sachent un peu plus et qu’ils voient un peu les contours et tout ce qu’il y a autour du triathlon en tant que pro. Donc je dirais Instagram, YouTube et un petit peu Facebook.
OK. Sur Instagram, t’as raison, t’as juste quelques potes et puis un peu de la famille quoi, 23 000 followers. C’est juste 2-3 potes comme ça qui te suivent.
Bon après, on peut faire mieux, mais c’est vrai que voilà, j’ai arrêté de mettre mon chat un peu trop souvent, ou… Voilà, j’essaie de… Je prends Snapchat maintenant pour avoir envie de tout et n’importe quoi, et j’essaie d’être un peu plus pro sur Instagram.
Ça marche. Et ben écoute, Marjolaine, merci beaucoup pour cette heure qu’on a passé ensemble. J’espère que tu auras inspiré nos auditrices et nos auditeurs. Vous l’aurez compris, cette fois-ci j’étais un petit peu plus, vraiment dans le jeu, dans le game, parce qu’on parle de triathlon et c’est un sport que j’ai pratiqué pendant de nombreuses années. Il y avait un petit peu de connivence. Je connaissais un peu mieux ce sport. On te souhaite une bonne continuation. Termine bien ta saison 2023. Là, je pense que tu es en récup, tu es à La Réunion, c’est ça ? Donc tu prends un petit peu de soleil, un petit peu d’air, un petit peu plus chaud, pendant que nous en France, on commence à claquer des dents.
Oui, en fait, j’ai grandi à l’île de La Réunion, donc j’ai jamais vraiment connu d’hiver long et les journées courtes. C’est vrai que j’ai souvent ce réflexe de retourner quand il fait froid à La Réunion et c’est un moyen de voir mes parents, de profiter de la plage, de faire pas grand chose même si je suis un peu hyper active et que j’adore toujours bouger. Mais voilà, on va bien profiter et on reviendra en janvier pour faire notre préparation hivernale comme on le fait toujours avec Clément, avec l’humidité, la chaleur, c’est quelque chose qui nous réussit et qu’on aime. On aime un peu souffrir et quand on revient en Métropole, on se sent un peu mieux. Mais non, voilà, un peu de Réunion pour se poser et profiter.
Bon, ben, sois pas avare, envoie-nous un petit peu de soleil et de beau temps. Nous, on prend aussi ici. Et puis, on se donne rendez-vous très bientôt, chers auditrices, chers auditeurs, pour un nouvel épisode. Merci beaucoup.
Merci de m’avoir reçue. Merci de nous écouter. A bientôt.
Ciao.
Merci beaucoup.