#046 Jimmy VIENOT – s03e08

Jimmy VIENOT
Saison III
#046 Jimmy VIENOT - s03e08
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Bienvenue dans un nouvel épisode du podcast (dans les) Vestiaires, où nous plongeons profondément dans les histoires des sportifs de haut niveau, révélant les défis, les triomphes et les moments d’inspiration qui façonnent leur voyage.

Jimmy Vienot est un bagarreur (sur le ring ou dans la cage uniquement) au grand coeur. Après une carrière en Muay-Thaï (ou Boxe Thaïlandaise), il se reconverti désormais en MMA.

Pour le suivre, le contacter et le soutenir, RDV sur https://vienot.vestiaires.org .

En termes de palmarès, voici quelques infos :

  • Champion du Lumpinee
  • 7 x Champion du Monde de Muay-thaï
  • 5 x Champion d’Europe
  • 5 x Champion de France
  • Et en termes de stats : 114 combats (91 victoires, 22 défaites, 1 nul) dont 32 KO !

Dans cet épisode, vous pourrez découvrir (chapitres de l’épisode) :

  1. Présentation de l’invité, Jimmy Vienot
  2. Le sport comme source d »appaisement
  3. La carrière et les titres de Jimmy
  4. La transition de Jimmy vers le MMA
  5. Les sports de combat expliqués
  6. Entraînement et routine quotidienne
  7. Le soutien des sponsors et la gestion financière
  8. Les catégories de poids en MMA
  9. L’investissement dans le sport et reconversion
  10. La passion pour le cinéma et objectifs futurs
  11. Et si le jeune Jimmy rencontrait le Jimmy d’aujourd’hui, que penserait-il de lui ?
  12. Où suivre Jimmy sur les réseaux sociaux
  13. Clôture et remerciements

La transcription de notre échange

Grâce à Autoscript, on vous propose même de revivre l’échange que j’ai pu avoir avec Carolle. C’est parti !

Salut les sportifs, c’est Ermanno et je suis très heureux de vous recevoir pour un nouvel épisode du podcast Dans les Vestiaires. Aujourd’hui vous entendrez un gros bruit de fond, vous entendrez une interview avec du son qui n’est pas à la hauteur de ce que j’ai l’habitude de vous proposer et je m’en excuse pleinement. Simplement j’ai essayé d’être agile dans l’enregistrement de cet épisode avec mon invité qui a un emploi du temps très chargé et qui a essayé et qui a pu trouver un creux dans son planning. Je le remercie pour ça, mais il a fallu changer les habitudes d’enregistrement. Mais au final, l’important est la qualité de l’échange et pas uniquement la qualité du son. Aujourd’hui, on va parler avec un multiple champion du monde de sport de combat. Si je regarde l’affiche, il y a du kickboxing, de la boxe thaïlandaise, du MMA maintenant. Il y a plein de mots qui à la fois, moi, me font rêver,
mais aussi me font un petit peu peur. Arrêtons là le suspense, je suis très heureux de recevoir Jimmy VIENOT. Salut Jimmy !

Salut, merci à toi de l’invitation.

Ne ‘lève pas trop la main, ne lève pas trop le bras, j’ai pas envie d’en prendre une, vas-y doucement.

T’inquiète, je suis un gentil.

Ouais, t’es un faux calme en fait, c’est ça ? C’est-à-dire que dans la vraie vie, t’es plutôt calme et puis quand il s’agit de monter sur le ring, c’est là que tu te défoules ?

On va dire que le sport me rend calme, mais de base, je ne suis pas si calme que ça. Mais mon entraînement et ma carrière que je fais, tellement d’heures par jour, c’est une obligation d’être calme après.

Ok, écoute, ce que je te propose déjà comme première question, c’est de te donner le micro pour te présenter. Dis-nous tout, qui est Jimmy VIENOT ?

Je m’appelle Jimmy VIENOTt, j’ai 28 ans, je suis 7 fois champion du monde de boxe thaïlandaise, plus de 114 combats à mon actif, donc 94 victoires. Je suis champion d’Europe, champion de France. Je suis professionnel et je suis classé numéro 5 mondial en kickboxing, numéro 1 mondial en boxe thaï, et j’ai fait mon premier combat professionnel en MMA. Donc je suis à 1-0 en MMA là, et maintenant j’ai fait ma transition en MMA pour tout arracher pareil dans ce sport-là. J’ai commencé à l’âge de 4 ans le judo, donc j’ai toujours été dans les sports de combat. J’ai poursuivi par la boxe Thaï parce que pour moi le judo ça manquait un petit peu de percussion pour moi. Donc à 13 ans, la boxe Thaï, kickboxing et puis je suis devenu champion du monde. Je suis passé professionnel à 18 ans, je suis devenu champion du monde la première fois à 21 ans et puis j’ai enchaîné les cycles. Et là, ça fait 3 ans que j’ai fait ma transition en MMA.

Bon écoute, c’est super de pouvoir échanger avec un fighter. Ça reste des sports assez mythiques et que je ne connais pas trop. Je suppose que nos auditeurs, nos auditrices ne connaissent pas forcément tous non plus. Donc peut-être que tu peux nous préciser ce que c’est la différence entre le kickboxing, la boxe thaï, le MMA, éventuellement un peu de boxe française, boxe anglaise, tout ça, pour qu’on voit bien ce que c’est que la différence. Et puis je suis content parce que tu me parles de judo. Hier, pour délirer, quand on se programmait l’enregistrement, je t’ai envoyé une petite vidéo de mon petit bonhomme de 3 ans qui s’amusait à taper contre un matelas. Et lui, il vient de commencer le judo. Donc écoute, ce n’est pas perdu ?

Non, non, bien sûr que non. Justement c’est une très très bonne école, surtout pour commencer. Et moi ça m’a permis de plein de choses, et même d’avoir des aptitudes là, comme j’ai commencé tout petit à 4 ans, j’ai fait ça jusqu’à 13 ans. Donc ça m’a permis d’avoir des aptitudes en lutte, en MMA, tout ça, au niveau des appuis et tout. Donc franchement c’est une très très bonne école le judo. Félicitations à ton fils d’ailleurs.

Merci. J’ai partagé sur mon petit Instagram la petite photo d’hier où normalement, tu vois, ils sont plusieurs gamins et puis le Sensei leur disait vous allez apprendre à faire tomber votre adversaire. Et puis, une chose en emmenant une autre, il n’y avait pas de gamin qui était dispo pour “combattre” entre guillemets avec mon fils. Et donc, le Sensei lui a dit “Ecoute, Elio, c’est moi que tu vas faire tomber ». Et donc j’ai trouvé génial cette petite photo où tu as un petit bonhomme de 3 ans qui tient la manche du Sensei, qui le fait tomber, c’était sympa. Donc j’imagine que ça doit être des trucs marquants, justement, quand tu commences dans un sport de combat, que ce soit un art martial ou pas.

Quand tu commences, oui, bien sûr. Moi, je me rappelle de quand j’ai commencé le judo, quand j’ai commencé la boxe thaï, c’est souvent le commencement et les débuts qu’on se rappelle vraiment justement. C’est ce qui marque. Moi je me rappelle de tout.

Bon je t’ai coupé, mais je te demandais la différence un peu entre les différents sports de combat.

La boxe Thaï c’est simple, c’est le sport le plus compliqué en debout, en pieds-poing. Ça veut dire que tu peux utiliser les poings, les coups de poing, les coups de genoux, les coups de pieds, les projections, les saisies. Il y a du corps à corps aussi, il y a pas mal de choses. Après au-dessus, il y a le MMA, qui est vraiment full complet, qui mixe tous les sports de combat. Donc ça va du sol au debout à la lutte, c’est vraiment complet, complet, complet. Donc le judo, on le connaît tous, il n’y a pas de percussion. La lutte, pareil. Le kickboxing, c’est une variante de la boxe thaï, mais sans coup de coude, sans coup de genou, sans corps à corps. Donc plus d’anglaise, plus de jambes. C’est un peu pareil que le full contact, sauf que le full contact, ils n’ont pas le droit de taper en bas, mais plutôt en haut. Il y a pas mal de règles qui changent entre les sports. La boxe anglaise, on le connaît tous, c’est que les points. Mohamed Ali, Mc Tyson, tout ça. Il y a pas mal de règles qui changent dans les sports de combat, mais c’est pour ça que le MMA c’est bien, parce que c’est le sport de combat qui regroupe tous les sports de combat. Ça veut dire, pour moi, quand tu es champion de ce sport-là, tu es champion de tous les sports.

C’est le no-limit, quoi. Quel que soit ton sport de base, de prédilection, tu peux te pointer sur un ring de MMA, et puis, bah, t’as le droit à tout. Les pieds, les poings, taper en haut, en bas, derrière, devant, mordre les oreilles, tout ce que tu veux.

Non, pas derrière, on n’a pas le droit de taper dans le dos ni dans la tête, derrière la tête. Il y a quand même des règles. Mais oui, c’est un sport de combat très libre, on peut faire pas mal de choses. Ça qui est bien, ça ressemble à tout. Quand tu es à l’armée, tu dois te défendre ou tu es dans la rue, c’est vraiment en situation réelle. C’est ça qui est bien, c’est un sport en plus avec des mitaines. On ne sait jamais à quoi s’attendre, le MMA ou la boxe, ce n’est pas des maths. Donc il faut vraiment se préparer et tout. Et puis ça, c’est génial.

C’est génial. C’est quoi des mitaines ? Moi, je vois bien les gants de boxe. Les mitaines, c’est quoi ? C’est ces gants un petit peu épurés, plus légers, qui permettent d’avoir plus de prise éventuellement avec les mains ?

Exactement, tu as tout dit, c’est ça les mitaines, et en plus c’est coupé au bout des doigts pour attraper et c’est du 4 en général, ça veut dire que c’est tout petit. Les gants de boxe Thaï ou boxe anglaise c’est du 10 en combat, à lacet, et là c’est du 4, donc c’est des tout petits gants, comme des gants de moto, donc c’est vraiment pour faciliter la prise, la lutee, le sol, et ben…

Pour faire plus mal aussi ?

Ça fait plus mal bien sûr, ça marque du coup plus vite, ça fait plus de dégâts.

Est-ce que comme dans d’autres sports de combat, notamment la boxe, c’est par catégorie de poids que vous combattez ou là c’est n’importe qui ?

Avant non, avant en MMA c’était pas par catégorie de poids, tout le monde pouvait s’affronter. Karaté contre boxe, Jiu-Jitsu contre boxe française, imaginons. Vraiment tous les styles de combat étaient opposés. Il n’y avait pas de catégorie de poids. Un 60 kg, il peut combattre un 100 kg. Mais ça, c’était avant. Maintenant, il y a des règles, c’est structuré. Bien sûr, c’est par catégorie de poids. Et moi, je suis à 70 kg.

70 kg pour combien de mètres ?

Je fais 1m85.

Un beau rapport. Bien sec, du coup.

Oui, je suis à 70 kg. Très sec en période de combat. Sinon, en temps normal, je suis à 75kg. Je suis à 70kg très sec en période de combat. Sinon, en temps normal, je suis à 77kg. J’essaie de ne pas trop monter au-dessus de mon poids.

Et les catégories, c’est quoi ? C’est par 5-10kg ou c’est plutôt variable ?

Non, c’est variable. Il y a entre 3kg, 5kg, après 7kg.

En judo, on dit souvent que la catégorie entre guillemets “la plus pure”, c’est les plus de 100 et quelques kilos, celles notamment au combat Teddy Riner. Est-ce que dans le MMA il y a aussi les poids plumes et puis la catégorie un peu la plus pure, la plus reconnue, la plus appréciée ? On va dire la catégorie reine, je pense en anglaise, en judo c’est les poids lourds. La catégorie reine en MMA c’est 70 kg. Parce que c’est là où il y a le plus de noms, de mond. C’est entre le lourd et le léger. Donc les plus complets, c’est vraiment beaucoup de monde. Je pense que la catégorie reine, c’est celle où il y a Khabib (Nurmagomedov), celle où il y a McGregor. Celle-là c’est 70 kg. Je pense que c’est celle-là où on a le mal à catégoriser.

Donc tu es dans la bonne catégorie. On se projette un peu sur l’avenir, mais est-ce que ce serait ton rêve d’aller affronter McGregor sur un ring ?

McGregor non, parce que quand je vais arriver, d’ici deux ans, lui il sera peut-être éteint. Mais en tout cas, prouver que je suis le meilleur de ma catégorie au monde à l’UFC, bien sûr, c’est mon but.

Bon, je pense qu’on a fait un bon tour de ton sport. On ne va pas rentrer dans les détails des différentes fédérations, etc., des questions politiques. On aura bien compris, toi, tu es un combattant. Tu as commencé par judo, kickboxing et maintenant MMA.

Oui

Tu es sportif, c’est vrai. C’est un peu l’essence même de ce podcast quand même. Je ne reçois que des sportifs. Je voudrais en savoir un petit peu plus aussi
sur toi justement le sport, qu’est-ce que ça veut dire, qu’est-ce que ça représente ce mot sport ou sportif quand tu échanges avec des gens qui sont peut-être pas forcément sportifs, qu’est-ce que ça veut dire pour toi ?

Moi être sportif c’est déjà le dépassement de sourds, tous les jours avant tout, c’est déjà le dépassement de sourds, tous les jours avant tout. C’est la détermination, c’est la régularité, c’est la galère pendant que tu imagines des rêves, toi tu es en train de te faire souffrir, juste parce que tu veux atteindre tes rêves. C’est sportif, ça veut dire tellement de choses, de valeurs, de mots, beaucoup de sacrifices. Après ça dépend, il y a deux types de sportifs. Les sportifs qui font ça vraiment pour le plaisir, où il n’y a aucun objectif derrière, juste pour le bien-être du corps. Et t’as les sportifs de haut niveau, qui font ça parce qu’ils se lèvent, parce qu’ils ont des objectifs, parce qu’il y a des choses qui doivent se passer dans leur vie. Et donc c’est deux mondes complètement différents. On ne fait plus du sport parce qu’on kiffe prendre soin de nous, on a envie de se dépenser. Quand tu es sportif de niveau, tu fais du sport parce que tu dois performer, tu dois réussir, tu dois être plus fort que ton adversaire. Donc ça regroupe énormément de choses, beaucoup de sacrifices. C’est ta vie que tu sacrifies pour ça. Tu dois savoir vivre avec et en faire comme une routine. C’est un truc normal pour toi.

Et alors justement pour toi, c’est quoi une routine pour Jimmy VIENOT en termes d’entraînement, en préparation pour un combat ?

Déjà moi je suis tout le temps en préparation, que ce soit en période de non-combat ou en période de fight. Mais on va dire en période de fight c’est un peu plus poussé parce qu’il y a le régime qui rentre en compte. Et on va dire que je suis plus focus sur l’adversaire. Je suis du 5 à 6 heures par jour, du lundi au vendredi. Une fois le week-end, donc une fois seulement le samedi matin ou dimanche matin où je fais une petite course, un petit truc, un petit entretien. Mais je fais 6 heures d’entraînement, 5 à 6 heures par jour avec de la lutte, de la méditation, de la boxe, du jeu de jeu, du corps à corps, du Pao, du physique, la prépa, il y a énormément de choses. Dans un sport, il y a plein de sports.

Toi, tu ne fais pas que du combat. On a souvent cette image, en tout cas pour les gens de ma génération, parce que je suis un peu vieux, je pourrais presque être ton père. On a cette image notamment de Rocky, tu vois, ou même des films de Van Damme où finalement les gars s’entraînent surtout en combat, s’entraînent dans la salle, s’entraînent contre les punching ball, etc. Mais on ne les voit pas toujours faire du vélo, faire de la natation, pratiquer d’autres sports de combat. Toi, ça fait vraiment partie de ta routine, de ton quotidien ?

Déjà, il faut être complet dans un sport complet. Je fais un sport qui est vraiment complet, donc il faut être complet. Il ne faut pas faire que ça ou que de la boxe, non. Il faut être vraiment, vraiment complet. complet, savoir faire du vélo, savoir faire de la coupe, de la natation, savoir faire du krao, savoir faire du combat, il faut tout savoir faire. Il faut être fort vraiment partout. Moi j’ai cette optique-là, d’être fort partout, c’est ce qui sera la différence dans la cage. Et bien sûr, c’est très important. À l’ancienne, ils oubliaient un peu ça. Ils ne couraient pas tous forcément, pas trop de natation. C’est normal, c’était un peu moins évolué au niveau de même la récupération, tout ça, la notation, c’est une stéréotype de récupération. On manquait un peu de connaissances avant, tu vois. Puis on évolue plus avant. C’est comme moi, aujourd’hui, je sais que dans 20-30 ans, quand j’aurai arrêté, les nouveaux, ils ont encore d’autres choses, d’autres inventions, entre guillemets, d’autres technologies, un autre savoir que nous on sera dépassé. Donc en fait ça va avec le temps, tout avance, tout évolue. Avant je pense qu’il faisait moins de choses comme ça, moins d’extras que le sport même en lui-même, et plus qu’en avance qu’on est complète partout.

Et pour tout ça justement, j’imagine que notamment dans tes entraînements, quand il s’agit de combat, que ce soit dans la boxe, que ce soit dans le kickboxing, en MMA spécifique ou même dans d’autres disciplines, tu l’as dit, tu fais du jiu-jitsu, tu fais autre chose, ça implique des sparring partners, des partenaires d’entraînement. Comment est-ce que tu t’organises justement pour avoir du monde avec toi qui te fait progresser, qui te fait grandir, qui te fait évoluer dans ton sport ?

Donc moi j’ai de la chance d’être aussi à Abu Dhabi, donc là-bas il y a énormément de niveaux au niveau du sol et de la lutte, donc je me forme là-bas. Dans ma salle à Montpellier de MMA, il y a un gros level aussi de ce qu’est la lutte, du sport de combat, donc j’y vais. C’est pour ça que j’ai beaucoup de chance que je sois tombé dans des clubs où il y a des bons adversaires, des bons copains, de la bonne concurrence pour progresser. Tout le monde sait progresser et il faut progresser dans notre domaine. Donc franchement, on se complète bien, c’est super cool. Puis on va dire, j’ai eu de la chance d’avoir continué comme ça.

Tu sais que la chance, ça n’existe pas. Ce sont des enchaînements de situations qui font que toi, tu crées cette fameuse chance, tu te mets dans les bonnes conditions.

Je suis d’accord, mais le mot chance existe quand même, mais on peut la créer, la provoquer, on peut la provoquer la fin, on peut tout donner pour l’avoir,
mais elle existe quand même. Moi, c’est sûr que je fais tout pour être dans les meilleures conditions, pour réussir, pour être le meilleur. Après, il y en a, ça ne passe pas, ça ne passe pas. Ils ont beau tout faire, c’est comme ça. Il y en a d’autres, ça passe plus vite. Il y en a d’autres, il faut la créer, c’est comme ça. Donc voilà, ça dépend des instances.

Alors tu le disais, tu es entre Abu Dhabi et Montpellier, on parlait un petit peu en off tout à l’heure. Tu me disais que tu revenais à peine de voyage, tu vas un petit peu t’entraîner à Montpellier, tu vas régler quelques trucs, notamment tes études, parce que non seulement tu es un sportif, en plus tu fais des études avec un objectif de reconversion, de travail. Et puis, tu vas aussi à Abu Dhabi régulièrement pour t’entraîner. Tout ça, ça implique des déplacements. Alors évidemment, tu l’as dit, tu arrives à t’organiser, tu arrives à voir du monde, etc. Mais tout ça, ça a aussi un coût dans ta préparation. Comment est-ce que
tu arrives à assumer tout ça ?

Exactement. Alors déjà, au niveau des études, je tiens à préciser que je suis dans une école pour devenir acteur. Donc vraiment, après ma carrière, j’aimerais être acteur. Là, j’ai commencé un petit peu. J’adore le rapport avec la caméra, les shows, les fans. Donc voilà, c’est vraiment mon kiff et mon but après ma carrière en reconversion. En même temps, dans une école. Au niveau des coûts qui sont apportés, moi, j’ai de la chance d’être un nom et d’être sept fois champion du monde et d’avoir des réseaux qui marchent bien. J’arrive à faire pas mal de collabs, de partenariats, donc ça me réduit mes coûts au maximum. Déjà, ça, c’est cool. Si je n’y arrive pas, heureusement que j’ai des sponsors qui sont là, qui me suivent. Je n’en ai pas 1 000, mais j’en ai 2. Sud Formation de David Boulogne et Le Jour d’Après de Jérémy Hamel. Donc, c’est vraiment des gens qui me suivent depuis des années, surtout David, ça fait 5 ans qu’on est ensemble maintenant, et c’est pas des grandes marques. Voilà, mais c’est des gens fidèles, c’est des gens qui croient en moi et qui sont là avec moi jusqu’au bout. Et c’est grâce à eux que j’arrive à me déplacer en avion, que j’arrive à négocier certains trucs, que j’arrive simplement à vivre en attendant des combats, parce qu’en plus, il faut dire que nous, dans les sports de combat, les organisations ne te feront pas bouffer tout le temps. Donc nous, on n’a pas des salaires par mois, on a des primes par combat. Ça veut dire que si on ne boxe pas, on touche rien. Et là, moi, je suis en attente d’un combat. Donc ça veut dire que pour l’instant, je ne touche pas l’argent. Donc je suis obligé de me débrouiller à droite, à gauche. Et heureusement que les sponsors sont là et heureusement que les réseaux sociaux sont là aussi maintenant. Sinon, c’est vraiment la galère.

Oui, parce que comme tu le dis, tu ne boxes pas, tu ne combats pas, ben, tu n’as pas d’argent, malgré tout il faut quand même manger. En plus, un sportif qui s’entraîne 6 heures par jour, putain, qu’est-ce que ça doit manger ? Qu’est-ce que ça doit avaler comme calories ?

Surtout, j’ai oublié de préciser que la plupart des autres athlètes, c’est-à-dire boxeurs, mais athlètes, ils ont des vies de famille. Ils ont des enfants, ils ont une femme, ils ont une soeur. Moi, heureusement, pour l’instant, je n’en ai pas. Enfin, heureusement, je me comprends, je n’ai pas encore d’enfants, parce que c’est un coup, tout ça. Et eux, ils sont obligés de travailler à côté. Quand tu travailles à côté et que t’as une carrière de sportif de haut niveau, c’est très compliqué de lier les deux, parce que tu vas être fatigué, tu vas pas être à 100 %, alors que moi, grâce aux sponsors, grâce à toutes mes petites négociations, je suis tranquille, je m’entraîne le matin, je fais ma sieste et je m’entraîne l’après-midi. Je travaille pas à côté, je fais ce que j’aime à côté, je fais mon école, je fais mes interviews, c’est tout ça, je fais ce que je kiffe. Mais je ne travaille pas pour quelqu’un, pour juste gagner de l’argent. C’est très important de faire la différence parce qu’il y a beaucoup de patients qui sont obligés de travailler à côté parce qu’ils galèrent. Et c’est pour ça que les sponsors, les remerciés, ils sont là parce qu’ils mettent vraiment un soutien à l’inconfort aussi. Tu as ces sponsors-là qui te viennent en aide.

J’imagine que, tu as dit, ce n’est pas des milliers d’euros, donc ça te permet juste de surnager, de te déplacer, de manger.

Exactement, ça me permet d’investir dans ma préparation et dans mon quotidien, juste de vivre ce qu’il faut. Je ne suis pas en train de flamber les billets, pas du tout. Je compte tout et je suis vraiment, surtout là en ce moment où je n’ai pas de combat parce qu’une organisation ne m’en élu, je compte tout. Surtout là où je n’ai pas de combat, parce qu’une organisation ne m’en donne pas. On compte tout. C’est pour ça que ça donne vraiment l’esprit de pouvoir réussir. Je veux réussir et je ne veux pas rester comme ça mille ans. Mais là déjà, ça me permet d’être focus.

Tu dis que tu es sept fois champion du monde. Ça te donne quoi un titre de champion du monde ?

En boxe, ça donne juste la notoriété et du prestige, c’est tout.

Et une ceinture ?

Et une ceinture.

On ne se bat que pour du prestige. Dans la boxe Thaï, c’est un sport très dur, très violent. On se fait vraiment très mal. Moi, j’ai les poings cassés, les pieds cassés. Je suis pas mal abîmé. Mais c’est vraiment, on se bat pour le prestige parce que c’est une école très, très dure. Surtout dans les camps en Thaïlande, j’y étais très jeune là-bas. C’est une école de prestige, c’est une école dure, si tu y arrives, c’est un très gros tremplin, mais tu ne pourras jamais être millionnaire en faisant de la boxe Thaï. Tous ceux qui ont un rêve “je vais faire de la boxe Thaï, je vais être riche”, oubliez ce rêve, parce que ça ne marchera pas ! Mais par contre, c’est tellement une très bonne école et dure, c’est un très bon tremplin pour la suite, par exemple comme le MMA ou autre chose.

Et là, par contre, dans le MMA, il y a déjà un petit peu plus d’argent pour les combattants ?

C’est deux planètes différentes. Si j’arrive à faire la même chose que j’ai fait en boxe thaï, que j’ai fait en MMA, je suis super riche.

Donc on ne se reparlera plus là ?

Moi, je suis quelqu’un de simple, je n’oublie personne.

Tu t’es reconverti dans un autre sport qui reste quand même une variante de la boxe thaï il y a deux ans. Tu mets tout ce que tu peux dans cette reconversion pour pouvoir y exceller, y performer. Tu donnes combien de temps pour y arriver, pour gagner un titre de champion de France, champion d’Europe, champion du monde ?

Deux ans.

Deux ans.

Pour intégrer la meilleure organisation du monde et on va dire aller quatre ans pour avoir la ceinture.

Donc dans quatre ans, Jimmy VIENOT, tu auras déjà largement écrasé McGregor qui, comme tu dis, sera certainement sorti du circuit. Et ça représente quoi en termes de coûts pour toi une saison ? Qu’on comprenne bien en fait parce que là, on comprend que tu survis grâce à tes sponsors, grâce au contact, au réseau
que tu as noué. J’imagine que ça te permet aussi d’aller t’entraîner dans des salles, ça te permet d’aller t’entraîner avec des… de trouver des sparring partners sans forcément les rémunérer, mais d’un point de vue déplacement, alimentation, je sais pas, entrer à la piscine parce que tu dis que tu nages aussi, tout ce qu’il y a autour finalement de ton sport, pour toi une saison ça représente quoi à peu près ?

Là comme ça, je pourrais pas te dire, je pourrais te dire des bêtises, mais c’est des frais, c’est beaucoup de frais.

Ça se compte en dizaines de milliers d’euros j’imagine ?

Oui, même que les produits pour la préparation physique, la protéine, tout ça. Des fois j’ai des collabs, des fois je suis obligé de les payer. Le nouveau matériel pareil, des fois je suis obligé de les payer, des fois je suis en collab. Ça dépend vraiment de plein de trucs, les billets, les retours, il y a beaucoup d’argent qui sort.

Oui, parce que ça c’est des choses notamment sur le matériel, on ne se rend pas forcément bien compte. Alors moi, je ne fais pas du tout du combat.

C’est de l’investissement. Moi, j’investis pour moi. Je ne me dis pas que l’argent que je sors, je le perds. C’est vraiment de l’investissement. C’est pour ça que c’est vraiment très sérieux et rigoureux dans ce que je fais. C’est de l’investissement.

Et donc là, tu te donnes 4 ans. En parallèle de ça, tu t’es lancé dans une école de cinéma pour apprendre un nouveau métier, pour devenir acteur. Pourquoi en fait ? Parce que tu te donnes 4 ans pour performer, pour percer dans le MMA. Si tu arrives à faire ce que tu as fait en boxe Thaï en MMA, tu l’as dit, tu seras tranquille, certainement pour quelques années, peut-être cassé, mais tranquille. Pourquoi investir aussi dans cette reconversion professionnelle ?

Déjà moi je ne pourrais pas ne rien faire. Je m’ennuie vite. J’aime bien rien faire une semaine, partir en vacances, mais j’aime bien travailler pour moi, priorité, parce que travailler pour quelqu’un c’est hors de question. Mais travailler pour moi, j’aime beaucoup. Et acteur parce que je vais pas te mentir, je kiffe me voir à l’image, je kiffe jouer des trucs, faire passer des émotions. C’est vraiment un rapport pour moi et ma carrière parce que je fais beaucoup de shows avec les médias, avec les conférences de presse, avec les podcasts, avec tout ça. Je kiffe, c’est mon délire. Donc, oui, je kiffe être derrière une caméra. C’est tout ce que j’ai trouvé à faire après et qui me passionne autant que le sport de combat. Rien de plus.

Tu sais que l’un des derniers qui a fait ça, il s’appelle Van Damme quand même, un combattant qui a après passé devant la caméra.

Je ne crois pas qu’il était trop combattant lui quand même. Il a fait des sports de combat pendant des années, mais il n’a pas eu de titre.

Non, non, bien sûr. Écoute, je te remercie pour tout ce partage, pour tout cet échange, pour cette transparence aussi, et puis de m’accorder un petit peu de temps, parce que tu l’as dit, tu kiffes faire le show avec les médias et j’apprécie beaucoup que tu aies pris le temps pour nous. J’ai encore deux petites questions. La première, si toi, le Jimmy Vienot, là à 28 ans, tu rencontrais le petit Jimmy Vienot, pas celui qui fait du judo, mais celui qui va commencer la boxe Thaï à 13 ans, qu’est-ce que tu penses que le Jimmy de 13 ans dirait ou penserait de toi maintenant en te voyant ?

Je pense qu’il serait content parce qu’on a fait beaucoup de chemin et il sait que c’est que le début quoi qu’il arrive mais on va dire 10 ans professionnel après il serait fier et content puisqu’on a quand même écrasé tout le monde.

Tu disais tout à l’heure que tu es un mec gentil, n’oublie pas. Je ne suis pas rassuré quand même, je ne sais pas si j’ai envie de venir à ta rencontre, tu me fais un peu peur.

Je fais ça qu’avec les fighters, sinon les autres on est ensemble.

Cool. Et puis dernière question, tu disais merci aux réseaux sociaux aussi pour pouvoir faire ta promotion, pour pouvoir échanger. Où est-ce qu’on peut te retrouver justement si on veut en savoir plus sur toi, si on veut continuer à te suivre, si on veut te supporter ?

Écoute, je suis sur toutes les plateformes, que ce soit Facebook, j’ai ma page Facebook, Instagram, YouTube, TikTok, Snapchat, c’est que Jimmy VIENOT, Jimmy VIENOT, simple, vous me trouvez de partout. J’ai même ma chaîne YouTube.

Et tu as même un compte LinkedIn qui est normalement plus un réseau beaucoup plus pro, on ne voit pas beaucoup d’athlètes de haut niveau. On en voit de plus en plus, mais pas tant que ça. Et franchement, je te félicite parce que tu as une réactivité dans la réponse, même quand tu es à l’autre bout du monde. Bravo.

Merci beaucoup. Merci à toi.

Merci encore Jimmy d’être venu sur le podcast dans les vestiaires. Je te souhaite une bonne continuation, bon entraînement, bon combat quand celui-ci arrivera. Chers auditrices et auditeurs, nous on se donne rendez-vous la semaine prochaine. Et puis Jimmy, à bientôt.

À bientôt, on est ensemble. Merci à toi.

Ciao.

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